Front populaire. nom donné à la coalition des partis de gauche (radical, socialiste et communiste) qui arriva au pouvoir en France en juin 1936. Après le tournant politique du VIIe congrès de la IIIe Internationale (août 1935), des fronts populaires naquirent en Europe, dont le premier fut le Frente popular espagnol. En France, la crise économique, la perception croissante d'un danger fasciste extérieur et intérieur mirent progressivement fin à l'isolement du parti communiste. Amorcée avec la création en mars 1934 du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, puis avec le pacte d'alliance entre socialistes et communistes (juillet 1934), l'unité d'action se concrétisa en 1935 dans le Comité d'organisation du rassemblement populaire qui réunissait toutes les forces de gauche (PC, SFIO, radicaux, syndicats et organisations telles que la Ligue des droits de l'homme). Ce fut le prélude à la réunification syndicale, effective au congrès de Toulouse de mars 1936. Une victoire éphémère. Sur la base d'une union électorale pour « le pain, la paix, la liberté «, le Front populaire remporta les élections législatives le 3 mai 1936 avec 376 députés sur 615, dont 72 communistes, 147 membres de la SFIO, 106 radicaux. Léon Blum forma le 4 juin un gouvernement avec les radicaux et les socialistes, puisque les communistes se limitaient à un soutien sans participation. Fait sans précédent, Léon Blum nomma trois femmes soussecrétaires d'État. La victoire électorale des forces de gauche suscita un grand espoir dans la classe ouvrière, qui s'exprima paradoxalement par un mouvement de grèves d'une ampleur exceptionnelle : de 1 à 2 millions de salariés cessèrent de travailler en mai-juin 1936. Les occupations pacifiques d'entreprises laissèrent l'image d'une atmosphère euphorique, illustrée par les artistes (le groupe Octobre de Jacques Prévert). Le 7 juin 1936, les accords de Matignon furent signés entre les représentants des patrons et ceux des salariés. Ils prévoyaient des hausses de salaires, l'établissement de conventions collectives et l'octroi de libertés syndicales. Ils furent suivis d'un train de lois sociales (limitation à quarante heures de la durée hebdomadaire du travail, congés payés de quinze jours, prolongation de la scolarité obligatoire), de la création d'un office du blé (ONIC) contrôlant cours et exportations, de la réforme de la Banque de France et de la nationalisation des industries d'armement. L'oeuvre du Front populaire prit un caractère social et culturel durable. Ainsi, Léo Lagrange, le sous-secrétaire d'État aux Sports et aux Loisirs, stigmatisé par la droite comme le « ministre de la fainéantise «, multiplia les initiatives en faveur des loisirs ouvriers. La culture populaire était alors à l'honneur, notamment dans l'oeuvre cinématographique de Jean Renoir. Le pari économique de Blum fut cependant perdu : l'inflation, la fuite des capitaux et la stagnation de la production l'obligèrent à proclamer la « pause « le 13 février 1937. Parallèlement, la guerre d'Espagne et la question, vite abandonnée, de l'aide aux républicains accentuèrent les clivages politiques. Mis en minorité au Sénat sur la question des pleins pouvoirs financiers, Blum démissionna le 22 juin 1937. Les trois derniers ministères de Front populaire, les deux premiers présidés par le radical Camille Chautemps et le troisième par Léon Blum, furent marqués par une aggravation des difficultés intérieures et des tensions internationales. Le 10 avril 1938, le cabinet d'Édouard Daladier ne comprenait plus aucun socialiste. Le Parlement élu en 1936 se sépara après avoir voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940. Seuls quatrevingts parlementaires présents (les communistes ayant été déchus de leur mandat après le pacte germano-soviétique) votèrent contre cette loi qui mettait fin à la IIIe République. En dépit de ses revers, le Front Populaire reste un moment clé de la mémoire culturelle et sociale de la gauche française et le point de départ d'une législation adaptée au monde ouvrier. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Blum Léon Chautemps Camille communiste (parti) congés payés convention collective Daladier Édouard Espagne (guerre civile d') France - Histoire - L'enracinement de la République - L'entre-deux-guerres (19181939) grève Internationale Lagrange Léo Matignon (accords) Octobre (groupe) ouvrier (mouvement) Pétain Philippe radicalisme Renoir Jean République (IIIe) SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) socialisme - Le parti socialiste en France syndicalisme - Le syndicalisme ouvrier français Les livres ouvrier (mouvement) - cortège de manifestants en 1936, page 3650, volume 7 France - les premiers congés payés, en 1936, page 2020, volume 4