État du Maghreb, à la charnière de la Méditerranée occidentale et orientale, montagneux et arrosé au nord, steppique au centre et sahélien au sud, la Tunisie s'ouvre sur un littoral dynamique, qui concentre les villes et les activités industrielles et touristiques. Pays anciennement peuplé, qui exerça sa domination au temps de Carthage, elle fut romanisée, avant d'être arabisée et islamisée au VIIIe siècle. Le protectorat français, établi en 1881, déboucha, en 1956, sur l'indépendance et l'instauration d'une république constitutionnelle. La Tunisie, en arabe T?nus, est un État du Maghreb, sur la Méditerranée. La République est organisée par la Constitution de 1969. Le président de la République, élu au suffrage universel, dispose de pouvoirs étendus. Ce poste fut occupé par Hab?b Bourguiba jusqu'en 1987. En 1975, il avait été nommé président de la République à vie, mais, en 1981, il avait admis le multipartisme, alors que le parti socialiste destourien (ancien NéoDestour) était le parti unique. Le pouvoir exécutif est exercé par le chef de l'État, qui est assisté par un Conseil des ministres, nommé par lui et responsable devant lui, et qui est dirigé par un Premier ministre. Le pouvoir législatif appartient à une Assemblée nationale de 163 membres élue pour cinq ans au suffrage universel direct. Il existe plusieurs partis politiques, dont certains, islamistes notamment, sont illégaux. La Tunisie fait partie de l'Union du Maghreb arabe, proclamée en 1989 avec l'Algérie, la Libye, le Maroc et la Mauritanie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Maghreb Géographie Les conditions naturelles. À la charnière de la Méditerranée occidentale et de la Méditerranée orientale, la Tunisie est un pays étiré du nord au sud, entre l'Algérie et la Libye, et présente des ensembles naturels bien différenciés : le Tell montagneux au nord, les steppes et le Sahel au centre, et le Sud saharien. Le Tell comprend les verdoyants massifs de Kroumirie, en bordure de la Méditerranée, la vallée de la Medjerda, que prolonge la plaine de Tunis, et les croupes de la Dorsale tunisienne. Cette Dorsale est la terminaison des Atlas maghrébins, qui se rejoignent en une montagne unique, plus sèche qu'au Maroc et qu'en Algérie, et peu élevée (djebel Chambi, point culminant du pays, à 1 544 m). Les régions du Tell sont les plus arrosées et les plus forestières de toute la Tunisie. Les steppes occupent le coeur du pays et sont marquées par l'aridité : on distingue, à l'ouest, les hautes steppes, au climat rude, à l'est, les basses steppes et enfin, sur le littoral, le Sahel, région plus arrosée et qui dispose de meilleurs sols (Sousse, Sfax). Le Sud est désertique ; il reçoit moins de 100 mm de pluies par an. Deux dépressions sont occupées par des lacs salés, situés au-dessous du niveau de la mer : le chott El-Djérid et le chott El-Gharsa. La vie se concentre dans les oasis, sur le littoral et dans l'île basse de Djerba. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Atlas Djerba Kroumirie Medjerda Sfax Sousse Tell Tunis Les livres Tunisie - un aspect du Sud tunisien, page 5307, volume 10 érosion - paysage désertique dans le sud de la Tunisie, page 1698, volume 3 Les aspects humains. La population, très homogène, est en majorité arabe et son unité linguistique et religieuse est très forte : elle parle l'arabe (la communauté berbérophone représente à peine 1 % de la population) et pratique l'isl?m sunnite. Malgré de réels succès dans la limitation des naissances, cette population, qui est majoritairement urbanisée, s'accroît encore de plus de 200 000 personnes par an. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats arabe Les livres Tunisie - le minaret de la mosquée, à Tozeur, page 5306, volume 10 Tunisie - la médina de Tunis, page 5307, volume 10 Tunisie - nouvelle réalisation architecturale à Tunis, page 5307, volume 10 La vie économique. Inscrite dans un cadre libéral, elle est ouverte aux capitaux étrangers (seule la période de 1962 à 1969 a été marquée par une tentative de collectivisation des terres, de planification et de dirigisme économique). Les productions du pays sont diversifiées. L'agriculture est pratiquée dans des conditions difficiles en raison de l'aridité qui sévit sur une grande partie du territoire, et les rendements varient beaucoup selon les années. Ses produits principaux sont les céréales (blé, orge, avoine, maïs), les primeurs et les cultures arbustives (olives, dattes, agrumes). Après une période critique dans les années quatre-vingt, la production céréalière ne suffisant pas à la consommation nationale, l'agriculture a bénéficié de fortes précipitations dans les années quatre-vingt-dix. Les olives et l'huile d'olive, dont la Tunisie est l'un des principaux producteurs, les agrumes et les produits de la mer connaissent des difficultés à l'exportation en raison de la concurrence des pays méditerranéens de l'Union européenne. De même, la demande en alfa et en liège, traditionnels produits d'exportation, a baissé. L'élevage est pratiqué de manière extensive, le principal cheptel étant celui des ovins. L'activité industrielle, qui s'est beaucoup développée à partir des années soixante, repose surtout sur la transformation des produits agricoles (huile, farine) et des richesses du sous-sol (phosphates, fer et hydrocarbures). La sidérurgie et le raffinage du pétrole à Bizerte et la chimie du phosphate à Gabès en sont les exemples les plus remarquables. Les industries manufacturières fournissent 18 % du PIB et, parmi elles, les industries électriques, mécaniques, textiles, et celle du ciment ont beaucoup progressé. Le tourisme a connu un grand essor à partir des années soixante-dix ; il favorise le maintien de la tradition artisanale (tapis, poterie, etc.). Aux touristes majoritairement européens s'ajoutent de plus en plus les visiteurs des pays voisins du Maghreb, notamment de Libye. Les grands pôles d'accueil sont Hammamet, dans le sud du cap Bon, la région de Sousse et l'île de Djerba. Le commerce extérieur est toujours marqué par d'importants échanges avec la France. Un accord d'association avec l'Union européenne, signé en 1995, vise à créer un espace de libre-échange. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bizerte Bon (cap) Djerba Gabès Skhirra (La) Sousse Les livres Méditerranée - infrastructure hôtelière à El-Kantaoui, en Tunisie, page 3127, volume 6 Tunisie - l'oliveraie de la plaine de Sfax, page 5308, volume 10 Tunisie - le convoyeur du minerai de phosphate, page 5309, volume 10 Tunisie - le complexe sidérurgique El-Fouladh, à Menzel-Bourguiba, page 5309, volume 10 Tunisie - le port de La Goulette, page 5309, volume 10 Tunisie - port El-Kantaoui, page 5309, volume 10 L'organisation de l'espace. Les densités de population et les niveaux de développement opposent aujourd'hui une Tunisie littorale à une Tunisie intérieure beaucoup plus qu'une zone nord à une zone sud, comme le laisseraient penser les conditions naturelles. Là est le clivage majeur du pays. La Tunisie intérieure, montagneuse, steppique ou saharienne, est pauvre, peu peuplée, peu urbanisée et mal desservie par les moyens de communication. En émergent seulement quelques villes, principalement Kairouan, la prestigieuse cité religieuse, et Gafsa, la capitale du phosphate. Le littoral oriental rassemble l'essentiel des hommes, des villes, des richesses et des activités. Il s'articule sur un axe urbain qui s'étend de Bizerte à Gabès, et égrène vieilles cités aux murs blancs, ports, industries, cultures maraîchères et vergers, stations balnéaires. Il est largement dominé par Tunis, qui commande tous les flux irriguant ce littoral. La capitale est en