égéenne (civilisation).

égéenne (civilisation). ensemble des civilisations qui se diffusèrent à partir du IIe millénaire avant J.-C. (âge du bronze) dans les terres baignées par la mer Égée, et qui s'influencèrent mutuellement pour constituer le ferment d'où allait surgir la civilisation hellénique. Le premier pôle fut constitué par la civilisation crétoise, qui imposa sa suprématie maritime (thalassocratie) jusque vers 1400 avant J.-C. Les Crétois furent alors brutalement supplantés par les Achéens ; cette civilisation mycénienne devait rayonner à son tour jusqu'à sa chute, qu'on attribue généralement à l'invasion des Doriens, vers 1200 avant J.-C. Ce fut la mer Égée, d'une navigation aisée grâce à la proximité et à la visibilité de ses côtes, qui rendit possibles la diffusion des cultures crétoise puis mycénienne dans des territoires géographiquement morcelés et montagneux, ainsi que les échanges commerciaux, culturels et artistiques ; c'est elle qui constitua l'unité du monde égéen ; aussi parle-t-on à son sujet de « civilisation maritime «. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, toute la période de l'histoire grecque antérieure au millénaire avant J.-C., baptisée « préhellénique «, était considérée comme sans originalité propre et relevant du domaine de la préhistoire. À la recherche du monde décrit par Homère, alors perçu comme pure fiction, l'Allemand Heinrich Schliemann entreprit, à partir de 1868, des fouilles dans l'île d'Ithaque, en Anatolie, et en Grèce continentale, et y exhuma les restes de Troie, Mycènes et Tirynthe. En Crète, les recherches entreprises à partir de 1900 par le Britannique Arthur Evans permirent la mise au jour du palais de Cnossos, bientôt suivie de la découverte d'autres constructions palatiales : la réalité de civilisations originales aux IIIe e t IIe millénaires était désormais établie. Elle fut confortée par le déchiffrement, en 1953, de tablettes écrites en « linéaire B «, forme de grec archaïque, qui furent découvertes dans le palais de Cnossos ; cette écriture était utilisée vers 1450 avant J.-C. Ier L'influence crétoise. Après le néolithique, la Crète prit son essor dès la période du minoen ancien (vers 30002000 avant J.-C.) ; c'est alors que furent construits les premiers ports et que débutèrent les échanges commerciaux avec les Phéniciens et, par leur intermédiaire, avec l'Égypte. À compter du minoen moyen (vers 2000-1700 avant J.-C.), qui correspond à l'élévation des premiers palais, la Crète développa le commerce maritime avec les Cyclades, Rhodes, Chypre ; par l'entremise de l'Égypte, elle se procura les métaux nécessaires à la confection du bronze (étain et cuivre) et exporta cette nouvelle technique. Après la catastrophe naturelle qui ravagea l'île vers 1700 avant J.-C. (sans doute une série de violents tremblements de terre), la Crète réaffirma progressivement son hégémonie maritime et étendit ses relations au reste du monde égéen (Grèce continentale). Cette période d'apogée, qu'on appelle minoen récent et qui se situe vers 1700-1400 avant J.-C., correspondit à l'élévation d'une seconde vague de palais (à l'origine du mythe grec du Labyrinthe et du Minotaure), à la centralisation politique et à l'organisation d'une véritable bureaucratie. Au faîte de son rayonnement économique, la Crète influença le reste du monde égéen, qui lui emprunta alors la plupart de ses techniques, de ses coutumes et de ses dieux. L'hégémonie mycénienne. Dès 1700 avant J.-C. environ, les Achéens implantés dans le Péloponnèse enrichirent leur civilisation au contact de celle de la Crète, plus raffinée. Les Crétois leur enseignèrent la maîtrise de la mer et les associèrent à leur commerce maritime tout en conservant leur suprématie. Cependant, à partir de 1500, les Achéens commencèrent à s'émanciper de l'emprise crétoise en entretenant des rapports directs avec l'Égypte ; un siècle plus tard, ils supplantaient la Crète et furent probablement, par une invasion brutale, à l'origine de la deuxième catastrophe qui ravagea l'île vers 1400. La civilisation crétoise régressa alors, revenant à des techniques antérieures. D'une veine plus rude et guerrière, la civilisation mycénienne se diffusa par le biais de conquêtes et imposa une véritable hégémonie, là où la Crète n'avait institué qu'un commerce protectionniste. Vers 1200 avant J.-C., les Achéens connurent à leur tour une chute brutale. On en attribue le plus souvent l'origine, sur la foi des mythes grecs les plus anciens plutôt qu'en se fondant sur de réelles données archéologiques, à l'invasion des Doriens, qui apportaient avec eux les techniques du fer. C'est après cette dernière invasion que se développa la civilisation proprement hellénique. 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