En un demi-siècle, la télévision a beaucoup changé. Les techniques ont progressé, le nombre de chaînes s'est accru, et le privé domine désormais le paysage audiovisuel mondial. Dans les pays développés, les grands écrans couleurs, avec télécommande et magnétoscope, ont succédé au récepteur noir et blanc qui se généralise sur le reste de la planète. Les câblo-opérateurs et les promoteurs du numérique se disputent un marché où la grille des programmes ne diffère pas sensiblement de celle des débuts de la télévision en privilégiant le cinéma, le sport et l'information. Dominant largement les autres médias, la télévision constitue pour des millions de personnes la source unique d'information et de divertissement. Ce gigantesque outil de spectacle à domicile offre de plus une quantité croissante d'images grâce aux progrès techniques accomplis et à la multiplication des chaînes, favorisée par la libéralisation récente du secteur audiovisuel dans de nombreux pays. Cependant, cette profusion n'est pas synonyme de diversité. En effet, le modèle commercial américain envahit la plupart des télévisions du monde, au détriment des idéaux du service public qui ont animé les écrans de l'après-guerre. Les principes techniques Les premières recherches en vue de transmettre en direct des images animées furent entreprises dans la seconde moitié du XIXe siècle. Schématiquement, deux problèmes essentiels durent être surmontés : l'analyse de l'image en points lumineux, à une cadence suffisamment rapide, et la transformation d'ondes lumineuses en ondes électriques, susceptibles d'être transportées par voie hertzienne. L'Allemand Paul Nipkow apporta en 1884 une première solution. Il présenta un système de télévision fondé sur l'utilisation simultanée d'un disque perforé, tournant à grande vitesse pour analyser l'image, et d'un métal, le sélénium, dont la conductibilité électrique varie avec la lumière reçue. Or cette invention n'était pas réalisable à l'époque. Le disque de Nipkow servit cependant pour de nombreuses expériences de télévision réalisées en Europe durant l'entre-deux-guerres. En 1931, un pas décisif fut franchi avec la mise au point de l'iconoscope par Vladimir Zworykin, un savant d'origine russe travaillant pour la société américaine Westinghouse. Les principes de fonctionnement de son appareil sont encore ceux qu'on utilise pour l'analyse de l'image. La caméra de télévision est constituée essentiellement d'un tube analyseur ; celui-ci est placé au bout de l'objectif, et sa face avant est faite d'une cible photosensible (qui réagit à la lumière). L'image vue à travers l'objectif contient des informations lumineuses. Elle vient s'afficher sur la cible en une série de points juxtaposés et de lignes horizontales superposées. Chaque point sur la cible, qui représente une infime partie de la scène à transmettre, est analysé par un pinceau lumineux, ou faisceau d'électrons, concentré à l'intérieur du tube. Quand ce dernier analyse un point sombre, l'intensité aux bornes de la cible est faible ; si le point est clair, l'intensité est forte. C'est cette intensité variable qui donne le signal de luminance caractéristique de l'image en noir et blanc. Une image est ainsi analysée point par point, ligne par ligne, après deux balayages successifs du faisceau d'électrons. Cette technique a permis notamment d'améliorer ce qu'on appelle la « définition » de l'image, c'est-à-dire le nombre total de lignes que parcourt le dispositif de balayage. Les premiers systèmes de télévision avaient des définitions de quelques dizaines de lignes. En 1948, la France démarra en 819 lignes. Puis, au début des années soixante, la plupart des pays européens adoptèrent une définition de 625 lignes, qui est encore celle de nos téléviseurs. La télévision en couleurs dut résoudre un problème d'analyse de l'image plus complexe encore. On fit appel pour cela à la synthèse additive qui permet, en jouant sur la combinaison des trois couleurs primaires (rouge, jaune et bleu), d'obtenir n'importe quelle couleur. Dans les caméras vidéo couleur, il y a donc trois tubes, qui analysent les composantes bleue, jaune et rouge de chaque image. La caméra génère seulement les informations concernant l'intensité de la lumière (signal de luminance) ainsi que le rouge et le bleu (signal de chrominance). Suivant le type de modulation choisi pour transmettre le signal de chrominance, on aboutit aux trois systèmes de télévision en couleurs utilisés aujourd'hui : le NTSC (National Television System Committee) américain, le PAL (lignes à phases alternées) allemand et le SECAM (séquentiel à mémoire) français. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats caméra cathodique (rayon) écran ENG (Electronic News Gathering, en français « reportage d'actualité électronique ») hertzien (faisceau) luminance mondovision NTSC (National Television System Committee) orthicon PAL (Phase Alternative Line) SECAM (séquentiel couleur à mémoire) Westinghouse George Zworykin Vladimir Kosma Les livres télévision - schémas, page 5106, volume 9 antenne réceptrice de télévision à brins multiples, page 271, volume 1 antenne parabolique de Pleumeur-Bodou, page 271, volume 1 La production : du direct au différé À ses débuts, la télévision diffusait principalement des images transmises en direct, dont l'enregistrement pour une utilisation différée était impossible ; cependant, la technique du télécinéma permettait de limiter cet inconvénient, car on pouvait grâce à elle traduire en signaux télévisés une image enregistrée sur un support film. Ainsi, les premiers téléspectateurs eurent accès aux oeuvres cinématographiques. Dans les années cinquante furent mis au point le kinescope, qui permit de conserver des images filmées avec une caméra sur le tube d'un récepteur (et que l'on peut diffuser à nouveau par télécinéma), puis le magnétoscope, qui permit d'enregistrer et de diffuser des images sur pellicule magnétique. La télévision disposa dès lors de tous les moyens nécessaires pour conserver ses émissions. Et ces progrès techniques eurent des conséquences importantes sur la production. En effet, le développement de moyens plus légers propres à la télévision (qui préfère, en Europe, le 16 mm au 35 mm du cinéma commercial), ainsi que le perfectionnement du magnétoscope (montage électronique dans les années soixante-dix) entraînèrent la disparition des fictions « en direct ». Les fictions sont désormais tournées sur film ou sur caméra vidéo avec magnétoscope. De même, le nombre d'émissions en direct a fortement diminué. Presque toutes sont aujourd'hui enregistrées à l'avance dans les conditions du direct, pour des raisons de sécurité. Le « vrai direct » n'est plus guère utilisé que pour certains grands événements sportifs ou politiques, les parties du journal en plateau (celles où l'on voit le présentateur et ses invités), ainsi que certains débats. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Buttes-Chaumont (école des) caméra ENG (Electronic News Gathering, en français « reportage d'actualité électronique ») magnétoscope montage vidéo vidéotransmission Les livres télévision - tournage d'une dramatique en 1951 : le Costaud des Épinettes, page 5105, volume 9 télévision - régie du journal de TF1, page 5107, volume 9 Les statuts de la télévision : le règne du service public Obéissant à une logique strictement commerciale aux États-Unis, la télévision fut d'abord, dans tous les pays européens, un service public totalement dépendant de l'État, et financé par la seule redevance sur les postes récepteurs. Ainsi, en France, la télévision, créée en 1934, dépendit d'abord du ministère des PTT avant de passer, en 1942, sous le contrôle du ministère de l'Information. En 1949, la redevance sur les récepteurs de télévision vint s'ajouter à la redevance sur les récepteurs radio créée en 1933. Deux raisons expliquent ce rôle prépondérant de l'État. D'une part, plus encore que la radio, la télévision apparut comme l'instrument d'une volonté d'éducation et de transmission de la culture, ainsi qu'en témoignent la plupart des textes législatifs, qui évoquent la trilogie : informer, cultiver, divertir. On donna d'abord la priorité aux deux premières missions, exaltées par de grandes figures de la radiotélévision telles que sir John