étroite relation avec la région de Bizerte, au nord, et celle du cap Bon, riche zone agricole et touristique au sud. Ensuite s'étire le Sahel avec les villes de Sousse, Monastir et Mahdia, pays des oliviers, des industries, et premier espace de tourisme international. La région de Sfax constitue un pôle à forte personnalité ; la deuxième ville du pays est la capitale de l'olivier, un port actif et un centre industriel. Gabès, au fond de son golfe, a reçu un important complexe d'industries chimiques et relance la pêche, tandis que Djerba, très peuplée, île de commerçants migrants et d'installations touristiques, achève cette longue chaîne littorale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bizerte Bon (cap) Djerba Gabès Gafsa Kairouan Mahdia Monastir Sfax Sousse Tunis Les livres Maghreb - Kairouan, page 2976, volume 6 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Atlas Gabès Kroumirie Medjerda Monastir Nabeul Sahara - Géographie Sfax Skhirra (La) Sousse Tozeur Histoire Comme l'ensemble du Maghreb, la Tunisie fut peuplée dès le paléolithique et reçut des apports de population très divers. Une industrie de la pierre taillée datée du IXe millénaire avant J.-C. a été découverte près de Gafsa. Les textes de l'Antiquité désignent les habitants de la région sous le nom de Libyens, qui doivent probablement être les ancêtres des Berbères. Carthage et Rome. Au XIIe siècle avant J.-C., les Phéniciens commencèrent à s'implanter dans cette partie de l'Afrique du Nord. Carthage fut fondée en 814 par les Phéniciens de Tyr et, au VIe siècle avant J.-C., cette colonie dominait tous les établissements phéniciens d'Afrique, des îles méditerranéennes et d'Espagne. Elle imposa également sa suzeraineté aux royaumes numides de l'intérieur. Elle tirait ainsi sa prospérité aussi bien du commerce que des produits agricoles de son arrière-pays. Au IIIe siècle avant J.-C., un conflit, qui avait pour enjeu la domination de la Méditerranée occidentale, éclata entre Carthage et Rome : les guerres puniques se déroulèrent en trois phases, entre 267 et 146 avant J.-C. Rome obtint l'appui du roi des Numides occidentaux, Massinissa, puis du fils de ce dernier, Micipsa. À la fin de la troisième guerre Punique (146 avant J.-C.), Carthage fut prise et rasée par les Romains, qui fondèrent sur son territoire la province d'Afrique (Africa). Dans un premier temps, Rome laissa subsister des royaumes indigènes, qui furent annexés après l'échec, en 105 avant J.-C., de la révolte de Jugurtha (le neveu de Micipsa). Carthage fut reconstruite, mais ce n'est vraiment qu'à partir du Ier siècle après J.-C. que l'Afrique romaine fut développée, grâce notamment à l'extension de l'irrigation. Intensément romanisée et urbanisée, la Tunisie connut, à partir du IIIe siècle, une propagation rapide du christianisme. Mais c'est aussi à partir de ce moment que sa sécurité fut de plus en plus menacée par les incursions berbères, malgré l'existence d'une solide frontière fortifiée (limes) sur sa bordure méridionale. Dioclétien modifia alors la carte des provinces, et le territoire de l'actuelle Tunisie se trouva divisé entre la Zeugitane (Carthage) et la Byzacène (Sousse). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Carthage Jugurtha Massinissa Numidie Phéniciens puniques (guerres) Rome - Histoire - Rome et l'Empire romain - L'expansion en Méditerranée Les livres ville - le site de l'antique Thugga (aujourd'hui Dougga), en Tunisie, page 5541, volume 10 Tunisie - la terrasse de l'Antiquarium et les ruines de Carthage, page 5310, volume 10 Des Vandales aux Arabes. Ces nouvelles provinces, cependant, ne purent pas résister à l'invasion des Vandales, qui prirent Carthage en 439. Mais, affaiblis par les attaques berbères, les Vandales furent vaincus par les Byzantins en 533. La domination byzantine, centrée sur