américaine, musique - musique du monde.
Publié le 18/05/2013
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6 LA PÉRIODE DE L’ENTRE-DEUX-GUERRES
La musique classique des années vingt fut marquée par la naissance d’un mouvement moderniste américain.
Les principaux promoteurs en furent Henry Cowell, qui introduit le cluster (un accord de trois ou plusieurs notes successives), Carl Ruggles,
Ruth Crawford-Seeger et Edgar Varese, qui s’écarta de la composition classique fondée sur la mélodie et l’harmonie, et exerça une influence déterminante sur les musiciens de la seconde moitié du XXe siècle.
Souvent appelées l’« époque du jazz », les années vingt ont vu l’émergence d’un style musical indépendant de ses racines, le ragtime et le blues.
Louis Armstrong, Jelly Roll Morton et Duke Ellington donnèrent ses lettres de noblesse au jazz.
La
chanson populaire connut également un succès exceptionnel : durant cette période, Jerome Kern, Cole Porter et Irving Berlin furent les plus illustres compositeurs qui écrivirent de petits chefs-d’œuvre de 32 barres de mesure.
Des formes à la fois
classiques et populaires caractérisent les œuvres de George Gershwin, comme la Rhapsody in Blue (1924), le Concerto en Fa (1925) et l’opéra Porgy and Bess (1935).
La crise économique de 1929 imposa le silence aux promoteurs de la « nouvelle musique ».
Celle-ci céda la place à la recherche timide d’une identité musicale, qui allait caractériser la musique des deux décennies suivantes.
Aaron Copland, le
compositeur le plus célèbre du second quart du siècle, abandonna le langage rude de ses Variations pour piano (1930) en faveur d’un style mélodique accessible, de tonalité claire, semblable à celle de la folk music.
William Grant Still et Roy Harris
travaillaient dans la même direction et intégrèrent la musique folklorique dans leurs symphonies.
Virgil Thomson traita de manière moderne les styles de musique traditionnels, comme en témoigne son opéra Four Saints in Three Acts (1934).
Certains compositeurs cherchaient à donner à leurs œuvres un caractère universel en s’écartant des traditions musicales purement américaines et en s’inspirant de l’œuvre du compositeur russe Igor Stravinski pendant les années vingt et trente.
Parmi
eux figure Walter Piston, qui renoua avec la musique baroque.
Piston, ainsi que Thomson, Harris et Copland étudièrent la composition à Paris sous la direction de Nadia Boulanger.
Un autre courant musical, qui s’apparente au néoromantisme, est
représenté par Howard Hanson, Samuel Barber et Giancarlo Menotti.
7 DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE À LA FIN DU XX E SIÈCLE
Dans les années trente et quarante, un grand nombre de compositeurs européens s’installèrent aux États-Unis, fuyant l’oppression nazie.
Sous leur influence, le modernisme international devint prédominant à la fin des années quarante et durant les
années cinquante.
Le plus influent d’entre eux fut le compositeur autrichien Arnold Schoenberg, dont la musique dodécaphonique imposa une nouvelle méthode de composition, adoptée notamment par Wallingford Riegger, Roger Sessions et Eugene
Kurtz, qui s’installa en Europe au début des années cinquante.
Prolongeant les recherches musicales de Schoenberg, les compositeurs Elliott Carter et Milton Babbitt étendirent dans leurs œuvres et leurs travaux théoriques le dodécaphonisme,
inaugurant le « sérialisme intégral », qui applique le principe sériel — le système des douze tons — à d’autres éléments musicaux tels que la valeur ou durée du son et la dynamique ou intensité du son.
Un autre développement important des années cinquante fut l’introduction de la musique électronique, qu’Edgar Varese fut le premier à avoir étudiée.
Elle permit aux compositeurs d’exercer une maîtrise sans précédent sur la création musicale.
Le
studio de musique électronique de Columbia-Princeton, créé en 1952, devint l’atelier d’expérimentation des compositeurs tels que Babbitt, Charles Wuorinen et Otto Luening.
