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GHELDERODE (Adémar Adolphe Louis Martens, devenu Michel de)

Publié le 17/01/2019

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GHELDERODE (Adémar Adolphe Louis Martens, devenu Michel de), auteur dramatique belge de langue française (Ixelles 1898 - Schaerbeek 1962). Élevé entre un père autoritaire et une mère inquiète à l'excès, il connut très tôt les tourments de la solitude et de l'angoisse qui marquèrent à tout jamais l'homme et l'écrivain. Sa culture était celle d'un autodidacte : hétérogène et spécifique. La représentation, en 1918, d'une pièce en un acte, La mort regarde à la fenêtre, constitua le véritable début du dramaturge. Après avoir publié des contes et des nouvelles d'inspiration folklorique et régionale (l'Histoire comique de Keizer Karel, 1923), il subit l'influence du théâtre statique et symbolique de Maeterlinck dans ses pièces en un acte (Piet Bouteille, le Cavalier bizarre, les Vieillards, Un soir de pitié). En 1924, la Mort du docteur Faust, « tragédie pour music-hall », appartient avec Don Juan (1928) et Christophe Colomb (1928) à la période expérimentale, marquée au sceau de l'expresionnisme, du cirque et du cinéma. De 1925 à 1932, les représentations de la troupe d'avant-garde « Vlaamsche Volkstooneel » (Théâtre populaire flamand) confrontèrent Ghel-derode aux réactions du public ainsi qu'aux exigences de la scène. C'est à cette expérience que l'on doit, après une période de relative désaffection, la création de Magie rouge (1934), qui présente quelques caractéristiques majeures du théâtre ghelderodien : une action brève qui se situe surtout la nuit, dans un espace coupé du monde ; des personnages hauts en couleur ; un langage imagé, à la fois lyrique et trivial ; un monde de perdition mais aussi d'illusion et de poésie. La Ballade du Grand Macabre, la Farce des ténébreux, Fastes d'enfer, Hop Signor !, Mademoiselle Jaïre, SireHalewin témoignent de la fertilité de la période 1934-1937. Mais, en 1939, Ghelderode cessera d'écrire pour la scène (à l'exception de l'École des bouffons, Le soleil se couche et Marie la Misérable) et redeviendra auteur de contes {Sortilèges, 1941) qui font de lui le frère par l'esprit d'Edgar Poe et de Jean Ray. Ghelderode est aussi l'auteur de poésies, dont certaines parurent sous le pseudonyme de « Philostène Costeno-ble » : la légende qu'il tisse autour de ce « croque-mort et poète » révèle son désir latent de mystification. Il est d'ailleurs difficile de découvrir l'homme sous les masques multiples qu'il se prête dans les Entretiens d'Ostende (enregistrés en 1951, publiés en 1956) comme dans d'autres interviews où il se campe en misanthrope qui a choisi souverainement la solitude, mais dont le « moi qu'on n'aime pas » revient comme le leitmotiv d'un homme blessé, en mal de contacts humains.

 

L'œuvre traduit cette solitude : les

 

personnages vivent le plus souvent l'un à côté de l'autre, et ce manque de communication constitue la cruauté fondamentale de l'univers ghelderodien. L'analyse psychologique, la réflexion philosophique cèdent le pas aux manifestations de l'instinct et de l'irrationnel. Ghelderode puise son inspiration dans l'observation directe des formes, des couleurs et des images, dans les scènes populaires et colorées de Breughel, les masques carnavalesques d'Ensor, l'art visionnaire de Bosch et de Goya. Son langage imagé accuse des influences flamandes dans le vocabulaire et la syntaxe. La signification du dialogue ne dépend pas uniquement de la valeur sémantique des mots, mais aussi et surtout de la force suggestive des sons et des structures. La langue n'est plus seulement un maillon indispensable entre l'acteur et son public, mais un élé ment dramatique autonome.

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