Au coeur de l'Europe centrale, la Hongrie, liée jusqu'en 1918 aux Habsbourg d'Autriche, puis « démocratie populaire « jusqu'à l'effondrement du communisme, est devenue en 1990 une république libre, démocratique et pluraliste, qui renoue des relations privilégiées avec le monde germanique. La civilisation des Hongrois - qui se nomment eux-mêmes Magyars - a marqué la culture européenne, en particulier dans le domaine de la musique aux XIXe et XXe siècles. La Hongrie, en hongrois Magyarország. est un État d'Europe centrale. Après plus de trente ans de système communiste, elle a abandonné le statut de « démocratie populaire « le 23 octobre 1989, et les premières élections libres ont eu lieu en 1990. Le président de la République désigne un Premier ministre chargé de former le gouvernement. Le pouvoir législatif est dévolu à l'Assemblée nationale, chambre unique des nouvelles institutions. Géographie Les conditions naturelles. Située au coeur du Bassin pannonien, entourée par les derniers massifs des Alpes orientales à l'ouest et par l'arc des Carpates au nord et à l'est, la Hongrie est un pays plat, drainé par le Danube et son affluent, la Tisza. De type continental, le climat est caractérisé par la faiblesse relative des précipitations (500 mm par an) et leur irrégularité, ainsi que par une amplitude thermique marquée entre l'hiver (- 1,7 o C en janvier à Budapest) et l'été (+ 19,8 o C en juillet). Une dorsale montagneuse traverse en diagonale le nord du pays. Elle est formée de petits massifs, notamment les monts Bakony et les monts Mátra qui culminent à 1 015 m. À l'est du Danube, l'Alföld (la Grande Plaine) couvre la moitié du territoire national. La puszta, steppe herbeuse qui couvrait jadis la plaine, a reculé devant les travaux de mise en valeur qui en ont fait une grande région agricole aux systèmes de culture différenciés : arboriculture et viticulture entre Danube et Tisza, céréales (blé, maïs) et plantes industrielles (betterave à sucre, tournesol) sur les loess et les sols noirs. À l'ouest, la Transdanubie, qui occupe le tiers de la superficie du pays, se caractérise par des paysages plus variés. Au pied des monts Bakony, le lac Balaton, dont les rives sont bordées de vignes et de vergers, est devenu une grande zone touristique. Aux collines de Transdanubie, domaine de polyculture associé à l'élevage, succèdent les monts Mecsek (où se trouve le bassin houiller de Komló) et, plus au sud, le petit massif de Villány et la plaine de la Drave. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alföld Bakony (monts) Budapest Carpates Danube Drave Pannonien (bassin) Tisza Les aspects humains. La population présente une grande homogénéité puisqu'elle est constituée, à près de 98 %, de Magyars, peuple d'origine et de langue finno-ougriennes. Les minorités les plus importantes sont celles que forment les Tziganes, les Allemands, les Croates, les Roumains et les Slovaques. Les Hongrois sont, en majorité, de confession catholique, mais les protestants (surtout des calvinistes) forment une importante minorité. De fortes minorités hongroises sont établies en dehors des frontières nationales (en Transylvanie roumaine notamment). Cela tient surtout aux transformations territoriales qui ont touché la Hongrie à l'issue de la Première Guerre mondiale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats hongrois Magyars Tziganes La vie économique. Bien avant les autres pays de l'Est, la Hongrie s'était engagée dans la voie des réformes en cherchant à mettre en place un modèle intermédiaire entre l'économie planifiée et collectivisée et l'économie de marché. Au lendemain du changement de régime, les mesures de privatisation du secteur productif et de celui des services - bénéficiaires d'investissements étrangers sous la forme de sociétés mixtes - ont été générales, au point qu'en 1996 plus de la moitié de la population active travaillait dans des entreprises privées, qui produisaient près de 70 % de la richesse nationale. En 1997, tout le secteur bancaire aura également été privatisé. Parallèlement, un sévère plan d'austérité a été mis en place afin de réduire les déficits publics. Dans le domaine agricole, l'exploitation individuelle coexistait déjà avec les secteurs