Dans la musique populaire, la période de l’après-guerre fut également très dynamique.
La tradition de la comédie musicale, qui se maintint dans les œuvres de Richard Rodgers et d’Oscar Hammerstein II, prit un nouvel essor avec le West Side Story
(1957) de Leonard Bernstein, chef d’orchestre et compositeur, le musicien américain le plus connu en Europe.
Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les comédies musicales de Stephen Sondheim développèrent un style à la fois lyrique et
moderniste.
L’intérêt pour la comédie musicale décrut à la suite de l’apparition du rock and roll dans les années cinquante.
Les chansons populaires de style classique laissèrent alors la place au rhythm and blues et au rock and roll, qui témoignent de la vitalité de
la musique afro-américaine comme le ragtime.
En dépit de l’hégémonie du rock dans les années soixante, de nouveaux styles de musique populaire apparurent.
Ainsi, la musique folk connut un renouveau grâce à des interprètes tels que Pete Seeger,
Joan Baez et Bob Dylan, et la musique country remporta un grand succès commercial sur le marché national dans les années soixante-dix.
Avec la profusion de styles populaires et l’éclectisme des compositeurs de jazz, les frontières entre ces genres de musique commencèrent à s’effacer.
Les explorations modales de John Coltrane et les improvisations « libres » d’Ornette Coleman
suscitèrent l’intérêt pour l’atonalité et les échelles hors normes au royaume du jazz.
Les éléments populaires et classiques empiétèrent sur la musique minimaliste de Steve Reich et de Philip Glass.
Les modèles mélodiques étaient manipulés par des
répétitions et des changements rythmiques subtils.
8 LA MUSIQUE EXPÉRIMENTALE
Un des traits caractéristiques de la musique classique américaine est sans doute le renouvellement permanent du langage musical.
Le premier compositeur qui s’engagea dans cette voie fut William Billings, auteur d’hymnes et d’airs fugués dans les
années 1770.
Ses harmonies pleines, ses rythmes carrés et ses partitions parfois sommaires, témoignaient d’un intérêt pour l’énoncé simple du texte au détriment même des conventions et des règles techniques.
Au XIX e siècle, le courant de pensée
individualiste fut absorbé par le transcendantalisme chez des auteurs tels que Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau.
Charles Ives, qui fut marqué par le transcendantalisme associé au panthéisme, créa une musique à caractère national sans
avoir repris des airs traditionnels.
Comme Billings, Ives se soucia peu des normes imposées par la technique musicale européenne et créa ses propres moyens d’expression : il utilisa simultanément des clés différentes (sa première œuvre polytonale
fut Variations on « America », qu’il composa à l’âge de dix-sept ans), fit jouer sa musique dans des rythmes et des tempos simultanément différents, adopta l’atonalité et inventa d’autres nouveautés stylistiques qu’on retrouve plus tard dans la
musique des compositeurs européens tels que Stravinski et Schoenberg.
La recherche expérimentale, poursuivie en toute indépendance par les compositeurs américains au XXe siècle, est représentée par trois personnages illustres.
Harry Partch, compositeur autodidacte et isolé, mit au point un système harmonique dans
lequel l’octave est divisée en quarante-trois parties et inventa plusieurs instruments pouvant servir de support à ses compositions écrites dans cette nouvelle gamme.
Conlon Nancaroow, né aux États-Unis mais vivant au Mexique depuis les années
quarante, travailla presque exclusivement sur une suite d’études pour piano.
John Cage expérimenta de nombreuses techniques et puisa à de multiples sources.
Il s’inspira du Yijing et utilisa également la méthode du « lancer de dés », introduisant
des paramètres aléatoires en musique.
Le matériau sonore, créé par le hasard, procède d’un ensemble de sources musicales, philosophiques, littéraires, mathématiques ou électroniques chantées, récitées, jouées ou enregistrées.
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