Introduction Lors de sa création, puis au cours de son développement, l'entreprise au moment opportun, doit détenir les ressources financières nécessaires pour faire face à ses échéances, et utiliser au mieux les moyens dont elle dispose. Pour exercer son activité, l'entreprise doit d'abord engager des dépenses avant de percevoir des recettes : réalisation des investissements matériels (terrains, installations, constructions) ; achats des matières et fournitures, prévoir la rémunération de la main d'?uvre.... Ce n'est qu'ultérieurement, à l'issue de la production et de la commercialisation, que des recettes seront encaissées après la réalisation des ventes. Il y a donc un décalage dans le temps entre les paiements et les encaissements concernant aussi bien les investissements que l'exploitation. Ce décalage crée des besoins de financements que l'entreprise devra couvrir en se procurant des fonds selon différentes modalités. La théorie financière a identifié plusieurs objectifs pour l'entreprise à savoir : la pérennité de l'entreprise, l'accroissement du chiffre d'affaires ou de la part de marché, la minimisation des coûts... Mais dans les dernières décennies, l'attention a été portée sur l'objectif le plus fondamental à savoir la maximisation de la richesse des actionnaires et par conséquent, la création de la valeur. Pour réaliser alors cet objectif, il était question d'assurer une bonne prise des différentes décisions financières au sein de l'entreprise telles que : la décision d'investissement, la décision de financement et la décision de distribution . Dans le cadre de la décision de financement, l'entreprise est amenée généralement à utiliser une combinaison de ressources financières : des fonds propres à l'entreprise, des apports en capitaux et de l'emprunt lors d'une insuffisance de couvertures des dépenses d'investissement. Elle est amenée ainsi à déterminer la structure financière optimale qui minimise le coût du capital et maximise la valeur de l'entreprise. La décision de financement que doit prendre l'entreprise consiste à choisir généralement entre deux catégories de financement. Il s'agit d'une part du financement par fonds propres qui englobe à son tour l'autofinancement et l'augmentation du capital et d'autre part, le financement par endettement. Dans le cadre du présent travail, nous allons focaliser notre étude sur le financement par fonds propres. A noter que, le financement par fonds propres peut être d'origine interne : autofinancement et augmentation du capital par incorporation des réserves (I), ou d'origine externe : augmentation de capital, introduction en bourse et capital risque, ceux-ci seront l'objet d'étude d'axe (II) du présent exposé. Il existe certains capitaux à caractère hybride, étant à la fois action et créance, il s'agit des avances. On les appelle les quasi- fonds propres (III). I. Les fonds propres d'origine interne : A. L'autofinancement 1. Généralités L'autofinancement représente le flux de fonds provenant des opérations de l'entreprise et réinvesti. Sa détermination dépend des différents cycles : exploitation, investissement et financement. Il existe un principe financier assez répandu selon lequel une entreprise devrait assurer son développement par autofinancement (c'est-à-dire uniquement par mise en réserve des résultats). Cette position semble correspondre simultanément à l'intérêt des dirigeants et des créanciers, et indirectement à celui des actionnaires. En effet : - L'autofinancement doit se traduire, pour les actionnaires, par une augmentation de la valeur de leurs actions, et donc par des plus-values. Or, celles ci sont imposées moins lourdement que les dividendes dans la quasi totalité des systèmes fiscaux du monde. Les actionnaires préféreraient donc, à priori, percevoir leurs revenus sous forme de plus- values ; ils seraient donc favorables à l'autofinancement. - En assurant son développement exclusivement par autofinancement, l'entreprise n'a pas besoin de recourir au marché financier (c'est-à- dire à des actionnaires ou à des porteurs d'obligations) ou aux banques. Ses dirigeants y gagnent donc un degré de liberté supplémentaire. Ils favoriseront donc eux aussi le recours à l'autofinancement. - Enfin, l'autofinancement est privilégié par le créancier car il réduit le risque de sa créance et accroît la valeur de celle-ci Ce principe n'est pas faux, mais une politique d'autofinancement à outrance est dangereuse du fait qu'elle conduit à repousser dans le temps la sanction financière indispensable à toute politique. Il n'est pas bon qu'une entreprise soit ainsi coupée des marchés financiers, que la mobilité du capital soit réduite, freinée artificiellement et permette des investissements dans des secteurs peu rentables. L'entreprise se crée ainsi un marché interne de capitaux indépendant des marchés financiers. Sur ce marché artificiel, les taux de rentabilité peuvent être plus faibles et les ressources mal allouées. Le principe financier le plus sain est probablement celui de distribuer la totalité des bénéfices, quitte à faire aussitôt, appel aux actionnaires lors de financements de projets importants. Cependant, ce principe se heurte à des considérations pratiques (coût fiscal et d'opérations importants, contrôle de l'actionnariat) qui le rendent d'application difficile. Rappelons quelques principes : - A-t-on bien conscience qu'à des conditions de marché identiques, la valeur d'une entreprise doit s'accroître du montant des bénéfices réinvestis ? « La performance « d'une stratégie financière de création de valeur consiste à accroître la valeur des capitaux propres au delà de l'accroissement de valeur provenant des bénéfices réinvestis[1]. - Le coût apparent de l'autofinancement est nul. C'est une certitude à court terme, mais quel piège à long terme. Y a-t-il un bien gratuit à l'exception des biens disponibles en quantité illimitée, ce qui n'est manifestement pas le cas de l'argent ? Le coût de l'autofinancement existe. Il s'agit d'un coût d'opportunité qui n'est pas, par essence, directement observable, contrairement au coût de la dette qui se traduit immédiatement par des flux de trésorerie. Mais comme nous l'avons précisé précédemment s'autofinancer, c'est à dire mettre en réserve les résultats plutôt que les distribuer, est financièrement équivalent à distribuer l'intégralité des résultats et à réaliser une augmentation de capital concomitamment. Le coût de l'autofinancement est donc le même que celui d'une augmentation de capital, à savoir le coût des capitaux propres : c'est le taux de rentabilité minimum que doit dégager les investissements de l'entreprise afin que celle ci puisse satisfaire à la fois l'exigence de rentabilité des actionnaires (qui est le coût du capital propre) et l'exigence de rentabilité des créanciers (qui est le coût de l'endettement net) le coût du capital est donc le coût du financement global de l'entreprise. - C'est une grande erreur d'associer le coût d'une source de financement et le taux de rentabilité à exiger des investissements qu'elle finance. Quel que soit le mode de financement, les investissements doivent rapporter le coût du capital. En s'autofinançant, l'entreprise réduit la part des dettes dans sa structure financière, d'où un coût de la dette plus faible. Cette économie se rajoute à la rentabilité normalement dégagée par l'investissement financé par ...