de perdre son temps, et arrêter de rêver.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
leur
corps, maisaussi besoin moraldeleur présence etde leur commerce.
Ellesseront innombrables àpeupler
son existence.
Etde tous lesgenres.
Ilfallait qu'elles soientlàpour luidonner lesentiment d'exister.C'estdans
leurs yeux, comme hierdans ceuxdesamère, qu'ilpouvait seprouver àlui-même qu'ilavait unavenir, et
vérifier qu'ilsavait séduire, intéresser, susciterdel'attachement.
Il est volage, certes,maispasàproprement parlerinfidèle.
Satendresse esttoujours sincère.Enfait, ila des
fidélités successives.
C'estlaconquête quil'intéresse.
Etlapetite histoire prétend mêmequecethomme à
femmes sefitpiéger, ausens leplus littéral duterme, dèsque l'une d'entre ellesserefusa àlui.
On asouvent
prétendu, eneffet, quesiEugénie deGuzman sutsefaire épouser, àla surprise générale, cen'est pas
seulement parcequ'elle étaitproche etdisponible, c'estaussi etsurtout parcequ'elle luiavait clairement signifié
qu'elle neserait jamais àlui qu'une foismariée, s'ils'y décidait enfin...
Sur ceterrain, laprudence estdemise: Louis Napoléon seconnaissait assezpoursavoir queledésir quelui
inspirait Eugénie neserait paséternel...
Toutindique que,s'ill'achoisie, c'estparce qu'ilavait laconviction
qu'elle feraitunedigne impératrice.
Ilest d'ailleurs significatif que,sedétachant d'uninterminable catalogue
qu'un nouveau Leporello s'épuiserait àdétailler, lesdeux êtres quiauront vraiment comptéàses yeux, en
dehors desamère etde son épouse, sontdesfemmes aveclesquelles iln'eut probablement pasderelations
charnelles, sacousine Mathilde etsa confidente etfilleule, Hortense Cornu.
Il aima d'autant plusMathilde quelaperspective deleur union n'avait paspour seuleffet d'enchanter uncoeur
sincèrement amoureux:elleluisemblait àla dimension del'Histoire, d'uneHistoire qu'ilsepromettait de
recommencer.
Las!après quel'idylle, fin1835, sefut promptement etjoliment nouéeentrelesdeux jeunes
gens quis'étaient vusàLausanne, puisfréquentés àRome, leroi Jérôme, aulendemain del'équipée de
Strasbourg nevoulut plusriensavoir.
Et,circonstance aggravante,Mathildenesongea pasuninstant às'élever
contre l'interdit.
Ilen resta àLouis Napoléon uneterrible blessure, dontilse guérit d'autant moins
que laprésence deMathilde auretour desannées glorieuses enempêcha lacicatrisation.
Ses relations avecHortense Cornufurent, onleverra bientôt, d'unetoutautre nature: unesincère affection,
nouée dèsl'enfance, assortied'uneadmiration teintéederespect etmême desoumission.
HortenseCornu,àla
différence detant defemmes quivoulurent lierleur sortausien enmisant sursaréussite, semontra àson
égard simplement exigeanteetutile.
Ellel'aida àtravailler, àréfléchir, àtirer lemeilleur delui-même.
Ilsut vite
qu'elle l'avaitmieux compris quequiconque.
Cela dit,ses débordements amoureux,s'ilspurent altérersasanté, n'eurent guèred'influence surses choix
politiques.
Lesfemmes quipeuplèrent sonexistence jouèrentparfoisunrôle relativement important:cefut le
cas pour Harriet Howard, qu'ilconnut enAngleterre etqui finança, pourpartie, sonretour etson élection à
l'Élysée; etpour d'autres encore,commeEléonore Gordon,quiprit une part nonnégligeable àl'affaire de
Strasbourg.
Maiss'illeur concéda unecertaine place,iln'accepta jamaisdecéder àleur influence: riende
moins fondéquelathèse d'uneCastiglione pesantsursapolitique italienne.
MêmeEugénie neparvint sans
doute jamais àinfluer surlecours desaréflexion et,moins encore, jusqu'àlaguerre de1870, àdicter l'unde
ses choix.
Ets'il luidélégua desresponsabilités, c'estparce qu'elle étaitlasouveraine qu'ilavait donnée àla
France, etnon parce qu'ils'était laisséconvaincre...
En revanche, surses partenaires, quelleemprise futlasienne! Ila toujours attirélesfemmes, etfait mieux que
les séduire.
Illes intrigue, lescaptive, lesenvoûte.
Cen'est pourtant paslefait desabeauté physique.
Enfant,il
avait unjoli minois.
Adolescent etjeune homme, sestraits nemanquaient pasdedélicatesse et,àforce
d'exercice, ils'était musclé, endurciautantquefaire sepouvait, serévélant boncavalier etathlète émérite.
Mais lamaturité l'aplutôt gâché.
Aumoment oùcommence savie publique, ilparaît plutôtmalbâti, avec de
petites jambes, untorse trophaut, desépaules largeset,surtout, unvisage franchement disproportionné,
marqué parunnez saillant.
Nos spécialistes actuelsdelacommunication n'auraientpasconsidéré son«look »comme bienfameux.
D'autant quesonregard estquasiment éteint,etmême caché...
C'estenprison, raconte Hortense Cornu,qu'ila
pris,
définitivement, cettehabitude: «A la fin, jem'aperçus qu'ils'était habitué àtenir sespaupières mi-closesetà
mettre danssesregards uneexpression devide etde rêve.
»Mais, quand lestrop lourdes paupières
s'entrouvrent, lesyeux bleuclairserévèlent fortbeaux, etl'éclat dusourire peutêtremagnifique.
Lorsqu'il serendra àArenenberg, enaoût 1832, Chateaubriand ledécrira comme «un jeune homme instruit,
plein d'honneur etnaturellement grave».Dans lepetit pavillon écartéqu'habite LouisNapoléon etoù ils'est
laissé entraîner, Chateaubriand voit«des armes, descartes topographiques etstratégiques quifaisaient,
comme parhasard, penserausang duconquérant sanslenommer [...]».
Il est séduit.
Avrai dire, Louis Napoléon, avecl'aide desamère etsuivant fidèlement sesprescriptions, n'avait
rien négligé pourcefaire.
Auprès deChateaubriand, etde tant d'autres, ila fait campagne, besogneusement..
»
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