Gracq ( Louis Poirier.

Gracq ( Louis Poirier. dit Julien), né en 1910 à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-etLoire), écrivain français. Normalien, agrégé d'histoire et de géographie, lecteur des romans de la Table ronde et des romantiques allemands, il se lance dans l'aventure littéraire avec Au château d'Argol (1938). Ce premier roman, écrit dans l'exaltation et sous l'influence des surréalistes, nous livre déjà l'essentiel de l'univers de Gracq. Le sentiment d'un accord entre l'homme et la nature en est une donnée première ; en retour, le récit apparaît comme un organisme vivant d'échanges multiples. « La juxtaposition n'a de place nulle part, la connexion s'installe partout. « (Lettrines.) À la différence du roman classique, le décor ne sert plus de toile de fond à l'intrigue ; paysages, personnages, objets sont « réduits à la condition d'éléments du récit «, et il s'établit entre eux des « rapports d'interinfluence «. Cette intuition initiale d'une circulation universelle fait surgir un monde onirique qui trouve son expression privilégiée dans la métaphore et l'image, véritables respirations du récit. Le sujet impose un rythme qui alterne entre l'attente et l'événement, et crée un climat à la lisière du surréel. Un beau ténébreux (1945), dans une prose au ton plus personnel, sonde les forces du désir qui animent un groupe d'estivants tardifs repliés dans un hôtel battu par l'Océan. Suit une période féconde : Julien Gracq explore les formes du poème en prose (Liberté grande , 1947), du drame (le Roi-Pêcheur , 1949, où le thème de la quête du Graal se mêle au souvenir du Parsifal de Wagner), de la biographie (André Breton , 1948), du pamphlet ( la Littérature à l'estomac , 1950), avant de revenir au roman. Le plus célèbre, le Rivage des Syrtes (1951), unit dans une synthèse lyrique le destin individuel de quelques personnages et le destin collectif des civilisations. Un balcon en forêt (1958) inaugure une écriture cursive, qui tente de capter les vibrations de l'attente dans la forêt des Ardennes, pendant la Seconde Guerre mondiale. Acuité de l'évocation, flâneries littéraires et préférence pour le fragment marquent les dernières oeuvres, mêlant, sans souci de hiérarchie, références culturelles, retour d'écrits antérieurs, souvenirs, en une phrase poétique qui est la chair de l'oeuvre ( le Roi Cophetua, 1970, la Presqu'île, 1 970, nouvelles, et la Forme d'une ville , 1985, récit autobiographique ; Préférences, 1961, Lettrines, 1967-1974, et En lisant en écrivant, 1980, notes critiques sur la littérature). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Corti (Joseph Corticchiato, dit José) surréalisme - Le surréalisme en littérature - Les ressources du langage