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disque-ourcourant

Publié le 03/04/2015

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disque-ourcourant n.m. Néolo­gisme de J. Lacan désignant le dis­cours commun, dans lequel l'inconscient ne se fait pas entendre ou du moins se trouve méconnu.

À partir de 1972, Lacan désignera du terme de disque-ourcourant tout dis­cours qui ignore sa propre cause, c'est-à-dire l'impossible (ou le Réel), à partir duquel il se construit. Cet impossible est celui du rapport sexuel. C'est dire que cette notion suppose celle de' dis­cours analytique« (— discours), à laquelle elle s'oppose.

Le néologisme lacanien est en revanche construit selon les procédés de l'inconscient, puisqu'il fait valoir en un seul signifiant, le tournage en rond, la ritournelle des discours qui, d'une part, circulent dans les familles et les générations qui les composent, et, d'autre part, courent dans les institu­tions, les médias et les rues. On peut entendre également dans ce néolo­gisme le roucoulement narcissique et ignorant de celui qui le profère.

LE DISCOURS DE L'IMAGINAIRE

Dans les premiers articles et séminaires de Lacan (1954-1960), corrélativement au souci de dégager la dimension sym­bolique de la dimension imaginaire et la psychanalyse des ornières de l'ana­lyse du moi, la notion de discours cou­rant est assimilable à ce que Lacan nomme alors soit langage du moi, soit langage du préconscient, soit encore délire (non nécessairement psycho­tique). Il s'agit essentiellement de mettre en évidence la dimension ima­ginaire de ce discours, issu d'un certain nombre de signes, images ou formes prévalentes, au centre desquels se trou­ve l'image du corps propre.

Ce discours du préconscient, suscep­tible d'exprimer d'abondance une somme d'impressions et d'informa­tions que le sujet reçoit du monde où il vit, se caractérise ainsi :

  il n'a pas la structure d'un lan­gage, contrairement à l'inconscient; il est constitué de signes et non de signi­fiants, car il renvoie à des objets ; ainsi, Lacan entend souligner qu'aucune régression au niveau du moi ou du pré­conscient ne nous fait accéder aux phé­nomènes inconscients;

  il a une forte signification affec­tive, qui atteint d'emblée aux sources de la fabulation infantile, mais aussi s'étend à des élaboration complexes telles que le discours de la revendica­tion ou de la liberté;

  il conjoint l'intime de la rumina­tion intérieure à l'homogénéité du dis­cours effectif qui circule au dehors du sujet, ce dehors comprenant le monde réel des choses dans la mesure où les choses ne sont elles-mêmes accessibles qu'à travers les discours qui les consti­tuent;

  le sujet y parle avec son «moi «, à l'instar du paranoïaque, qui est suscep­tible d'exclure de sa parole l'Autre comme lieu du langage d'où un sujet peut se faire reconnaître et faire valoir une vérité ; de ce discours, le sujet se croit volontiers le maître ;

— il s'oppose à l'ordre symbolique, qui peut se rencontrer à l'état le plus simple sous la forme d'un message cybernétique, c'est-à-dire d'une suite de signes notés 0 et 1, qui, dès lors qu'une scansion y est introduite, constitue un réseau de symboles où un élément renvoie à un autre élément. Lacan souligne alors l'hétérogénéité de l'ordre symbolique, dans lequel l'homme n'est pas maître mais doit s'intégrer et se faire reconnaître —l'ordre du langage et de la culture obéit aux mêmes combinaisons mathéma­tiques.

UN DISCOURS OUI MECONNAIT

[IMPOSSIBLE

Dans ses travaux ultérieurs, Lacan éla­borera la notion de discours (—> dis­cours) et approfondira le rapport de l'ordre symbolique avec la catégorie du réel. La notion de discours courant se trouvera précisée jusqu'à devenir l'écri­ture disque-ourcourant.

L'inconscient était pour Freud le lieu de représentations, c'est-à-dire de traces mnésiques investies d'énergie: c'est ce que Lacan nommera « réseau de chaînes signifiantes« régi par le prin­cipe du plaisir. Les éléments de ce réseau sont repérables dans les retours et les recoupements du discours du patient au cours de la remémoration. Ce réseau, ou «automaton«, doit cependant être distingué du réel, repéré par Freud à travers les notions de trau­matisme et de répétition. Le réel est la béance causale du réseau que celle-ci commande et qui la dissimule.

Dans les discours effectivement par­lés, bien que leur syntaxe pré­consciente soit en liaison avec le retour de la réserve inconsciente qui s'y immisce, les phrases du sujet seront commandées par l'évitement de ce noyau de réel. Il faut alors constater une résistance du discours lui-même et non plus seulement une résistance du moi. Les phrases du sujet tourneront en

rond indéfiniment, à moins qu'il ne fasse l'expérience analytique.

 

Ainsi, tout discours, hormis le dis­cours analytique, relève du disque-our-courant dans la mesure où ce réel causal dissimulé est pour chaque être parlant l'impossibilité d'écrire le rap­port sexuel, puisque les signifiants « homme « et « femme « ne renvoient pas aux concepts d'homme et de femme mais à la différence des places assignées à l'un et à l'autre par l'unique symbole phallique.

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