Carthage, resta toutefois limitée face aux puissantes confédérations berbères (Zen?tas, Sanh?djas), et la conquête arabo-musulmane y mit fin au milieu du VIIe siècle. La première expédition arabe fut en effet lancée en 647, et c'est en 670 que furent fondées Kairouan et la province d'Ifr?qiya (qui correspond aux territoires de la Libye et de la Tunisie actuelles). L'influence chrétienne disparut. L'islamisation fut très rapide, mais l'arabisation rencontra davantage de résistance : certains Berbères adhérèrent au kh?ridjisme (un isl?m hétérodoxe) et, au VIIIe siècle, se révoltèrent contre les califes omeyyades établis à Damas. Les 'Abb?ssides, qui supplantèrent alors les Omeyyades et transférèrent la capitale du califat à Bagdad, reprirent le contrôle de l'Ifr?qiya et confièrent son gouvernement aux Aghlabides. Ceux-ci devinrent de fait indépendants et encouragèrent la naissance d'une brillante civilisation autour de Kairouan. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aghlabides Almohades arabe (monde) - Histoire - Les conquêtes arabes Kairouan kharidjisme Vandales Zenatas Les livres Tunisie - Kairouan, page 5311, volume 10 Les dynasties berbères. Au début du Xe siècle, les F?timides, musulmans ch?'ites venus d'Orient, renversèrent les Aghlabides et s'imposèrent avec le soutien des Berbères Kot?mas. Ils conquirent progressivement toute l'Afrique du Nord et, s'étant établis au Caire en 972, ils confièrent l'Ifr?qiya aux Berbères Z?rides, membres de la confédération des Sanh?djas. Au milieu du XIe siècle, ceux-ci rejetèrent la suzeraineté des F?timides, qui ripostèrent en envoyant en 1055 les tribus pillardes des Ban? Hil?l. Appauvrie, la région se disloqua alors en plusieurs principautés dominées par les Hil?liens. Ce morcellement favorisa les entreprises des Normands de Sicile, qui purent prendre Djerba en 1134, puis d'autres ports tunisiens. Mais les Almohades, dynastie berbère du Maroc, chassèrent les Normands en 1159, et ils unifièrent la région en installant à Tunis le gouverneur Ab? Muhammad, fondateur de la dynastie hafside. Celle-ci érigea la Tunisie en royaume indépendant à partir de 1228, et se déclara héritière du califat après la disparition des Almohades en 1269. Les Hafsides étendirent leur suzeraineté à Tripoli, à Tanger et au sud de l'Espagne, et Tunis devint un port très actif. Malgré la menace des M?rinides du Maroc et les attaques des nomades Ban? Sulaym, ils se maintinrent jusqu'en 1574. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Almohades Berbères Fatimides Hafsides La Tunisie ottomane et beylicale. En 1534-1535, les Hafsides ne purent repousser l'attaque du corsaire Khayr ad-D?n, dit Barberousse, envoyé par le sultan ottoman, qu'en faisant appel à Charles Quint, roi d'Espagne et empereur germanique. Ce dernier réinstalla les Hafsides à Tunis, mais leur imposa sa suzeraineté. Les Ottomans reprirent toutefois la ville en 1574, et la Tunisie devint une province de leur empire. Le pouvoir local fut confié à un pacha, puis à un dey, chef militaire, qui avait sous ses ordres un bey chargé de l'administration et des finances. Très vite, le bey supplanta le dey et acquit une autonomie croissante par rapport au sultan. Le bey Mourad fonda la première dynastie beylicale en 1612 (les Mouradides), et la fonction de dey fut supprimée en 1705 par Hussein ibn 'Al?, fondateur d'une seconde dynastie beylicale (les Husseinides, qui régnèrent jusqu'en 1957). L'économie de la Régence de Tunis était fondée avant tout sur la course (pillage des côtes et des bateaux chrétiens, demandes de rançons). Mais, au XVIIIe siècle, le rendement de la course diminua, et les Husseinides développèrent leurs relations commerciales avec les Européens, qui acquirent ainsi une influence croissante en Tunisie. Elle s'intensifia après le tarissement de la course dans les années 1810 et l'occupation d'Alger par la France (1830). Le bey Mohammed fit alors appel à des conseillers étrangers, surtout français, pour moderniser son pays (réorganisation de l'armée et des institutions, installation de réseaux télégraphiques et ferroviaires). Mais cette politique se révéla ruineuse pour les finances du pays et ne fit qu'accroître sa dépendance. Aussi, en 1869, le bey dut-il accepter de confier la gestion de la dette à une commission internationale anglo-franco-italienne. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Barberousse - Barberousse Khayr ad-Din Hafsides ottoman (Empire) Le protectorat français. À la suite du congrès de Berlin de 1878, l'Angleterre, qui avait obtenu le contrôle de Chypre, laissa le champ libre à la France en Tunisie. En 1881, Jules Ferry, voulant devancer les ambitions italiennes, imposa le protectorat français au bey par le traité du Bardo (12 mai), que confirma la convention de La Marsa (1883). La France se substitua donc au sultan ottoman, mais elle exerça sur le bey une tutelle beaucoup plus étroite. L'institution d'autorités de contrôle à tous les échelons politico-administratifs permit au résident général de France d'exercer la réalité du pouvoir. Il prit en main l'assainissement financier et l'activité économique (construction d'infrastructures, plantation d'oliveraies, exploitation des phosphates). L'implantation de colons fut toutefois plus limitée qu'en Algérie. L'opposition à la présence française s'incarna d'abord dans le parti des JeunesTunisiens et se manifesta en 1911 lors d'émeutes à Tunis, qui furent réprimées. Elle renaquit après la Première Guerre mondiale avec la création, en 1920, du parti du Destour (« Constitution »), dont les objectifs étaient l'émancipation des Tunisiens et la restauration des traditions du pays. Le mouvement nationaliste reçut une nouvelle impulsion en 1934 avec la fondation, par Hab?b Bourguiba, du Néo-Destour, parti favorable à un État laïque et ouvert à la négociation avec la puissance coloniale. Bourguiba et d'autres militants politiques furent pourtant assignés à résidence la même année, avant d'être libérés par le gouvernement de Léon Blum. La reprise de l'agitation nationaliste, marquée par une journée d'émeute à Tunis le 9 avril 1938, fut suivie d'une répression sévère : Bourguiba fut de nouveau emprisonné et l'état de siège, proclamé. En 1940, la Tunisie reconnut l'autorité du gouvernement de Vichy. Après le débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie (novembre 1942), les Allemands occupèrent la plus grande partie du pays, jusqu'à la capitulation de l'Afrikakorps du maréchal Rommel à Tunis, en mai 1943. Le bey Moncef, accusé de s'être compromis avec l'Allemagne, fut destitué et remplacé par son cousin Lamine. Bourguiba, qui avait été libéré en 1943 par les Allemands, mais qui avait refusé toute collaboration, s'exila volontairement de 1945 à 1949 afin d'établir des contacts dans le monde arabe. Il favorisa la constitution de l'UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) de Ferhat H?ched, le seul mouvement syndical bien organisé dans les pays arabes. En 1950, Bourguiba proposa un programme auquel le bey se rallia, puisque celui-ci nomma un gouvernement dans lequel entra l'un des chefs du Néo-Destour, Salah Ben Youssef. Mais, en 1951, la France annonça qu'elle entendait exercer une cosouveraineté « définitive » sur la Tunisie, et, en 1952, Bourguiba fut une nouvelle fois arrêté. Le conflit se radicalisa ; des actions terroristes furent menées en ville, et des paysans ( fellaghas) s'engagèrent dans un combat armé. Pierre Mendès France, devenu président du Conseil en France en juin 1954, négocia avec Bourguiba et se rendit en Tunisie, où il annonça au bey l'intention de la France d'accorder l'autonomie interne : ce fut le « discours de Carthage » (31 juillet 1954). Hab?b Bourguiba rentra triomphalement en Tunisie le 1 er j uin 1955. Il fut cependant confronté à l'opposition, au sein du Néo-Destour, de Salah Ben Youssef, lequel jugeait insuffisants les accords du 3 juin 1955 signés avec Paris, rendant aux Tunisiens la gestion de leurs affaires intérieures. Mais la reconnaissance par la France de l'indépendance totale de la Tunisie, le 20 mars 1956, désamorça le conflit à l'intérieur du parti (Ben Youssef se réfugia à l'étranger ; il fut assassiné en Allemagne en 1961). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Afrikakorps Bardo (Le) Ben Youssef Salah Bourguiba Habib Destour Ferry Jules François Camille France - Histoire - Guerre et après-guerre ; croissance et crises - La IVe République (1946-1958) Lamine Bey Mendès France Pierre République (IVe) La Tunisie indépendante. Chef du gouvernement dès l'indépendance, Bourguiba fit déposer le bey Lamine, proclama la République et en devint le président le 25 juillet 1957. La guerre d'Algérie mit en difficulté le jeune État, qui s'efforça de soutenir les nationalistes tout en ne souscrivant pas au nationalisme arabe de l'Égyptien Nasser et en ne rompant pas avec la France. Les relations avec l'ancienne puissance coloniale furent cependant mises à rude épreuve en 1958, lorsque l'aviation française bombarda le village tunisien de Sakiet-Sidi-Youssef, où s'étaient réfugiés des combattants algériens, puis en 1961, lorsque la France refusa d'évacuer la base navale de Bizerte (les dernières troupes françaises devaient finalement la quitter en octobre 1963). Bourguiba instaura un régime moderniste et laïque : il avait adopté, dès 1956, un code de la famille qui émancipait les femmes (interdiction de la polygamie, égalité des deux époux, droit au divorce par consentement mutuel, etc.). L'orientation libérale des premières années fut infléchie dans un sens plus dirigiste avec l'interdiction du parti communiste et l'instauration de fait d'un régime de parti unique (le Néo-Destour, rebaptisé parti socialiste destourien en 1964). Les terres appartenant à des étrangers furent nationalisées en 1964 (l'affaire fit suspendre l'aide financière française), et un mouvement coopératif fut développé dans les secteurs agricoles et commerciaux. Toutefois, le président abandonna cette politique, dont l'inspirateur, Ahmed Ben Salah, fut arrêté en 1970 et condamné à dix ans de travaux forcés. Nommé président à vie par l'Assemblée nationale en 1975, Bourguiba dut affronter plusieurs périodes de tension avec la Libye du colonel Kadhafi. Il mena une politique étrangère modérée (appréciée des Occidentaux), notamment à l'égard d'Israël, tout en donnant refuge à l'OLP à Tunis à partir de 1983. Sur le plan intérieur, il dut faire face à des mouvements de contestation (1978) et de mécontentement populaire (1984). Maître du pays depuis un quart de siècle, il amorça une libéralisation du régime en 1981, sans réussir toutefois à restreindre le malaise politique dû à l'excessive concentration des pouvoirs et aux incertitudes quant à sa succession. En novembre 1987, le Premier ministre Zine elAbidine Ben Ali destitua le « Combattant suprême » pour « incapacité » à gouverner et lui succéda. Le nouveau président, conforté par sa victoire électorale de 1989, a dû, dès lors, affronter deux problèmes majeurs : la morosité de la situation économique et l'influence croissante des islamistes, qui ont été interdits de représentation politique. Réélu en 1994, il dispose aussi à l'Assemblée nationale de l'écrasante majorité qu'y détient le Rassemblement constitutionnel démocratique, parti gouvernemental. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Ben Ali Zine al-'Abidine Bizerte Bizerte - L'affaire de Bizerte et la crise franco-tunisienne de 1961 Bourguiba Habib Destour Lamine Bey Les médias Bourguiba Habib Les livres Tunisie - le président Bourguiba s'adressant à la population de Gafsa, en 1959, page 5310, volume 10 Tunisie - le président Ben Ali lors du sommet des pays du Maghreb, au Maroc, en février 1989, page 5311, volume 10 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aghlabides Ben Ali Zine al-'Abidine Bourguiba Habib Carthage Destour Hafsides Jugurtha Zenatas Arts Beaux-arts. Située au carrefour de l'Orient et de l'Occident et ouverte sur la mer, la Tunisie témoigne par son art et son architecture de la prospérité des civilisations qui s'y sont succédé. Si Carthage ne garde de son opulence que quelques souvenirs, qui subsistent sur le site unique de Kerkouane, l'amphithéâtre d'El-Djem et les vestiges de maintes cités (Dougga, Sbeitla ou Maktar, ancienne forteresse numide) témoignent de la grandeur de l'Empire romain, alors que la mosaïque était à son apogée. Après le passage des Vandales, puis l'administration byzantine, la venue des Arabes au VIIe siècle suscita de prestigieuses constructions, caractéristiques de l'Occident musulman (mosquée de Sidi Oqba, flanquée de son minaret carré, avec ses précieux mihr?b et minbar, à Kairouan), tandis que vélin et marbre servaient de support à une calligraphie pratiquée avec une rare maîtrise. Des couvents fortifiés (rib?t de Sousse et de Monastir, IXe siècle) furent édifiés pour participer à la défense de l'isl?m. Arrivés en Tunisie au Xe siècle, les F ?timides conservèrent leurs traditions orientales, perceptibles dans la mosquée de Sfax. Sous la domination turque, styles arabe et ottoman cohabitèrent dans une architecture qui recherchait l'élégance dans la décoration. Outre les tapis de Kairouan, des panneaux de revêtement mural en faïence caractérisés par des motifs d'arcatures meublés de vases de fleurs ornent mosquées et palais. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats islam - Beaux-arts Kairouan Maghreb Maghreb - Beaux-arts Monastir Sfax Sousse Les livres islam - le minaret de la mosquée Az-Zaytuna, à Tunis, page 2599, volume 5 Littérature. La Tunisie n'a pas produit de grande littérature en langue française. Sur le plan romanesque, elle n'est représentée, il est vrai avec éclat, que par Albert Memmi, porteparole de la communauté juive tunisienne (la Statue de sel, 1953 ; Agar, 1963) ou, plus récemment, par Abdelwahab Meddeb et Mohammed Aziza. À partir de 1970, quelques poètes ont fait entendre leur voix, surtout Salah Garmadi, également poète d'expression arabe. La littérature en langue arabe reste la plus abondante, illustrée surtout par le romancier et grand dramaturge Mahmoud Massa'adi, auteur d'une célèbre pièce « ibsénienne », le Barrage (1955), ainsi que par M?d?n? Ben Sal?h et Rach?d alHamzaoui. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats arabe (monde) - Littérature Maghreb Maghreb - Littérature Memmi Albert Cinéma. Parmi les longs métrages produits depuis 1968, les Baliseurs du désert (Naceur Khemir, 1975). Soleil des hyènes (Rida Behi, 1977), l'Homme de cendres (Nouri Bouzid, 1986), Halfaouine, l'enfant des terrasses (Ferid Boughedir, 1990), les Silences du palais (Moufida Tlatli, 1994) sont autant de preuves d'une vitalité qui ne saurait se satisfaire du seul marché intérieur. Le cinéma tunisien est donc condamné à s'exporter, ce que ses créateurs semblent, heureusement, avoir déjà compris. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats arabe (monde) - Cinéma Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Afrique Les médias Tunisie - tableau en bref Tunisie - carte physique Tunisie - tableau en chiffres Afrique - carte politique Sahara - carte physique Les indications bibliographiques C. et Y. Lacoste (sous la direction de), Maghreb. Peuples et civilisations, La Découverte, Paris, 1995. M. Mzali, la Tunisie : quel avenir ?, Publisud, Paris, 1991.