JAMMES (Francis)
Publié le 21/01/2019
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JAMMES (Francis), poète et romancier français (Tournay, Hautes-Pyrénées, 1868 - Hasparren, Basses-Pyrénées,
1938). En dehors de quelques séjours à Paris, aussi brefs que possible, d'un voyage en Algérie (1896) et de quelques incursions en Belgique, il ne quittera jamais la province où il naquit, fit ses études (il devait commencer son droit) et mourut. Écologiste avant la lettre, régionaliste sans revendications politiques, poète sans école et sans programme — ce qui ne veut pas dire qu'il n'ait pas subi d'influences —, Francis Jammes semble écrire comme il respire, rythmant son pas au souffle qui l'anime. On l'a appelé « le Douanier Rousseau de la poésie » : on eût aussi bien pu dire le facteur Cheval, tant son œuvre se présente comme le produit d'une imagination spontanée, une transcription pure et simple de ses horizons personnels, bornés par les montagnes et libérés par l'infini des cieux qu'il entrevoit (« Toutes choses sont bonnes à décrire, lorsqu'elles sont naturelles »). Il se veut transparent et aspire à révéler par l'innocence de sa prosodie presque prosaïque et de son vocabulaire savamment élémentaire (le « vers délicieusement faux exprès », selon la formule de Verlaine), l'âme des simples, ouverte seule
ment aux beautés qui ne se raisonnent ni ne se discutent : il séduira le jeune Saint-John Perse, fascinera longtemps le jeune Mauriac, tandis que Gide retrouve son innocence dans ce cœur pur qu'horrifie le péché. Il est vrai, que, dès son premier recueil, De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir (1898), il déconcerte par son refus des idées en cours et des snobismes (le Deuil des primevères, 1901 ; le Triomphe de la vie, 1902 ; l'Église habillée de feuilles, 1906). Le personnage est inséparable de l'œuvre dont on pourrait dire ce qu'il notait de Clara d'Ellébeuse (1899) : « Elle n'est peut-être pas encore morte — ou peut-être que nous l'étions tous deux. » Converti au catholicisme par Claudel (1906), marié à Lourdes (1907), il ne change pas sa facture, mais son registre s'élargit (les Géorgiques chrétiennes, 1911-12 ; le Livre des quatrains, 1923-1925; Sources, 1936). Évadé de son temps, il a du mal à s'insérer dans le nôtre avec ses jeunes filles attendries (Almaïde d'Étremont, 1911) et son attention franciscaine aux êtres et aux objets (le Roman du lièvre, 1903 ; Pomme d'anis, 1904). On a publié sa correspondance avec Colette (1945), Samain (1946), Valéry Larbaud (1947), Gide (1948), Claudel (1952), Viélé-Grifïin (1966).
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