Reith, premier directeur de la BBC d'avantguerre, ou Jean d'Arcy, directeur des programmes de la télévision française de 1953 à 1959. D'autre part, après un temps de désintérêt, les hommes politiques se convainquirent que la télévision pouvait influencer les consciences. Partout, les pressions qu'ils exercèrent mirent en péril l'indépendance des journalistes de l'audiovisuel. En France, ni l'ordonnance de 1959, qui fit de la RTF (Radio-Télévision française) un établissement public industriel et commercial placé sous l'autorité du ministre de l'Information, ni la loi du 27 juin 1964, qui donna naissance à l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) ne réduisirent le contrôle du gouvernement sur le secteur de l'information, que le général de Gaulle surveillait jalousement. Selon le mot fameux prononcé en 1970 par son successeur à la présidence de la République, Georges Pompidou, « l'ORTF est la voix de la France ». Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, en 1974, l'organisation du secteur audiovisuel fut modifiée. L'ORTF disparut au profit de sept sociétés : trois sociétés de programmes (Télévision française 1, Antenne 2, FranceRégions 3), la Société française de production, ou SFP (qui regroupait les moyens de production lourds de l'ex-ORTF), Télédiffusion de France, ou TDF (l'établissement public de diffusion), et l'Institut national de l'audiovisuel, ou INA (chargé des archives et de la recherche) ; s'y ajoutait la société nationale de radiodiffusion Radio-France. Ces changements n'ont pas pour autant fait disparaître l'influence du pouvoir, car les présidents de chaînes continuaient d'être nommés par le gouvernement. Le fonctionnement du service public fut également affecté par la pression des intérêts commerciaux. Très tôt, en effet, les publicitaires voulurent utiliser cet instrument nouveau. Et les responsables de la télévision cherchèrent à tirer profit des ressources de la publicité. La Grande-Bretagne adopta une solution originale en créant, dès 1954, un réseau de chaînes commerciales (ITV) financées entièrement par la publicité. La plupart des pays européens préférèrent que le service public lui-même utilise la publicité, qui venait compléter la redevance : la France procéda ainsi en 1968, mais l'Italie dès 1957, l'Allemagne fédérale dès 1959. Cette publicité fut strictement contingentée. En GrandeBretagne et en Allemagne fédérale au début, elle n'eut qu'une diffusion régionale. Dans la plupart des pays (sauf en Grande-Bretagne), les interruptions d'émissions par la publicité furent interdites. En France, de 1972 à 1982, les ressources publicitaires furent plafonnées à 25 % du total des ressources du service public de l'audiovisuel. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Antenne 2 Arcy (Jean d') Eurovision FR3 Giscard d'Estaing Valéry INA (Institut national de l'audiovisuel) ITV Independent Television ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) Radio France radiodiffusion redevance - 2.TÉLÉCOMMUNICATIONS TDF (Télédiffusion de France) TF1 Les livres télévision - studio d'enregistrement de la Société française de production, page 5104, volume 9 télévision - tournage pour « Cinq Colonnes à la une », en 1960, page 5105, volume 9 télévision - Télé-Dimanche , 1965, page 5105, volume 9 La libéralisation de l'audiovisuel Dans les années quatre-vingt, une mutation essentielle a eu lieu. En effet, la plupart des grands pays ont décidé de réduire le rôle de l'État dans le domaine audiovisuel. Ils ont donc adopté des dispositions juridiques autorisant la création de « nouvelles » chaînes privées (lois de 1990 en Italie et en Grande-Bretagne). La publicité a envahi les émissions et est devenue la source de financement majeure de la plupart des systèmes de télévision, aux côtés de l'abonnement dans certains pays. La France a amorcé le mouvement avec la loi du 29 juillet 1982, qui proclamait la liberté de la communication audiovisuelle et abrogeait le monopole de programmation de l'État. Une Haute Autorité de la communication audiovisuelle était chargée de garantir l'indépendance du service public vis-à-vis du pouvoir