L e judaïsme, issu des préceptes énoncés par Moïse sur le mont Sinaï, est loin d'être unitaire, et les diverses interprétations des textes religieux (de la Bible notamment) faites au cours de l'histoire, comme l'origine géographique des croyants, ont provoqué, non des schismes, mais des divergences profondes de points de vue. Il n'en demeure pas moins que tous s'appuient sur les mêmes textes et croient fondamentalement aux mêmes idéaux de justice et de fraternité. Le judaïsme constitue un phénomène historique, culturel et spirituel extrêmement complexe. D'abord, même si le mot judaïsme est apparu tardivement, il est évident que ce phénomène est en rapport intime avec l'histoire des Hébreux depuis l'appel à Abraham jusqu'à nos jours, - avec ces moments exceptionnels que furent la sortie d'Égypte sous la conduite de Moïse ou l'installation en Palestine -, soit un millénaire d'une histoire bouleversée qui finit avec la destruction du second Temple par les Romains en l'an 70 de notre ère (ce fut alors que le culte des synagogues, caractérisé par la prière, se substitua aux cérémonies du Temple, caractérisées par les sacrifices). Les juifs se dispersèrent alors parmi les nations sans cesser d'être fidèles - ou de chercher à l'être - à une tradition antique consignée avec une précision toujours plus grande. Cette tradition, que l'on peut assurément considérer comme une culture, est aussi, plus radicalement, une vocation d'essence religieuse. L'histoire des juifs depuis leurs origines est inexplicable sans ce sentiment d'une vocation et d'une responsabilité. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Abraham diaspora exode Ézéchiel Hébreux Israël - Histoire - Les dominations grecque et romaine Israël - Histoire - Les temps bibliques Jérusalem juif menora Moïse Plaies d'Égypte (les Dix) Sinaï Tables de la Loi Zacharie Les livres calendrier - le calendrier zodiacal hébreu, page 814, volume 2 Religion L'immense développement théorique suscité par cette histoire même a encore accru la complexité inhérente au judaïsme. Les textes fondateurs. Pour les juifs, la Loi écrite est représentée par la Bible, c'est-à-dire ce qui correspond, pour les chrétiens, à l'Ancien Testament. Elle comprend la Loi de Moïse, ou Pentateuque (Torah), les Prophètes (Nebiim) et les Hagiographes (Ketoubim). La Loi orale est formée par le Talmud, compilation de commentaires : les docteurs de la Loi rédigèrent un recueil des commentaires inspirés par les textes bibliques depuis les temps les plus anciens et conservés par la tradition orale. Juda Ha Nassi acheva en 220 la rédaction de ce texte, la Mishna. Ce recueil inspira à son tour des interprétrations qui formèrent le Talmud de Jérusalem, achevé en Palestine vers le milieu du IVe siècle, et le Talmud de Babylone, achevé vers 500 et qui s'est imposé. Ces écrits consignent près de dix siècles de pensée juive, de causeries, de jurisprudence, de morale. Ces deux sources - Loi écrite et Loi orale - sont inséparables l'une de l'autre. Pour parvenir à une relative intelligibilité de ces textes fondateurs, il faut passer par leurs langues originaires, l'hébreu et l'araméen, tant les significations dépendent des innombrables virtualités de ces langues, virtualités qui font la richesse des commentaires en quelque sorte inachevables. Mais ces textes sont loin d'être la seule source d'information ; une immense littérature mystique et philosophique s'est greffée sur eux avec tous les emprunts inévitables aux cultures environnantes, celles mêmes des parties du monde où vécurent, dispersées, les diverses populations juives. Enfin, le judaïsme est une pratique. Cette pratique inclut l'obéissance à un rituel extraordinairement minutieux. Même si tous les juifs ne l'appliquent pas avec la même rigueur, un mode plus global de pratiques demeure une sorte de souci ou de nostalgie de chacun. C'est là un point central de ce qui maintient vivant le lien à la théorie ou à l'inspiration initiale. Cet ensemble distingue le judaïsme de façon irréductible, non par l'idée d'une excellence en soi, mais par la mémoire peut-être confuse d'une vocation spirituelle. Cette distinction fut souvent interprétée au long des âges comme une hostilité à l'égard du monde ambiant, et elle fut partout l'occasion de persécutions violentes qui se justifiaient par les motifs les plus divers, le plus souvent imaginaires. C'est dire qu'il y existe un mystère inhérent à ce qu'on appelle judaïsme, qui explique cette double réaction de haine et de fascination. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats antisémitisme araméen Bible Bible - L'Ancien Testament Deutéronome Exode Ezra Genèse hébreu kabbale Lévitique loi - 2.RELIGION massorah Mishna Moïse Nombres Pentateuque prophète Talmud Torah Les livres Torah, page 5223, volume 10 La notion d'alliance. Au principe du judaïsme se trouvent l'alliance de Dieu avec Abraham, « le père des croyants «, et la promesse faite à lui et à sa descendance. L'alliance est appel à la fidélité et a pour seule condition cette fidélité. La promesse porte sur la vie et la multiplication de la descendance. Mais le caractère fondamental de cette alliance est de mettre en acte une relation entre l'homme et un Dieu unique qui ne se souvient que de sa voix. L'écoute est ici primordiale et, dans cette priorité de l'écoute de l'Un ou du TrèsHaut, la représentation de Dieu devient impossible et interdite. Même son Nom, qui sera révélé à Moïse, ne peut être prononcé qu'une fois par an ; et ce Nom lui-même, dans sa lettre hébraïque, échappe à l'énonciation absolument certaine. Par là même s'annonce l'un des traits les plus catégoriques de la tradition juive : la lutte contre les idoles, la dénonciation de tout ce qui, sur la terre ou dans l'imaginaire, prétendrait usurper la place ou la puissance de Dieu. La dénonciation des idoles, voire des images, court tout au long de la Bible. Il en découle une méfiance profonde vis-à-vis de toute construction religieuse, prompte à substituer la représentation au Nom. Dieu s'annonce comme l'Autre. L'hommage qui lui est dû et lui est rendu dans le culte est hommage à cet Un qui est l'Autre. C'est pourquoi, dans la tradition juive, cette présence culturelle et intime à l'Autre se vérifie en quelque sorte dans la place faite à la justice, à la relation de justice, d'hospitalité, de miséricorde envers autrui. L'exclusivisme du Dieu de l'alliance a pour corrélat la dignité sans équivalent d'autrui. Ce principe a été, par la suite, largement repris par l'isl?m. L'alliance n'est pas pur contrat statique. La promesse est promesse de vie et de libération. Le livre et le thème de l'Exode constituent, pour ceux qui se réclament de la descendance d'Abraham, non seulement le mémorial d'une marche vers une destination politique et nationale, mais aussi celui d'une libération plus radicale vis-à-vis de tout esclavage, de toute pesanteur, de tout retour vers l'arrière qui entraveraient la relation avec le Dieu unique, relation purifiée qui, à son tour, devient comme la condition d'une société de justice. Cette libération ne s'épuise pas dans une sorte de détachement ascétique. Elle est, dans l'affrontement même avec les puissances de l'abîme, du chaos et de la mort, le passage à un autre mode de vie terrestre, dans la paix, dans la perfection ou la plénitude qu'est la paix. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Abraham Alliance Exode Iahvé Moïse La Loi. La Loi telle qu'elle est donnée dans la Torah - les cinq premiers livres de la Bible -, dont les Dix Commandements sont l'épine dorsale, mais aussi la Loi dans la multiplicité de ses prescriptions, est l'une des pierres angulaires du judaïsme. Il n'y a probablement pas de thème plus difficile à bien saisir et qui soit davantage objet d'incompréhensions et de controverses. La Loi est au coeur de la « rivalité « millénaire avec le christianisme. Elle est le mode d'accès, jamais accompli, à la sainteté, c'est-à-dire à l'attitude juste de l'homme face à Dieu, à autrui, à la nature. Elle est comme la parole de Dieu se réfléchissant dans tous les aspects de la conduite humaine. Loi de sainteté, elle est