Cela posé, il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas de reproduire ou de plagier un modèle encore présent dans toutes les mémoires : « La France semble vouloir revenir à l'Empire [.
Publié le 31/10/2013
Extrait du document
«
«
Jamais, aucunfrontroyal n'enaura porté deplus légitime, nide plus populaire.
»
Dans saréponse, LouisNapoléon insisteunefoisencore surlefait que seul lesuffrage universel expliqueet
justifie cettecouronne: «Mon règne, dit-il,nedate pasde1815, ildate decemoment mêmeoùvous venez de
me faire connaître lesvolontés delaNation.
»
C'est bienpourquoi ilne sera queletroisième Napoléon.
S'ilenétait alléautrement, ilaurait dûêtre le
cinquième, puisqueJosephetLouis l'avaient théoriquement précédé.Ets'il n'était pasledeuxième, c'estparce
qu'on pouvait considérer qu'aprèsWaterloo leduc deReichstadt avaitétélégitimement proclaméparles
représentants dupeuple.
Un peu plus tôt,Louis Napoléon s'étaitdéjàexpliqué là-dessus :
« Je prends aujourd'hui, aveclacouronne, lenom deNapoléon III,parce quelalogique dupeuple mel'adéjà
donné deses acclamations, parcequeleSénat l'aproposé légalement etparce quelaNation l'aratifié.
Est-ce
à dire cependant qu'enacceptant cetitre, jetombe dansl'erreur reprochée auPrince qui,revenant
de l'exil, déclara nuletnon avenu toutcequi s'était faitdans sonabsence ?Loin demoi unsemblable
égarement !Non seulement jereconnais lesGouvernements quim'ont précédé, maisj'hérite enquelque sorte
de cequ'ils ontfaitdebien oudemal; carlesGouvernements quisesuccèdent sont,malgré leursorigines
différentes, solidairesdeleurs devanciers.
Maisplusj'accepte toutceque depuis cinquante ansl'histoire nous
transmet avecsoninflexible autorité,moinsilm'était permis depasser soussilence lerègne glorieux duchef de
ma famille etletitre régulier, quoiqueéphémère, deson fils,que lesChambres proclamèrent dansledernier
élan dupatriotisme vaincu.
« Ainsi donc, letitre deNapoléon IIIn'est pasune deces prétentions dynastiques etsurannées quisemblent
une insulte aubon sens etàla vérité ;c'est l'hommage renduàun Gouvernement quifutlégitime etauquel
nous devons lesplus belles pages denotre histoire moderne.
»
Quoi qu'ilensoit, lespuissances étrangèress'abstinrent debouger.
Touràtour, qu'elles fussentrassurées ou
résignées, ellesreconnurent lenouveau régime.
Du côté desAnglais, lacause deLouis Napoléon profitaàcoup sûrdelaprésence auForeign Officed'un
homme avecquiils'était liéd'amitié àLondres, lordMalmesbury.
Iln'y eut guère queletsar àlui marquer une
certaine mauvaise humeurteintéedecondescendance.
Dansunmessage qu'illuiadressa, aulieu delui
donner du«Mon BonFrère »qui s'imposait entresouverains, ille gratifia d'un«Mon BonAmi»qui mettait
entre euxquelque distance.
LouisNapoléon sutadroitement luirenvoyer laballe, parambassadeur interposé:«
Je remercie SaMajesté.
Carsil'on subit sesFrères, onchoisit sesAmis.
»
Et tout cela débouche surle2décembre 1852,oùsera consacré l'Empire.Onn'avait pasrésisté àla tentation
de lasymbolique :celle dulieu, Saint-Cloud, là-mêmeoùNapoléon Ier
avait étéproclamé empereur en1804.
Celle deladate: célébrait-on lesouvenir dusacre, celuid'Austerlitz ou,pour leconjurer, celuiducoup d'État?
De toute façon, elleétait bien choisie...
***
La simple chronologie donneraitàpenser quelemariage del'empereur nefutqu'une étapedeplus, mûrement
préparée et193
réfléchie, dansladémarche méthodique demise enplace desnouvelles institutions.
Louis Napoléon convolaavecEugénie deGuzman le30 janvier 1853,soitmoins dedeux moisaprès la
proclamation del'Empire.
Cetteunion qui,tant parlechoix del'élue queparsaprécipitation, stupéfialaFrance,
procédait probablement moinsd'unevolonté politique quedelabrutale détermination deLouis Napoléon à
suivre unpenchant personnel.
Bien sûr,dèslorsque l'Empire étaitlà,ilfallait entirer lesconséquences ets'organiser.
Et,notamment, trouver
une femme, pourassurer ladescendance mâle,fautedelaquelle toutecettebelleconstruction pourraitbiense
transformer enmachine infernale...
Chacunétaitbien conscient eneffet que, tantqu'il n'yaurait pasd'héritier, le
régime nepourrait trouversesassises définitives.
Quelques annéesplustard, avant lanaissance duprince impérial, unincident devaitillustrer cesentiment
d'angoisse, sourdetpermanent.
Onétait en1854 etlaguerre deCrimée s'éternisait :la promenade militaire
annoncée s'avéraitpleinededifficultés etcausait despertes inattendues etdémesurées danslecorps
expéditionnaire.
LouisNapoléon n'ytenait plus...
Ilse reprochait d'êtreloindeses soldats, qu'ilavait engagés
dans lapremière expérience guerrièredeson règne...
ValérieMazuyer, danssesMémoires, raconte,àsa
manière, naïveettouchante, lestourments etlarésolution del'Empereur qu'ellecroiseauxTuileries :
« Oh Sire, quelradieux soleil,aujourd'hui, surnotre capitale !
— Oui, mais enCrimée, lesnuits sontlongues etglaciales [...],lessouffrances denos troupes, encette période
d'hiver dépassent cequ'on peutimaginer.
Jene puis merésoudre àdemeurer icisans lesaller rejoindre, quoi.
»
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