politique, notamment en nommant les présidents de chaînes publiques, et devait contribuer à l'indépendance des journalistes. Ses fonctions sont aujourd'hui exercées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, créé par la loi du 17 janvier 1989. Ce dernier attribue les fréquences aux radios, comme le faisait la Haute Autorité, et aux télévisions privées ; celles-ci se sont développées à un rythme extrêmement rapide. En novembre 1984 est apparue la première chaîne privée française, Canal Plus, avec le statut original de chaîne de films par abonnement. Au début de 1986, le gouvernement a lancé deux chaînes privées, TV6 (devenue M6) et La Cinq, laquelle a fait faillite en 1992. En 1987, enfin, le nouveau gouvernement a privatisé TF1. Cette chaîne domine aujourd'hui le marché de la télévision ; elle recueille près de 40 % de l'audience et absorbe également 40 % des parts de marché. Canal Plus est l'autre géant privé, qui a construit son succès sur la diffusion d'oeuvres cinématographiques très récentes (à partir d'un an après la sortie en salles) et le choix d'un ton volontiers impertinent et humoristique. M6, chaîne généraliste, a dû attendre 1993 pour faire des bénéfices ; depuis, son audience et ses recettes publicitaires sont en constante progression. Le secteur public, placé sous une présidence unique par la loi du 2 août 1989, est composé de France 2 et France 3 (Antenne 2 et FR3 jusqu'en septembre 1992). Arte, chaîne culturelle francoallemande, diffuse uniquement en soirée depuis le 26 septembre 1992 ; elle occupe le réseau hertzien laissé vacant par La Cinq, et sur lequel émet également, de 6 h 15 à 19 h, « La Cinquième », la première chaîne française de télévision éducative, créée en décembre 1994. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Antenne 2 Arte BBC (British Broadcasting Corporation) Canal Plus Channel 4 Cinq (La) Cinquième (La) CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) FR3 M6 parrainage - Les télévisions européennes et le parrainage RAI (Radio Televisione Italiana) RTBF (Radio-Télévision belge francophone) TF1 Les livres télévision - habillage pour des émissions thématiques d'Arte, page 5109, volume 9 Les programmes On peut classer les émissions de télévision en grands genres. L'un des plus prisés a été le reportage en direct, auquel la télévision a apporté une force émotionnelle inégalée. Mais s'étant habitué aux grands exploits en direct, le téléspectateur ne s'émerveille plus guère devant les images du fond des mers ou du sommet d'une montagne. Le direct reste cependant un élément indispensable de l'information, notamment pour le journal télévisé, pivot de la programmation et point de repère pour toutes les grandes chaînes de télévision. Les autres émissions d'information sont composées de magazines de reportage (en France, « Cinq Colonnes à la une » dans les années soixante, aujourd'hui « Envoyé spécial », sur France 2), mais aussi d'émissions de débat (reportage et débat se mêlant parfois comme dans « la Marche du siècle »). La rubrique politique occupe une place stratégique, qu'il s'agisse des allocutions en direct du président de la République, des débats ou des émissions préélectorales. Leur audience n'est guère importante, sauf lors des confrontations entre candidats à l'occasion de consultations électorales majeures. Mais les hommes politiques ont un besoin crucial de la télévision, pour atteindre la masse des électeurs qui s'intéressent peu ou rarement à la politique. Réciproquement, les journalistes doivent aussi attirer les hommes politiques, qui sont détenteurs de pouvoir et d'informations ; c'est le concept sur lequel est fondé le succès d'émissions comme celles de TF1, « 7 sur 7 », puis « Public ». La fiction (films, téléfilms, séries, feuilletons) est un genre majeur à plusieurs égards. Les émissions de fiction sont, en moyenne, les plus coûteuses, mais aussi les plus regardées. Cependant, la situation varie fortement selon les pays. En France et en Italie, par exemple, la télévision est forte consommatrice de films de cinéma, qui occupent les écrans au détriment de la fiction nationale. Au cours des dernières