Gneisenau, comte (1814) de (August Wilhelm Neidhardt)

Feld-maréchal prussien né à Schildau/Torgau, mort à Posen (1760- 1831). Gneisenau termina une jeunesse dissipée par un engagement dans un régiment des margraves de Brandebourg-Ansbach. Gagna ensuite l'Amérique du Nord, au service de l'armée anglaise, il se familiarisa avec les nouvelles formes de guerre utilisées par les colonisés (guérilla, blocus, combat irrégulier d'un peuple entier). A son retour, entré dans l'armée prussienne, il ne servit jusqu'en 1806 que comme capitaine dans de petites garnisons silésiennes. Il utilisa son temps de repos pour compléter sa formation culturelle et pour étudier l'art de la guerre des armées françaises de la Révolution et de Napoléon. En 1806, Gneisenau fut du petit nombre d'officiers qui se distinguèrent lors de la catastrophe qui frappa la faible armée prussienne. La défense de la petite forteresse de Kolberg, qui lui avait été confiée au printemps 1807, fit époque par la première application des méthodes de guerre américaines et par la coopération entre militaires et civils. Après Tilsit, Gneisenau fut membre des commissions pour la réforme de l'armée. Son idéalisme ardent en fit l'âme du triumvirat Gneisenau - Scharnhorst - Clausewitz. Désespérant de la Prusse à cause de la neutralité adoptée en 1809, Gneisenau quitta l'armée et essaya d'amener l'Angleterre à une invasion de l'Allemagne du Nord. Rentré en 1813, gouverneur de la Silésie après l'armistice de Pläswitz, il organisa le landsturm et fut nommé maréchal général des logis (chef d'état-major général de l'armée silésienne de Blücher). Grand stratège, Gneisenau dirigea les opérations de Blücher, assisté par Müffling, et força Napoléon, par ses mouvements stratégiques, à laisser les armées alliées se concentrer près de Leipzig. Dans la campagne du printemps 1814, Gneisenau vint à bout de la stratégie défensive de Schwarzenberg et de Napoléon et fut l'auteur de la victoire alliée; en 1815, la victoire de Waterloo (Belle-Alliance) fut préparée par Gneisenau par l'emploi du corps Bülow contre l'aile droite de Napoléon; la victoire tourna en catastrophe pour l'Empereur, par la poursuite immédiate de l'armée battue. Dans l'histoire de la guerre, Gneisenau reste le seul adversaire militaire de Napoléon de même niveau que lui, qui le surpassa finalement. Partisan de la reconstitution du Saint Empire, Gneisenau plaça ses espoirs sur la Prusse après le Congrès de Vienne; il réclama la suprématie de la Prusse en Allemagne par la primauté de l'esprit, de la Constitution et des armes. Après la Restauration, il demanda son congé en 1816; employé de nouveau en 1831 pour défendre le Grand-Duché de Posen contre les insurgés polonais, il mourut du choléra.