étatiques, spécialisés dans les productions à grande échelle, et, en 1988, elle concentrait près de 12 % de la superficie cultivée. Le nécessaire ajustement aux exigences de la compétition internationale a engagé l'agriculture hongroise dans la voie d'une profonde restructuration et d'une réorientation de ses exportations. L'industrie a longtemps été dépendante de l'extérieur pour ses approvisionnements en énergie et en matières premières. La part du charbon, dont l'extraction était très coûteuse, a été réduite, et la production d'énergie nucléaire (centrale de Paks sur le Danube) développée. La bauxite, que le sous-sol recèle en quantité, est à l'origine du développement de l'industrie de l'aluminium. Orientées vers les industries lourdes (sidérurgie, métallurgie, chimie), les régions de la dorsale montagneuse traversent un processus de désindustrialisation aigu. Sur des marchés en repli, les industries de base ont dû procéder à des réductions d'emplois. Plus tardivement industrialisées, les villes de Transdanubie et de la Grande Plaine ont un profil plus diversifié (constructions mécaniques, industries agroalimentaires et légères). Complétez votre recherche en consultant : Les livres Europe - la région de Hortobágy, en Hongrie, page 1803, volume 4 L'organisation de l'espace. Le pays est marqué par un fort déséquilibre territorial entre la province et la capitale. Cette dernière concentre plus d'un cinquième de la population et l'essentiel des fonctions de direction, de conception et de recherche, tandis que huit villes seulement comptent plus de 100 000 habitants. Debrecen, Szeged et Pécs sont d'importants centres régionaux et Miskolc, au nord-est, remplit partiellement ce rôle. Les fonctions d'encadrement régional sont exercées par les chefs-lieux de comitats (divisions administratives), au nombre de dix-neuf. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bakony (monts) Debrecen Miskolc Les livres Budapest, page 770, volume 2 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alföld Budapest Danube Debrecen Drave Esztergom Miskolc Pannonien (bassin) Sopron Tisza Tokay Les livres Hongrie - vignobles de Szigliget, près du lac Balaton, page 2398, volume 5 Hongrie - la puszta, page 2399, volume 5 Hongrie - place de la Trinité, dans la vieille ville de Buda, à Budapest, page 2400, volume 5 Hongrie - la jeunesse hongroise à Pest, page 2400, volume 5 Hongrie - l'île de Csepel, sur le Danube, page 2401, volume 5 Hongrie - le lac Balaton, page 2401, volume 5 Hongrie - élevage de canards dans la puszta, page 2401, volume 5 Histoire Les Hongrois, seul peuple non indo-européen d'Europe centrale, ont eu longtemps leur sort lié à l'Autriche. La chute de l'empire des Habsbourg en 1918 redonna naissance à un État hongrois. Aujourd'hui, après une longue parenthèse communiste qui a isolé la Hongrie derrière le « rideau de fer «, des relations privilégiées la rapprochent à nouveau du monde germanique, et la replacent au coeur de l'Europe centrale. Des origines au royaume de Hongrie. Peuplé de Celtes au IIIe siècle avant J.-C., puis de Daces, le territoire qui constitue aujourd'hui la Hongrie fut conquis par Rome au Ier siècle après J.-C., et constitua avec l'actuelle Roumanie les provinces de Pannonie et de Dacie qui furent abandonnées au IIIe siècle. Traversé par les Germains au IVe siècle, résidence habituelle d'Attila, le roi des Huns, jusqu'en 454, il fut le centre du puissant empire des Avars aux VIIe et VIIIe siècles, et fut soumis par Charlemagne en 796. Un peuple issu de tribus ouraliennes finno-ougriennes qui migrèrent vers le sud en se mêlant à des peuples turco-mongols, menés par leur chef Árpád, s'établit vers 895, ou peut-être dès le VIIe siècle, dans la haute vallée de la Tisza. Après avoir mené des raids dévastateurs jusqu'en Bourgogne, en Thuringe, en Bavière et en Italie du Nord, les Magyars furent vaincus par le roi de Germanie, Otton Ier le Grand, à la bataille de Lechfeld (955) et se sédentarisèrent peu à peu, tout en assimilant les anciennes populations de Pannonie, auxquelles ils imposèrent leur langue. Un descendant d'Árpád, le duc (ou prince) Geza (972-997), autorisa l'introduction du christianisme, mais sa propre religion demeurait encore teintée de paganisme. Son