années, sous l'effet de la concurrence, la plupart des pays ont cédé à l'attrait du modèle américain. Ainsi, non seulement les pays européens importent des émissions américaines, mais ils essaient de reproduire les types de fiction créés outre-Atlantique. Dans la « sitcom » (« comédie de situation »), on retrouve pour des aventures différentes le même petit groupe de personnages réuni dans le même lieu (ce qui est très économique). Dans le soap opera (« opéra de savon », ainsi nommé car il était parrainé, à ses débuts, par de grandes marques de lessive), des histoires sentimentales interminables mêlent plusieurs familles. La série policière, avec le même personnage d'épisode en épisode, est le genre américain qui s'exporte le mieux, et que tous les grands pays produisent désormais. La France a pris l'initiative de mesures contre cette « américanomanie » en faisant prévaloir la réalité d'une « exception culturelle ». Les jeux et variétés ont aussi bénéficié de la concurrence. Les grandes émissions de variétés demeurent nationales, par leurs décors, par leurs animateurs et - dans une certaine mesure - par les personnalités invitées. En revanche, la plupart des scénarios de jeux présentés dans le monde sont des adaptations de jeux américains. Plus récemment, les reality shows font du téléspectateur le héros impudique d'un spectacle à forte charge émotionnelle qui va de la mise en avant de la détresse des familles (« Perdu de vue », « Témoin no 1 ») à la mise en scène de sentiments personnels (« Pour la vie »). La publicité occupe - pour les raisons déjà mentionnées - une place croissante, même si le temps d'antenne qui lui est consacré paraît modeste en regard de la durée totale des émissions. Le parrainage, ou sponsoring, continue de même à transformer la télévision en vitrine pour les annonceurs. De fait, l'élaboration de la grille des programmes (c'est-à-dire l'organisation des émissions en genres selon les différentes heures de la semaine) répond au même objectif : rassembler le plus grand nombre de téléspectateurs pour satisfaire les exigences des annonceurs. Et plus la concurrence est vive entre chaînes, plus les émissions sont répétitives, plus les chaînes dites « généralistes » (celles qui visent l'ensemble du public) se ressemblent. L'un des enjeux nouveaux qui s'offrent à elles est constitué par le télé-achat (voir ce mot), permettant l'achat à distance grâce à la télévision. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats audience (mesure d') Cinq colonnes à la une communication - La communication politique documentaire feuilleton Fort Boyard (le) jeu journal télévisé La caméra explore le temps MIP-TV (Marché international des programmes de télévision) Olympiques (jeux) - Le Comité international olympique (CIO) parrainage parrainage - Les télévisions européennes et le parrainage serial télé-achat variétés Védrès Nicole Les médias télévision - la télévision-vérité, ou les reality-shows Les livres télévision volume 9 télévision volume 9 télévision télévision télévision - la Marche du siècle , présentée par Jean-Marie Cavada, page 5107, - le plateau d'un des numéros de « Capital » en 1995, page 5107, - « Perdu de vue », sur TF1, page 5108, volume 9 - « Envoyé spécial », sur France 2, page 5108, volume 9 - « Thalassa », sur France 3, page 5109, volume 9 Réception et consommation Avec la déréglementation et l'accroissement des capacités de transmission, les chaînes se sont multipliées. La télévision par câble met à la disposition du téléspectateur des canaux extrêmement nombreux. Ceux-ci sont exploités par des sociétés de commercialisation qui font partie de grands groupes industriels et auxquelles on donne le nom de câbloopérateurs. Le câble est surtout répandu aux États-Unis, où quelque 64 millions d'abonnés sont raccordés (les deux tiers des habitants ayant accès à plus de trente chaînes différentes), et, en Europe, en Allemagne et dans les pays du Benelux. En France, seuls 3 millions de foyers, sur un total de 23 millions, sont raccordés. Puis c'est la télévision numérique qui a révolutionné l'offre télévisuelle, en même temps que le mode de