À l'extrémité occidentale de l'Eurasie, la France occupe une position charnière entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud. Doté d'une immense façade maritime, le pays présente une grande variété de reliefs, de climats et de paysages, et a en outre conservé plusieurs possessions outre-mer. Carrefour d'influences multiples en même temps qu'archétype de l'État-nation, la France est aujourd'hui fermement engagée dans la construction de l'Europe, tandis que sa culture au rayonnement universel trouve un prolongement spécifique dans tout l'espace de la francophonie. La France est une République d'Europe occidentale située aux latitudes tempérées de l'hémisphère nord. S'ouvrant sur trois façades maritimes à l'extrémité occidentale de la presqu'île européenne, son territoire est à la charnière de l'Europe du Nord et de l'Europe du Sud. La France est comprise entre le 42 e parallèle (41o 21H, exactement aux îles Lavezzi, au sud de la Corse) et le 51e , entre 5o de longitude ouest et 7o de longitude est (9o 30H à Bastia). Ses dimensions ouest-est et nord-sud sont sensiblement égales : 995 km de la pointe Saint-Mathieu, à l'extrémité du Finistère, jusqu'au confluent de la Lauter et du Rhin, dans le nord de l'Alsace ; 991 km de la frontière belge (au nordest de Dunkerque) à la frontière espagnole (au sud de MontLouis). Ses frontières continentales mesurent 2 800 km et ses côtes, 2 700 km (5 500 km en développement réel). La forme compacte du territoire, souvent comparé à un hexagone, explique qu'il soit facilement accessible en tous ses points (aucun n'est à plus de 450 km de la mer à vol d'oiseau) et que la France possède des frontières avec six pays différents. Elle occupe le plus étroit des isthmes européens : 360 km séparent les rivages atlantique et méditerranéen. Du fait de sa situation, la France a toujours été placée sous l'influence des grandes innovations qui ont marqué le devenir européen. Au néolithique, la pratique de l'agriculture a été introduite par deux voies : par le sud, à la faveur des contacts méditerranéens, et par le nord-est, grâce à la migration d'agriculteurs le long de l'axe du Danube. C'est par sa façade méditerranéenne que la France a participé à la civilisation gréco-romaine, à laquelle elle doit les premières grandes routes, les monuments urbains, la langue latine, le christianisme et de nouvelles plantes comme la vigne, le blé et l'olivier... Au Moyen Âge, la France s'est trouvée au coeur de la « révolution agricole «, propagée en particulier par les monastères, très nombreux dans la moitié nord. C'est par sa façade maritime septentrionale, donnant sur la Manche et la mer du Nord, mais aussi par les Flandres, la Meuse ou le Rhin qu'elle a participé à l'essor commercial et urbain du Moyen Âge et de l'époque moderne, lorsque le centre de gravité économique de l'Europe s'est déplacé du bassin méditerranéen vers les Pays-Bas, puis vers la Grande-Bretagne. La France se trouva alors à proximité des grands foyers de la première révolution industrielle. Cinquième puissance économique mondiale, par la valeur de sa production et l'importance de ses échanges extérieurs, troisième puissance maritime grâce aux domaines océaniques dépendant de ses départements et territoires d'outre-mer, la France occupe aujourd'hui dans le monde une position qui est héritée d'une longue histoire. Elle dispose d'un siège au Conseil de sécurité des Nations unies ; elle appartient au groupe des sept pays les plus industrialisés qui se réunissent périodiquement pour orienter le devenir économique de la planète. La France arrive cependant à un rang modeste pour le nombre de ses habitants (vingtième en 1995). Par la superficie, elle est le deuxième pays en Europe, après l'Ukraine (si l'on exclut la Russie). Le niveau de vie de ses habitants la place parmi les pays les plus développés ; elle n'occupe toutefois que le quinzième rang mondial pour le produit national brut par tête d'habitant, après dix des vingt-huit États membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Géographie Les conditions naturelles Ni le relief, ni les sols, ni les conditions climatiques n'ont été des obstacles au peuplement et au développement économique. La France n'a certes pas de climat qui permette plusieurs récoltes par an, ni de delta particulièrement fertile, mais elle ne connaît aucun facteur physique trop contraignant, n'est pas affectée d'une grande probabilité de risques naturels majeurs, et bénéficie par ailleurs d'une grande diversité de terroirs. L'évolution géologique. La complexité géologique du sous-sol français est liée à sa longue histoire. Les traces les plus anciennes, en grande partie effacées par les événements les plus récents, remontent au précambrien (2 800 à 570 millions d'années), bien représenté de la Normandie à l'extrémité ouest de la Bretagne et à la Vendée. Trois grands cycles orogéniques modelèrent ensuite la physionomie du territoire. Le cycle calédonien a laissé quelques traces, recouvertes par les vieux grès rouges dévoniens. Le cycle hercynien (ou varisque), plus visible, a structuré l'essentiel des massifs anciens en donnant naissance à une vaste chaîne en forme de V ouvert vers le nord, reliant la Bretagne au Massif central et aux Vosges. Ces massifs anciens représentent l'ossature fondamentale du territoire français : le Massif ardennais, caractérisé par ses terrains paléozoïques peu ou pas métamorphisés ; le Massif armoricain, qui s'étend du Cotentin à la Vendée ; les Vosges, dont la surrection ne date que du cénozoïque ; le Massif central, le plus vaste de tous, surtout constitué de roches cristallines ou cristallophylliennes. Les dépôts houillers marquèrent l'émersion finale de la chaîne hercynienne, dont les débris alimentèrent les nouveaux grès rouges permotriasiques. Le troisième cycle, le cycle alpin, dure depuis le trias. Le Bassin parisien s'individualisa au lias (200 millions d'années). Les Pyrénées surgirent à l'éocène (début du cénozoïque) ; en même temps naquit le Bassin aquitain, dont l'histoire est liée à celle de la chaîne pyrénéenne. À l'oligocène (35 millions d'années) apparurent plusieurs fossés d'effondrement, orientés nord-sud, dus au jeu de grandes fractures du socle : le fossé rhodanien, qui s'étire de la Méditerranée au seuil de Bourgogne ; les limagnes de Loire et d'Allier, qui découpent la partie nord du Massif central, et auxquelles est associée la naissance des premiers volcans d'Auvergne ; l'Alsace, plus tard colmatée par les alluvions du Rhin. À l'oligo-miocène, la collision du continent européen avec un bloc issu de l'Afrique donna naissance aux Alpes, dont les plus hauts sommets correspondent à des noyaux de socle ancien remobilisés, et, par contrecoup, au Jura et au soulèvement du bord oriental du Massif central. Le bloc corso-sarde se détacha des Alpes il y a 30 millions d'années. À partir du pliocène, le travail de l'érosion, dont celui des grandes glaciations quaternaires, a peu à peu donné naissance aux formes actuelles de la France. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alpes armoricain (Massif) hercynienne (chaîne) Jura jurassien (relief) Massif central précambrien Pyrénées socle Vosges Les livres carte géologique, page 1977, volume 4 Le relief actuel. La France est dans l'ensemble un pays d'altitudes faibles (342 m en moyenne, Corse exclue, contre 297 m pour l'Europe), où les plaines et les plateaux de moyenne montagne l'emportent sur les hautes montagnes : moins de 18 % de la superficie du territoire se situe à plus de 500 m d'altitude. Le relief s'organise en deux grands ensembles : les plaines, les bas plateaux et les massifs anciens, d'une part ; les montagnes jeunes, d'autre part. La France des plaines et des bas plateaux, qui est surtout celle de l'Ouest, se caractérise par une altitude faible, presque toujours inférieure à 250 m, et par un relief « en creux «, fait de vallées incisées dans une topographie marquée par la rareté des fortes dénivellations. Les bassins sédimentaires : le Bassin parisien, qui couvre le quart du territoire, et le Bassin aquitain ont des altitudes moyennes, respectivement de 178 m et de 135 m. Les massifs anciens, qui sont des restes du plissement hercynien (Massif armoricain, Massif central, Vosges), formés de roches cristallines, parfois recouvertes de sédiments primaires, ont des formes émoussées, douces, arrondies, ou se présentent sous l'aspect de plateaux élevés. Leurs altitudes moyennes sont modestes : 104 m pour le Massif armoricain, 530 m pour les Vosges, 715 m pour le Massif central. De même, les points culminants de ces reliefs anciens sont assez peu élevés : 384 m au signal de Toussaines, dans les monts d'Arrée en Bretagne ; 901 m au Haut-Folin, dans le Morvan ; 1 424 m au ballon de Guebwiller, dans les Vosges ; 1 885 m au puy de Sancy, dans le Massif central. Le sol, généralement siliceux, est pauvre et couvert de landes ou de forêts, et ne porte que de maigres pâturages. Enfin, par les failles provoquées dans le Massif central par le contrecoup du plissement alpin, ont surgi des volcans, aujourd'hui éteints (Cantal, monts Dôme, monts Dore), et jailli des coulées de lave, parfois étalées en plateaux inclinés : planèzes de Salers ou de Saint-Flour. Les débris de ces roches volcaniques ont enrichi la plaine de la Limagne. Les montagnes jeunes, Pyrénées, Alpes, Jura, résultent de mouvements dont l'énergie a été telle que le socle de roches primitives a été soulevé, crevant les épaisses couches de sédiments qui le recouvraient et qui ont été redressées parfois jusqu'à la verticale. Ces montagnes dressent leurs sommets en forme de pics, de dents, d'aiguilles, de crêtes, à des altitudes qui dépassent souvent 3 000 m ; dans les Alpes, le mont Blanc atteint 4 807 m et la barre des Écrins, 4 102 m ; dans les Pyrénées françaises, le Vignemale est à 3 298 m ; dans le Jura, moins élevé, le crêt de la Neige est le point culminant à 1 718 m. Les glaciers qui les recouvraient ont buriné leurs vallées et, en se retirant, ont laissé des cirques aux parois verticales, des lacs, des vallées à fond plat, aux versants raides, tapissées d'argiles morainiques propices aux prairies. Aujourd'hui, les glaciers ne subsistent que dans les très hautes vallées, et, avec les névés et les neiges, alimentent de fougueux torrents, réservoirs d'énergie hydroélectrique. Les rivières ont creusé leur lit, tantôt en suivant la direction des plis, traçant des vallées longitudinales (sillon alpin), tantôt en coupant les plis par des cluses, formant alors des vallées transversales. Des cols relativement bas, sauf dans la partie centrale des Pyrénées, permettent de passer d'une vallée ou d'un versant dans l'autre, et facilitent la pénétration de ces massifs, habités jusque dans les plus hautes vallées : le nouveau village de Tignes, en Savoie, est bâti à 2 100 m d'altitude. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aigoual (mont) Albères (monts) Alpes armoricain (Massif) Aubrac bassin sédimentaire Beaufortin Bresse causse Caux (pays de) Crau Dombes (la) Dôme (puy de) Dore (monts) Écrins (barre des) Gévaudan (monts du) Grand Ballon Grésivaudan Jura Lacaune (monts de) Langres (plateau de) Lannemezan (plateau de) Limagnes (les) Livradois Lyonnais (monts du) Madeleine (monts de la) Margeride (monts de la) Massif central Méjean (causse) Millevaches (plateau de) Mont-Blanc (massif du) Montagnes Noires Néouvielle (massif de) parisien (Bassin) planèze Plomb du Cantal Préalpes françaises Puys (chaîne des) Pyrénées - Le cadre physique Sancy (puy de) Tarentaise Val de Loire Valserine Vanoise (massif de la) Ventoux (mont) Vignemale Vosges - Le relief des Vosges Les médias France - points culminants des principaux massifs Les livres France - panorama des Vosges, page 1977, volume 4 France - l'aiguille du Borgne, page 1977, volume 4 France - la chaîne des Puys, page 1978, volume 4 France - bas-champs de l'estuaire de Somme, en Picardie, page 1979, volume 4 France - le littoral de l'Esterel, page 1982, volume 4 France - le littoral des Sables-d'Olonne, page 1982, volume 4 Le climat et la végétation. Le territoire métropolitain est situé en majeure partie dans la zone tempérée ; seul le Sud-Est méditerranéen, avec ses étés chauds et secs, se rattache à la zone subtropicale. La situation en latitude de la France, de part et d'autre du 45e parallèle, la configuration de son relief ainsi que ses trois façades maritimes à l'ouest du continent européen lui valent une gamme de climats unique en Europe, qui combine les tendances océanique, continentale et méditerranéenne. Les climats français sont mesurés et ne présentent pas de grande variabilité d'une année sur l'autre. La France a le moins continental des climats continentaux, dont les contrastes saisonniers sont très forts. Elle a le moins méditerranéen des climats méditerranéens aux redoutables sécheresses estivales. Située à la même latitude que la région des Grands Lacs de l'Amérique du Nord et que le désert de Gobi en Asie centrale (Bordeaux, Montréal et Vladivostok sont sensiblement sur le même parallèle), la France ne connaît pourtant ni températures ni sécheresses excessives. Les masses d'air froid et sec venues de l'est sont combattues par les masses d'air tiède et humide venues de l'Océan. La disposition du relief, avec les vastes plaines et plateaux ouverts à l'ouest, facilite la circulation des vents d'ouest. On distingue quatre grands types climatiques, avec des variantes : un climat de type océanique, un climat de tendance continentale, un climat méditerranéen et un climat de montagne. Chacun favorise plus particulièrement certains types de végétation, même si les paysages, au fil des siècles, ont été très largement déterminés par l'intervention humaine. Le climat de type océanique touche la Flandre, la Picardie, la Normandie, la Bretagne, le littoral atlantique entre la Loire et la Gironde, et enfin l'Aquitaine. L'air est constamment humide, les pluies sont fines et fréquentes, ainsi que les brouillards et les brumes. Le ciel est souvent couvert et le temps, instable. Les vents prédominants soufflent de l'ouest. Les hivers sont doux et les étés, frais. Herbages, vergers, landes, forêts de chênes, cultures de céréales, de primeurs, dans certaines parties de la côte, et de plantes fourragères composent les paysages de ces régions. Quand la forêt disparaît, elle fait place à une lande basse composée de genêts, d'ajoncs et de bruyères. Ce type de climat va en se dégradant quand on approche des plaines du Bassin parisien, où des tendances continentales apparaissent ; les écarts de température sont plus marqués, les pluies, moins fréquentes ; le ciel est dégagé. La chaleur de l'été permet la culture de la vigne ; les prairies, les céréales, les forêts y trouvent des conditions favorables. Dans le bassin d'Aquitaine, ce sont des tendances à la fois méridionales et continentales qui altèrent la composante océanique : les étés deviennent plus chauds, tandis que les hivers restent relativement doux et humides. De plus, des vents venus du Massif central ou de la Méditerranée apportent des perturbations et provoquent des orages. Le maïs, la vigne, les arbres fruitiers sont les cultures caractéristiques de cette zone climatique. La plus grande forêt française se trouve en Aquitaine : c'est celle des Landes, faite de conifères plantés depuis le XIXe siècle. Un climat de tendance continentale apparaît dans les Ardennes, en Lorraine, dans les plaines d'Alsace et de Limagne et enfin en Bourgogne. Les hivers y sont plus rigoureux, les gelées de printemps, fréquentes, les étés, plus chauds. Les pluies tombent en saison chaude, et les vents froids et secs du nord-est alternent avec les vents océaniques. Dans les vallées, les villages abandonnent les bas-fonds pour s'installer sur les pentes bien exposées, au milieu soit de vergers, de vignes, ou de champs de houblon, tandis que les hauteurs sont généralement boisées. Un climat de type méditerranéen règne dans le Roussillon, le Languedoc, la basse vallée du Rhône, la Provence, sur la Côte d'Azur et en Corse. Son originalité réside dans la luminosité de l'atmosphère, la douceur des hivers, la fréquence des pluies de printemps et surtout d'automne, la sécheresse de l'été, coupée d'orages, et enfin la brutalité de certaines manifestations liées à des vents locaux : cers, tramontane et mistral soufflent avec violence. Dans ces régions, les hauteurs sont généralement rases, et la végétation revêt un caractère particulier : le gel étant rare, on trouve des arbres à feuilles persistantes, des plantes à bulbe, des arbustes à petites feuilles et à longues racines (l'homme y cultive notamment l'olivier, l'amandier, la vigne, le chêne vert, le chêne-liège, le chêne blanc, le pin). L'irrigation est ici indispensable aux cultures. Dans les espaces incultes, la forêt, après des siècles de défrichement, a fait place à la garrigue (sur sol calcaire) ou au maquis (sur sol siliceux). Les Pyrénées, les Alpes, le Jura, les Vosges et le Massif central ont un climat de montagne. L'altitude et l'exposition sont des facteurs déterminants, et l'on distingue dans les Alpes l'adret, le côté exposé au soleil, de l'ubac, le côté situé dans l'ombre. Habitations et végétation sont étagées : dans le fond des vallées et sur les premières pentes, jusque vers 800-900 m, des villages, des prairies, des cultures, des châtaigneraies, des bois de chênes ; au-dessus, jusque vers 1 200 m, des pâturages de printemps et d'automne, des forêts de hêtres ; au-dessus de 1 200 m, des pâturages d'été, des forêts de conifères (sapins, pins, épicéas, mélèzes), des alpages, des arbustes et enfin la zone des neiges persistantes et des glaciers. Des vents locaux, tel le foehn, activent au printemps la fonte de la neige qui a formé des couches épaisses pendant l'hiver. La répartition de la végétation suit d'assez près les divisions climatiques du territoire ; elle aussi a été fortement influencée par l'homme. La présence de la flore est liée au climat actuel - ensoleillement annuel plus ou moins long, présence contraignante du gel - et également au climat passé : les glaciations du quaternaire ont réduit la variété des espèces végétales, et celles qui étaient les plus fragiles ont disparu ou subsistent plus au sud. C'est ainsi que l'on ne trouve guère plus de vingtcinq arbres différents en France, domaine méditerranéen mis à part. La présence de l'homme - et son activité de plus en plus intense depuis plusieurs millénaires - a également contribué à modifier la végétation, par le défrichement des grandes forêts, par la progression des espaces cultivés et urbanisés, ainsi que par la sélection des espèces. Aujourd'hui, par exemple, la forêt française - un peu plus de 25 % du territoire - est composée pour un tiers de conifères et pour deux tiers de feuillus, chênes et hêtres principalement. Voir aussi le dossier forêt. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats adret bocage foehn forêt - Histoire de la forêt française - Le renouveau à partir du XIXe siècle garrigue lande marais mistral tramontane ubac Les livres France - paysage bocager, page 1979, volume 4 France - précipitations, page 1980, volume 4 France - nombre annuel moyen de jours de précipitations, page 1980, volume 4 France - nombre annuel moyen de jours de gelée, page 1980, volume 4 France - vents locaux, page 1980, volume 4 France - isothermes de janvier, page 1980, volume 4 France - isothermes de juillet, page 1980, volume 4 La faune. La faune de France est caractérisée par une grande diversité due à la variété des paysages d'une part, à la situation géographique du pays d'autre part. La mise en place de cette faune est liée en grande partie aux glaciations du quaternaire. Toute la faune héritée des climats chauds du tertiaire disparut alors ou trouva refuge au sud. Après les glaciations, beaucoup d'espèces abandonnèrent leurs refuges méridionaux et entreprirent de recoloniser la France. Ce processus ne paraît pas encore totalement terminé. Aujourd'hui, la France est une mosaïque de paysages et, par là même, une mosaïque de faunes. Cela, ajouté au climat qui n'est jamais extrême, a permis à une grande quantité d'espèces de s'installer et de prospérer. En raison de cette douceur relative du climat et de l'abondance de nourriture disponible, certaines espèces migratrices qui nichent dans les pays du Nord choisissent la France comme voie de passage mais aussi comme lieu d'hivernage. Cela est particulièrement net sur les rives de l'Atlantique. Le pluvier argenté (Pluvialis squatarola), la barge rousse (Limosa lapponica), le bécasseau maubèche ( Calidris canutus) et le bécasseau sanderling (Crocethia alba ) sont des visiteurs d'hiver. Ils trouvent pléthore de nourriture sur nos côtes, notamment de minuscules mollusques (Hydrobia) dont on compte jusqu'à 50 000 individus au mètre carré. La faune a évolué au fil des siècles. De nombreuses espèces ont déjà disparu du fait de l'homme ou sont menacées d'extinction imminente. Ce sont surtout des espèces forestières pour lesquelles le refuge offert par les montagnes s'avère insuffisant : l'ours (Ursus arctos), par exemple. La pollution de l'eau, l'utilisation non contrôlée des pesticides, l'assèchement des zones humides, le « mitage « des zones forestières et, dans certains cas, une trop forte pression de chasse peuvent être considérés comme des causes de l'appauvrissement de la faune de France, en espèces comme en individus. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Europe - Géographie - Les caractères écologiques - La répartition de la faune actuelle Europe - Géographie - Les caractères écologiques - Les effets sur la faune de la présence humaine forêt - L'écosystème forestier - La faune migrations animales - Les principales espèces migratrices - Les oiseaux L'hydrographie. Le privilège climatique de la France lui assure de bonnes ressources en eau, sous la forme de vastes nappes souterraines et d'un réseau hydrographique très fourni, constitué de quelques grands fleuves et d'une multitude de rivières. La France possède quatre fleuves principaux : la Seine, la Loire, la Garonne et le Rhône ; les deux premiers ont leur cours entièrement en France ; les deux autres prennent respectivement leur source en Espagne et en Suisse. En outre, le Rhin sert de frontière sur 180 km entre l'Alsace et l'Allemagne, tandis que la Meuse et l'Escaut ont leur cours supérieur en France. Enfin, de nombreux cours d'eau vont directement rejoindre la mer ; les plus importants de ces fleuves côtiers sont la Somme, l'Orne, la Vilaine, la Charente, l'Adour, l'Aude, l'Hérault et le Var. En raison de la faible superficie de leur bassin et de l'existence au centre du pays de l'ensemble montagneux du Massif central, les fleuves français sont de longueur et de débit modestes. Le plus long, la Loire, mesure 1 020 km, puis vient la Seine avec 776 km ; la Garonne et le Rhône ont respectivement 599 et 522 km de leur cours en France. Le débit moyen du plus abondant, le Rhône, est de 1 720 m3/s ; celui de la Garonne est de 7 00 m 3/s, celui de la Loire, de 900 m3/s et celui de la Seine, de 450 m3/s. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Adour Ain Aisne Allier Arc Ardèche Ariège Aube Aude Aveyron Charente Cher C orrèze Creuse Dordogne Doubs Drôme Durance Escaut Eure Gard Garonne Gers Hérault Ill Indre Isère Loing Loir Loire Lot Loue Lys Manche Marne Meurthe Meuse Moselle Odet Oise Orne Rance Rhin Rhône Romanche Sambre Saône Sarre Sarthe Seine Sèvre Nantaise Sèvre Niortaise S omme Sorgue Tarn Truyère Var Verdon Vésubie Vézère Viaur Vienne Vilaine Yonne Les livres France - la Seine aux Andelys, page 1984, volume 4 France - le Rhône au sud de Valence, page 1984, volume 4 France - la Garonne à Saint-Martory, page 1984, volume 4 Les aspects humains Les caractéristiques démographiques. La population française de l'Hexagone est sensiblement équivalente, en nombre, à la population du Royaume-Uni, légèrement supérieure à celle de l'Italie, et est beaucoup moins nombreuse que celle de l'Allemagne. Or, à la fin du XVIIIe siècle, elle était 40 % plus élevée que celle de l'Allemagne ou que celle de l'Italie, et 75 % plus élevée que celle du Royaume-Uni. C'est que la population française a entrepris beaucoup plus tôt que les autres sa « transition démographique «, qui l'a fait passer d'une fécondation et d'une mortalité fortes à une fécondation et à une mortalité faibles. Cependant, dans les années quarante, le comportement démographique des Français s'est modifié : au lieu d'à peine plus de 600 000 naissances par an, dans les années trente, on en compta jusqu'à 858 000 en 1950. On peut y voir un effet des lois sur la protection de la famille, votées après la stagnation démographique de l'entre-deuxguerres. Mais ce rejet du malthusianisme s'explique surtout par un changement de mentalité, influant sur les moeurs et sur la conception de la famille. La reprise de la natalité (le « baby-boom «) était due à des taux de fécondité plus élevés : de l'ordre de 3 enfants par femme, contre 2 ou à peine 2 avant la guerre. Cette tendance se poursuivit jusqu'en 1965 (862 300 naissances, taux de fécondité de 2,9), avant de se ralentir nettement, et, depuis 1983, le taux de fécondité est, en moyenne, de 1,7 : s'il reste supérieur à celui de la plupart des pays européens, il n'assure plus le renouvellement de la population. L'espérance de vie, qui n'était encore en 1960, que de 59 ans pour les hommes et 74 ans pour les femmes, n'a cessé de progresser : 74 ans pour les hommes et 82 ans pourles femmes en 1996 ; la mortalité infantile a atteint des taux très bas : moins de 50 décès d'enfants jusqu'à un an pour 10 000 naissances vivantes, contre 100 encore en 1980. La population française augmente du fait de l'excédent naturel : plus de 40 % entre 1946 et 1996, mais elle vieillit : durant ces cinquante ans, la part des personnes âgées de plus de 60 ans est passée de 16 % à plus de 20 % du total, alors que celle des jeunes de moins de 20 ans tombait de 29,5 % à moins de 26 %. En fait, la France est le premier pays du monde à avoir connu ce processus de vieillissement. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats baby-boom espérance de vie fécondité - 2.DÉMOGRAPHIE mortalité vieillissement Les médias France - évolution de la démographie France - les groupes d'âges de 1946 à 1997 France - structure de la population Les livres France - la pyramide des âges française en 1990, page 1987, volume 4 La densité et la répartition. La faiblesse de la densité moyenne est ce qui distingue le plus la population française de celle de la plupart des autres pays européens, en particulier ceux de l'Europe du Nord. La répartition du peuplement y est cependant des plus contrastées. 32 départements métropolitains dépassent la densité moyenne, alors que près d'un tiers n'atteint pas 50 habitants/km2. Les départements peu peuplés sont surtout situés dans une large bande centrale qui prend la France en écharpe du nord-nord-est au sud-sud-ouest, depuis les Ardennes et les plateaux de l'est et du sud du Bassin parisien jusqu'à la forêt des Landes et les montagnes pyrénéennes, en passant par les hauteurs du Massif central. Il faut y ajouter les régions des Alpes du Nord les plus élevées, et les régions les moins accessibles des Alpes du Sud. Localement, on dénombre bien des zones où le peuplement est très lâche : 22 000 communes françaises sur 36 000 ont moins de 500 habitants. Ainsi, sur près de la moitié du territoire, la densité est inférieure à 20 habitants/km2. À l'inverse, l'Île-de-France, qui comprend l'agglomération parisienne, et la région du Nord, avec ses vastes conurbations industrielles, ont des densités qui avoisinent celles que l'on trouve en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne. Des densités élevées caractérisent aussi l'est de la France, la région lyonnaise, le littoral méditerranéen et les couloirs de circulation que sont les grandes vallées. Dans l'ensemble, les plus forts contrastes de densité s'observent à l'est d'une ligne Le Havre-Perpignan, où se situent à la fois les concentrations urbaines et industrielles les plus importantes et les espaces ruraux ou montagneux les moins peuplés. Le peuplement de la moitié ouest est beaucoup moins hétérogène. Sur un fond général de peuplement peu dense, la population se regroupe dans les communes urbaines, qui ont au moins 2 000 habitants sur un territoire bâti de façon continue. Lorsqu'une même ville s'est étendue sur plusieurs communes, il s'agit d'une agglomération. 1 891 villes ou agglomérations couvrent seulement 15 % de la superficie, mais concentrent les trois quarts de la population française. Huit agglomérations urbaines ont plus de 500 000 habitants : Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nice et Nantes. L'écart entre les dimensions de la première et de la deuxième ville (rapport de 7 à 1 entre Paris et Lyon, contre 3 ou 4 à 1 dans la plupart des autres grands pays européens) est une caractéristique du réseau urbain de la France, hérité de son très long passé de centralisation. En conséquence, les grandes métropoles françaises apparaissent de petite dimension comparées à de grandes villes européennes comme Milan, Barcelone, Birmingham ou Francfort, qui ont chacune plus de 2 millions d'habitants. Onze autres agglomérations comptent plus de 300 000 habitants (Toulon, Grenoble, Strasbourg, Rouen, Valenciennes, Cannes, Nancy, Lens, Montpellier, Saint-Étienne et Dijon) et 44 autres, plus de 100 000 habitants. Plus de la moitié de la population est concentrée dans les 186 agglomérations de plus de 50 000 habitants (1 939 communes). Plus de 26 % habitent les 1 670 petites villes de moins de 50 000 habitants (3 361 communes), tandis que les quelque 31 000 communes rurales (85 % du nombre des communes et de la superficie de la France) n'abritent plus que moins de 15 % de la population. Les contrastes de densité actuels sont très largement hérités des mouvements de population intervenus au XIXe siècle, dus à l'exode rural et à l'industrialisation, dans un contexte de croissance démographique lente (à peu près 0,2 % par an). La période récente n'a pas eu sur la répartition du peuplement de conséquences comparables à celles de la première révolution industrielle. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats exode rural Les livres France France France France France France France - un clocher de village, page 1976, volume 4 chaumières briéronnes, en Loire-Atlantique, page 1985, volume 4 habitat rural du Cantal, page 1985, volume 4 Wissembourg, dans le Bas-Rhin, page 1985, volume 4 le Vieux-Mans, page 1986, volume 4 Montpellier, le quartier Antigone, page 1986, volume 4 Évry, préfecture de l'Essonne, page 1986, volume 4 La population active. Les économies occidentales sont caractérisées par une diminution du nombre des agriculteurs, un plafonnement des emplois dans l'industrie et une augmentation de ceux du secteur tertiaire (phénomène de tertiarisation). Dans ce processus général, la France occupe une position intermédiaire. Avec moins de 5 % d'agriculteurs, elle se situe loin des pays de l'Europe du Sud (plus de 10 % et même 20 % pour la Grèce), mais prend place entre le Royaume-Uni ou les États-Unis (moins de 3 %) et le Japon (plus de 7 %). La part de l'emploi industriel, passée sous la barre des 20 %, est moins forte qu'au Japon et surtout qu'en Allemagne, mais plus forte qu'aux ÉtatsUnis et au Royaume-Uni. Le secteur tertiaire, avec environ 69 %, place la France entre les pays d'Amérique du Nord, qui ont plus de 70 %, et le Japon, qui n'atteint pas 60 %. La population active, qui atteint les 25 millions de personnes depuis 1997, pourrait atteindre le chiffre de 27 millions en 2005, puis diminuer lentement. On attend de cette situation nouvelle qu'elle ait un effet positif sur le taux de chômage, alors que la proportion de demandeurs d'emploi était encore de plus de 12,3 % en 1997. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats population active Les médias France - emploi La diversité du peuplement. En termes de migrations humaines, la France a été et reste, en dépit de restrictions récentes, une terre d'accueil beaucoup plus qu'un foyer de dispersion. La population actuelle résulte d'un brassage de nombreux éléments d'origines diverses. Outre les colonies grecques des rives de la Méditerranée, des Ibères, dans le Sud-Ouest, des Ligures, dans le Sud-Est, des Celtes, dans le Centre et le Nord, habitaient la Gaule lorsqu'elle fut conquise par les Romains vers le milieu du Ier siècle avant l'ère chrétienne et occupée par eux pendant quatre siècles. Ce furent ensuite des infiltrations, puis des invasions de peuples germaniques, au Ve siècle : Francs, Wisigoths, Burgondes, les premiers donnant leur nom au pays ; aux IXe et Xe siècles se succédèrent les invasions des Magyars, les incursions des Arabes, dits Sarrasins, pirates partis de la côte africaine, enfin celles des Normands, qui s'installèrent dans la province qui porte leur nom. À ces origines ethniques diverses il faut ajouter l'afflux des étrangers venus se fixer en France (d'Europe, principalement des Portugais et des Espagnols ; d'Afrique, des Maghrébins). Entre 1946 et 1997, les soldes migratoires annuels ont été constamment positifs, les plus forts, consécutifs à l'appel de main-d'oeuvre puis à la décolonisation, se situant durant la période 1955-1973. Depuis les années quatrevingts, la proportion d'étrangers en France est de l'ordre de 6,3 %. Au total, l'immigration aura compté pour un quart dans l'augmentation de la population française. Les étrangers sont inégalement répartis ; ils sont très nombreux dans les grandes villes, Paris, Lyon, Marseille, et dans les villes industrielles du Nord et de Lorraine. Ils sont également plus nombreux dans la moitié est que dans la moitié ouest. Les deux tiers des étrangers qui ont un emploi sont des ouvriers. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Gaule - La civilisation gauloise - Une mosaïque humaine immigration migrations de populations La vie économique La France est un pays développé, un grand pays agricole et un vieux pays industriel, dont l'avenir est lié à celui de l'Union européenne, et ce sont précisément les perspectives d'union monétaire qui expliquent la politique du franc fort menée dans les années quatre-vingt-dix. En prévision de cette monnaie unique, le traité de Maastricht a fixé des critères dits « de convergence «, exigeant que dans les États membres le déficit public soit inférieur à 3 % du PIB. Depuis 1995, la France tente de réduire ses déficits publics. Bien que plus lente, cette résorbtion (3,2 % du PIB) lui permet d'être prête en 1999 pour le passage à l'Euro. L'année 1993, marquée par une récession plus grave que celle de 1975 (consécutive au premier choc pétrolier) semble éloignée. En plus de l'« effet Maastricht «, la marche vers la mondialisation de l'économie, entraînant une internationalisation de plus en plus poussée des échanges, impose des mutations structurelles de grande ampleur. La France, pour sa part, garde l'atout d'un commerce extérieur fortement excédentaire, et les innovations technologiques liées à l'informatique devraient apporter, dans les deux prochaines décennies, un supplément de croissance de l'ordre de 0,5 à 1 % par an. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats CEE - Du Marché commun au Marché unique - Vers l'union économique et monétaire (UEM) ? Union européenne (traité sur l') L'agriculture. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'agriculture, en France comme dans l'ensemble de l'Europe, a subi une profonde évolution, qui a parfois entraîné de graves crises. En 1960, un quart de la population française vivait encore du travail de la terre, mais la superficie cultivée était morcelée entre 2 millions d'exploitations, dont la moitié avait moins de 10 ha. Les revenus des exploitants agricoles étaient sensiblement inférieurs en moyenne à ceux des autres catégories socioprofessionnelles, en dépit du remembrement des terres ou des mesures d'aide spéciales (les « aides compensatrices «). Aussi est-ce dans le cadre européen du Marché commun que l'on a tenté de remédier à ces difficultés. La création de l'Europe verte a conduit l'agriculture française à se restructurer, au profit notamment des moyennes et grandes exploitations. En l'espace d'un quart de siècle le nombre d'exploitations a diminué de moitié : de 1 587 600 en 1970, il est tombé à 1 016 800 en 1988 et à 734 800 en 1995. Si en 1970, les exploitations de plus de 50 ha ne représentaient que 7,8 % de l'ensemble, aujourd'hui, elles représentent 27 % et concentrent 72 % de la superficie agricole utilisée (SAU). A partir de 1993, la réforme de la politique agricole commune (PAC), imposant un gel de 15 % des surfaces destinées aux céréales et aux oléo-protéagineux, a substitué en partie aux mesures traditionnelles de soutien par les prix des subventions d'exploitation à la branche agriculture. L'agriculture française se situe au premier rang européen et représente actuellement 22 % de la production agricole totale de l'Europe des quinze. La révolution agricole s'est appuyée sur les capitaux plus que sur la main-d'oeuvre. Elle a utilisé la motorisation, les sélections génétiques et les progrès de l'industrie chimique (engrais et produits de traitement). Ses effets les plus spectaculaires ont été la forte augmentation des quantités produites, le déclin de la société agricole et le développement rapide des interdépendances de l'agriculture avec l'industrie agroalimentaire. L'économie de marché domine désormais tous les secteurs de la vie agricole. Les productions d'autoconsommation disparaissent, et les exploitations se spécialisent pour s'adapter en permanence à l'environnement économique. Il en résulte une diminution du nombre des exploitations qui associent la polyculture et l'élevage à base de prairies permanentes, même dans le Sud-Ouest où ce modèle a pourtant été longtemps dominant. La mosaïque des spécialisations régionales s'est simplifiée. Les régions de grande culture, où l'on trouve des exploitations exclusivement céréalières ou qui combinent cultures céréalières, cultures industrielles (colza, betterave à sucre), plantes sarclées, cultures fourragères et légumineuses de plein champ, sont au centre du Bassin parisien, de la Beauce à la Champagne et de la Picardie à la Loire. Cette agriculture procure de hauts revenus. Ce système de production, typique du Bassin parisien, a gagné en direction de la Picardie occidentale et de la plaine des Flandres au nord, des plateaux champenois et lorrains à l'est, de la Touraine et de la Champagne berrichonne au sud. La spécialisation y est cependant moins intense ; l'association à l'élevage y est fréquente. Les régions spécialisées dans l'élevage ne se limitent pas aux pôles herbagers traditionnels, comme la Normandie ou les régions de montagnes. De plus, le système d'élevage a souvent été fractionné entre plusieurs régions. On distingue, par exemple, pour les bovins, les pays « naisseurs «, comme le Morvan, et les pays « engraisseurs «, ou d'« embouche «, comme le Charolais et, plus récemment, la Normandie et la Bretagne. Enfin, l'élevage industriel, ou élevage hors sol, s'est développé. Au total, les prairies et pâturages couvrent plus de 13 millions d'ha. Les régions plutôt spécialisées dans les élevages laitiers sont surtout localisées dans l'est de la France (Ardennes, Meuse, Jura et Alpes du Nord), dans le centre du Massif central et dans l'Ouest (des Charentes à la Picardie). La Nièvre, le Limousin, la Lozère et l'Aquitaine sont les grandes régions de l'élevage pour la viande ; la Bretagne est celle de l'élevage des porcs et des volailles. L'agriculture méditerranéenne se caractérise par une spécialisation des exploitations dans la viticulture, l'arboriculture et l'horticulture. Le vignoble français couvre un peu plus de 930 000 ha, les principales régions viticoles étant le Midi méditerranéen, le Sud-Ouest, la Bourgogne, la vallée du Rhône, le val de Loire, la Champagne et l'Alsace. Le vignoble de masse du LanguedocRoussillon écoule difficilement sa production, tandis que les vignobles de qualité en Bordelais, en Bourgogne-Beaujolais, en Alsace et en Champagne notamment ont une gamme de crus de renommée mondiale. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats agriculture - L'avenir de l'agriculture agriculture - Les différents systèmes d'agriculture - L'agriculture intensive CEE - Des politiques communes - La politique agricole commune (PAC) céréales - La céréaliculture élevage - L'élevage en France fruits - Le verger français politique agricole commune (PAC) vin - Les vins et leurs cépages vin - Les vins et leurs terroirs Les médias France - productions agricoles Les livres carte de la végétation et de l'utilisation du sol, page 1988, volume 4 France - paysage agricole, page 1988, volume 4 France - irrigation, page 1990, volume 4 France - récolte des fraises, page 1990, volume 4 France - cultures florales dans le Var, page 1990, volume 4 France - le vignoble de Champagne, page 1990, volume 4 France - le Salon de l'agriculture, page 1991, volume 4 La sylviculture. Ce secteur occupe en France une position paradoxale : alors que la superficie boisée couvre 16 millions d'hectares et représente la plus grande forêt de l'Europe des Quinze, les produits de la filière bois forment, après les produits pétroliers, le deuxième poste déficitaire de la balance commerciale. La forêt est inégalement répartie sur le territoire : le taux de boisement n'atteint pas 10 % dans le quart nordouest ; il dépasse le tiers de la superficie dans l'Est, de la Lorraine à la Provence, dans le Massif central, en Gironde et dans les Landes. Cette forêt appartient pour 73 % à des particuliers, avec une majorité de petites parcelles dont l'entretien est souvent négligé. Les collectivités locales en détiennent 17 %, surtout en montagne. Les forêts domaniales, propriété de l'État (10 % de la superficie), forment de grands massifs. Ce sont les exploitations en futaies qui produisent le bois d'oeuvre, dans les Landes, la Gironde, les Vosges, le Doubs, la Haute-Saône, la Nièvre, la Seine-Maritime. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats forêt - Histoire de la forêt française - Le renouveau à partir du XIXe siècle forêt - Les richesses de la forêt sylviculture Les médias France - forêt Les livres France - industrie du bois, page 1991, volume 4 La pêche. La France tire relativement peu de ressources de l'exploitation de la mer : l'activité de la pêche représente moins de 1 % des prises mondiales et le pays ne vient qu'au quatrième rang européen après le Danemark, l'Espagne et le Royaume-Uni, les importations ne cessant de progresser et aggravant ainsi le déficit de la filière. L'essentiel de la flotte se concentre sur le littoral de la Manche et de l'Atlantique jusqu'à la Vendée. C'est le port de Boulogne qui se classe au premier rang européen pour la transformation des produits de la mer. Les ports bretons effectuent les deux tiers des prises, avec surtout Brest, Lorient, Le Guilvinec et Concarneau, ce dernier étant le premier port européen pour la pêche au thon. Depuis quelque temps, l'aquaculture se développe, mais reste modeste en regard de ce que produisent, par exemple, le Danemark et la Norvège. Au total, l'agriculture, la sylviculture et la pêche ne représentent guère plus de 2 % du PIB de la France. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Boulogne-sur-Mer Les médias France - pêche Les livres France - chalutier de Lorient, page 1992, volume 4 France - les parcs à huîtres, page 1992, volume 4 L'industrie. La France occupe le cinquième rang dans le monde pour la production industrielle, mais sa part dans le total mondial a néanmoins diminué assez rapidement : d'un peu plus de 5 % vers la fin des années soixante-dix à moins de 3 % actuellement. Le poids de l'industrie française dans le monde ne résulte pas tant du fait d'une diminution de sa production que de l'augmentation plus rapide de celle d'autres pays. Ses positions étaient plus fortes dans certaines des productions qui ont caractérisé les première et deuxième révolutions industrielles qu'elles ne le sont pour des produits plus récents. La France reste pauvre en sources d'énergie. Le charbon n'est plus exploité qu'en Lorraine, en Provence (Gardanne), et très faiblement en Bourgogne (Blanzy), dans les Cévennes, en Midi-Pyrénées (bassin d'Aquitaine) et en Dauphiné. La production (55 millions de tonnes en 1962) a considérablement baissé après la fermeture de toutes les mines du Nord et du Pas-de-Calais et la suppression des neuf dixièmes des emplois dans les charbonnages. Le pétrole utilisé en France est importé en quasitotalité : 76 millions de tonnes en 1994, soit 30 millions de tonnes de moins qu'en 1973 et 41 % de la consommation énergétique. Les treize raffineries françaises ont une localisation surtout littorale : les principales sont celles de la Basse-Seine (Gonfreville-l'Orcher, Petit-Couronne, Port-Jérôme, Notre-Dame-de-Gravenchon), celle de Donges en Loire-Atlantique, celles de l'étang de Berre (Lavéra, Berre, La Mède, Fos), celle de Dunkerque et celle de Reichstett en Alsace. Deux oléoducs transportent les produits raffinés jusqu'à Paris par la vallée de la Seine et vers Lyon et l'Allemagne par le couloir Rhône-Saône. Les ressources en gaz s'épuisent à Lacq et ne couvrent plus que 10 % des besoins. La consommation augmentant rapidement, les importations proviennent des pays de l'ex-URSS, d'Algérie, de Norvège et des Pays-Bas. Un réseau de gazoducs en assure la distribution sur tout le territoire. Cependant, la production d'énergie électrique place la France au septième rang mondial et au deuxième rang pour la seule énergie nucléaire. Celle-ci, qui fournit les trois quarts de l'électricité française, est produite dans dix-sept sites : dans la vallée du Rhône, à Bugey, Saint-Alban, Cruas-Meysse et Tricastin ; sur la Loire, à Belleville, Dampierre-en-Burly, Chinon et Saint-Laurent-des-Eaux ; sur la Seine, à Nogent ; sur la Garonne, à Golfech et en Blayais ; en Normandie, à Flamanville, Paluel et Penly ; dans le Nord, à Gravelines et, dans l'Est, à Cattenom et Fessenheim. C'est cette production qui a permis de faire passer le taux global d'indépendance énergétique de 23 % en 1973 à plus de 50 % en 1997. La part de l'énergie d'origine hydraulique s'est fortement réduite, même si elle joue encore un rôle régulateur sur le marché de l'électricité. La grande période de la houille blanche, entre 1946 et 1970, a été marquée par l'équipement de nombreux sites sur des lacs de barrage comme à Tignes, ou au fil de l'eau comme à Donzère-Mondragon et Montélimar sur le Rhône ou à Kembs sur le Rhin. La France, relativement pauvre en minerais, doit en importer à hauteur de 55 % de ses besoins. En dehors du nickel de la Nouvelle-Calédonie, ses ressources s'épuisent : moins de 432 000 tonnes de minerai de fer ont été extraites en Lorraine en 1997 (moins du vingtième de la production de 1990), et la bauxite pourrait cesser d'être exploitée en Provence, à Brignoles et à Saint-Maximin. La sidérurgie française n'occupait plus, en 1997, que le douzième rang mondial. Elle s'est concentrée, avec la formation du groupe Usinor-Sacilor, nationalisé en 1981 puis privatisé en 1995, et s'est repliée sur un petit nombre de sites : en Lorraine, à Hayange, SerémangeErzange, Florange et Gandrange, près de Thionville, ainsi qu'à Pont-à-Mousson, entre Metz et Nancy. Dans le Nord - essentiellement à Dunkerque -, il est désormais produit plus de fonte et d'acier qu'en Lorraine. Quelques autres usines subsistent dans les régions de Caen et de Nantes, sur la bordure est du Massif central (à Imphy, Gueugnon et Firminy), dans les Alpes du Nord et à Fos. La métallurgie de l'aluminium est implantée à proximité de centres de production d'électricité dans les Alpes du Nord, à Noguères dans les Pyrénées et, depuis 1993 à Dunkerque, près d'une centrale thermique. La proximité des produits de base demeure un facteur de localisation des industries de transformation. Ainsi, la carbochimie se situe sur les gisements houillers de Lorraine (Carling), et la pétrochimie, dans les estuaires de la Seine (GrandQuevilly, Port-Jérôme, Gonfreville...) et de la Loire (Donges, Cordemais) ainsi qu'au bord de l'étang de Berre ou sur les rives du Rhône, au sud de Lyon. Les industries de la pharmacie et de la parachimie sont plus dispersées. Géographiquement, les industries mécaniques et électriques étaient, autrefois, surtout concentrées dans les régions parisienne et lyonnaise ; elles se sont ensuite disséminées dans tout le pays. La construction automobile a essaimé de Paris vers l'aval de la vallée de la Seine (Renault à Flins, Cléon, Sandouville) et vers l'ouest (Renault au Mans, Citroën à Rennes-La Janais), puis dans le Nord (à Douai, Ruitz, Douvrin-La Bassée et Valenciennes), à Bordeaux, et dans la région lyonnaise pour les véhicules industriels. Installé principalement à Sochaux, Peugeot a également diversifié ses sites ; l'entreprise est présente notamment à Mulhouse et à Vesoul. Alors que la construction navale s'est repliée sur les seuls chantiers de l'Atlantique, à Nantes-Saint-Nazaire (la France étant toutefois le deuxième constructeur mondial de bateaux de plaisance), la construction aérospatiale, qui conserve un important foyer dans la région parisienne (Les Mureaux, Évry-Corbeil, Verrières-le-Buisson), est bien représentée dans le Sud-Ouest : à Toulouse, Bordeaux-Mérignac, Agen, Tarnos et Anglet près de Bayonne, à Bordes et Ossun près de Pau, ainsi que dans le Sud-Est : à Cannes, Mandelieu, Marignane et Valence. Outre la bonne position mondiale qu'elle détient - avec ses partenaires européens du programme Ariane - dans l'industrie spatiale et aéronautique, la France figure parmi les grands pays pour la fabrication des armements (troisième rang mondial), pour le matériel de transport (TGV) et pour les techniques de communication (fibres optiques, Minitel, etc.). Elle est, en revanche, moins bien placée pour la production de matériel informatique. Dans le domaine textile, la France garde un bon rang pour les filés de laine et de coton, ceux de textiles artificiels et synthétiques, mais l'ensemble de son industrie textile a beaucoup pâti de la concurrence internationale, et les suppressions d'emplois y ont été nombreuses. Elle demeure toutefois implantée dans le Nord, qui assure 80 % de la filature de la laine et 40 % de celle du coton, dans l'Est, autour de Mulhouse et des vallées vosgiennes, dans l'Aube, où Troyes fabrique le quart de la bonneterie française, dans la région lyonnaise, avec les soieries à Lyon et les cotonnades à Roanne, dans le Choletais pour la confection, dans plusieurs villes du Midi, comme Lavelanet, où l'on travaille la laine - mais où la crise est sévère -, et enfin à Paris, où sont installées 40 % des entreprises de l'habillement, de haute couture comme de prêt-à-porter. Les industries agroalimentaires sont celles qui constituent le premier secteur industriel par le chiffre d'affaires ; elles réalisent le sixième des exportations et dégagent un solde commercial excédentaire. Les meuneries, biscuiteries et usines de pâtes alimentaires sont dispersées dans les régions céréalières (Beauce, Brie, Aquitaine) et dans les ports (Nantes, Marseille). Les sucreries se situent dans le Nord, en Normandie et en Seine-et-Marne. Les principales laiteries et fromageries se trouvent en Normandie, en Savoie et dans le Dauphiné, dans le Massif central et en Franche-Comté. Les brasseries se sont implantées dans le Nord (Lille), le Nord-Est et l'Est (Maxéville, Champigneulles, Bar-le-Duc, Strasbourg), et les distilleries, surtout dans le Nord, en Bretagne, en Normandie et dans les Charentes. Les eaux thermales, quant à elles, sont mises en bouteilles près des sources : dans le Massif central, les Pyrénées, les Vosges et les Alpes. Les industries du luxe font partie de l'image de la France dans le monde. Elles exportent plus des deux tiers de leurs produits prestigieux vers le Japon, les pays de l'Union européenne et les États-Unis. La haute couture, la joaillerie, la parfumerie, les arts de la table... ont ainsi des « griffes « mondialement connues et appréciées. Très concentrées dans la région parisienne, ces entreprises recherchées pour leurs profits élevés sont parfois passées sous le contrôle de capitaux étrangers, ou ont formé des groupes rassemblant plusieurs sociétés. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats armement - L'industrie de l'armement automobile - La construction automobile aviation - L'industrie aéronautique - Une industrie très concentrée Berre (étang de) Bugey centrales - Les centrales nucléaires Charbonnages de France (CdF) chimie - L'industrie chimique - La carbochimie et la pétrochimie EDF (Électricité de France) électricité - La production française d'électricité énergie - Les sources d'énergie industrielles - L'énergie nucléaire habillement habillement - L'industrie de l'habillement en France Lacq métallurgie métallurgie - L'économie de la métallurgie mine - 1.INDUSTRIE navires - La construction navale sidérurgie sidérurgie - Le contexte économique textiles - Le secteur du textile-habillement travaux publics - Les grandes disciplines des travaux publics - Les ouvrages d'art travaux publics - Les travaux publics dans l'économie Tricastin Usinor-Sacilor Les médias France - produits du sous-sol France - production énergétique France - production industrielle Les livres France - carte de l'énergie, page 1994, volume 4 France - la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, dans l'Ardèche, page 1994, volume 4 France - foyers industriels, page 1995, volume 4 France - industrie des biens de consommation, page 1995, volume 4 France industrielle (la), page 1995, volume 4 France France France France France France France France - industries de transformation, page 1995, volume 4 - industrie pharmaceutique, page 1996, volume 4 - industrie du verre, page 1996, volume 4 - construction automobile, page 1996, volume 4 - constructions électriques et électroniques, page 1996, volume 4 - industrie textile, page 1997, volume 4 - industrie agroalimentaire, page 1997, volume 4 - industrie de luxe, page 1997, volume 4 Les activités de services. Le secteur tertiaire représente désormais plus de 70 % du PIB. La plupart des activités tertiaires sont destinées à la consommation interne et se localisent conformément à la population des villes. Le commerce indépendant décline (autour de 50 % de la distribution en 1994, contre 76 % en 1970) ; le commerce dit intégré, en grande surface, s'étend, tout en restant contrôlé par un capitalisme familial. Au cours des années 1960-1980, les services destinés aux particuliers ont beaucoup progressé ; mais, maintenant, ce sont les services aux entreprises qui croissent le plus vite. Ces activités spécialisées tendent à se concentrer à Paris et dans les capitales régionales. Le tourisme contribue à revitaliser des régions rurales, notamment la haute montagne grâce au développement des sports d'hiver. Il entraîne de fortes spécialisations des stations d'accueil, et même de régions entières, sur les littoraux en particulier. Certaines activités prennent de plus en plus d'importance à l'échelle mondiale. Ainsi, la France a très vite occupé le deuxième rang mondial pour les sociétés de services et d'ingénierie informatiques, et son réseau bancaire se place au troisième rang mondial, après ceux du Japon et des États-Unis. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats services tourisme - Les retombées géographiques et économiques du tourisme Les livres France - Port-Grimaud, page 1998, volume 4 Les transports. Avec l'accroissement de la mobilité, la demande de transport progresse. La France se classe au premier rang en Europe pour le trafic voyageurs par voie ferrée. Depuis 1981, le TGV relie Paris et Lyon, à la vitesse de 270 km/h ; le TGV-Méditerranée atteindra Marseille avant l'an 2000. Le TGV-Atlantique, à la vitesse de 300 km/h, met, depuis 1989, Le Mans et Tours à une heure de Paris, Rennes à moins de deux heures, et circule par les voies anciennes jusqu'à Brest, Quimper, Nantes, La Rochelle et Bordeaux. Le TGV-Nord atteint Lille et, au-delà, Londres par le tunnel sous la Manche ; il dessert aussi Bruxelles, puis atteindra Amsterdam et Cologne. Une interconnexion de ces voies rapides contourne Paris par l'est, avec trois gares : Massy, Marne-la-Vallée et Roissy (aéroport Charles-de-Gaulle). Sont également prévus un TGV transalpin de Lyon à Turin, un TGV-Est de Paris à Strasbourg, et un autre de Strasbourg à Lyon par Dijon. À terme, aucune ville de moyenne importance ne devrait être à plus de 50 km du réseau TGV. Le réseau routier est un des plus denses du monde. Les voies sont classées selon la collectivité à qui incombe leur entretien : 28 000 km de routes nationales, 350 000 km de routes départementales et 450 000 km de chemins vicinaux. Le réseau est moins bien doté en autoroutes : 9 000 km ; 2 600 kilomètres supplémentaires sont prévus d'ici à 2003. Le trafic aérien, qui a été longtemps en très forte augmentation, au point de dépasser les 50 milliards de passagers/km et les 5 milliards de tonnes/km, connaît aussi des fluctuations. Sur les lignes intérieures, les trois quarts des passagers circulent sur les lignes radiales, au départ ou à destination de Paris. En 1994, les trois aéroports de Paris (Roissy-Charles-de-Gaulle, Orly, Le Bourget) ont totalisé plus de 54 millions de passagers ; l'aéroport de Nice en a enregistré plus de 6 millions, et ceux de Marseille-Marignane, Lyon-Satolas et Toulouse-Blagnac, un peu moins de 5 millions chacun. Enfin, les 8 500 km de voies navigables assurent une part décroissante des flux de marchandises (baisse de plus de 45 % depuis 1970). Les ports de commerce maritimes (Marseille, Le Havre, Dunkerque, en tête) ont un trafic global de l'ordre de 300 millions de tonnes, soit l'équivalent de celui de Rotterdam. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats chemin de fer - Le rôle économique du chemin de fer aujourd'hui L'industrie ferroviaire française Manche (tunnel sous la) port TGV (train à grande vitesse) transports Les médias France - ports maritimes Les livres France France France France - l'autoroute A7, page 1999, volume 4 le TGV-Atlantique, page 1999, volume 4 avion-cargo d'Air-France, page 1999, volume 4 le métro de Marseille, page 1999, volume 4 Le commerce extérieur. Au cours des dernières décennies, l'ouverture sur l'extérieur de l'économie française s'est accrue ; les exportations représentaient 23 % du PIB en 1994 contre 15 % dans les années soixante-dix. Quatrième puissance exportatrice derrière l'Allemagne, le Japon et les États-Unis, la France a pourtant eu plus souvent une balance commerciale déficitaire qu'excédentaire. Le déficit s'est creusé en 1981-1982. Puis le solde extérieur a atteint un équilibre précaire vers 1986, avant de se dégrader de nouveau, jusqu'en 1990. Mais en 1997, l'excédent des échanges extérieurs de biens et services a atteint près de 175 milliards de francs. Les moteurs de l'excédent commercial sont, par ordre d'importance, les secteurs de la construction navale, de l'aéronautique et de l'armement, les produits de la parachimie et de la pharmacie, les produits agroalimentaires, les matériels de transport et les produits de l'agriculture. Par ses échanges avec l'étranger, la France apparaît comme une puissance intermédiaire. Elle est déficitaire dans ses échanges de produits industriels avec les pays occidentaux et excédentaire avec certains pays en voie de développement. Les performances françaises sont meilleures dans les échanges de services, qui sont depuis longtemps excédentaires. La France est le deuxième pays exportateur de services, après les États-Unis. Son bilan est déficitaire pour les brevets et redevances ; il est positif pour les grands travaux et la coopération technique, surtout avec les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Il l'est également pour les ressources issues du tourisme, la France détenant le premier rang dans le monde pour le montant de devises. Au total, plus de 63 % des échanges se font avec les pays de l'Union européenne (l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni venant en tête), et plus de 80 % avec des pays appartenant à l'OCDE. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats exportation L'organisation de l'espace Le territoire français est caractérisé par une opposition marquée entre Paris et les Régions de province, mais également par des contrastes entre l'Ouest et l'Est et, dans une moindre mesure, entre le Nord et le Sud. La prééminence parisienne. Le déséquilibre entre la capitale et la province engendre les principaux contrastes du territoire à l'échelle régionale et oriente le tracé des principaux flux. L'histoire de la France, pays doté d'une administration centralisée depuis au moins le XIIIe siècle, explique cette configuration à peu près unique en Europe. Elle se traduit par d'importantes inégalités quantitatives, mais aussi par des différences qualitatives, économiques et sociales, entre la région parisienne et les autres Régions françaises. Sur 2,2 % de la superficie du territoire, la Région d'Île-de-France regroupe 19 % de la population métropolitaine (contre 16 % au lendemain de la Seconde Guerre mondiale), et le revenu brut disponible par habitant (103 600 francs en 1992) y est 30 % plus élevé que la moyenne française dans le reste de l'Hexagone. Elle atire les activités les plus riches en valeur ajoutée, les techniques de pointe et les professions les plus qualifiées ; les deux tiers des organismes de recherche privés et publics y sont rassemblés. Il est vrai qu'en contrepartie les coûts des biens de consommation, les logements en particulier, y sont très élevés. Le déséquilibre entre Paris et la province se traduit également dans la disposition des grandes voies de circulation. La forme des différents réseaux, en étoile centrée sur Paris, contraste avec ceux, en connexion triangulaire, des pays voisins. Le poids de la capitale en tant que noeud de trafic est démesuré : Paris monopolise le trafic aérien, avec les trois cinquièmes des passagers et 70 % du fret, et, même pour le trafic portuaire, Paris, bien que port fluvial, arrive en troisième position, après les ports maritimes de Marseille et du Havre, et avant celui de Dunkerque. Dans le domaine des relations internationales, outre la prépondérance normale que lui assurent ses fonctions politiques, Paris joue un rôle de plaque tournante pour les échanges de toute nature avec l'étranger. Une partie très importante du commerce extérieur français transite par la capitale. La moitié des étrangers vivant en France résident en région parisienne. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Île-de-France Paris - Géographie - Les fonctions économiques Paris - Introduction Les livres France - affluence en gare du Nord, à Paris, page 2000, volume 4 France - étudiants de la faculté d'Orsay, page 2000, volume 4 Les disparités régionales. Les autres grands contrastes qui marquent encore le territoire français ne sont pas matérialisés par des relations d'interdépendance aussi fortes. Il s'agit plutôt d'inégalités de développement - malgré les diverses politiques d'aménagement qui se sont succédé depuis les années soixante. Un contraste de nature plutôt économique persiste entre la France de l'Est et la France de l'Ouest, de part et d'autre d'une ligne joignant Le Havre à Marseille. C'est une des coupures les plus stables du territoire, qui était déjà perceptible au XVIIIe siècle, et qui a été signalée par des statisticiens dès le début du XIXe siècle. Les Régions les plus riches se trouvent toutes au nord-est de cette ligne : l'Île-de-France, l'Alsace, la Haute-Normandie, les Régions Rhône-Alpes et Champagne-Ardenne sont en tête pour le PIB par habitant, alors que le Limousin, le Languedoc-Roussillon, le Poitou-Charentes, la Bretagne et la Basse-Normandie accusent des retards. Au nordest se situent les Régions aux activités industrielles et tertiaires, au sud-ouest, les Régions demeurées plus agricoles, même s'il s'agit de différences relatives, plus réduites qu'autrefois, puisque le secteur tertiaire emploie désormais plus de la moitié des actifs dans toutes les Régions. Cette disparité dans la modernisation des modes de production se retrouve dans les inégalités de la concentration technique et juridique des entreprises : les établissements et les entreprises sont en moyenne plus grands au nord et à l'est qu'au sud et à l'ouest. Les salaires, toutes choses étant égales d'ailleurs quant aux structures d'activité, sont toujours plus élevés dans la France du Nord et de l'Est. Le peuplement traduit encore ces inégalités anciennes dans la diffusion des progrès économiques : les régions du Nord, de l'Est et du SudEst sont urbanisées à 80 % et rassemblent les quatre métropoles millionnaires : Paris, Lyon, Marseille et Lille, tandis que les régions du Sud, du Sud-Ouest et de l'Ouest ne sont urbanisées qu'à 60 % et n'ont que quatre des vingt agglomérations les plus peuplées. Même les campagnes de la France du Nord-Est sont beaucoup plus intégrées au monde industriel et tertiaire que celles du Sud et de l'Ouest. L'évolution depuis la fin des années soixante a cependant beaucoup réduit cette opposition traditionnelle entre France industrielle et France agricole. En effet, les spécialisations industrielles de la France du Nord et de l'Est ont été très amoindries, du fait des difficultés des secteurs textile, minier et sidérurgique. À l'inverse, les activités innovantes se sont déplacées vers le sud, comme en témoigne le dynamisme de Toulouse, de Montpellier, ainsi que de Bordeaux depuis la fin des années soixante-dix. Dans les années quatre-vingt, les taux les plus forts de productivité du travail, ou valeur ajoutée par travailleur dans l'industrie, se trouvaient, outre dans la région parisienne et en Haute-Normandie, dans les régions du Sud et de l'Aquitaine. Mais la proximité de la grande dorsale urbaine, industrielle et financière de l'Europe, de Londres à Milan, qui explique le plus grand développement du Nord-Est, peut encore avantager les régions du Nord et de l'Est, à la faveur d'une plus grande ouverture européenne. Les contrastes qui persistent entre France du Nord et France du Sud sont de bien moindre intensité. Le Midi, en raison de son climat, attire davantage les migrants, retraités ou pas, que les régions septentrionales. Mais le contraste entre le Nord et le Sud résulte surtout d'un héritage historique que les brassages de populations n'ont pas fait disparaître. Pour les structures foncières, l'ancienne division entre pays de droit coutumier au nord et pays de droit romain au sud explique sans doute que les exploitations agricoles soient en moyenne plus petites mais en faire-valoir direct au sud, plus grandes et en fermage au nord. Il est plus difficile de dire si ce clivage rend également compte des différences qui subsistent dans le domaine des comportements démographiques et culturels, ou bien si l'éloignement des grands foyers de l'économie moderne a aussi joué son rôle. Il reste que les populations du Sud ont un comportement plus malthusien, avec une fécondité plus basse que celles du Nord : les dix-neuf départements où le taux de fécondité dépasse le simple renouvellement de la population sont tous au nord d'une ligne qui va de La Rochelle à Lyon en passant par Orléans. En outre, la mortalité est plus élevée en moyenne au nord qu'au sud. Les niveaux de formation, eux, sont plus élevés au sud et à Paris que dans la moitié nord. Ces deux différences se sont inversées au cours des deux derniers siècles, en maintenant cependant la même configuration géographique : à la fin du XVIIIe siècle, la fécondité augmentait du nord au midi ; la France alphabétisée était au nord et la France illettrée, au sud. Les situations se sont rapprochées au cours du XIXe siècle, puis inversées à partir du début du XXe siècle. Ruraux et citadins. Longtemps, on a insisté sur l'opposition entre la ville et la campagne, entre le citadin et le rural. Aujourd'hui, les contrastes se sont atténués. Toutefois, beaucoup de différences subsistent à mesure que l'on passe des plus petites communes rurales aux plus grandes agglomérations urbaines. Dans l'ensemble, les revenus des ménages s'élèvent régulièrement avec la dimension de la commune ou de la ville qu'ils habitent. En revanche, si 56 % des ruraux sont propriétaires contre seulement 32 % des citadins, et si les logements urbains sont en moyenne plus récents, la part consacrée aux autres équipements et la consommation des ménages en général ne permettent plus de distinguer le mode de vie citadin de celui de la campagne. La composition sociale de la population se modifie progressivement en fonction de la taille des communes : les agriculteurs sont devenus minoritaires même dans les campagnes « profondes « ; ils forment en effet moins d'un quart des actifs hors des zones de peuplement industriel et urbain (ZPIU). De plus, un agriculteur sur cinq est un « double actif «, qui pratique aussi une autre activité. Les ouvriers sont à peu près aussi nombreux partout, un peu plus dans les petites villes. Ce sont surtout les professions les plus qualifiées qui sont concentrées dans les plus grandes villes : les cadres supérieurs passent de moins de 6 % des actifs à plus de 9 % au-dessus du seuil de 200 000 habitants. La localisation des services à la population est ce qui dépend le plus du nombre d'habitants des communes. À l'échelle locale, l'organisation du territoire s'effectue en fonction du peuplement. Les équipements se hiérarchisent selon la quantité de population nécessaire à leur création. Environ sept mille communes, toutes rurales et souvent parmi les plus petites (moins de 100 habitants), sont totalement dépourvues de tout commerce ou service. Leurs habitants, soit 5 % de la population française, n'ont pas de magasins à moins de 7 à 8 km en moyenne pour se procurer les biens les plus élémentaires. Entre 100 et 500 habitants, la plupart des communes possèdent une école, un café (qui fait souvent office de marchand de journaux et bureau de tabac) et un service religieux hebdomadaire. Cela se retrouve dans plus de 60 % des communes, et même dans 80 % d'entre elles pour l'école. Cela fait que plus de 93 % des habitants disposent de celle-ci dans leur commune de résidence. Les fonctions élémentaires de rencontre et d'échange social et culturel sont donc en moyenne plus proches des Français que celles répondant à des besoins matériels. Ceux-ci sont satisfaits d'abord dans des villages-centres de 500 à 1 000 habitants, qui regroupent les commerces alimentaires de base (épicerie, boulangerie, boucherie) et quelques artisans. Les commerces non alimentaires (librairie, confection, électroménager, fioul...), les cabinets médicaux ou paramédicaux, le bureau de poste, la pharmacie, la banque apparaissent plutôt dans les bourgs de 1 000 à 2 500 habitants. Cette hiérarchisation des équipements se poursuit selon les villes : dans les chefs-lieux de canton et dans les toutes petites villes (jusqu'à 5 000 habitants), on trouve éventuellement le magasin de meubles, celui d'articles de sport, la poissonnerie, la caisse d'épargne, la caserne des pompiers, la perception, la gendarmerie, le collège, le supermarché. Les petites villes (jusqu'à 20 000 habitants) peuvent ajouter à ces équipements le cinéma, l'hôpital et la maternité, le laboratoire d'analyses médicales, le bureau de sécurité sociale, la piscine, la bibliothèque, les médecins spécialistes. Les transports urbains sont présents à partir de 50 000 habitants. C'est en principe au-dessus de 100 000 habitants que l'on trouve systématiquement des hypermarchés et des centres commerciaux, des musées... et au-dessus de 200 000 habitants, des grands magasins, des crèches, des universités et une gamme complète d'équipements culturels. Le recours à ces différents services dessine autour de chaque centre une convergence de flux. Ces mouvements de population quotidiens ou hebdomadaires, dont le rayon dépend de l'importance du centre, s'ajoutent aux navettes journalières entre le domicile et le lieu de travail, à l'intérieur des bassins d'emploi. Cadres de ces déplacements, les espaces de vie des Français ont été façonnés par des millénaires de travaux agricoles, ou par des siècles de fastes urbains. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats habitat - L'habitat rural - Habitat groupé et habitat dispersé Les livres France - foire aux bovins, page 2000, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alsace Aquitaine Auvergne Bourgogne Bretagne Centre Champagne-Ardenne C orse Franche-Comté Île-de-France Languedoc-Roussillon Limousin Lorraine Midi-Pyrénées Nord-Pas-de-Calais Normandie (Basse-) Normandie (Haute-) Pays de la Loire Picardie Poitou-Charentes Provence-Alpes-Côte d'Azur Rhône-Alpes Histoire L'étude et l'enseignement de l'histoire de France jouèrent un rôle précoce et durable dans la construction de l'identité nationale par la prise de conscience politique et sentimentale d'une originalité française. Depuis le début des années trente, l'élargissement des domaines de recherche à l'économie ou à la sociologie et la diversification d'analyses parfois antagonistes ont conduit à renouveler le genre qu'on appelle l'histoire de France. Moins liée à une succession de personnalités en qui l'on voyait des incarnations de l'exception française (Vercingétorix, Clovis, Jeanne d'Arc, Henri IV, Colbert, Napoléon, Clemenceau, de Gaulle), l'histoire de France n'est plus aujourd'hui exclusivement nationale, et est sans doute davantage méditerranéenne et européenne. Multipliant les points de vue et les objets de recherche, elle est devenue l'histoire de la création permanente de la nation française, par l'intégration progressive de maints apports extérieurs. Moins fervente, elle y a gagné en saveur et en précision. La préhistoire sur le territoire actuel de la France La préhistoire d'un pays s'étudie sur des espaces beaucoup plus vastes que ceux que délimitent ses frontières actuelles, et sur des périodes beaucoup plus longues que celles qu'on utilise pour les temps historiques. Néanmoins, il ne faut pas négliger la place qu'occupe la France dans les études préhistoriques : une recherche précoce et décentralisée, des climats préhistoriques favorables, des conditions de conservation exceptionnelles dans le Massif central dues à l'activité volcanique, des personnalités scientifiques de premier plan font de la France l'un des pays dont le territoire abrite le plus de sites connus et étudiés. Étouaires et Langeac dans le Massif central ont fourni les plus anciennes traces (2,6 à 2 millions d'années) d'activité humaine connues en Europe. On y a en effet retrouvé des pierres qui, n'appartenant pas au même environnement géologique, auraient été déplacées par l'homme. Abbeville et Saint-Acheul pour le paléolithique inférieur, Le Moustier pour la civilisation néanderthalienne, l'abri de CroMagnon aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil, dans le Périgord, pour le début du paléolithique supérieur sont devenus des sites majeurs qui ont donné leur nom à des faciès culturels, à des techniques ou à des outils. L'ensemble exceptionnel de la grotte de Lascaux a été à l'origine des études pionnières d'Henri Breuil et d'André Leroi-Gourhan, lesquelles ont abouti à une connaissance non seulement technologique mais aussi ethnologique et psychologique de l'art pariétal. Les recherches menées à Pincevent, sur un site de la fin du paléolithique supérieur (11000-10000 avant J.-C.), ont également apporté de nombreuses précisions sur la répartition fonctionnelle de l'habitat : taille du silex, foyer, dépeçage du gibier. La fouille exhaustive du village néolithique de Cuiry-lès-Chaudardes et la prospection menée dans la vallée de l'Aisne ont permis de mieux dater l'expansion néolithique dans le nord de l'Europe (6000-4000 avant J.-C.) et de préciser quelle était l'organisation spatiale des premières communautés villageoises. Les villages étaient alors constitués de grandes maisons de bois qui abritaient de larges groupes familiaux et leurs cheptels. La découverte, en 1994, des peintures de la grotte Chauvet, en Ardèche, antérieures à celles de Lascaux, est censée ouvrir de nouvelles voies de recherche. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats abbevillien acheuléen Breuil Henri Cro-Magnon Eyzies-de-Tayac-Sireuil (Les) Lascaux (grotte de) Leroi-Gourhan André magdalénien paléolithique Pincevent préhistoire Les livres France France France France - la Vénus à la corne, page 2002, volume 4 la Vénus de Brassempouy, page 2002, volume 4 statère gaulois en or à l'effigie de Vercingétorix, page 2002, volume 4 dolmen sur le site de Carnac, page 2002, volume 4 Des pouvoirs territoriaux à la Gaule romaine L'apparition de la métallurgie du bronze (vers 2000 avant J.-C.), puis celle du fer (1000 avant J.-C.) entraînèrent le développement d'un commerce au long cours, le long de la vallée du Rhône par exemple, et la constitution d'agglomérations protourbaines. Le territoire de la France actuelle, qui reçut le nom de Gaule après l'installation des Celtes au premier millénaire, s'organisa selon des axes de communication, des centres de production et de consommation qui allaient marquer durablement l'espace, tandis que les habitants voyaient leur horizon politique et économique dépasser largement les quelques kilomètres qui étaient jusque-là restés leur cadre de vie. Le monde des aristocrates gaulois, organisé en principautés territoriales indépendantes qui frappaient monnaie, comme le montre le trésor retrouvé à Trébry, alimenta précocement un commerce avec la Méditerranée dont témoignent les vases proto-corinthiens découverts dans la nécropole d'Agde ou le cratère de Vix. Population d'agriculteurs dirigée par une noblesse guerrière, les Gaulois avaient construit des ébauches de villes : les oppida. Ces centres fortifiés permirent de concentrer les activités d'échange et d'artisanat. Voir aussi le dossier Gaule. Les Romains conquirent progressivement la Gaule. À partir de 125 avant J.-C., le Midi fut occupé. Puis César s'empara de la « Gaule chevelue «, c'est-à-dire boisée, après avoir vaincu en 52 avant J.-C. les tribus gauloises coalisées sous l'autorité du chef arverne Vercingétorix. Auguste divisa la Gaule en provinces : Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise, Belgique. Une cité urbaine fut établie dans chacune des subdivisions territoriales (civitates), généralement sur l'emplacement des anciens oppida gaulois. L'intégration du pays dans le très grand marché que représentait l'Empire romain, l'enrichissement des élites et les travaux de bonification ou de centuriation (découpage géométrique du territoire en vue de son exploitation) provoquèrent un important décollage économique et social. Le développement urbain (Lyon, Saintes, Autun, Clermont, Troyes...) fut spectaculaire. Les richesses économiques, en partie utilisées dans les constructions édilitaires ou l'embellissement des villes (arènes de Nîmes et d'Arles, Maison carrée de Nîmes, arc de Saint-Rémy), permirent également d'accompagner la croissance démographique. La civilisation romaine donna alors à la Gaule l'essentiel des bases de ce qui allait être la culture française : l'écriture et la langue latines, le droit romain, un réseau urbain. Une société originale, résultat de la progressive interpénétration du monde gaulois et de l'administration romaine, vit le jour. Les dieux gaulois furent associés aux dieux latins et les élites gauloises, intégrées à la société romaine provinciale. Cependant, la christianisation progressive, dont le martyre de sainte Blandine à Lyon en 177 est l'une des premières manifestations connues, l'expansion de l'Église à partir du IIIe siècle et l'assimilation progressive des Barbares germains installés en Gaule aux IVe et Ve siècles finirent par provoquer une double rupture : politique avec Rome et culturelle avec le monde antique. V oir aussi galloromain. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Autun Blandine Celtes - Le monde celtique après la conquête romaine Celtes - Les Celtes face au monde antique César Jules gallo-romain Gaule - La civilisation gauloise - Une mosaïque humaine Gaule - La conquête romaine Gaule - La Gaule romanisée oppidum province romaine romain (droit) Rome - Histoire - Rome et l'Empire romain - Les bouleversements du Ier siècle avant J.