fils Étienne I er ( 997-1038) se convertit et reçut du pape Sylvestre II la couronne du premier royaume de Hongrie en 1001. S'inspirant du modèle germanique, il organisa le pays en comitats (« comtés «) et accueillit des chevaliers, des colons et des moines allemands. C'est peut-être sous son règne que les Magyars commencèrent à s'implanter en Transylvanie. Selon les historiens allemands ou hongrois, la Transylvanie était alors à peu près vide. Au contraire, les historiens roumains considèrent généralement que cette installation de Magyars fut une véritable invasion. Elle fut en tout cas à l'origine des minorités hongroises actuelles en Roumanie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Árpád Attila Avars Charlemagne Dacie Étienne Huns Ladislas Ier Otton - Otton Ier le Grand Pannonie Sylvestre - Sylvestre II Tisza Transylvanie La Hongrie médiévale. La mort d'Étienne Ier fut suivie d'une réaction païenne et nobiliaire. L'empire tenta alors d'imposer sa suzeraineté à la Hongrie, mais, dès la fin du XIe siècle, la dynastie des Árpád avait repris le contrôle du pays. Son organisation féodale en comitats était contrebalancée par l'existence d'un pouvoir royal fort, et sa position charnière entre les mondes germanique et byzantin assura la puissance de la Hongrie sous les règnes de Géza II (1141-1161), Béla III (1172-1196). L'extinction des Árpád en 1301 et leur remplacement par la maison d'Anjou ne remirent pas en cause cette prospérité. Sous le règne de Louis Ier le Grand (1342-1382), la Hongrie paraissait alors la seule puissance capable de résister aux nouveaux envahisseurs turcs. Les troubles dynastiques qui suivirent la mort, sans descendance, de ce roi s'achevèrent par le triomphe des Jagellons, qui réalisèrent l'union personnelle de la Bohême et de la Hongrie sous Sigismond (1387-1437), Albert V de Habsbourg (1437-1439) et Ladislas le Posthume (1452-1457). Alors que les Ottomans ne cessaient de progresser, le royaume était troublé par les révoltes des nobles (les magnats) et par l'agitation religieuse des hussites. Mathias Corvin (1458-1490) restaura l'autorité monarchique, reconquit une partie des terres perdues sur la Bohême, et fit de sa capitale, Buda, un brillant pôle culturel. Mais en 1526 son successeur, le roi de Bohême et de Hongrie, Louis II Jagellon (1516-1526), périt à la bataille de Mohács livrée contre les Turcs. Ferdinand de Habsbourg, le frère de Charles Quint, fut alors reconnu comme roi de Hongrie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Albert - ALLEMAGNE - Albert V de Habsbourg Anjou Árpád Bohême Bohême - Histoire Élisabeth Étienne Ferdinand Jagellons Louis - HONGRIE - Louis Ier le Grand Louis - HONGRIE - Louis II Jagellon Mathias Ier Corvin Sigismond de Luxembourg La Hongrie sous double tutelle. En quelques années, la majeure partie du royaume fut conquise par les Turcs (prise de Buda, 1541), alors que la Transylvanie, gouvernée par des Hongrois, bénéficiait d'un statut d'autonomie sous la tutelle ottomane. Seule la Haute Hongrie et la Croatie demeurèrent aux Habsbourg. La noblesse hongroise se trouva alors déchirée entre les « habsbourgeois « et le « parti national «, qui refusait la souveraineté autrichienne. Malgré les crises de la Réforme et, au XVIIe siècle, de la guerre de Trente Ans (1618- 1648), l'autorité des Habsbourg sur la Hongrie demeura d'ailleurs largement formelle, et le pays jouit d'une large autonomie, que confirma la paix de Szatmár (1711) après la révolte de François II Rákóczi. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Budapest Croatie Croatie - Histoire Habsbourg Rákóczi - Rákóczi François II Transylvanie Trente Ans (guerre de) La Hongrie des Habsbourg. La reconquête de la Hongrie par l'Autriche se fit par étapes, après l'échec de l'ultime siège de Vienne par les Turcs (1683). Dès 1686, Buda était prise ; en 1691, la Transylvanie calviniste était reconquise par Léopold de Habsbourg, qui reconnut toutefois son autonomie ; en 1699, le traité de Karlowitz libérait la Hongrie et la Croatie, sauf le Banat et le sud de la Sirmie, finalement abandonnés par les Turcs au traité de Passarowitz en 1718. À partir de 1713, la nation hongroise fut reconnue l'égale de la nation autrichienne (ce qui préfigurait le système de la Double Monarchie), mais le royaume demeurait indivisible, et les droits des minorités non magyares restaient précaires. Pendant plus d'un siècle, la Hongrie devait demeurer indéfectiblement fidèle aux Habsbourg. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Autriche - Histoire - L'Autriche des Habsbourg Banat Budapest Croatie Croatie - Histoire Habsbourg Karlowitz (traités de) Léopold - Léopold Ier Transylvanie Turquie - Histoire - Le déclin de l'Empire ottoman L'éveil du nationalisme. Le XIXe siècle fut pour la Hongrie le siècle du renouveau culturel, politique et économique ; la noblesse et l'élite littéraire (Mihály Vörösmarty, Sándor Pet? fi, József Eötvös) prirent la tête du nationalisme magyar. Celui-ci acquit une dimension politique lors de la révolution libérale qui affecta toute l'Europe en 1848. En mars, l'Autriche, cédant aux revendications nationales hongroises, nomma le libéral Lajos Batthyány Premier ministre. Ce dernier proposa à Vienne une Constitution qui éludait pourtant la question des nationalités slovaque, croate, serbe et roumaine. Ce gouvernement, où Kossuth évinça Batthyány, se radicalisa, et, tandis que des troupes croates, soutenues par la monarchie autrichienne, envahissaient la Hongrie, le Parlement hongrois proclama la déchéance des Habsbourg en avril 1849. Aussitôt l'empereur François-Joseph, appuyé par le tsar Nicolas Ier , réprima la révolte. Sous état de siège jusqu'en 1854, la Hongrie redevint une simple province autrichienne, et le « système de Bach « imposa de 1849 à 1859 une politique de germanisation brutale à l'ensemble de l'empire. Mais la défaite autrichienne, en Italie en 1859, puis face à la Prusse en 1866 à Sadowa, rendit possible le compromis de 1867. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Autriche - Histoire - L'Autriche des Habsbourg Batthyány - Batthyány Casimir Batthyány - Batthyány Louis E ötvös József François-Joseph Ier Kossuth Lajos Nicolas - RUSSIE - Nicolas Ier Romanov Petofi Sándor révolutions européennes de 1848 Sadowa Teleki Vörösmarty Mihály L'Autriche-Hongrie (1867-1918). Le dualisme fut établi entre l'Autriche (Cisleithanie) et la Hongrie (Transleithanie). François-Joseph Ier régna de 1867 à 1918 sur ces deux États égaux en droits et dotés d'un gouvernement commun pour les relations extérieures et la défense. En Transleithanie, les Hongrois de souche ne formaient que la moitié de la population, et dominaient les Croates, les Slovènes, etc. Le ministère Gyula Andrássy (1867-1871), modéré, résista aux appels de Kossuth à l'indépendance, et évita une guerre civile en octroyant l'autonomie à la Croatie en 1868. Mais la question des nationalités resurgit périodiquement jusqu'à la Grande Guerre. La période allant de 1867 à 1914 fut néanmoins celle d'un formidable élan démographique et économique, sous l'influence de Vienne. Buda et Pest, unifiées en 1872, dépassaient le million d'habitants en 1914. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Autriche - Histoire - L'Autriche des Habsbourg Autriche-Hongrie Budapest Cisleithanie Croatie Croatie - Histoire François-Joseph Ier Kossuth Lajos Tisza Transleithanie La Hongrie indépendante. Les Hongrois s'engagèrent dans la Grande Guerre au sein des armées austrohongroises, mais, en novembre 1918, après la défaite des puissances centrales, la Hongrie se sépara de l'Autriche et devint indépendante. Son territoire fut toutefois considérablement réduit en 1920 par le traité de Trianon, qui la contraignit à céder la Slovaquie à la Tchécoslovaquie, la Transylvanie à la Roumanie et la Croatie-Slovénie à la Yougoslavie. Près de trois millions de Hongrois se trouvaient ainsi hors de leur pays. Entre-temps, l'agitation politique et sociale s'était amplifiée et, le 21 mars 1919, Béla Kun avait instauré une brève « République des Conseils « dirigée par les communistes, qui fut écrasée dès août par l'intervention des Français et des Roumains. Les Alliés écartèrent le roi Charles IV (ex-empereur Charles Ier de Habsbourg), et l'amiral Miklós Horthy, qui avait dirigé la résistance à Béla Kun, fut élu régent en 1920. Le gouvernement conservateur de Bethlen (1921-1931) consolida l'économie, mais la crise de 1929 favorisa l'émergence d'un courant