Et cependant, pour celui-ci, Boulogne ne sera pas à terme une si mauvaise affaire.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
vertu
dumême principe quecelui surlequel vousavezposé laroyauté d'aujourd'hui.
»
Tout étaitdit.
Cela nepouvait évidemment serviràgrand-chose.
LouisNapoléon devaitêtrecondamné; ille fut.
Dumoins
eut-il lasatisfaction deconstater queprès delamoitié despairs s'était abstenue.
Lesautres s'étaient résolusà
innover dansledomaine juridique, eninventant pourLouis Napoléon lapeine deladétention perpétuelle en
forteresse.
Le 7octobre, leregistre d'écroudufort deHam, danslaSomme, nonloindes limites del'Aisne, décritun
nouvel arrivant: «Agé detrente-deux ans.Taille d'unmètre soixante-six.
Cheveuxetsourcils châtains.
Yeux
gris etpetits.
Nezgrand.
Bouche moyenne.
Barbebrune.
Moustache blonde.Menton pointu.Visage ovale.Teint
pâle.
Têteenfoncée danslesépaules etépaules larges.Dosvoûté.
Lèvres épaisses.
»
Louis Napoléon, dontils'agit, entame unelongue détention.
***
Les pairs etLouis-Philippe comprirent-ilsjamaisqu'ilsavaient renduàLouis Napoléon unsignalé service?
Ce n'est passûr.
Iln'était d'ailleurs pasévident queLouis Napoléon auraitsuffisamment decourage etde
volonté pournesombrer nidans ladépression nidans l'indolence.
Songrand mérite futde prendre sursoi, en
décidant defaire lemeilleur usagedesannées d'isolement qu'onallaitluiimposer.
Isolement toutrelatif, ilest vrai.
Pour n'être pasfranchement libérales,lesconditions desadétention comportent quelquesélémentsde
souplesse.
MontholonetConneau ontpul'accompagner encaptivité.
Silefort n'est guère confortable, Louis
Napoléon yoccupe unappartement relativementbienaménagé.
Ilyest entouré d'objets familiers etchers àson
coeur, dontlechoix estsignificatif: unportrait desamère, desbustes deNapoléon Ier
etde Joséphine, des
soldats deplomb delaGarde impériale.
Les visites n'étaient niquotidiennes nimême hebdomadaires, maissuffisamment régulièrespourlemaintenir
en contact aveclemonde extérieur.
Louis Napoléon s'estd'autant plusaisément résignéàsa détention que,comme ill'écrit en1841 àlady
Blessington: «Je ne désire passortir deces lieux oùjesuis, caricijesuis àma place; aveclenom queje
porte, ilme faut l'ombre d'uncachot oulalumière dupouvoir.
»
Cependant, ily a des moments difficiles,trèsdifficiles.
Enparticulier, lorsduretour descendres deNapoléon Ier
et de leur dépôt auxInvalides.
Loindelacérémonie —etpour cause !— ilse sent évidemment seul,mais
d'autant plusseulquesesennemis paraissent avoirainsirécupéré pourleurcause l'argument quifaisait sa
force.
Cela luiinspire quelques bellespages, émouvantes, encorequ'onpuisse lestrouver unpeu grandiloquentes:
« Sire, vous revenez dansvotre capitale etlepeuple enfoule salue votreretour; maismoi,dufond demon
cachot, jene puis apercevoir qu'unrayon dusoleil quiéclaire vosfunérailles !N'en veuillez pasàvotre famille
de cequ'elle n'estpaslàpour vous recevoir ;votre exiletvos malheurs ontcessé avecvotre vie;mais les
nôtres durent toujours !
« [...] Sire, le15 décembre estungrand jourpour laFrance etpour moi.
« Au milieu devotre somptueux cortège,dédaignant certainshommages, vousavez uninstant jetévosregards
sur masombre demeure et,vous souvenant descaresses quevous prodiguiez àmon enfance, vousm'avez dit:
Tu souffres pourmoi,ami,jesuis content detoi! »
Mais, unefoisdeplus, ilse ressaisit vite,décidé qu'ilestàtirer parti descirconstances, aussidéfavorables
soient-elles.
Privéd'autre choix,ilva travailler, ettravailler encore...
Aprèstout,comme ille dit avec philosophie
: « Plus lecorps estétroitement resserré,plusl'esprit estdisposé àse lancer danslesespaces imaginaires età
agiter lapossibilité d'exécution deprojets auxquels uneexistence plusactive neluiaurait peut-être paslaissé le
loisir desonger? »
Et, defait, son esprit vaselancer, danstouslesazimuts.
Avecunappétit quitient delavoracité.
Discuter etcorrespondre, lire,écrire, voilàsontriple programme.
Il reçoit.
Etdes gens fortdivers: celavade Louis Blanc àla duchesse d'Hamilton etàMrs Crawford, de
Chateaubriand et
Dumas àsir Robert Peeletlord Malmesbury, deson avocat Berryer àÉléonore Braultdevenue Éléonore
Gordon.
Ilentretient unecorrespondance fortabondante etde haut niveau.
Toutpour luiest prétexte àélargir
ses connaissances etapprofondir sonexpérience.
Considérée avecquelque recul,larencontre avecLouis Blanc, àla fin de 1840, nemanque pasdesel.
Frappés.
»
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