l'antidote de la violence. Cette existence d'un groupe religieux appelé, se disciplinant, se sanctifiant sous le joug d'une Loi qu'il n'impose qu'à lui-même, exprime l'élection divine, thème lourd lui aussi d'ambiguïtés, à la source de nombreuses incompréhensions. Il peut y avoir orgueil de l'élection ; il y a souvent jalousie du peuple élu. Élection dit certainement particularisme, qu'il est aisé d'interpréter comme un privilège incompréhensible, donnant à qui s'en réclame une sorte de conscience de supériorité et d'exemplarité, nécessairement incompréhensible par autrui, mal supportée par lui et, à la limite, scandaleuse dans la mesure où la notion même de Dieu et d'un Dieu d'amour appelle quasi immédiatement l'égalité de l'amour universel. Mais l'élection peut signifier tout autre chose, et nombre de textes juifs en font foi. L'élection par le Dieu d'Israël est à comprendre à l'intérieur même de la relation à ce Dieu. Celle-ci n'est pas simple connaissance intellectuelle, référence à un pôle d'unité du savoir ou des valeurs. L'élection dit précisément que cette relation est relation entre personnes ou êtres séparés et toujours singuliers. En ce sens, l'élection symbolise le caractère toujours unique de la relation entre Dieu et tout homme, dans la mesure même où sa singularité est totalement engagée. À titre collectif, à travers l'histoire et à partir de leur propre histoire, les juifs, en tant que « peuple élu «, témoignent de ce caractère unique de la relation à Dieu. L'élection est moins un privilège qu'une mission. Elle est une manière de préserver la vraie relation avec le divin. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bible Bible - L'Ancien Testament décalogue loi - 2.RELIGION Tables de la Loi Torah Le Livre. L'un des aspects les plus surprenants du judaïsme à travers l'histoire, mais aussi à travers l'infinie variété de ses formes concrètes actuelles, est l'importance accordée au Livre, à la Loi écrite et à la Loi orale, à la Bible et aux commentaires. Si nombreuses, impératives et signifiantes que soient les prescriptions rituelles et disciplinaires, si importante que soit la liturgie, avec la place éminente de la prière, l'étude est en quelque sorte l'égale de ces pratiques, voire leur rectification ou leur remémoration. Le Livre, la lettre, l'écrit, la compilation des commentaires, le plus souvent sans conclusions péremptoires, est appel à l'intelligence toujours plus active de la Parole et donc au jugement juste. Le Livre invite à la parole singulière, celle de tout un chacun ; en même temps, il maintient la distance. Inépuisable, le Livre ouvre au savoir et en empêche la possession. Il éduque à la parole, sobre ou plus lyrique, mais jamais, en quelque sorte, sans mémoire. En un sens, il symbolise la profondeur du mystère de Dieu ainsi que la capacité de renouvellement et de dynamisme de la parole humaine. En accord peut-être avec le coeur du message juif, le Livre renvoie chacun à lui-même, mais dans la parole partagée, ou du moins la parole offerte, critique ou créatrice de communauté. Si l'étude est la seule activité autorisée lors du shabbat, repos hebdomadaire observé le septième jour de la semaine et signifiant le lien entre Dieu et les juifs, c'est parce qu'elle ouvre virtuellement à la plus vaste mémoire, celle de la création, du commencement de tout être. Le jour du shabbat, qui donne son rythme propre à la vie juive, le replonge dans l'univers de tous les hommes et de toutes les choses. Mais il s'agit d'un mouvement, du jeu d'une présence et d'une absence, d'un appel encore, comme ce fut le cas pour Abraham. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bible Bible - L'Ancien Testament sabbat Talmud Le messianisme. La dimension d'universalité est à tel point inscrite dans le judaïsme qu'elle n'apparaît pas seulement dans la mémoire du passé le plus ancien ; dans le frémissement de la promesse, elle offre aussi des tentatives d'images de l'avenir. En effet, le judaïsme est impensable sans le messianisme. La réflexion messianique est assurément complexe, peut-être ambiguë, voire tronquée dans la « tentation théocratique «, mais toujours ranimée, autant par les blessures de l'histoire que par la Parole salvatrice de Dieu. En ses versions les plus variées, le messianisme comporte tout au moins deux aspects jamais oubliés, la libération et le jugement du monde. La libération concerne non seulement les juifs, mais aussi tout homme, et, si elle se situe dans le monde à venir, celui-ci n'exclut pas ce monde-ci, le monde terrestre. Cette sorte d'espoir concret est au coeur de ce qui constitue peut-être le plus pur du judaïsme, le prophétisme : non pas divination, mais jugement et orientation à partir de la Parole écoutée. Quant au jugement du monde, il fait pendant à ce qui est premier, la création : Dieu le prononcera, car si Dieu est, il est justice, le nom le moins trompeur du Dieu de l'alliance, c'est-à-dire de l'amour. Cependant, l'espérance messianique ne signifie aucunement délégation de responsabilité dans la figure insaisissable et sûre du Messie annoncé. Au terme de discussions serrées, le philosophe juif Emmanuel Levinas a poussé jusqu'à l'extrême cette sorte de dialectique : « Le Messie, c'est moi. « En ce sens, et pour emprunter des termes hégéliens dans un contexte bien différent de la philosophie de Hegel, la vérité du messianisme tiendrait pour Levinas dans l'inquiétude éthique, dans le souci permanent de la justice pour autrui. Ce serait à la qualité de la relation sociale que se mesurerait la qualité de la relation à Dieu. C'est précisément en tant que particulier, en tant que singulier, à l'écart, comme l'est tout homme vis-à-vis d'autrui, que le judaïsme importerait à l'humanité. « Suis-je le gardien de mon frère ? « L'interrogation de Caïn dit peut-être au mieux l'interrogation qu'est le judaïsme, interrogation bien davantage qu'explication du monde, interrogation qui inclut la louange et la déploration du psalmiste, la véhémence du prophète, l'attention scrupuleuse et désensorcelée du sage, de génération en génération. Voir aussi juif. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Levinas Emmanuel Messie prophète Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats bar-mitsva calendrier - Les principaux systèmes calendaires - Le calendrier hébreu casher circoncision hassidisme juif m ezouza Pâque rabbi révélation Rosh ha-Shana Shavouoth Soukkoth synagogue Yom Kippour Les livres Israël - le mur des Lamentations, page 2604, volume 5 judaïsme - Moïse recevant les Tables de la Loi, page 2710, volume 5 judaïsme - Le passage de la mer Rouge sous la conduite de Moïse (manuscrit hébraïque), page 2710, volume 5 judaïsme - lecture de la Torah, page 2711, volume 5 judaïsme - le sanctuaire d'un dieu philistin détruit par l'arche d'alliance, page 2711, volume 5 judaïsme - institut d'études supérieures talmudiques de Tresserve (Savoie), page 2712, volume 5 judaïsme - intérieur d'une synagogue pendant l'explication de la Torah lors du shabbat, page 2712, volume 5 judaïsme - entrée de la synagogue moderne de l'hôpital Hadassah, à Jérusalem, page 2712, volume 5 judaïsme - vue de la vieille synagogue de Prague, page 2712, volume 5 judaïsme - cérémonie de mariage à la synagogue de Strasbourg, page 2713, volume 5 Beaux-arts La création plastique joua longtemps un rôle secondaire dans le judaïsme et, jusqu'au XIXe siècle, demeura déterminée par la religion. La naissance d'un art spécifiquement juif date de l'établissement de la royauté (fin du XIe siècle avant J.-C.). Après l'exil, sous le règne d'Hérode, un nouvel élan artistique eut lieu (vers 18 avant J.-C., reconstruction du Temple). La construction de nombreuses synagogues favorisa l'essor de la décoration (mosaïques de la synagogue de Bet Alpha, fresques de celle de Doura Europos). L'art de la Diaspora, lié aux expressions stylistiques locales et voué à la décoration d'objets du culte et à l'art de l'enluminure, atteignit son apogée au XIVe siècle, en Italie. À partir du XIXe siècle, les artistes juifs ont participé activement aux courants d'avant-garde, tout en restant parfois fortement marqués par la tradition religieuse (Chagall). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Chagall Marc Doura-Europos Jérusalem juif - La dispersion synagogue Littérature Le judaïsme ancien suscita une riche littérature. Au siècle des Lumières, l'Italien Moïse Hayyin Luzzato donna son chef-d'oeuvre avec le Sentier de rectitude (vers 1740) et inaugura un courant d'assimilation, la haskala, ou « judaïsme éclairé «. Ce courant gagna l'Allemagne, avec Moses Mendelssohn (1729-1786), auteur d'admirables Entretiens philosophiques, puis l'Europe de l'Est. Il inspira des oeuvres romantiques, telles celles d'Abraham Mapou (l'Amour de Sion, 1853), puis réalistes, comme celles de Jacob Gordon (l'Amour de David et Mikhal, 1857). À partir des années 1880, la littérature juive prit la forme d'un désir d'autoémancipation qui trouva son porte-parole avec Asher Ginzberg, dit Ahad Haam (18561927), auteur d'un pamphlet résolument antipasséiste : Ce n'est pas la bonne direction. La génération suivante fut celle de l'épanouissement du yiddish, que Mendele Mokher Seforim promut au rang de langue classique avec ses Vagabondages de Benjamin III (1878). Après lui, Isaac Leib Peretz (Chants du temps, 1887), Sholem Aleikhem (le Tailleur ensorcelé et autres contes , 1906) et Shalom Ash ( Motké le voleur , 1917) contribuèrent en Europe à l'épanouissement de cette langue populaire. En Israël, Joseph Agnon (18881970), prix Nobel de littérature en 1966, et Hayyim Hazaz (1898-1973), en Suisse Albert Cohen (1895-1981), en France l'Américain Élie Wiesel, aux États-Unis Saul Bellow, sont parmi les phares de la littérature juive contemporaine. Il faut enfin mentionner tout particulièrement Isaac Bashevis Singer (1904-1991), admirable conteur d'origine polonaise (prix Nobel 1978). Voir aussi yiddish et le dossier Israël. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Agnon (Samuel Joseph Czaczkes, dit Samuel) Bellow Saul Cohen Albert Hazaz Haïm Israël - Littérature Singer Isaac Bashevis Wiesel Elie yiddish Musique De multiples textes bibliques attestent l'usage ancestral de la musique par les communautés hébraïques, mais ne renseignent toutefois sur aucune technique d'écriture. En revanche, on peut énumérer quelques instruments : lyre, cithare, trompette, shofar (corne de bélier), psaltérion, luth, kinnor (sorte de harpe), cymbales et sistre. Héritée de ces temps anciens, la tradition liturgique synagogale reprend la cantillation des livres bibliques. Chaque livre de l'Écriture possède sa mélopée propre ; le souci d'en transmettre fidèlement les règles s'est manifesté dès le VIIe siècle, à Tibériade, avec les massorètes (exégètes, grammairiens et musiciens) qui inventèrent un système de notation fait de teamins ou neginoths fixant la vocalisation, la ponctuation et l'orientation mélodique, mais ne donnant aucune hauteur ni valeur des sons. Les influences chrétiennes (pour les ashkénazes d'Occident) ou arabes (pour les séfarades et les yéménites) ont diversifié le chant religieux juif. Toutefois, le chant synagogal est resté strictement mélodique et modal, usant d'échelles pentatoniques et tétraphoniques, que le Col Nidré, datant du XVIIIe siècle, a conservées très pures. Une création musicale originale à partir des sources hébraïques s'est parallèlement développée. Salomone Rossi, contemporain et ami de Monteverdi, composa des pièces liturgiques en forme de madrigaux. Benedetto Marcello transcrivit, pour les synagogues de Venise, une douzaine de chants religieux. Au XX e siècle, Maurice Ravel, Darius Milhaud ou Ernest Bloch ont adapté la tradition juive à la musique occidentale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bloch Ernest Marcello Benedetto Milhaud Darius Ravel Maurice Rossi Salamone sistre Complétez votre recherche en consultant : Les indications bibliographiques S. W. Baron, Histoire d'Israël, vie sociale et religieuse, PUF, Paris, 1986 (19561964). S. R. Hirsch, Dix-neuf épîtres sur le judaïsme, Le Cerf, Paris, 1987. H. Küng, le Judaïsme, Seuil, Paris, 1995. A. Neher, l'Existence juive, Seuil, Paris, 1962.