fasciste, qui fit adopter les lois antisémites de 1938. La Hongrie, qui souhaitait la révision du traité de Trianon, s'était en effet rapprochée du Reich. Cela lui permit de recouvrer la Ruthénie en 1939, la moitié nord de la Transylvanie en 1940 et d'autres territoires comme la Batchka (partie de l'actuelle Voïvodine, en Serbie) en 1941, tout en restant neutre dans la guerre. Mais, en 1941, Hitler obtint finalement l'engagement des Hongrois contre l'URSS, et l'armée allemande occupa leur pays en mars 1944, quand Horthy tenta une paix séparée avec les Alliés. Les Croix-Fléchées de Ferenc Szálasi instaurèrent un bref régime nazi avant l'entrée de l'armée Rouge à la fin de 1944, et la prise de Buda par cette dernière en février 1945. La Hongrie revint après la guerre à ses frontières de 1920. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bárdossy de Bardos László Charles - HONGRIE - Charles Ier Croatie Croatie - Histoire Hitler Adolf Horthy de Nagybánya Miklós (ou Nicolas) Károlyi de Nagykaroly (comte Michel) Kun Béla Slovaquie Slovaquie - Histoire Slovénie Slovénie - Histoire Teleki Transcarpatie Transylvanie Vojvodine La Hongrie communiste et postcommuniste. Après une phase de dénazification, les communistes s'emparèrent graduellement du pouvoir. N'ayant obtenu que 17 % des voix aux élections de novembre 1945, ils éliminèrent progressivement leurs opposants par la technique dite du « salami «, qui consistait à diviser, affaiblir et décapiter les autres partis politiques. Dès 1948, les communistes exercèrent seuls le pouvoir et, en août 1949, instaurèrent une République populaire. Mátyás Rákosi fit alors de la Hongrie un État stalinien, mais, dès 1953, s'il restait à la tête du parti communiste, il fut remplacé à la présidence du Conseil par un réformiste, Imre Nagy, chantre de la « nouvelle ligne « et de la déstalinisation. Sa mise à l'écart, en 1955, entraîna la radicalisation de l'opposition. Le 23 octobre 1956, la population réclama dans la rue le retour de Nagy. Le soir même, alors que Nagy était rappelé à la présidence du Conseil, les chars soviétiques entraient en Hongrie. Poussé par la pression populaire, Nagy proclama le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie et appela l'ONU à soutenir le nouveau régime. L'insurrection de Budapest fut toutefois écrasée dès le 4 novembre sans que les puissances occidentales intervinssent. Nagy fut déporté, puis exécuté en 1958. János Kádár mena alors la « normalisation «, réorganisa le parti et brisa toute opposition, provoquant ainsi l'émigration de 200 000 personnes. Puis, tandis que le régime politique demeurait strictement orthodoxe et fidèle à Moscou, la Hongrie se lança en 1968 dans une profonde réforme de la politique économique, destinée à concilier la planification et l'économie de marché : accès des entreprises à une certaine autonomie, autorisation de l'investissement privé dans certains secteurs, instauration d'une liberté relative des prix et des salaires, adaptation de l'économie aux contraintes du commerce extérieur, ce qui permit une certaine ouverture sur l'Occident, au prix d'un fort endettement. 1988 fut une année charnière : après l'accélération de la démocratisation, conforme à la perestroïka soviétique, la chute de Kádár s'accompagna de la réhabilitation de Nagy et du réveil du conflit avec la Roumanie à propos des deux millions de Hongrois de Transylvanie. En 1989, la Hongrie ouvrit la première le « rideau de fer « qui la séparait de l'Autriche, ce qui provoqua la fuite massive d'Allemands de l'Est en RFA et contribua ainsi à la chute du régime communiste en RDA. Les élections libres d'avril 1990 aboutirent à la victoire du Forum démocratique, coalition de centre droit, et à la formation du premier gouvernement non communiste depuis 1948. Celui-ci, cependant, eut très tôt à faire face à un actif courant nationaliste et dut faire voter une loi garantissant les droits des minorités nationales et ethniques vivant en Hongrie. Par ailleurs, la dégradation constante de la situation économique suscita une crise de confiance qui poussa l'opinion, lors des élections législatives de mai 1994, à accorder une majorité de 54 % des voix aux réformateurs de l'ancien parti communiste, groupés au sein du parti socialiste hongrois. Face à l'urgence des mesures à prendre dans un pays grevé par la dette extérieure et le déficit de la balance commerciale, ils ont toutefois décidé de faire alliance avec les libéraux. En 1995, le président Arpad Göncz a été réélu dans ses fonctions et, en 1996, un traité a été signé avec la Roumanie sur l'inviolabilité des frontières. La Hongrie espère adhérer à l'Union européenne dès 1998. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats déstalinisation Est (pays de l') Kádár János Mindszenty József Nagy Imre Rákosi Mátyás Transylvanie URSS - Histoire - Du pacte germano-soviétique à la guerre froide URSS - Histoire - Un « dégel « prudent Varsovie (pacte de) Complétez votre recherche en consultant : Les livres Hongrie - l'ancien château de la famille Esterházy, à Fertöd, page 2398, volume 5 Hongrie - la révolution hongroise de 1848-1849, page 2402, volume 5 Hongrie - chars soviétiques, page 2403, volume 5 Hongrie - manifestation populaire devant la statue du poète Petofi, en mars 1989, page 2403, volume 5 Arts Beaux-arts. Si l'art roman hongrois témoigne des liens avec la France (cathédrale de Pécs, fresques de Hidegség, Bible de Csatar), l'influence italienne se fit sentir dès le XIVe siècle comme l'attestent, par exemple, le Saint Georges en bronze sculpté par Thomas de Kolozsvár (1373) ainsi que certaines fresques. La peinture de retable se développa au XVe siècle, proche du gothique allemand dans le Nord, plus sensible à l'esprit de la Renaissance à la cour de Buda, sous le règne de Mathias Corvin. De 1526 à 1686, l'occupation turque brisa toute vie artistique. Sous les Habsbourg, les artistes autrichiens dominèrent, et les peintres hongrois Jakab Bogdány (1660-1724) et Ádam Mányoki (1673-1757) durent s'expatrier. Au XIXe siècle, on assista au réveil de l'art national, en sculpture avec Miklós Izso (1831-1875) et János Fadrusz (1858-1903), comme en peinture ; il faut mentionner le romantisme de Mihály Zichy (1827-1906), le réalisme critique de Mihály Munkácsy (1844-1900), et l'impressionnisme de Pál Szinyei-Merse (1845-1920). Au tournant du siècle, József Rippl-Rónai (1861-1927) fut proche des nabis, tandis que le Groupe des Huit se réclamait de Cézanne et des fauves. Dans les années vingt, l'art abstrait fut représenté par Sándor Bortnyik (1893-1977), membre du Bauhaus, et Lajos Kassák (1887-1967). Certains artistes hongrois s'expatrièrent, comme László Moholy-Nagy (1895-1946) ou Victor Vasarely (né en 1908). Quant à l'art populaire hongrois (broderies, tissages, meubles peints et sculptés, maisons peintes), il est particulièrement varié et raffiné. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Beothy Étienne Mathias Ier Corvin Moholy-Nagy László Vasarely (Viktor Vasarhelyi, dit Victor) Littérature. La littérature hongroise, isolée par une langue étrangère aux trois familles linguistiques (romane, germanique et slave), est encore mal connue. La littérature du XVe siècle, qui était encore une littérature de langue latine riche en chants religieux et en chroniques, a laissé peu de traces. La traduction intégrale de la Bible au XVIe siècle (1590) marqua une évolution dans l'éclosion de la langue, favorisée par l'humanisme et, paradoxalement, par l'occupation turque qui dura cent cinquante ans. L'état de la Hongrie, alors déchirée entre la domination turque et celle des Habsbourg, suscita en effet une verve littéraire belliqueuse, symbolisée par le lyrisme du poète Bálint Balassi (1554-1594), le sens épique du comte Miklós Zrínyi (1620-1664), soldat brillant et auteur de la Zrínyiade, vibrant hommage à l'héroïsme de son ancêtre, puis par la nostalgie de l'exilé, Kelemen Mikes (1690-1761), auteur des Lettres de Turquie. Délivrée du joug turc pour connaître l'absolutisme impérial des Habsbourg en cette fin de XVIII e siècle, la Hongrie bénéficia d'une stabilité propice à l'épanouissement des talents : réformateurs de la langue comme le poète Ferenc Kazinczy (1759-1831), ou dramaturges grandiloquents, tel József Katona (1791-1830). Citons aussi le succès de poètes comme Sándor Kisfaludy (1772-1884), dans la lignée de Pétrarque, et de Mihály Csokonai (1773-1805), à l'humour corrosif. Ferenc Kölcsey (1790-1838), dans son recueil Hymne (1832), exalta toutefois la grandeur de son pays par le biais du folklore national. Cette veine fut renforcée par un romantisme nationaliste d'inspiration populaire dans les romans de Mór Jókai (1825-1904) et dans ceux du célèbre Sándor Pet"ofi (1823-1849), héros de la guerre d'indépendance de 1848. C'est dans le cadre de l'Empire austro-hongrois que la littérature connut une nette évolution avec la revue Nyugat (Occident), créée en 1908 par des poètes soucieux de donner une identité internationale à la Hongrie, comme l'humaniste Mihály Babits (18831941), le symboliste visionnaire Endre Ady (1877-1919) ou le « surréaliste populiste « Gyula Illyés (1902-1983). Mais cet enthousiasme novateur dut laisser la place à un « réalisme socialiste « imposé par l'hégémonie soviétique dès 1949 et prêché par Béla Illés (1895-1974). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Ady Endre Arany János Babits Mihály Balassa (baron Bálint) Csokonai Vitéz Mihály Déry Tibor E ötvös József hongrois Illyés Gyula Jókai Mór Katona József Kölcsey Ferenc Molnár Ferenc Móricz Zsigmond Petofi Sándor S zabó Dezsö Vörösmarty Mihály Musique. On ne possède que peu de traces de la musique hongroise avant la Renaissance : si la musique religieuse, d'après un codex du XIIe siècle, semblait concorder avec le chant grégorien qui avait « colonisé « toute l'Europe à cette époque, la musique profane populaire montre à l'évidence une influence orientale, puis, du XIe au XIVe siècle, française, italienne et allemande. Après l'invasion magyare, l'invasion turco-musulmane, au XVIe siècle, coupa la Hongrie de l'Occident. Sébastien Tinódi (vers 1510-1556) sut intégrer l'influence nouvelle dans ses chansons de geste, György Enyedi (1551-1597) laissa de nombreuses mélodies ; mais la personnalité dominante du siècle reste Valentin (ou Bálent) Bakfark (1507-1576). Ce luthiste virtuose parcourut l'Italie, la France, l'Allemagne, la Pologne, assimila toutes les influences qu'il rencontra et créa une écriture originale. Avec lui, les recueils d'Europe occidentale furent enrichis d' Ungarische Tanz, de ongaro ballo e t de hajducki , danses des fantassins magyars. Le XVIIe siècle hongrois prolongea la Renaissance : furent publiés recueils de chansons tziganes, psautiers, recueils de pièces instrumentales, dont le manuscrit de Jean Kajoni, qui contient la cadence hongroise que devait utiliser plus tard Franz Liszt dans ses Rhapsodies hongroises. Deux grandes tendances firent leur apparition au XVIIIe siècle : un style galant, volontiers sentimental, principalement employé à la Cour, dont subsiste le manuscrit Vietorisz et Harmonia caelestis (1711), et l'émergence d'une musique nationale avec les verbunkos (danse des hussards hongrois), qui prépara l'explosion du XIXe siècle. Le « style national hongrois «, au début du XIXe siècle, est inséparable du nom de Gábor Mátray (1797-1875). Jószef Ruzitska (1774-1824) composa le premier opéra hongrois (la F uite du roi Béla , 1822). Franz Liszt (1811-1886), d'origine hongroise, passa la majeure partie de sa vie à parcourir l'Europe, mais n'oublia jamais ses racines, comme en témoignent les dix-neuf Rhapsodies hongroises , Fantaisie hongroise , Mélodies hongroises, les Trois Tziganes, la Csárdas macabre, Portraits historiques hongrois, Légende de sainte Élisabeth... Liszt garda toujours en lui la cadence magyare et le rythme furieux et syncopé du verbunkos. Dès lors, la vie musicale s'épanouit, les concerts se multiplièrent, des institutions se créèrent (l'Orchestre philharmonique en 1853, le Conservatoire national en 1875, l'Opéra national en 1884). La musique nationale se développa avec Mihály Mosonyi (1815-1870), Kornél Abrányi (18221903), Imre Székely (1823-1887). La fin du siècle sacrifia à la mode de l'opérette avec Imre Kálmán (1882-1953) et surtout Franz Lehar (1870-1948), tandis que Ernst Dohnányi (1877-1960) prônait le retour au classicisme. Le renouveau du XX e s iècle fut l'oeuvre de Béla Bartók (1881-1945) et de Zoltán Kodály (1882-1967). Ces deux compositeurs ont rejeté l'influence allemande, remarquable notamment dans l'oeuvre de Dohnányi, en s'abreuvant à la source de l'école française, et tout particulièrement de Claude Debussy. Mais l'originalité de Bartók et