GOBINEAU (Joseph Arthur, comte de)
Publié le 18/01/2019
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GOBINEAU (Joseph Arthur, comte de), diplomate et écrivain français (Ville-d'Avray 1816-Turin 1882). Il mourut dans une chambre d'hôtel, après une existence marquée par les épreuves (drame du ménage de son père, point de départ de sa misanthropie ; drame et rupture de son propre foyer en 1876), les échecs (dans la carrière des armes puis diplomatique — il fut cependant le chef du cabinet de Tocqueville en 1849 —, dans ses ambitions littéraires, l'espoir de faire fortune, de devenir académicien), par la médiocrité, l'errance et la solitude. D'où le fatalisme et le pessimisme de sa pensée, mais aussi le puissant besoin d'évasion et le désir de secrète vengeance qui donnent à son œuvre une profonde unité, en dépit de la variété des genres abordés et des nombreuses contradictions qu'on y relève. D'une culture fort mince, brouillonne et superficielle (mais il pratiquait la sculpture avec talent), Gobineau, malgré ses prétentions, n'est ni un historien ni un érudit, et ses « ouvrages savants » (le Traité des écritures cunéiformes, 1864) sont en réalité les œuvres d'un sombre visionnaire qui trouve une amère et chimérique revanche dans l'invention de la race supérieure des Aryens dominateurs, l'évocation de leurs fabuleuses chevauchées et la révélation de leurs filiations généalogiques qui mènent jusqu'à l'auteur lui-même ! Telle est la fonction véritable de sa trilogie essentielle : le célèbre, mais peu lu, Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-1855), l'Histoire des Perses (1869), Y Histoire d'Ottar Jarl (1879). Partout ailleurs, même croyance en une race des seigneurs depuis longtemps irrémédiablement dégénérée, même mépris pour le peuple (la véritable « race inférieure »), même fascination pour l'énergie. Ces thèmes ont donné parfois des œuvres médiocres (sa tragédie Alexandre le Macédonien, son épopée Amadis}. Mais Gobineau excelle dans le récit de voyage (Trois Ans en Asie, 1859), la chronique romancée (la Renaissance, 1877), le roman (le Prisonnier chanceux, 1847 ; les Pléiades, 1874) et surtout la nouvelle (Mademoiselle Irnois, 1847 ; Souvenirs de voyage, 1872 ; Nouvelles asiatiques, 1876), pour lesquels il mérite aujourd'hui d'être lu comme un des mages du romantisme noir le plus désespéré.
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