gastronomie.
Publié le 28/10/2013
Extrait du document
«
trait ethnographique, la France acquit en matière de bonne chère une réputation qui n'a
cessé de convaincre les Français qu'ils formaient la première nation gastronomique du
monde.
Dès leur époque, de nombreux plats de charcuterie – en particulier le jambon fumé
– et de poisson avaient acquis droit de cité, même s'il est vrai que le plat national chez les
Gaulois restait le sanglier farci cuit à la broche, qu'ils pouvaient d'ailleurs arroser de vin
vieilli, car ils étaient aussi les inventeurs du tonneau ! Or la gastronomie ne saurait en
aucun cas se confondre avec la gloutonnerie.
À cet égard, la voracité des personnages
rabelaisiens les situe certes dans une tradition de bombance et de ripaille qui fut celle de
Charlemagne, puis de tout le Moyen Âge et de la Renaissance, mais elle ne saurait en faire
les modèles de gourmets éclairés et esthètes, attentifs à ce qui fait d'un plat une création
d'exception, mêlant saveurs et arômes dans une apothéose sensorielle.
Introduite par Louis XIV dans l'étiquette royale, la gastronomie n'a plus cessé d'être un
instrument au service de l'art de gouverner, et un auxiliaire de la diplomatie, comme on le
constate encore aujourd'hui où l'usage s'est même étendu aux petits déjeuners ! Elle est
passée, sans rien perdre de son crédit, de l'Ancien Régime à la République, tant il est vrai
que les mœurs bourgeoises que celle-ci a suscitées ont trouvé là à combler un goût du
luxe et de la volupté, qui a sans doute culminé dans les soupers fins de la Belle Époque.
Ce
faisant, de nombreux plats de cuisine paysanne, pot-au-feu et confits notamment, sont
entrés, par une sorte d'alchimie sociale, dans la composition des menus de la cuisine dite
« bourgeoise », propre à satisfaire soit la fierté ostentatoire de l'amphitryon, soit la
convivialité des commensaux lors de ces repas de cérémonie ou de ces banquets officiels
où la profusion est toujours liée à l'idée de gastronomie.
De l'évolution des mœurs elle-même naquit une autre tradition, dont les précurseurs
furent Vatel sous Louis XIV ou Antonin Carême sous Louis XVI puis sous Napoléon : celle
des grands chefs qui, en fondant la haute cuisine, ont contribué à définir le concept de
civilisation française.
Avec eux, la gastronomie n'a pas quitté le goût du terroir, et, de nos
jours, il est frappant de constater combien la concentration des meilleures tables de France
se fait en fonction des ressources en produits régionaux, en particulier dans le triangle d'or
Bourgogne-Ain-Rhône.
L'âge des chroniqueurs, à son tour, est arrivé.
Annoncé par les
écrits de Brillat-Savarin et de Grimod de La Reynière, au XIX e siècle, il a eu son idéal en la
personne de l'Angevin Maurice Edmond Sailland, dit Curnonsky (1872-1956), élu en 1927
« prince des gastronomes » et fondateur, en 1930, de l'Académie des gastronomes.
À l'ère de la société de consommation, l'un des défis que la gastronomie peut avoir à
relever est celui de la diététique, qui aborde le bien-manger d'une manière plus ascétique.
La prise de conscience par de grands maîtres queux que le moment était venu de rompre
avec des nourritures trop riches, abusant de la truffe et du foie gras, a elle-même donné
naissance au courant de la « nouvelle cuisine », qui prétend en outre réformer les modes
et temps de cuisson.
Il reste que l'évolution de la société tout entière, acquise
successivement aux cuisines exotiques, aux plats surgelés et pour finir aux fast-food, a
entraîné une modification du goût.
Aussi la création à Tours d'un Institut français du goût
puis celle, à Dijon, de l'École nationale supérieure de biologie appliquée à la nutrition et à
l'alimentation (ENBEANA), qui forme des personnels spécialisés, ont-elles pour mission
d'empêcher ce qui pourrait être à la longue le déclin de ce sens constitutif de toute une
culture.
Voir aussi table (arts de la) , et le dossier vin .
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Les corrélats.
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