de Kodály est plus profonde : abandonnant le verbunkos à l'honneur depuis le XVIIIe siècle, ils ont recherché l'authenticité dans la musique hongroise primitive. Bartók était tout à la fois compositeur, ethnomusicologue et théoricien ; son oeuvre, d'un abord difficile, se révèle d'une richesse et d'une inspiration uniques : rythme, tonalité, harmonie, mélodie concourent à une composition d'un style à la fois sauvage et raffiné, où chaque trait, chaque accord, chaque rythme issu des musiques populaires qu'il étudia est transcendé par une écriture moderne. Bartók est peut-être le seul musicien à avoir su mêler avec autant de talent l'inspiration populaire et une écriture élaborée. Moins intransigeant que Bartók, Kodály a eu de nombreux disciples, parmi lesquels László Lajtha (1892-1963), Ferenc Farkas (né en 1905), Sándor Veress (né en 1907). Après 1945, la tendance postsérielle a eu ses adeptes hongrois avec György Kurtag (né en 1926), Sándor Szokolay (né en 1931), István Láng (né en 1933) et Sándor Balassa (né en 1935). Les aléas politiques n'ont guère eu d'influence sur la musique hongroise, exception faite des oeuvres de commande. Avec György Ligeti (né en 1923 en Roumanie), László Sáry (né en 1940), Robert Wittinger (né en 1945), la jeune génération s'est tournée vers Darmstadt et a adhéré aux tendances contemporaines. Pays de riche culture musicale, la Hongrie possède en outre une école de musicologie de réputation internationale, des ensembles instrumentaux de haut niveau, et, avec Jószef Szigeti, Sándor Vegh, Ferenc Fricsay, Zoltan Kocsis ou András Schiff, des personnalités marquantes de l'interprétation musicale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bartók Béla Dohnányi (von) - Dohnányi (Ernö von) Eötvös Peter Erkel Ferenc Fricsay Ferenc Kocsis Zoltán Kodály Zoltán Kurtág György Lajtha László Ligeti György Liszt Franz Schiff András Szabó Ferenc Szigeti József Végh Sándor Veress Sándor Cinéma. La Hongrie est la patrie de quelques grands cinéastes qui, fuyant leur pays, ont surtout fait carrière à l'étranger : Mihály Kertész (pour les Américains, Michael Curtiz), Sándor Korda (pour les Britanniques, Alexander Korda), Pál Fejós (qui tourna en 1928 aux États-Unis le célèbre Solitude, et, de retour en Hongrie en 1932, Marie légende hongroise). La dictature de Horthy, puis celle de Staline, empêchèrent l'instauration d'une production nationale autonome, à de rares exceptions près (Quelque part en Europe, 1947, de Géza Radványi, avec la collaboration, au scénario, de Béla Balász ; Un petit carrousel de fête, 1955, de Zoltán Fábri ; Un amour du dimanche, 1957, d'Imre Fehér). Il fallut attendre 1960 pour voir renaître le cinéma hongrois, et s'affirmer des auteurs de talent, tels que András Kovács, Ferenc Kósa, Karoly Makk, István Gaál, István Szabó, et surtout Miklós Jancsó, ce dernier élaborant des mises en scène proches de la chorégraphie (les Sans-Espoir, 1965 ; Psaume rouge, 1972). Márta Mészáros a également signé quelques films d'une généreuse inspiration féministe, dont Adoption (1975) et Journal intime (1984). Depuis le début des années quatre-vingt-dix, le cinéma hongrois semble en léthargie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Curtiz (Mihály Kertész, dit Michael) Fejos Paul Jancsó Miklós Korda - Korda (Sándor Laszlo, dit sir Alexander) Complétez votre recherche en consultant : Les livres Hongrie - Chapelle baroque à Eger (XVIIIe siècle), page 2404, volume 5 Hongrie - Le palais de Fertöd, page 2404, volume 5 Hongrie - Béla Sanda : peinture décorative illustrant un poème épique de Sándor Petofi, page 2404, volume 5 Hongrie - Béla Bartók jouant du piano à Budapest, en 1936, page 2405, volume 5 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Europe Les médias Hongrie - tableau en bref Hongrie - carte physique Hongrie - tableau en chiffres Europe - carte politique Italie - carte physique Les indications bibliographiques C. Delamarche et T. Szende, Budapest et la Hongrie aujourd'hui, le Jaguar, Paris, 1991. É. Lhomel et T. Schreiber (sous la direction de), l'Europe centrale et orientale. Édition 1996, la Documentation française, Paris, 1996. G. Ranki et E. Pamleny, Histoire de la Hongrie des origines à nos jours, Horvath, Roanne, 1973.