cimetière paisible.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
salle
àmanger transformée ensalle d'escrime.
LouisNapoléon serendait souvent àLondres :discret et
modeste, il
prenait sontrain entoute simplicité etdescendait, commen'importe quelautre banlieusard, àCharing Cross.
En fait, ilétait devenu unpersonnage trèspopulaire àChislehurst: fidèleàson habitude, ilne négligeait pasde
distribuer quelqueargent.Sonsouci d'assimilation lepoussait mêmeàassister auxrencontres decricket, ce
qui, pour uncontinental atoujours étéméritoire.
Cette façon deprendre leschoses avaitdequoi séduire lesAnglais quisemontraient amicauxetchaleureux.
Leur reine avaitfaitpreuve àson endroit detous leségards possibles.
Quelquesjoursàpeine après l'arrivée de
Louis Napoléon àChislehurst, elleluiavait dépêché leprince deGalles pourl'inviter àWindsor.
Ils'y était rendu
avant derecevoir àson tour Victoria àCamden Place.Ileut d'autres visitesetfitmême, avecEugénie etLouis,
quelques déplacements.
Cela dit,Louis Napoléon etEugénie menaient l'existence d'uncouple bourgeois àla retraite, reportant tous
leurs soins surleur enfant.
Uncouple deplus enplus uni,audemeurant, commel'avaitannoncé cetteautre
lettre d'Eugénie àson époux, écriteàl'occasion d'undéplacement qu'elleavaiteffectué enEspagne autemps
de sadétention.
« Cher ami,c'est aujourd'hui l'anniversaire denotre mariage.
Ilse passera tristement, loinl'undel'autre, mais
du moins, jepuis tedire que jete suis bien profondément attachée.Danslebonheur, cesliens ontpuse
relâcher.
Jeles aicrus rompus, maisila fallu unjour d'orage pourm'en démontrer lasolidité, etplus quejamais
je me souviens deces mots del'Évangile :"La femme suivrasonmari partout, ensanté, enmaladie, dansle
bonheur etdans lemalheur." ToietLouis, vousêtestoutpour moi.Êtreréunis enfin,cesera lebut demes
désirs.
Pauvre cherami,puisse mondévouement tefaire oublier uninstant lesépreuves parlesquelles ta
grande âmeapassé.
Tonadorable mansuétude mefaitpenser àNotre-Seigneur.
Crois-moi,tuauras aussiton
jour dejustice.
»
Il est temps desedemander sialors, auplus profond del'abîme, LouisNapoléon espéraitencorerevenirau
pouvoir.
Autourdelui, onnepensait évidemment qu'àcela.
L'étroite surveillance dont,àChislehurst même,
l'empereur déchufaisaitl'objetdelapart d'espions deThiers renforçait cetteconviction.
LouisNapoléon lui-
même avaitparunepas décourager cesspéculations.
Ilsuivait avecattention lesaffaires delaFrance etil
pouvait ainsiécrire àOllivier:
« Mon rôleestfacile ;je dois attendre lesévénements, nejamais êtreunecause detrouble, maisunpoint de
ralliement contrel'anarchie.
»
Et pour imaginer unesorte deréédition desCent-Jours, iln'y avait d'ailleurs pasque quelques rêveurs.Ollivier
lui-même croyaitencore auxchances del'empereur.
Ill'écrivait, le15 mars 1871, depuis sonpropre exil,àson
ami Gravier quiendoutait: «Je ne suis pasdevotre avisquelesBonaparte sontabsolument finis.Leurretour
est difficile, peut-être lointain,maisnullement impossible.
Selonmoi,unemonarchie enFrance n'estviable que
si elle estdémocratique [...].C'est pourquoi onn'en aura jamais finiavec euxtant qu'une autredynastie
populaire n'aurapastrouvé lemoyen des'acclimater enFrance.
»
La discrétion que,pour éviter degêner legouvernement britannique,s'imposaitLouisNapoléon dansle
commentaire desévénements desapatrie, empêche deconnaître avecprécision safaçon devoir.
Tout au
plus, trouve-t-on latrace d'unpersiflage àl'encontre deThiers :« Je souris envoyant M.Thiers finiràforce de
gouvernement personnelàmettre souspieds leslibertés personnelles dontilavait faitson cheval debataille.
»
S'agissant delaCommune, lesentiment deLouis Napoléon n'estsans doute guère différent decelui
qu'exprimait ÉmileOllivier enrenvoyant lesdeux camps dosàdos.
Deux deses lettres traduisent biencette position.
Lapremière aété adressée àErnest Adelon, le29 mars
1871:
« Ces insurgés finissentparm'émouvoir malgréleursotte etcruelle scélératesse, parladécision qu'ilsmettent
dans leuraction tandis queleGouvernement mefaitpitié etplus encore cetteAssemblée.
Évidemment, aucun
d'eux n'estdans lavérité etelle seule donne delaforce.
« L'Assemblée etThiers ontéténommés pourdétruire laRépublique etdébarrasser lepays deshommes du4
septembre.
Aulieu deremplir cemandat, fanatisés parleur haine commune contrel'Empire, cesdeux éléments
se sont réunis etn'ont songé qu'àfrapper l'ennemi vaincu.»
Un mois plustard, unelettre àun autre deses correspondants, Bourelly,explicitait encoresonpropos:
« La victoire deVersailles estcertaine, maisellepeut êtreplus oumoins prochaine ouplus oumoins sanglante.
« [...] Ceque jetrouve beaucoup plusimmoral quelarévolte
du 18mars, c'estqu'elle soitcombattue parleshommes du4septembre.
Enquoi le18 mars est-ilmoins
légitime? Etde quel droit l'Assemblée s'insurgerait-elle contrelaCommune ?Les élections delaCommune.
»
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