consommation, grâce au système de la compression numérique : un seul canal permet la diffusion d'un « bouquet » de huit chaînes, quels que soient les réseaux de transmission : satellite, câble, faisceaux hertziens. De plus, chaque bouquet est doté de systèmes interactifs offrant la possibilité d'une télévision « à la carte ». Cette nouvelle télévision a déjà séduit plus de quatre millions d'abonnés aux États-Unis. En Europe, où elle a fait son apparition en 1996, elle a suscité une politique d'alliances à grande échelle : alors même que le géant allemand Bertelsmann gelait son projet numérique dans son pays, il a fusionné ses activités audiovisuelles avec la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (CLT) pour faire une télévision généraliste, et le Français Canal Plus a fusionné avec le Néerlandais Nethold afin de créer le premier groupe européen de télévision à péage. En France, trois bouquets numériques sont en compétition : CanalSatellite, lancé par Canal Plus ; TPS, lancé par un groupe où l'on retrouve, entre autres, les opérateurs du secteur privé de télévision, ceux du secteur public, France Telecom et la CLT ; enfin, AB Sat, lancé par un groupe à capitaux américains. Le numérique facilite l'accès à des chaînes thématiques (musique, cinéma, sport, nature, météo...). Au demeurant, l'offre des chaînes généralistes, partout en Europe, reflète un même modèle, fait d'un mélange de fictions (peu de créations parmi une surabondance de films et de séries, surtout américaines), de variétés (surtout prisées dans l'Europe du Sud), de sports (le football régnant en maître en Espagne et en Italie) et d'émissions d'information (journaux et magazines). Seules les traditions nationales suscitent des différences dans l'organisation de la grille des programmes. En France, la concurrence la plus vive entre les chaînes se fait durant les tranches horaires qui rassemblent la majorité des téléspectateurs : aux environs de 20 h pour les principaux journaux télévisés, et de 20 h 45 pour les grandes émissions de la soirée. La course à l'Audimat ( voir audience [mesure d']), dont dépend le volume de la manne publicitaire, est telle que l'on observe de plus en plus la pratique de la déprogrammation - au mépris du respect du téléspectateur, qui est en droit d'être correctement informé par la presse de télévision. Au Royaume-Uni, la consommation est beaucoup plus étalée, les grands journaux des principales chaînes étant diffusés à 18 h (ITV) et à 21 h (BBC) ; les émissions y ont en principe une durée d'une demi-heure ou d'une heure, comme aux États-Unis, ce qui favorise aussi l'étalement de la réception. Il s'avère, d'une manière générale, que l'arrivée de la nouvelle télévision n'a pour conséquence principale que de renforcer la tendance du téléspectateur à consommer le même type de contenu, mais aux heures de son choix et de façon plus individualisée. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats ABC (American Broadcasting Company) audience (mesure d') BBC (British Broadcasting Corporation) Bertelsmann câble câble - La télévision par câble ou télédistribution CBS Inc. (Columbia Broadcasting Systems Inc.) CNN (Cable News Network) Fininvest ITV Independent Television NBC (National Broadcasting Corporation) télédiffusion (satellite de) Telstar Visiopass Les médias télévision - quelques statistiques en France Les livres football - le football, passion collective entretenue par la télévision, page 1959, volume 4 télévision - interview dans les coulisses d'un match de basket-ball, sur Eurosport, page 5109, volume 9 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats audiovisuel CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) information journal journal télévisé média NHK (Nippon Hoso Kyotai) publicité radio télétexte Les indications bibliographiques J. Bourdon, Politiques de l'image, une histoire de la télévision en France, Seuil, Paris, 1993. C. Brochand et J. Mousseau, l'Aventure de la télévision, Nathan, Paris, 1987. G. Lochard, Notre écran quotidien : une radiographie du télévisuel, Dunod, Paris, 1995. D. Mehl, la Télévision de l'intimité, Seuil, Paris, 1996.