IDÉOLOGUES

IDÉOLOGUES. Les Idéologues forment un groupe philosophique et politique,

 

intéressé par la théorie de la formation et du développement des idées, et dont la réflexion prolonge les Lumières, à la fin du xviiie s. et au début du xixe. À la suite du sensualisme de Locke et de Condillac qui voient dans les idées des sensations transformées, les Idéologues tentent d'élaborer une science de l'homme, débarrassée des préjugés religieux. Refusant toute métaphysique, ils s'appuient sur une expérimentation matérielle, soit médicale et physiologique, soit ethnologique et sociologique. Dans le sillage de l'entreprise encyclopédique, ils conçoivent leur travail comme une œuvre collective, articulant la théorie et la pratique. Ils s'engagent avec ferveur dans la Révolution, mais sont souvent poursuivis sous la Terreur. Ils participent activement à la mise en place des nouvelles institutions pédagogiques et culturelles. Liés par l'amitié, ils se retrouvent autour de Mme Helvétius, dans ce qu'on a appelé la « société d'Auteuil ». Leur organe de presse est la Décade philosophique. Ils animent également des associations comme la « Société des observateurs de l'homme », fondée en 1800. Les ouvrages majeurs des Idéologues sont les Rapports du physique et du moral (1802) de Cabanis et les Éléments d'idéologie (1801-1815) de Destutt de Tracy. Les perspectives historiques sont tracées, la foi dans le progrès affirmée dans

 

Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (1794) de Condorcet et les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires ( 1791 ) de Volney. Garat et Daunou s'occupèrent de l'instruction publique. Une autre génération d'idéologues, représentée par Gé-rando, Laromiguière, Maine de Biran, se détourna du matérialisme pour rejoindre l'idéalisme. Décrié par Napoléon, violemment attaqué par la réaction spiritualiste puis l'éclectisme de Victor Cousin, le mouvement se disloqua, mais son esprit eut une influence déterminante sur des œuvres littéraires comme celle de Stendhal.