-C Vercingétorix Vix Les livres France - un barbare défendant sa maison, page 2003, volume 4 De la Gaule à la France Les invasions et la monarchie mérovingienne. C'est sans doute avec l'installation en Gaule des Francs, des Burgondes, des Alamans et des Wisigoths, à la fin du IVe siècle, qu'il faut faire commencer l'histoire de France proprement dite. Si les grandes invasions du Ve siècle eurent un impact démographique très réduit, elles transformèrent de fait le paysage économique et politique, faisant cohabiter, puis fusionner, ainsi qu'en témoigne la toponymie, les anciennes populations gallo-romaines et les envahisseurs barbares dans ce qui devait devenir la nation française. Les villes, encloses de murs depuis les premières invasions du IIIe siècle, réduisirent leurs enceintes au cours du VIe siècle. Les terroirs se maintinrent pour l'essentiel, mais les grandes villae furent définitivement abandonnées au VIe siècle. La récession économique, liée à la perte des marchés méditerranéens, à la désorganisation du système routier dont l'entretien fut abandonné vers le VIIe siècle et à la raréfaction de la monnaie, fut aggravée par l'insécurité et le retour des grandes épidémies. La Gaule, qui avait perdu son unité politique avec l'effondrement de la puissance romaine consécutif à la grande invasion de 406, se réorganisa autour de deux pôles : l'évêque d'abord, puis, au VI e siècle, le comte représentant du pouvoir royal. Ayant chacun à administrer une circonscription, religieuse dans un cas, militaire et administrative dans l'autre - le pagus, ou diocèse, dont les limites, proches des départements actuels, correspondaient à peu près à celles des anciennes cités romaines -, ils créèrent des lieux de pouvoir autour desquels se reconstituèrent des solidarités, des circuits économiques et des systèmes défensifs qui forment aujourd'hui la base régionale de la France. La christianisation fit alors des progrès décisifs grâce à l'expansion du monachisme (Luxeuil, Jouarre, Jumièges), et la monarchie franque des Mérovingiens l'emporta sur les autres rois barbares grâce à ses liens avec l'Église. En effet, grâce à sa conversion et à son baptême à Reims par l'évêque Remy, en 496, Clovis (481/511) put bénéficier du soutien actif des évêques et des populations catholiques lorsqu'il entreprit de conquérir les royaumes burgonde (500), alaman (495-505) et wisigoth (bataille de Vouillé, 507), où les élites germaniques professaient l'hérésie arienne. Mais le pouvoir des Mérovingiens fut rapidement affaibli par les partages dynastiques à chaque succession. En effet, le royaume franc était alors considéré comme le bien propre du souverain, et il se trouvait soumis aux mêmes règles de transmission par héritage que les autres types de propriétés. Après le règne de Dagobert Ier (629/639), les Mérovingiens perdirent rapidement tout pouvoir, et l'historiographie traditionnelle a popularisé l'image de ces « rois fainéants « véhiculés d'un palais à l'autre sur des chars à boeufs. V oir aussi Mérovingiens. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alamans Austrasie Burgondes Childebert - Childebert Ier Childebert - Childebert II Childebert - Childebert III Childéric - Childéric Ier Childéric - Childéric II Childéric - Childéric III Chilpéric - Chilpéric Ier Chilpéric - Chilpéric II Clotaire - Clotaire Ier Clotaire - Clotaire II Clotaire - Clotaire III Clotaire - Clotaire IV Clovis - Clovis Ier Clovis - Clovis II Clovis - Clovis III c omte Dagobert - Dagobert Ier Dagobert - Dagobert II Dagobert - Dagobert III évêque fainéants (rois) Francs invasion Mérovingiens monachisme Neustrie (royaume de) Pépin - Pépin d'Herstal Thierry - Thierry Ier Thierry - Thierry II Thierry - Thierry III Thierry - Thierry IV Vouillé Wisigoths Les livres Pépin le Bref, page 3799, volume 7 France - la Gaule à la mort de Clovis, page 2004, volume 4 Les Carolingiens. Progressivement, les maires du palais des deux royaumes francs antagonistes de Neustrie et d'Austrasie, qui n'étaient à l'origine que de hauts fonctionnaires chargés de gérer la maison du roi, se substituèrent à l'autorité monarchique défaillante. L'un d'eux, Charles Martel (vers 688-741), arrêta à Poitiers, en 732, une coalition composée d'Aquitains, de Wisigoths et d'Arabes. En 751, Pépin le Bref, son fils (751/768), déposa le dernier roi mérovingien et fonda la nouvelle dynastie des Carolingiens. En échange de la remise de l'ancien exarchat byzantin de Ravenne, que Pépin avait reconquis sur les Lombards, le pape le fit sacrer par saint Boniface. Son fils Charlemagne (768/814), devenu le monarque le plus puissant d'Europe, reçut en 800 la dignité impériale, et reconstitua ainsi théoriquement l'Empire romain d'Occident. De son palais d'Aix-la-Chapelle, il administra un territoire qui dépassait largement les limites de l'ancienne Gaule. Ses efforts de réorganisation administrative, avec l'envoi de missi dominici chargés de parcourir l'empire pour faire exécuter ses ordres, et sa politique de renaissance culturelle, marquée par la réforme de la langue et de l'écriture et par la redécouverte des auteurs antiques, restèrent toutefois limités dans le temps. En 843, au traité de Verdun, qui devait modeler la future carte de l'Europe, l'empire de Louis le Pieux fut divisé par ses fils en trois royaumes : le premier, confié à Charles le Chauve, comprenait les territoires situés à l'ouest de l'Escaut, de la Meuse et du Rhône ; le deuxième, ceux qui s'étendaient à l'est du Rhin ; le troisième fut constitué par la bande comprise entre les deux précédents, plus l'Italie. Ce partage dynastique ainsi que les invasions normandes, puis hongroises, et plus généralement l'incapacité de la monarchie carolingienne à assurer la sécurité des frontières ou même des villes (les Normands assiégèrent Paris en 886), provoquèrent de nouveau un morcellement des pouvoirs et un effondrement du pouvoir royal. Les anciens fonctionnaires du roi, devenus princes héréditaires de leurs comtés, prirent alors une indépendance totale. Voir aussi Carolingiens. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aix-la-Chapelle Austrasie Boniface Carolingiens Charlemagne Charles - FRANCE - Charles II le Chauve Charles Martel Lothaire - Lothaire Ier Louis - EMPIRE D'OCCIDENT - Louis Ier le Pieux ou le Débonnaire Louis - FRANCE - Louis II le Bègue Louis - FRANCE - Louis III le Victorieux Louis - FRANCE - Louis IV d' Outremer Louis - FRANCE - Louis V le Fainéant Meerssen (traité de) missi dominici Neustrie (royaume de) Pépin - Pépin, dit le Bref Poitiers Raoul de Bourgogne sacre Verdun Les livres France - la mort de Charlemagne, page 2003, volume 4 La monarchie féodale (987-1285) À la mort du dernier roi carolingien, Louis V, en 987, les barons élurent à la dignité royale le duc de France Hugues Capet (987/996). Malgré la faiblesse de son pouvoir, il inaugura une lignée dynastique qui régna pendant huit siècles. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Hugues Ier Capet Louis - FRANCE - Louis V le Fainéant Les livres France - la France occidentale à l'avènement d'Hugues Capet, page 2004, volume 4 Les premiers Capétiens. La monarchie ne contrôlait directement qu'un territoire réduit, le domaine royal, et resta en marge des grands événements d'alors (conquête de l'Angleterre par les Normands en 1066, lutte entre le pape et l'empereur). Pourtant, Hugues Capet et ses successeurs réussirent à faire de l'institution royale une force de plus en plus présente et stable dans la féodalité naissante. Ils renoncèrent à la souveraineté impériale romaine pour la souveraineté royale, d'origine biblique, avec un sacre qui leur conférait des pouvoirs thaumaturgiques, tel celui de guérir les écrouelles, et ils assurèrent, de leur vivant, leur succession par l'association de leur fils aîné au pouvoir. Les premiers Capétiens permirent donc à la monarchie de jouir d'un prestige religieux et d'une continuité dynastique qui la mirent pour longtemps à l'abri des divisions et des contestations. Ils s'appuyèrent sur l'Église, en encourageant le mouvement de « paix de Dieu « qui visait à limiter les guerres privées entre seigneurs, en contribuant au développement du monachisme alors en pleine renaissance (Cluny, Cîteaux) et en participant activement aux croisades, dont la première fut prêchée à Clermont en 1095 par le pape français Urbain II. Les premiers rois capétiens durent cependant s'imposer face aux grands seigneurs territoriaux et à la masse des petits féodaux. Ainsi, au milieu du XI e siècle, Henri I er (1031/1060) ne contrôlait directement qu'un petit territoire entre la Loire et la Seine. L'organisation féodale des rapports hiérarchiques entre les hommes et la stabilisation du régime seigneurial fondé sur l'exploitation de la terre permirent au roi d'élargir son pouvoir. Il mena en effet une politique d'accroissement du domaine royal et tenta d'assurer un certain contrôle monarchique par des mariages et des alliances, et par la domination, en tant que suzerain, de l'ensemble de la hiérarchie féodale. Louis VI (1108/1137) imposa l'image du roi justicier en luttant systématiquement contre les seigneurs trop indépendants de son domaine. Parmi ceux-ci, les « tristes sires de Coucy «, qui vivaient de brigandages et rançonnaient les voyageurs, sont restés célèbres. Le roi sut faire respecter ses décisions par la force. Son conseiller, l'abbé Suger, fit de l'abbaye de Saint-Denis un centre de propagande de la monarchie. En 1137, le mariage du futur Louis VII avec Aliénor d'Aquitaine, qui appartenait à l'une des dynasties féodales les plus puissantes de l'époque, révéla les ambitions politiques du roi de France. Toutefois, le divorce du couple royal et le remariage d'Aliénor, en 1152, avec Henri Plantagenêt (roi d'Angleterre en 1154) devaient faire de ce dernier l'un des plus grands seigneurs du royaume de France puisque, déjà comte d'Anjou et duc de Normandie, il devenait, par cette union, le duc d'Aquitaine. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aliénor d'Aquitaine Anne de Russie Capétiens écrouelles Henri - FRANCE - Henri Ier Hugues Ier Capet Louis - FRANCE - Louis VI le Gros Louis - FRANCE - Louis VII le Jeune paix de Dieu Philippe - FRANCE - Philippe Ier Robert - FRANCE - Robert II Saint-Denis Suger Le « beau Moyen Âge «. L'affermissement de la puissance des Capétiens correspondit à une longue période d'expansion économique dans toute l'Europe. Dès la fin du Xe siècle, les techniques agricoles s'améliorèrent avec l'adoption de la rotation triennale et une meilleure utilisation des forces motrices animales (collier d'épaule, attelage en file, joug frontal pour les boeufs). Le fer remplaça de plus en plus le bois dans l'outillage, et l'utilisation de la charrue à roues et à versoir, connue dès l'époque gauloise, devint plus fréquente. Se conjuguant à une puissante poussée démographique, ces progrès suscitèrent un vaste mouvement de défrichement. Les champs et les pâturages avancèrent au détriment des marais, de la forêt ou de la mer (c'est l'époque où furent créés les polders en Flandre). De nouveaux villages, souvent dotés de franchises avantageuses, furent construits sur les terres conquises. Ils formèrent progressivement un réseau aux mailles plus serrées, qui se stabilisa et fixa les communautés rurales sur leur terroir, dans le cadre de la paroisse et de la seigneurie. La paysannerie resta dans l'ensemble misérable, malgré une amélioration sensible de ses conditions de vie (une alimentation plus variée, un habitat plus solide) et une diversification sociale et régionale de plus en plus grande. Les villes bénéficièrent de la réouverture des routes commerciales avec l'Orient grâce aux croisades. Elles profitèrent aussi d'une nouvelle vitalité du commerce international et régional et de la restauration du réseau routier (pont d'Avignon, 1184). Cette renaissance urbaine fut accompagnée d'un vaste mouvement communal, que la monarchie encouragea en dehors du domaine royal, dans le dessein d'affaiblir les pouvoirs des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques et de se constituer ainsi un réseau fidèle de « bonnes villes «. La plupart des cités acquirent alors un statut juridique qui leur assurait des droits et des privilèges fiscaux et juridictionnels. Les écoles de théologie fondées autour des cathédrales, à Chartres ou à Laon, puis les universités qui, comme la Sorbonne à Paris, jouissaient d'une large autonomie, firent des grandes villes du royaume des centres intellectuels de premier ordre qui concurrencèrent les monastères. Les activités artisanales, encadrées par la structure déjà rigide des « métiers «, prirent leur essor à l'intérieur des villes (tissage) ou à leur proximité immédiate (teinturerie, tannerie), ce qui entraîna de vives tensions sociales entre artisans et classes dirigeantes urbaines. C'est de cette époque qu'on peut dater l'apparition d'une bourgeoisie. L'enrichissement général, la circulation croissante des hommes (pèlerins, marchands et étudiants) et des marchandises, comme en témoigne l'essor des foires de Champagne, élargirent les horizons intellectuels et artistiques, et donnèrent le jour à la floraison gothique du XIIIe siècle. Philippe Auguste (1180/1223) fut le premier roi capétien à donner au royaume une place de premier plan en Europe. Il ajouta au domaine royal la Normandie, le Maine, l'Anjou et la Touraine, en les confisquant, sous un prétexte de droit féodal, au roi d'Angleterre Jean sans Terre. En 1214, il remporta à Bouvines une victoire importante contre l'empereur Otton IV et le comte de Flandre, alliés à Jean sans Terre. Cet événement (le « dimanche de Bouvines «) fut d'emblée considéré comme une victoire « française « contre une armée étrangère, et utilisé par l'historiographie monarchique pour manifester l'attachement réciproque du roi et de toutes les classes sociales du pays (et notamment de la chevalerie). Le fils de Philippe Auguste, le roi Louis VIII (1223/1226), conduisit la croisade contre les albigeois. Cette guerre contre des hérétiques, encouragée par le comte de Toulouse, fut en fait surtout un prétexte à la conquête du sud du pays par la monarchie, qui était restée jusque-là cantonnée au nord de la Loire. Louis IX (1226/1270), Saint-Louis, fut un souverain pieux, fidèle aux prescriptions de l'Église, jusque dans les persécutions contre les juifs. Attaché à défendre la justice royale, il donna à la dynastie un prestige et une autorité morale considérables. Après avoir participé à deux croisades, il mourut de la peste à Tunis en 1270. Sa canonisation, moins de trente ans après sa mort, ajouta encore au prestige de la lignée capétienne. La monarchie féodale capétienne put alors organiser l'ensemble du royaume en circonscriptions juridictionnelles dirigées par les baillis et les sénéchaux. Des enquêteurs furent chargés de veiller à la bonne application des ordres royaux dans toutes les parties du pays, et non plus seulement dans le domaine royal. Paris, capitale politique et lieu de résidence des rois, devint alors la plus grande ville de France et l'une des plus importantes d'Europe. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats albigeois bailli Bouvines Capétiens Isabelle - FRANCE - Isabelle d'Aragon Isabelle - FRANCE - Isabelle de France Isabelle - FRANCE - Isabelle de Hainaut Louis - FRANCE - Louis IX ou Saint Louis Louis - FRANCE - Louis VIII le Lion Paris - Histoire - Naissance d'une capitale Philippe - FRANCE - Philippe II Auguste Philippe - FRANCE - Philippe III le Hardi seigneurie sénéchal université Les livres Louis IX, page 2918, volume 6 Philippe II Auguste, page 3853, volume 7 France - la France à l'avènement de Philippe-Auguste, page 2004, volume 4 France - la France à la mort de Saint Louis, page 2004, volume 4 France - la France au traité de Cateau-Cambrésis, page 2005, volume 4 France - Saint Louis s'embarquant à Aigues-Mortes pour la septième croisade, page 2006, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats féodalité La construction de la France (1285-1661) Le règne de Philippe IV le Bel (1285/1314) ouvrit une période qui fut marquée par la construction en France d'un État moderne, limité par des frontières précises et bien défendues, et organisé depuis la capitale par une administration soumise au roi. Cette lente et difficile réforme politique dut s'imposer face à l'opposition d'une noblesse attachée à ses privilèges et face aux particularismes des provinces récemment annexées. Pour tenter de contrôler la papauté, dont il provoqua l'installation à Avignon, et pour obtenir de ses sujets de nouveaux subsides, dans un contexte de « crise de croissance « économique marqué par la pénurie de numéraire, Philippe le Bel dut en outre chercher à s'appuyer sur une opinion publique : les états, qu'il convoqua pour faire approuver ses décisions, comprenaient des nobles, des ecclésiastiques et aussi des bourgeois. À sa mort se succédèrent ses trois fils, Louis X (1314/1316), Philippe V (1316/1322) et Charles IV (1322/1328), mais ils moururent sans héritiers mâles viables. Il s'ensuivit alors une crise de succession qui fut le prélude à la guerre de Cent Ans. Pour éviter l'avènement sur le trône de France du roi d'Angleterre Édouard III, petit-fils par sa mère de Philippe le Bel, les barons du royaume donnèrent leur préférence à l'héritier mâle le plus proche, Philippe de Valois, petit-fils de Louis IX, qui régna sous le nom de Philippe VI (1328/1350). Une coutume franque, la « loi salique «, fut invoquée pour que la couronne de France ne fût ni portée ni transmise par les femmes. Ce fut l'origine de la dynastie des Valois, qui gouverna la France jusqu'en 1589. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Avignon Charles - FRANCE - Charles IV le Bel Édouard - Édouard III états généraux Louis - FRANCE - Louis X le Hutin Philippe - FRANCE - Philippe IV le Bel Philippe - FRANCE - Philippe V le Long Philippe - FRANCE - Philippe VI de Valois salique Valois La guerre de Cent Ans. En 1337, Édouard III d'Angleterre revendiqua la couronne de France, déclenchant ainsi un conflit qui devait durer plus d'un siècle. Cette prétention dynastique se greffait sur le grave contentieux d'origine féodale qui opposait les deux pays, le roi d'Angleterre étant le vassal du roi de France pour la Guyenne, que lui avait restituée Louis IX. La guerre de Cent Ans s'inscrivit dans une conjoncture de crise économique marquée par le retour des famines. En outre, la peste noire (1346/1348) fit périr le tiers de la population française, tandis que des bandes errantes de soldats, mal contrôlées par les deux camps, augmentaient encore l'insécurité. La monarchie dut alors affronter à la fois des armées anglaises mieux équipées et mieux préparées que les armées françaises, et les grands féodaux, qui saisirent toutes les occasions de s'émanciper de la tutelle royale (Bretagne, Bourgogne...). Les premiers Valois subirent de graves défaites (en 1346 à Crécy, en 1356 à Poitiers, en 1415 à Azincourt), et ils durent faire face aux révoltes paysannes (la Grande Jacquerie) ou urbaines (insurrection parisienne d'Étienne Marcel) ainsi qu'à des ligues féodales mobilisées à la fois par le rejet de l'État moderne et par l'humiliation d'une position économique et sociale déclinante. Sous le règne de Jean II le Bon (1350/1364), le pouvoir central fut très faible et contesté, surtout après la capture du roi par les Anglais à la bataille de Poitiers. C'est alors qu'Étienne Marcel tenta d'imposer au régent Charles un régime « parlementaire « garantissant la prise de contrôle du pouvoir royal par les élites bourgeoises (1356/1358). Mais cette première révolution parisienne se solda par un échec et Charles V (1364/1380) réussit un redressement spectaculaire, grâce notamment aux opérations militaires menées par le connétable Du Guesclin. À sa mort, les Anglais étaient pratiquement éliminés du continent. Mais la folie du roi Charles VI, qui régna de 1380 à 1422, mit de nouveau gravement en péril la monarchie française. Les plus grands seigneurs et les princes apanagés profitèrent de la situation pour chercher à s'imposer. Une véritable guerre civile opposa les Armagnacs (la faction réunie autour de Louis d'Orléans, le frère de Charles VI) aux Bourguignons. Ces derniers soutinrent les prétentions anglaises au trône de France contre la promesse d'une indépendance de fait du duc de Bourgogne. Ainsi, en 1420, fut signé le traité de Troyes qui déshéritait le dauphin Charles et désignait le roi d'Angleterre Henry V comme le successeur de Charles VI. Mais Henry V, puis Charles VI moururent en 1422. Le fils d'Henry V étant encore un jeune enfant, le duc de Bedford, son oncle, fut proclamé régent des deux royaumes, tandis que Charles VII (1422/1461) était réfugié à Bourges. Cependant, Jeanne d'Arc, une jeune bergère venue de Lorraine, se présenta devant le « petit roi de Bourges « pour l'exhorter à « bouter les Anglais hors de France « et à se faire sacrer à Reims. Elle réussit à libérer les principales villes du bord de Loire (Orléans, en 1429) et à accompagner le roi jusqu'à Reims. Mais, livrée par les Bourguignons aux Anglais, elle fut condamnée et brûlée vive à Rouen, le 30 mai 1431. L'intervention de Jeanne d'Arc, qui est devenue l'un des symboles de l'indépendance nationale dans l'historiographie traditionnelle, surtout après la Restauration, avait fait changer la fortune des armes. Charles VII, après avoir fait la paix avec les Bourguignons, entra dans la capitale en 1436. La victoire de Castillon (1453) lui permit de chasser définitivement les Anglais d'Aquitaine et de reconstituer le royaume. Son successeur, Louis XI (1461/1483), s'employa à soumettre les derniers États princiers (Bretagne et Bourgogne) et à agrandir le domaine royal. Commynes ou Machiavel citaient alors le royaume de France comme l'un des États les plus puissants et les plus équilibrés d'Europe. C'est, paradoxalement, quand la monarchie française était le plus affaiblie politiquement et militairement qu'elle trouva l'occasion de s'appuyer sur une organisation administrative et sur des fidélités nouvelles, sans pour autant cesser d'utiliser les ressources de la féodalité. Le pouvoir de la monarchie est sorti renforcé de l'épreuve que fut la guerre de Cent Ans. Des rois de grande qualité (Charles V, Charles VII), des serviteurs fidèles et efficaces (Nicolas Oresme, Philippe de Mézières, Bertrand Du Guesclin) permirent non seulement de sauver à plusieurs reprises le royaume du démantèlement mais aussi de jeter les bases d'une organisation fiscale et juridictionnelle dirigée depuis Paris par la Cour des comptes et le Parlement. Ces institutions nouvelles apportèrent à l'État une continuité administrative, indépendante des aléas militaires ou dynastiques, et fournirent aux rois successifs un réservoir fidèle de serviteurs lettrés. La présence de l'État, avec ses administrations, ses officiers et ses archives, devint alors plus régulière et plus familière. La pression fiscale, alourdie par le financement des guerres, ne cessa d'augmenter au cours de cette période ; d'exceptionnels qu'ils étaient au temps de la monarchie féodale, les impôts devinrent réguliers. Par ailleurs, la guerre avait révélé l'attachement de la « nation française « (le mot apparut alors) à ses rois. Les mutations dans l'organisation de l'État s'accompagnèrent d'un redressement économique important. Malgré la faiblesse technique, la médiocrité des échanges et les charges fiscales croissantes, les campagnes se relevèrent peu à peu. Il en fut de même des métiers. Des entreprises nouvelles se développèrent : la teinture de la tapisserie par Gobelin, l'imprimerie à la Sorbonne, la soie à Lyon ou les entreprises minières de Jacques Coeur dans le Massif central. En encourageant les foires de Lyon et en multipliant les réglementations des métiers, la monarchie s'efforça de contrôler les richesses produites et échangées. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Armagnacs Arras Azincourt Basin Thomas Berry (Jean de) Bourges Bourguignons (faction des) Bouvines Cent Ans (guerre de) Charles - FRANCE - Charles V le Sage Charles - FRANCE - Charles VI le Bien-Aimé Charles - FRANCE - Charles VII le Victorieux Crécy (bataille de) Du Guesclin Bertrand Édouard - Édouard III Henri - ANGLETERRE - Henry V jacquerie Jean - ANGLETERRE - Jean sans Terre Jean - FRANCE - Jean II le Bon ou le Brave Jeanne d'Arc, dite la Pucelle d'Orléans Louis - FRANCE - Louis X le Hutin Louis - FRANCE - Louis XI Maillotins (révolte des) Marcel Étienne Marie - FRANCE - Marie d'Anjou Oresme Nicolas Philippe - FRANCE - Philippe VI de Valois Poitiers Troyes Valois Les livres Jeanne d'Arc - La Pucelle accueillie à Chinon, page 2685, volume 5 Jeanne d'Arc - Portrait, page 2685, volume 5 Jeanne d'Arc - Comment la Pucelle fut prise dans Compiègne, page 2685, volume 5 Jeanne d'Arc comparaissant devant ses juges, page 2685, volume 5 Normandie, page 3461, volume 7 Philippe IV le Bel, page 3854, volume 7 Philippe VI de Valois, page 3854, volume 7 France - la France avant l'intervention de Jeanne d'Arc, page 2005, volume 4 France - la bataille de l'Écluse, page 2006, volume 4 France - Jeanne d'Arc au siège de Paris, page 2008, volume 4 France - Louis XI présidant un chapitre de l'ordre de Saint-Michel, page 2008, volume 4 La Renaissance en France. Ayant recouvré force et richesse et trouvé de nouvelles possibilités d'expansion, la monarchie française se lança alors dans les guerres d'Italie. La noblesse, inactive depuis la fin de la guerre de Cent Ans et la restauration de l'ordre, y trouva l'occasion de nouvelles aventures. Le personnage du noble chevalier animé par l'idéal chrétien de la croisade céda alors définitivement la place au cadet, rejeté par les successions et contraint de se mettre au service d'un bon seigneur plus puissant. Les expéditions militaires en Italie n'apportèrent aucun gain territorial durable et ouvrirent une longue rivalité entre la maison d'Autriche, héritière des ducs de Bourgogne, et la maison de France. Mais Charles VIII (1483/1498), Louis XII (1498/1515) et François Ier (1515/1547) en revinrent avec des architectes, des peintres et des intellectuels de la Renaissance italienne. Gagnés aux idées humanistes, ils diffusèrent dans le royaume des goûts nouveaux et influencèrent durablement les arts, désormais liés pour plusieurs siècles à l'Italie. Parallèlement, le cadre de vie se transformait. Même si tous les habitants du royaume ne bénéficièrent pas également de l'enrichissement et du luxe alimentaire et vestimentaire, chacun put constater les changements de l'architecture urbaine et la transformation des anciens châteaux forts en résidences confortables, d'où les éléments défensifs disparurent peu à peu. La cour, qui avait quitté Paris pour les bords de la Loire, devint le foyer de mode et de culture le plus important du royaume, et de nombreux artistes furent mis au service de la propagande royale. La renaissance économique qui avait été amorcée à la fin du XVe siècle s'amplifia dans toute l'Europe à la faveur des Grandes Découvertes, notamment celle de l'Amérique. Elle entraîna des bouleversements sociaux importants. Les bénéficiaires de la prospérité, principalement des bourgeois, marchands qui avaient su concentrer les nouvelles richesses, firent l'acquisition de propriétés foncières pour donner à leurs ambitions sociales des « bases plus fermes que les hasards du commerce, et coudre les prés aux bois et les bois aux labours « (Marc Bloch). Une aristocratie de l'argent, enrichie par le commerce et les prêts accordés à la monarchie, se développa. Les seigneurs, qui avaient la propriété réelle des terres dont ils percevaient une partie des fruits, ne furent plus seulement des nobles ou des clercs mais aussi des bourgeois, notamment autour des villes. Une gestion plus moderne des domaines agricoles favorisa les innovations techniques et les changements de culture, d'assolement ou d'élevage. L'État royal continua de se renforcer. Ainsi, au nom de l'inaliénabilité du domaine royal, le parlement de Paris cassa le traité de Madrid (1526) par lequel François I er , prisonnier, avait cédé à Charles Quint la Bourgogne en échange de sa liberté. En 1539, l'édit de Villers-Cotterêts imposa l'usage du français dans les actes judiciaires et notariés. Depuis la signature du concordat de Bologne avec le pape Léon X (1516), le roi était devenu le véritable chef temporel de l'Église dans le royaume puisqu'il nommait les archevêques, évêques et abbés, à qui le pape donnait ensuite l'investiture canonique. Pour les tâches administratives, il s'entoura régulièrement de ministres et de conseillers spécialisés, indépendants de ses proches collaborateurs et dont le rôle était plus politique. La vénalité des offices fiscaux et judiciaires aliéna une partie de la souveraineté du roi, mais lui assura en contrepartie la fidélité de ceux qui avaient associé leur fortune à son service. Déjà profondément ébranlées par les misères de la guerre de Cent Ans et de la Grande Peste, ainsi que par le Grand Schisme qui avait en partie discrédité la papauté, les aspirations religieuses se transformèrent aussi aux temps de l'humanisme et de la Renaissance. Incapable de répondre aux inquiétudes liées au salut et à la peur de l'enfer, corrompue, mal préparée à reprendre une initiative pastorale ou théologique, l'institution ecclésiastique, dans la chrétienté en général et en France en particulier, fut très vite dépassée par les tentatives de renouveau évangélique (Lefèvre d'Étaples) et les premiers pas de la Réforme. Apparu en France vers 1520, le protestantisme avait d'abord bénéficié d'une grande tolérance de la part de François I er e t surtout de la protection de la soeur du roi, Marguerite d'Angoulême. Cependant, en 1534, l'affaire des Placards provoqua un revirement de la monarchie parce qu'elle mettait en cause l'autorité du roi. Des affiches d'inspiration luthérienne avaient en effet été placardées dans les châteaux du Louvre et d'Amboise, résidences royales, et jusque sur la porte des appartements où dormait François Ier . Les huguenots (protestants français) durent alors se constituer en parti, pour lutter contre les proscriptions, les persécutions et la censure. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bayard (Pierre Terrail, seigneur de) Charles - FRANCE - Charles VIII François - FRANCE - François Ier Henri - FRANCE - Henri II Italie (guerres d') Louis - FRANCE - Louis XII Marguerite - NAVARRE - Marguerite d'Angoulême Marignan Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions Placards (affaire des) Renaissance - La Renaissance en France vénalité des charges Villers-Cotterêts Les livres France - François Ier, page 2008, volume 4 Des guerres de Religion à la pacification (1559-1610). L'année 1559 se distingua à la fois par l'abandon des ambitions italiennes de la monarchie française, qui concentrait désormais ses efforts sur la frontière nord-est (traité du Cateau-Cambrésis), et par la mort du roi Henri II. Elle clôtura le « beau XVIe siècle « et ouvrit une période de graves troubles civils. Les guerres de Religion, qui déchirèrent la France pendant quarante ans, ébranlèrent la monarchie et menacèrent le royaume d'éclatement. Elles étaient liées aux contrecoups des progrès de la Réforme (apparition d'un parti protestant organisé et armé) et aux ambitions du roi d'Espagne, qui soutint la Ligue, le parti catholique. Mais l'origine de ces guerres s'explique également par la résistance des grands féodaux devant une monarchie jugée envahissante, par la présence dans certaines régions d'une noblesse pléthorique et inactive depuis la fin des guerres d'Italie et, plus généralement, par la résistance de la société civile face à l'État, dont la fiscalité était jugée insupportable. Le pouvoir monarchique fut très affaibli malgré le dévouement de serviteurs et de ministres qui, comme Michel de L'Hospital, refusèrent de prendre parti et tentèrent de placer l'État au-dessus des querelles ou qui, comme Jean Bodin, se firent les théoriciens de la monarchie absolue. Des factions rivales (les Condé en Picardie et en Champagne, les Guise en Bourgogne) dominèrent des provinces et firent appel à des puissances étrangères pour soutenir leurs guerres. À ces divisions s'ajoutèrent les difficultés dynastiques. Le jeune François II (1559-1560) fut dominé par les Guise. Sa mère, Catherine de Médicis, put exercer davantage d'influence pendant la minorité de son deuxième fils, Charles IX. Celui-ci régna de 1560 à 1574. Malgré les tentatives de la reine-mère pour sauvegarder l'autorité monarchique dans un contexte très difficile, les antagonismes religieux devinrent irréconciliables. Ils se traduisirent dans les deux camps par un radicalisme violent qui culmina lors du massacre de la SaintBarthélemy, le 24 août 1572. Henri III (1574/1589), troisième fils de Catherine de Médicis et d'Henri II, mourut assassiné par un moine, Jacques Clément, qui avait été convaincu de la légitimité de son régicide par la propagande catholique, laquelle jugeait Henri III trop indulgent avec les huguenots. La désignation par Henri III de son cousin Bourbon, le protestant Henri de Navarre, comme son successeur fit rebondir la guerre civile. Converti au catholicisme en 1593 et habile à utiliser un fort sentiment national, Henri IV put cependant conquérir son trône progressivement. Il finit par rétablir la paix intérieure en imposant une coexistence religieuse (édit de Nantes, 1598) et en restaurant à la fois l'autorité monarchique et la paix extérieure (paix de Vervins avec les Espagnols, 1598). Secondé par Barthélemy de Laffemas, contrôleur général du commerce, par l'agronome Olivier de Serres et par le surintendant des finances Sully, il proposa pour la première fois une politique économique cohérente. De plus, il attacha à la monarchie le corps des officiers en rendant les offices patrimoniaux héréditaires (édit de la Paulette, 1604). Ces réussites n'empêchèrent cependant pas ce roi, dont les conceptions monarchiques annonçaient celles de Louis XIV, d'être assassiné le 14 mai 1610 par Ravaillac. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bodin Jean Cateau-Cambrésis (traités du) Catherine - FRANCE - Catherine de Médicis Charles - FRANCE - Charles IX Clément Jacques Condé Élisabeth - FRANCE - Élisabeth d'Autriche François - FRANCE - François II Guise Henri - FRANCE - Henri III Henri - FRANCE - Henri IV L'Hospital (Michel de) Monsieur (paix de) Nantes (édit de) office Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions Paulette (édit de la) Ravaillac François Religion (guerres de) Saint-Barthélemy (massacre de la) Serres (Olivier de) Sully (Maximilien de Béthune, marquis de Rosny, duc de) vénalité des charges Vervins Les livres Marie de Médicis, page 3044, volume 6 France - Henri IV, page 2009, volume 4 France - le Massacre de la Saint Barthélemy, page 2009, volume 4 Vers l'absolutisme royal : le temps des cardinaux. Le jeune roi Louis XIII n'avait que 9 ans. Une nouvelle fois, une période de régence exercée par une reine étrangère, Marie de Médicis, allait être l'occasion de turbulences politiques. Les états généraux de 1614 furent le théâtre de nombreuses critiques formulées contre l'absolutisme naissant. Mais la division des ordres et les fractures religieuses furent un obstacle important à la naissance d'une opposition institutionnelle à la monarchie. À plusieurs reprises, les Grands (tel Condé) tentèrent de s'emparer du pouvoir, qui se trouvait confisqué par des favoris (Concini, choisi par la reinemère, puis le duc de Luynes, désigné par Louis XIII). La nomination du cardinal de Richelieu à la tête du Conseil (1624) fut le point de départ d'un rétablissement durable de l'autorité du roi et d'un renforcement décisif de son pouvoir. Malgré des oppositions puissantes de la part de la reine-mère et du frère du roi, Gaston d'Orléans, qui crurent un moment avoir gain de cause (journée des Dupes, 10 novembre 1630), le cardinal devint le principal ministre. Il combattit la noblesse factieuse (exécution de Montmorency), imposa à tous l'autorité de l'État (interdiction des duels) et affaiblit la puissance des protestants en faisant raser leurs places fortes. Aux fins de relancer la lutte contre les Habsbourg, il engagea la France dans la guerre de Trente Ans. En choisissant le camp de la Suède, des Provinces-Unies et des princes protestants allemands contre les puissances catholiques, cet homme d'Église dissocia la raison d'État des considérations religieuses et donna à la politique étrangère du royaume une indépendance totale. Après des débuts difficiles, marqués notamment par la prise de Corbie (Picardie) par les Espagnols en 1636, les opérations militaires furent favorables aux armées françaises. La conduite d'une guerre coûteuse en argent et en hommes, et qui nécessitait une organisation rigoureuse, entraîna un nouveau renforcement de la centralisation. Dirigée par un pouvoir plus efficace avec la création du Conseil d'en haut, l'administration locale fut soumise d'abord aux inspections, puis aux contrôles permanents des « intendants de justice, police et finances «, représentants directs et permanents du roi dans les provinces. La politique de Richelieu fut couronnée, après sa mort en 1642, par les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659), qui consacrèrent l'hégémonie française en Europe. Si, après la mort de Louis XIII (1643), la régente Anne d'Autriche, soeur du roi d'Espagne, ne compromit pas la politique étrangère de son époux et de Richelieu, elle dut faire face à une guerre civile : la Fronde fut la dernière tentative dangereuse de résistance opposée à la construction de l'État moderne et à la montée de l'absolutisme monarchique. La conjugaison de l'opposition des parlements, des Grands (le cardinal de Retz, le prince de Condé), du peuple urbain (Paris, Ormée de Bordeaux) et des campagnes (Poitou) contraignit le jeune Louis XIV et son ministre, le cardinal Mazarin, à fuir la capitale. Mais, sans avenir, la Fronde ne résista ni à ses propres divisions ni à la contre-offensive politique du roi. Le début du XVIIe siècle fut une période de renouveau pour le catholicisme. Dans le sillage du concile de Trente, des personnalités exceptionnelles renouvelèrent la spiritualité et relancèrent la pastorale (saint François de Sales, saint Vincent-de-Paul, Bérulle). De plus, une organisation plus rigoureuse de l'Église et une meilleure formation des prêtres (création de séminaires dans les diocèses) permirent aux catholiques de mener une vaste reconquête des esprits. En dépit de divergences doctrinales incarnées notamment par Port-Royal et le jansénisme, ils firent preuve d'une intolérance militante contre les protestants. La surveillance des moeurs et des pratiques sociales leur permit de retrouver les positions qu'ils avaient perdues pendant les troubles religieux. Dans le domaine de la création, la richesse esthétique de l'art baroque français - mélange d'érudition profane, de goût du faste et de l'ornementation -, très appréciée par les salons parisiens et les cours somptueuses des derniers grands du royaume, fut progressivement éclipsée par un classicisme au service de la monarchie et du renouveau catholique. Richelieu s'employa à orienter les talents vers la glorification du roi et du royaume et fonda l'Académie française. Avec le développement de l'académisme en littérature comme en peinture, les exigences d'ordre et de clarté l'emportèrent. Descartes imposa en philosophie le doute méthodique et rationaliste, Corneille, la tragédie politique fondée sur l'héroïsme, et Pascal, « l'esprit de géométrie «. Mansart et Le Vau, tout en conservant la tradition ornementale de l'architecture française, utilisèrent par souci d'élégance et de clarté les ordres symétriques et sobres de l'architecture classique, comme en témoignent le Val-deGrâce ou le château de Vaux-le-Vicomte. Enfin, grâce à de vivantes écoles provinciales (Lorraine, Laon), ouvertes à l'influence italienne (Poussin), la peinture française connut un essor sans précédent, d'autant que les peintres bénéficiaient de commandes provenant d'une monarchie devenue ambitieuse dans le domaine des arts, et d'une Église soucieuse de son triomphe. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Académie française Anne d'Autriche Bassompierre (François de) Beaufort (François de Vendôme, duc de) Bérulle (Pierre de) Concini Concino Dupes (journée des) François - François de Sales Fronde intendant jansénisme Louis - FRANCE - Louis XIII le Juste Louis - FRANCE - Louis XIV le Grand Luynes (Charles, marquis d'Albert, duc de) Marie - FRANCE - Marie de Médicis Mazarin (Giulio Mazzarini, dit) Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions Port-Royal Pyrénées (traité ou paix des) Retz (Jean-François Paul de Gondi, cardinal de) Richelieu (Armand Jean du Plessis, cardinal de) surintendant général des finances Trente Ans (guerre de) Vincent de Paul Westphalie Les livres Louis XIII, page 2919, volume 6 Mazarin, page 3108, volume 6 Richelieu (cardinal de), page 4390, volume 8 France - Louis XIII et Richelieu levant le siège de l'île de Ré, page 2010, volume 4 France - la Fronde : derniers jours de combats, le 2 juillet 1652, page 2010, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats ballet - Introduction Du Grand Siècle à la fin de l'Ancien Régime (1661-1789) Le début du règne de Louis XIV, après la mort de Mazarin en 1661, inaugura le Grand Siècle. Les ambitions politiques et les goûts esthétiques du roi qui gouverna en monarque absolu transformèrent le royaume. Mais la volonté du Roi-Soleil et de ses successeurs de tout soumettre à l'autorité de l'État et de rationaliser l'administration en uniformisant les droits, les procédures et les impôts se heurta à la résistance de ceux qui jouissaient de privilèges : non seulement la noblesse et le clergé, mais aussi les provinces et les métiers. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Louis - FRANCE - Louis XIV le Grand Louis XIV et l'absolutisme (1661-1715). Incarnant la monarchie absolue de droit divin théorisée par Bossuet, Louis XIV fut l'ordonnateur d'une cour régie par une étiquette quasi religieuse et composée d'une aristocratie réduite à quémander les faveurs royales. Véritable « temple « à la gloire de sa majesté, le palais que le roi fit construire à grands frais à Versailles par Le Vau, Le Nôtre et Le Brun abrita une foule de courtisans mais aussi les ministres, les conseils et les ambassadeurs. Grands commis choisis dans la bourgeoisie ou dans la petite noblesse, Colbert, Le Tellier et Louvois perfectionnèrent le système administratif du royaume et renforcèrent l'appareil militaire, tandis que Vauban édifiait des fortifications. Colbert encouragea l'expansion coloniale en fondant des compagnies de navigation. Il créa des manufactures, comme celle des Gobelins à Paris, et tenta de contrôler les échanges commerciaux. Inaugurant donc une politique mercantiliste, il donna au roi les moyens fiscaux, industriels et militaires de ses ambitions. Dans le domaine religieux, Louis XIV s'opposa au pape pour préserver l'indépendance de l'Église gallicane (affaire de la déclaration des Quatre Articles, 1682) et, en 1685, il révoqua l'édit de Nantes pour imposer l'unification religieuse aux dépens des protestants. Des campagnes militaires victorieuses assurèrent, pendant un temps, l'hégémonie française en Europe. Louis XIV engagea le pays dans la guerre de Dévolution (1664-1668) : le traité d'Aix-la-Chapelle reconnut alors à la France une partie de la Flandre. La guerre de Hollande (1672-1678) et la paix de Nimègue lui donnèrent la Franche-Comté ainsi qu'une douzaine de places dans le Nord. Mais des guerres coûteuses et moins avantageuses, le marasme économique, à son paroxysme lors du grand hiver de 1709, ainsi que des deuils dans la famille royale assombrirent la fin de son règne. Deux coalitions européennes mirent en effet les armées françaises en difficulté. Au traité de Ryswick, après la guerre de la ligue d'Augsbourg (1689-1697), Louis XIV dut renoncer à la plupart de ses annexions récentes. La guerre de la Succession d'Espagne (1701-1714), faite pour maintenir son petit-fils Philippe V sur le trône d'Espagne, se termina par les traités d'Utrecht, de Rastadt et de Bade. Louis XIV conserva ses conquêtes (Alsace, Roussillon, Artois, Flandre, Franche-Comté), mais la France abandonna Terre-Neuve, la baie d'Hudson et l'Acadie à l'Angleterre, qui devint en outre l'arbitre de l'équilibre européen. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Augsbourg Bossuet Jacques Bénigne Colbert Jean-Baptiste Dévolution (guerre de) Espagne (guerre de la Succession d') Fronde Gobelins (tapisserie des) Le Tellier Michel Louis - FRANCE - Louis XIV le Grand Louvois (François Michel Le Tellier, marquis de) Nantes (édit de) Nimègue Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions Rastadt Ryswick (paix de) Utrecht Vauban (Sébastien Le Prestre, marquis de) Versailles - Les étapes de la construction Versailles - Un symbole de la grandeur française Les livres Louis XIV, page 2919, volume 6 France - la France à la mort de Louis XIV, page 2005, volume 4 France - Louis XIV et Colbert en visite à la manufacture des Gobelins, page 2010, volume 4 France - Louis XIV passant le Rhin à la tête de ses armées, le 6 juin 1672, page 2011, volume 4 France - Né pour la peine, page 2011, volume 4 Le siècle des Lumières (1715-1789). La mort de Louis XIV en 1715 ouvrit une période de changements radicaux dans tous les domaines. Louis XV n'ayant que 5 ans, Philippe d'Orléans assura la Régence de 1715 à 1723. Ce grand seigneur cultivé et libertin, qui était le neveu de Louis XIV, mit d'abord en place un gouvernement aristocratique (la « polysynodie «). Pour redresser la situation financière du royaume, le régent fit appel à l'Écossais John Law ; mais le « système bancaire «, fondé sur le crédit, que ce dernier préconisa fit faillite (1720). Louis XV, déclaré majeur en 1723, n'entreprit de gouverner personnellement qu'en 1743, à la mort du cardinal de Fleury. Secondé par d'autres grands ministres réformateurs (Machault d'Arnouville et le triumvirat formé par Maupeou, Terray et Aiguillon), le monarque tenta d'uniformiser l'administration et de soumettre les privilégiés à l'impôt. Mais les résultats, remis en cause par des coalitions d'intérêts, furent éphémères. Des ministres de Louis XVI (Turgot, Necker, Calonne ou Loménie de Brienne) essayèrent également de moderniser l'économie et l'administration, mais leur échec devant les résistances des privilégiés à toute réforme révélèrent la paralysie du pouvoir. Pendant tout le XVIIIe siècle, ce fut par des expédients comme l'emprunt ou par l'augmentation de la pression fiscale sur les classes les plus pauvres que la monarchie tenta de combler le déficit budgétaire et de financer les guerres (la guerre de la Succession de Pologne, la guerre de la Succession d'Autriche et la guerre de Sept Ans sous Louis XV, le soutien à la guerre d'Indépendance des États-Unis sous Louis XVI). Le monde paysan était longtemps resté inchangé. Ses structures démographiques étaient caractérisées par des taux de natalité et de mortalité élevés. Toutefois, la fin des grandes épidémies et des famines, le recul de la mortalité favorisèrent une poussée démographique. Sous l'impulsion des physiocrates, les techniques de culture et d'élevage et la diffusion de nouveaux produits, tels la pomme de terre et le maïs, progressèrent. L'essor économique fut encore plus manifeste pour les grands ports de l'Atlantique, comme Nantes et Bordeaux, qui s'enrichirent grâce au commerce colonial. Cette prospérité permit aussi le développement d'une proto-industrialisation, dont les Forges du Creusot furent l'exemple le plus significatif. Alors que jusque-là l'ascension sociale dépendait presque exclusivement des services rendus aux Grands ou au roi, l'expansion économique suscita l'émergence d'une élite bourgeoise pour qui la compétence, le savoir, le mérite personnel et la richesse concurrençaient les traditionnelles valeurs nobiliaires fondées sur le rang. Pourtant, dans le même temps, les structures juridiques d'une société fondée sur l'inégalité des trois ordres (noblesse, clergé, tiers état) restaient figées. Ainsi, les parlements, qui se firent les défenseurs de la réaction de la noblesse, interdirent l'accès des grades supérieurs de l'armée aux roturiers. Ces antagonismes sociaux devaient se révéler explosifs. La diffusion des idées des plus grands philosophes français du siècle des Lumières (Montesquieu, Voltaire, Diderot et Rousseau) contribua également à remettre en question l'organisation sociale, mais aussi le despotisme monarchique, qui paraissait incapable de la réformer. La France jouit alors d'un prestige culturel considérable. L'« universalité de la langue française « fut reconnue partout en Europe. Les philosophes furent invités à séjourner dans les cours de Berlin et de SaintPétersbourg, tandis que la France accueillait les plus grands esprits du temps, tels les écrivains Walpole et d'Holbach, les musiciens Pergolèse et Gluck. Malgré la censure, les idées philosophiques synthétisées dans l'Encyclopédie d e Diderot et d'Alembert connurent une rapide diffusion par l'intermédiaire des académies provinciales, des sociétés de pensée, des loges maçonniques, et, sous l'effet d'une sociabilité bourgeoise et urbaine en pleine expansion, dans les cafés et la presse. La victoire des insurgés américains contribua également à répandre les notions de liberté et de Constitution. La crise financière contraignit le roi à convoquer des états généraux pour demander à la nation de nouveaux impôts. Mais cette assemblée fut une tribune pour tous ceux qui rêvaient de réforme. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aiguillon (Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis de Richelieu, duc d') Autriche (guerre de la Succession d') Calonne (Charles Alexandre de) Fleury (André Hercule de) Law John Loménie de Brienne (Étienne Charles de) Louis - FRANCE - Louis XV le Bien-Aimé Louis - FRANCE - Louis XVI Lumières (philosophie des) Lumières (philosophie des) - L'Encyclopédie : l'esprit des Lumières Machault d'Arnouville (Jean-Baptiste de) Marie - FRANCE - Marie Leszczynski (a) Marie-Antoinette Maupeou (René Nicolas de) Necker Jacques Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions Pologne (guerre de la Succession de) Régence Régent (le) Sept Ans (guerre de) Terray Joseph Marie Turgot Anne Robert Jacques Les livres Louis XV, page 2920, volume 6 Louis XVI, page 2921, volume 6 Marie-Antoinette, page 3044, volume 6 France - Louis XV à la bataille de Fontenoy, page 2012, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Ancien Régime aristocratie ballet - Introduction Les bases de la France contemporaine (1789-1870) La Révolution française s'inscrivit dans une conjoncture de transformations économiques et politiques qui affectèrent toute « l'économie-monde atlantique « (Fernand Braudel). Certaines de ses réformes les plus durables (égalité devant l'impôt, démantèlement des corporations...) prolongèrent en fait celles qui avaient été esquissées par la monarchie elle-même. Mais la portée de son message et l'ampleur des changements sociaux qu'elle entraîna en firent un événement exceptionnel. Devant le bouleversement politique qu'elle provoqua, un nouvel équilibre fut difficile à trouver : dix Constitutions se succédèrent de 1791 à 1870. La Révolution fut également à l'origine d'un clivage entre une droite, hostile à la République, et une gauche républicaine. Cette question du régime devait dominer la vie politique jusqu'à l'éclosion des mouvements socialistes et nationalistes au XIXe siècle. La Révolution (1789-1799). La campagne pour l'élection des députés aux états généraux permit de mesurer l'influence des idées nouvelles dans toutes les couches sociales. Les « cahiers de doléances «, rédigés à la même occasion, révélèrent les attentes et les espoirs de la paysannerie et de la bourgeoisie urbaine (fin de l'absolutisme, égalité devant l'impôt, abolition des privilèges) en même temps que les résistances au changement des ordres privilégiés. Toutefois, l'attachement à la personne du roi restait très vif. Mais, dès la séance solennelle d'ouverture des états généraux, Louis XVI perdit l'initiative politique. D'emblée, les députés du tiers-état réclamèrent le vote par tête plutôt que par ordre. Rejoints par une partie des députés du clergé, ils se constituèrent en Assemblée nationale, le 17 juin 1789, et, le 20, ils jurèrent de « ne jamais se séparer jusqu'à ce que la Constitution fût établie «. Dès lors, les états généraux cessaient d'être la caisse de résonance des décisions royales pour s'imposer comme organe d'une opposition légitime et d'un pouvoir constituant. La monarchie absolue était morte. Quand le roi fit venir des régiments frontaliers pour mettre fin par la force à la rébellion parlementaire, le peuple de Paris se mobilisa. Le 14 juillet 1789, il s'empara de la forteresse de la Bastille et y saisit les armes de la garnison pour défendre ses représentants. Le soulèvement populaire achevait de transformer une révolte en véritable révolution. L'action politique des artisans et des boutiquiers parisiens ne cessa de se manifester, comme devait en témoigner le mouvement radical des sansculottes. Les campagnes se soulevèrent à leur tour, dans la seconde quinzaine du mois de juillet. Alertées par des rumeurs, mobilisées au son du tocsin contre des dangers imaginaires, des bandes de paysans attaquèrent les châteaux pour y brûler les terriers qui consignaient les redevances seigneuriales, et pour y détruire tous les symboles des privilèges. Ce fut la Grande Peur. Cet écho rural des révolutions municipales qui se déroulaient parallèlement en province provoqua l'inquiétude des députés, hostiles à la remise en cause du droit de propriété. Pour ramener le calme, ils votèrent, dans la nuit du 4 août 1789, l'abolition des privilèges. Après l'absolutisme, c'était l'Ancien Régime qui s'effondrait. Le 26 août, l'Assemblée nationale constituante adoptait la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, destinée à servir de préambule à la Constitution. Tandis que le peuple de Paris obligeait le roi à quitter Versailles et à s'installer dans la capitale le 6 octobre, les députés s'employèrent à jeter les bases d'une France nouvelle, dans la lignée des réformes du « despotisme éclairé « mais avec une énergie et une ampleur inédites. Une administration territoriale unifiée et des circonscriptions hiérarchisées (les départements, les cantons et les communes) furent mises en place. Après la nationalisation des biens du clergé et la suppression des ordres monastiques contemplatifs fut votée, en juillet 1790, la Constitution civile du clergé. Elle instituait l'élection, par des laïcs, des évêques et des curés. De plus, les membres du clergé, devenus des fonctionnaires puisqu'ils étaient payés par l'État, durent prêter serment « à la Nation, à la Loi, au Roi «. Mais ces mesures créèrent une fracture. Des prêtres réfractaires refusèrent cette Constitution civile, que le pape condamna le 10 mars 1791. En 1791, la loi Le Chapelier abolit les corporations et interdit les associations professionnelles et les grèves, inaugurant ainsi une législation libérale favorable à la bourgeoisie. L'Assemblée constituante était alors partagée entre une droite favorable à un retour à l'ordre et une gauche soucieuse de consolider ou de prolonger les premiers acquis de la Révolution. La vie politique était également animée par une presse très active, par les clubs (les jacobins et les cordeliers, notamment) et enfin par les « sections «, c'est-à-dire les assemblées de citoyens qui se tenaient dans les soixante districts électoraux de Paris. Dans ce climat d'effervescence, l'Assemblée préparait une Constitution fondée sur deux principes : celui de la souveraineté de la nation et celui de la séparation des pouvoirs entre le roi et une Assemblée législative. Cependant, l'avenir de cette monarchie constitutionnelle était précaire puisque le roi, heurté par la politique religieuse de l'Assemblée, s'enfuit en juin 1791. Mais il fut arrêté à Varennes, et, rentré à Paris, il accepta finalement la Constitution votée le 14 septembre 1791. L'événement fut l'occasion de nombreuses fêtes célébrant cet accord entre la nation et le roi, comme on l'avait déjà fait, auparavant, lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Cependant, la fuite du roi, qui avait suscité des scissions parmi les patriotes, avait également favorisé le progrès des idées républicaines. L'Assemblée législative, élue en septembre 1791, fut amenée à déclarer la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. Cette guerre, difficile de bout en bout, fut l'occasion d'une participation de plus en plus grande du peuple à la défense nationale. Les vetos du roi aux décrets de l'Assemblée, alors que la patrie était en danger, et la position difficile des députés face à la pression populaire entraînèrent la Révolution vers une phase plus radicale. La crise économique et les difficultés financières étaient alors très aiguës. La hausse des prix et la chute de la valeur de l'assignat, papier monnaie émis pour réaliser la vente des biens du clergé, appauvrissaient les classes populaires urbaines. Les premières défaites militaires et la trahison des généraux exaspérèrent les tensions politiques, instaurant un climat de peur, tandis que le conflit religieux dégénérait en épreuve de force entre le roi et l'Assemblée. Des soldats fédérés réunis à Paris pour se porter aux frontières envahirent les Tuileries le 10 août 1792. Le roi fut emprisonné à la prison du Temple. L'Assemblée décida l'élection d'une Convention, et le pouvoir exécutif, vacant, fut confié à un gouvernement provisoire. Alors que les volontaires allaient quitter la capitale pour repousser les troupes austro-prussiennes, une rumeur fit accroire une trahison ourdie dans les prisons. Aveuglé par la fureur, le peuple de Paris massacra des centaines de détenus (massacres de septembre 1792). Le premier acte de la Convention nouvellement élue fut la proclamation de la République le 21 septembre 1792. Le procès, puis l'exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, mais aussi la conduite de la guerre et les choix économiques creusèrent un fossé entre deux factions qui luttaient âprement pour le pouvoir : les brissotins, appelés également girondins, effrayés par la violence populaire, étaient soucieux, selon le mot de Barnave, de « terminer la Révolution «, tandis que les montagnards étaient favorables à des mesures plus radicales pour ne pas se couper du peuple. Pour faire face aux périls extérieurs puis, après mars 1793, à la révolte de la Vendée, bientôt relayée par des révoltes fédéralistes après l'élimination des girondins, la Convention prit des mesures d'exception : création du Tribunal révolutionnaire et du Comité de salut public (respectivement le 11 mars et le 6 avril 1793). Le 2 juin 1793, la Commune insurrectionnelle de Paris obtint l'arrestation des députés brissotins, et le pouvoir revint aux montagnards du club des jacobins. Le gouvernement révolutionnaire, dont les principaux membres étaient Robespierre, Saint-Just, Couthon et Billaud-Varenne, instaura la Terreur contre les « ennemis de la liberté «. Dans un climat d'exaltation révolutionnaire et patriotique, il multiplia également les projets de réforme sur l'éducation, la santé et la distribution des subsistances. Cédant à la pression populaire et à la nécessité militaire, il organisa une économie dirigée en soumettant la jouissance des propriétés à l'intérêt de la patrie. Cependant, l'élimination des clubs concurrents de celui des jacobins, l'étouffement de la pression populaire après l'arrestation des ultra-révolutionnaires (les hébertistes) et l'éloignement du danger militaire rendirent la Terreur de plus en plus injustifiable. Le 9 thermidor (juillet 1794), une coalition de modérés et d'anciens partisans de la Terreur plus ou moins repentis, ou hostiles aux tentatives d'apaisement religieux de Robespierre - qui voulait arrêter la déchristianisation du pays -, mit fin au gouvernement jacobin, dont les membres furent arrêtés et exécutés. Les thermidoriens avaient voulu se protéger de la vindicte de Robespierre, qui s'apprêtait justement à épurer les comités des « fripons « contre-révolutionnaires. Mais les thermidoriens voulaient aussi clore la révolution bourgeoise et libérale. Ils souhaitaient en effet conserver les acquis de la Révolution tout en se préservant des tendances dirigistes et égalitaires des montagnards et des sans-culottes. Aussi durent-ils recourir à l'armée pour faire face à une double opposition : royaliste (conspiration, formation de bandes armées, tentative de débarquement à Quiberon en juillet 1795, essai de coup de force à Paris le 13 vendémiaire, réprimé par Bonaparte) et jacobine (émeutes populaires des 12 germinal [1 er a vril] et 1 er p rairial [20 mai] 1795). Le 5 fructidor an III (22 août 1795), ils adoptèrent une Constitution modérée qui cherchait dans la multiplication des contre-pouvoirs et la collégialité des organes exécutifs un rempart contre tous les excès. Elle mettait en place le Directoire, régime qui dura jusqu'en 1799. En quelques années, la Révolution avait bouleversé la société française. La foule, forme complexe de mobilisation collective, s'était imposée au cours des journées révolutionnaires en révélant une maturité politique et une capacité d'organisation nouvelles. Les fêtes célébrant l'unité nationale comme celle de la Fédération, ou encore les fêtes organisées (fête de l'Être suprême) et spontanées (arbres de la Liberté), avaient rassemblé spectateurs et acteurs politiques dans une même ferveur. L'adhésion à de nouvelles valeurs était manifeste. Les proclamations révolutionnaires, les chansons, les gravures, les manifestations collectives attestèrent l'attachement populaire à l'égalité et à la liberté, mais aussi à la justice sociale. Voir aussi le dossier Révolution française. Pour faire face au danger contre-révolutionnaire, à la guerre et à la banqueroute, le Directoire multiplia les coups de force et se tourna vers l'armée. La guerre, ininterrompue depuis avril 1792, avait donné à cette dernière un rôle et un prestige considérables. L'armée devint un pilier du régime, car elle joua un rôle diplomatique (Bonaparte imposa le traité de Campo-Formio, après une brillante campagne en Italie en 1796 et 1797), et elle s'octroya un pouvoir financier. Le pillage à l'étranger servit en effet d'expédient pour remplir les caisses vides de l'État. Les victoires extérieures et une habile propagande mirent le général Bonaparte au premier plan de la scène et préparèrent le césarisme militaire. Vainqueur des campagnes d'Italie et de la mythique expédition d'Égypte, il fut l'instrument du dernier des coups d'État fomentés par le Directoire, celui des 18 et 19 brumaire de l'an VIII (9 et 10 novembre 1799). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats août 1789 (nuit du 4) août 1792 (journée du 10) Assemblée législative (1791-1792) Assemblée nationale constituante assignat Bastille Billaud-Varenne Jean Nicolas brumaire cahiers de doléances Campoformio (traité de) Commune de Paris (1792-1794) Convention nationale Cordeliers (club des) corporations Couthon Georges Déclaration des droits de l'homme et du citoyen Directoire émigrés états généraux Fédération (fête de la) fructidor germinal Girondins Hébert Jacques Italie (campagnes d') Jacobins (club des) juillet 1789 (journée du 14) Le Chapelier Isaac René Guy Louis - FRANCE - Louis XVI Marat Jean-Paul maximum (édit du) montagnards Napoléon Ier (Napoléon Bonaparte) Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions Peur (la Grande) prairial privilège réfractaires (prêtres) République (Ire) Révolution française Révolution française - Des États généraux à l'Assemblée constituante (1789) Révolution française - L'Assemblée législative (1er octobre 1791-20 septembre 1792) Révolution française - La Convention girondine (21 septembre 1792-2 juin 1793) Révolution française - La Convention jacobine et la Terreur (2 juin 1793-27 juillet 1794) Révolution française - La Convention thermidorienne (27 juillet 1794-26 octobre 1795) Révolution française - La crise de l'Ancien Régime Révolution française - Le Directoire : une tentative d'équilibre républicain (26 octobre 1795-1797) Révolution française - Les réformes de la Constituante (1790-30 septembre 1791) Robespierre (Maximilien de) Saint-Just Louis Antoine Léon salut public (Comité de) sans-culottes sécularisation des biens du clergé Septembre 1792 (massacres de) Terreur Terreur blanche thermidor Tribunal révolutionnaire Tuileries (les) vendémiaire Les livres Marie-Antoinette, page 3044, volume 6 noblesse, page 3448, volume 6 octobre 1789 (journées des 5 et 6), page 3509, volume 7 Robespierre (Maximilien de), page 4409, volume 8 France - prise de la Bastille le 14 juillet 1789, page 2012, volume 4 France - bataille de Fleurus, le 26 juin 1794, page 2014, volume 4 France - le Coup d'État du 18 brumaire an VIII, page 2014, volume 4 Révolution française - citoyen portant la Déclaration des droits de l'homme dans une fête civique, page 4372, volume 8 Révolution française - les vainqueurs de la Bastille emmenant la garnison prisonnière à l'Hôtel de Ville, page 4372, volume 8 Révolution française - le Serment du Jeu de paume, de David, page 4372, volume 8 Révolution française - la nuit du 4 août 1789, page 4373, volume 8 Révolution française - le déménagement du clergé après la vente des biens nationaux, page 4374, volume 8 Révolution française - la fête de la Fédération à Paris, le 14 juillet 1790, page 4374, volume 8 Révolution française - séance au club des Jacobins, le 11 janvier 1792, page 4374, volume 8 Révolution française - Danton à la tribune, page 4375, volume 8 Révolution française - l'invasion des Tuileries par les sans-culottes, le 10 août 1792, page 4375, volume 8 Révolution française - l'exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, page 4375, volume 8 Révolution française - Louis XVI déclarant la guerre à l'Autriche, le 20 avril 1792, page 4375, volume 8 Révolution française - gravure royaliste du XIXe siècle montrant la mort du chef vendéen Bonchamps en 1793, page 4375, volume 8 Révolution française - l'émeute du 1er prairial an III (20 mai 1795), page 4376, volume 8 Révolution française - l'arrestation de Robespierre, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), page 4376, volume 8 Révolution française - la première séance de l'Institut national, page 4377, volume 8 Révolution française - le coup d'État du 18 fructidor an IV (4 septembre 1797), page 4377, volume 8 Du Consulat à la fin de l'Empire (1799-1815). Servi par sa gloire militaire, Napoléon Bonaparte opposa aux divisions politiques qui avaient déchiré la France depuis 1789 un idéal de ralliement national autour de sa personne. Il inspira la Constitution de l'an VIII (1800), qui fut ensuite modifiée par de nombreux sénatus-consultes destinés à consolider son pouvoir personnel. En 1802, Bonaparte devint consul à vie, puis, en mai 1804, il établit l'Empire. Despote éclairé, il s'appuya sur un renforcement considérable des moyens d'action de l'autorité centrale ; en outre, il entérina les acquis juridiques et sociaux de la Révolution en publiant, en 1804, le Code civil. Grâce aux préfets, à la propagande officielle et au contrôle policier, il s'employa d'abord à mettre un terme aux passions politiques en réconciliant la France de l'Ancien Régime et les élites issues de la Révolution. Le Concordat de 1801 avec la papauté, puis l'amnistie générale de 1802 furent les points d'orgue de cette oeuvre de pacification. Il consolida les propriétés acquises dans les années précédentes grâce à la vente des biens nationaux. De plus, en favorisant l'avènement des notables, il suscita l'émergence d'une France bourgeoise et provinciale qui, bénéficiaire des réformes révolutionnaires, aspirait tout de même au retour à l'ordre. Avec la création de la Légion d'honneur, l'organisation de la cour impériale et la distribution des territoires conquis, il établit une noblesse d'Empire. Ses mesures dans le domaine économique et financier furent également importantes. Il créa la Banque de France et la Cour des comptes, augmenta les impôts indirects. Mais il sacrifia largement les finances à la conduite de la guerre, interrompue seulement quelques mois par la paix d'Amiens conclue avec l'Angleterre (1802). Cette situation ne lui permit pas de discipliner ni de stabiliser l'économie, qui souffrit, en dehors de rares exceptions (industrie textile), des conséquences du conflit européen. L'aventure extérieure, qui conduisit les armées françaises à dominer un ensemble de cent trente départements et à occuper Vienne et Berlin avec une apparente facilité jusqu'en 1809, donna à l'Empire et à Napoléon Ier une gloire éclatante. Cependant, l'échec du Blocus continental, guerre économique entreprise contre l'Angleterre depuis 1806, mais surtout les sursauts nationaux en Prusse et en Espagne après l'invasion de ce pays en 1808, ainsi que les ambitions démesurées de l a campagne de Russie vinrent à bout des armées impériales. Les pays coalisés à plusieurs reprises pour faire échec à la politique expansionniste de Napoléon s'employèrent d'abord à réduire l'influence diplomatique et militaire de la France en Europe. Puis, après la campagne de France de 1814, ils obtinrent l'abdication de Napoléon, et le traité de Paris ramena la France à ses frontières de 1792. L'éphémère tentative de rétablissement du régime impérial lors des Cent-Jours (mars-juin 1815) s'acheva par un nouvel et définitif effondrement militaire à Waterloo. Napoléon abdiqua une seconde fois le 22 juin. Déporté à Sainte-Hélène, il y mourut le 5 mai 1821. Au second traité de Paris, le 20 novembre 1815, la France perdit la Savoie et les villes de la Sarre. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amiens blocus Cent-Jours coalitions Code civil Concordat de 1801 Consulat Empire (premier) Napoléon Ier (Napoléon Bonaparte) Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions République (Ire) Russie (campagne de) Vienne (congrès de) Waterloo Les livres Louis XVIII, page 2921, volume 6 Napoléon Ier sur le trône impérial (1806), page 3375, volume 6 Napoléon Ier - fêtes données à Paris à l'occasion du mariage de Napoléon Ier et de l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche en 1810, page 3375, volume 6 Napoléon Ier - l'Europe napoléonienne en 1811, page 3375, volume 6 France - l'organisation administrative de la France impériale, page 2015, volume 4 La Restauration (1814-1830). Le retour des Bourbons sur le trône ne signifia pas un simple retour de l'Ancien Régime. Malgré l'octroi d'une Charte constitutionnelle par le souverain, qui niait donc la souveraineté du peuple, et malgré le choix du drapeau blanc, la Restauration tenta de concilier, comme l'Empire l'avait fait, les survivances de l'Ancien Régime avec une France profondément transformée par la Révolution. L'établissement d'un régime censitaire s'appuyant sur une aristocratie foncière protectionniste et sur l'alliance du trône et de l'autel s'accompagna d'une épuration importante de l'armée (les officiers furent réduits à la demi-solde) et, après les Cent-Jours, d'une terreur blanche. Les ultra-royalistes, qui se proclamaient eux-mêmes « plus royalistes que le roi «, perpétrèrent en effet des massacres de militants révolutionnaires connus et de notables de l'Empire. Après une période d'interprétation constitutionnelle et libérale de la Charte par Louis XVIII, la formation du ministère Villèle en 1822 consacra la victoire des ultra-royalistes. Une nouvelle flambée de violence politique (assassinat du duc de Berry en 1820, complots de la charbonnerie de 1820 à 1822), le désintérêt progressif de Louis XVIII pour la politique, puis l'arrivée de Charles X sur le trône en 1824 renforcèrent le tournant conservateur. La noblesse espérait recouvrer ses terres perdues lors de la Révolution. Elle obtint une indemnisation par la loi dite du « milliard des émigrés «. L'Église, quant à elle, prit une place prééminente dans l'éducation. Enfin, une intervention militaire contre les libéraux espagnols fut menée en 1823 pour rétablir le pouvoir absolu de Ferdinand VII. En dépit de cette politique conservatrice, les libéraux, de plus en plus offensifs dans l'opposition, l'emportèrent aux élections législatives de 1827, provoquant ainsi le départ de Villèle. La vie politique parlementaire était rythmée par les luttes des ultra-royalistes, partisans de l'Ancien Régime, des constitutionnels, ou doctrinaires, qui voulaient gouverner avec la Charte de 1814, et des libéraux, qui la jugeaient insuffisante. Malgré la conquête de l'Algérie, qui devait faire diversion pour l'opinion, le durcissement politique de Charles X, qui s'attaqua au régime constitutionnel et à la presse, provoqua la révolution de 1830. Elle éclata alors qu'une sensibilité libérale et romantique avait déjà renouvelé les idées politiques et les arts. L'aspiration au progrès et à la liberté avait trouvé dans le développement de la presse et la politisation de la bourgeoisie et des notables de larges échos. Des groupes de gens partageant la même sensibilité politique s'étaient en effet constitués autour des journaux : les polytechniciens et les industriels favorables au libéralisme économique et à l'industrialisme du comte de Saint-Simon autour du Producteur ; l a jeunesse libérale autour du Globe. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Berry (Charles Ferdinand de Bourbon, duc de) Bourbon Charles - FRANCE - Charles X Charte constitutionnelle demi-solde Louis - FRANCE - Louis XVIII Manuel Jacques Antoine Martignac (Jean-Baptiste Sylvère Gay, vicomte de) milliard des émigrés (loi du) Paris - Histoire - Formation du Paris contemporain Restauration Terreur blanche ultra Villèle (Jean-Baptiste Guillaume Joseph, comte de) Les livres Louis XVIII, page 2921, volume 6 Napoléon Ier - vue de la maison de Logwood, à Sainte-Hélène, page 3375, volume 6 France - prise de l'Hôtel de Ville vue du Pont d'Arcole, le 28 juillet 1830, page 2016, volume 4 La monarchie bourgeoise (1830-1848). Les Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830) aboutirent à l'abdication de Charles X et à l'avènement de Louis-Philippe d'Orléans, qui, proclamé roi des Français après avoir accepté la Charte révisée et le drapeau tricolore, régna jusqu'à la révolution de 1848. Il fallut un certain temps au nouveau régime pour s'imposer. Les premières années furent marquées non seulement par une agitation des légitimistes (tentative de la duchesse de Berry), mais surtout par des émeutes populaires : insurrection à Paris les 5 et 6 juin 1832 (cloître Saint-Merri), puis de nouveau le 14 avril 1834. À Lyon, les ouvriers de la soie (les canuts), victimes d'une baisse continue des salaires, se révoltèrent en 1831 et en 1834. L'épidémie de choléra de 1832, qui fit des milliers de victimes, s'ajouta aux difficultés économiques. Les principaux ministres du régime - Casimir Perier ou Guizot - étaient issus du parti dit de la « résistance «, constitué d'orléanistes conservateurs préoccupés d'élargir le cens électoral aux seuls propriétaires. « Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne (et vous deviendrez électeur) «, préconisait Guizot. La France rurale, qui représentait en 1840 les trois quarts du pays, se transformait : depuis la Grande Révolution, les paysans étaient devenus propriétaires de parcelles souvent morcelées, mais ils continuaient d'exploiter comme fermiers, métayers ou manouvriers des domaines appartenant à la bourgeoisie urbaine ou à la noblesse. Les sociétés et les comices agricoles encouragèrent les progrès techniques (perfectionnement de l'outillage agricole, chaulage, drainage) et la diffusion de cultures nouvelles (la betterave à sucre dans les Flandres). Parallèlement, la croissance de la production industrielle, deux fois plus rapide que celle de la production agricole entre 1835 et 1845, modifiait le paysage économique. La modernisation technique, les premières concentrations verticales (dans les filatures de coton), les progrès de l'extraction du charbon et les débuts d'une grande métallurgie stimulèrent en France la naissance de la civilisation industrielle. Cependant, malgré une administration de plus en plus performante grâce à l'utilisation des statistiques, et malgré les pressions des maîtres de forges, l'État ne put donner l'impulsion qu'il aurait souhaitée à la construction des chemins de fer. Les mauvaises récoltes à partir de 1845 et, fait nouveau, la surproduction industrielle ainsi que la spéculation entraînèrent la fin de la prospérité économique et la reprise de l'agitation sociale. Une grave crise morale s'ensuivit, attisée par les scandales financiers qui touchèrent les dirigeants. Ce malaise résultait également du déclin de l'idéologie libérale, du vieillissement du roi et de l'usure du personnel politique. L'obstination du roi et de Guizot à s'opposer à toute extension du droit de vote suscita la « campagne des banquets «, qui aboutit à la révolution du 24 février 1848, à l'abdication de Louis-Philippe en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, et finalement au rétablissement de la République. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats banquets (campagne des) Berry (Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de) canuts comices février 1848 (journées de) Guizot François Juillet (monarchie de) juillet 1830 (journées des 27, 28 et 29) Lamarque Jean Maximilien Louis-Philippe Ier Perier Casimir Résistance (parti de la) Les livres Louis-Philippe Ier, page 2923, volume 6 ouvrier (mouvement) - la révolte des ouvriers de la soierie lyonnaise (9-12 avril 1834), page 3650, volume 7 De la République au second Empire (1848-1870). Après la fondation de la IIe République, le climat politique, mélange de romantisme politique, de socialisme et de christianisme social, inspira des mesures généreuses (ateliers nationaux) et donna l'illusion d'une possible réconciliation fraternelle autour de la République. Les élections à l'Assemblée (23 avril 1848), qui eurent lieu pour la première fois au suffrage universel masculin, donnèrent la majorité aux républicains libéraux. Mais l'atmosphère politique se dégrada rapidement. Les protestations ouvrières contre la fermeture des ateliers nationaux furent réprimées dans le sang au cours des journées de juin. L'échec de la République modérée, l'élection de LouisNapoléon Bonaparte, neveu de l'empereur, à la présidence de la République le 10 décembre 1848, puis la victoire du parti de l'ordre (les « Républicains du lendemain «) aux élections législatives de 1849 illustrèrent l'impossible alliance d'un ordre conservateur et de la « République des républicains «. L'Assemblée législative, où la droite était fortement majoritaire, abolit en fait le suffrage universel en imposant trois ans de résidence pour être électeur. En 1850, elle vota la loi Falloux, qui rendait la liberté aux écoles et collèges religieux et qui faisait entrer les évêques dans le Conseil supérieur de l'instruction publique. Elle entra finalement en conflit avec le président en refusant de lever l'interdiction constitutionnelle qui empêchait celui-ci de briguer un second mandat. La lutte entre le président et l'Assemblée s'acheva sur le coup d'État du 2 décembre 1851. Malgré des résistances qui attestaient l'enracinement du sentiment républicain dans certaines régions comme le Sud-Est méditerranéen, le princeprésident imposa une dictature personnelle qui fut légitimée par le recours au plébiscite. Un an plus tard, le 2 décembre 1852, l'empire était proclamé. Soutenu par la bourgeoisie, le clergé et les partisans d'un retour à l'ordre, Napoléon III organisa d'abord un régime césariste et policier (surveillance de la presse). Jusqu'en 1859, cet empire autoritaire chercha l'appui des notables de province. Il bénéficia d'une conjoncture économique très favorable qui permit, à l'instigation des saint-simoniens de l'entourage de l'empereur, la mise en oeuvre d'une politique de modernisation des structures de l'économie française. Ainsi, il développa les chemins de fer et acheva la construction d'un réseau de grandes lignes reliant les principales villes. Des travaux d'une ampleur considérable, comme ceux d'Haussmann à Paris, transformèrent les paysages urbains. De grandes banques de dépôt furent créées (Crédit foncier en 1852, Crédit lyonnais en 1863) et la distribution fut modernisée par l'apparition des grands magasins (Bon Marché en 1852). La guerre de Crimée et le congrès de Paris (1856), l'achèvement de la conquête de l'Algérie, celle du Sénégal, les interventions en Indochine, la campagne d'Italie aux côtés du Piémont contre l'Autriche donnèrent à l'empire un grand prestige. Par son ralliement à la cause de l'unité italienne, Napoléon III perdit le soutien des catholiques, qui craignaient pour l'indépendance des États pontificaux. Le traité de libre-échange avec la Grande-Bretagne en 1860 lui aliéna l'appui de la bourgeoisie industrielle. Pour ces raisons, mais sans doute aussi par suite d'une évolution personnelle de l'empereur à partir de 1860, l'empire se fit plus libéral. La vie politique put ainsi progressivement renaître. L'empereur accorda le droit de grève aux ouvriers en 1864. Pourtant, peu d'opposants se rallièrent à sa nouvelle politique. À l'extérieur, l'expédition du Mexique, de 1862 à 1867, s'acheva en désastre, tandis que la Prusse, victorieuse de l'Autriche à Sadowa (1866), établissait sa prépondérance en Allemagne et devenait un adversaire redoutable pour la France. Napoléon III fit de nouvelles concessions en 1869, instituant un régime parlementaire. Le plébiscite du 8 mai 1870 (82 % de oui) semblait montrer l'adhésion des Français à cette nouvelle évolution du gouvernement impérial. Cependant, cette adhésion ne résista pas à la guerre contre la Prusse. La défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, et la captivité de Napoléon III entraînèrent une nouvelle révolution républicaine à Paris. La III e République, qui allait être le premier régime durable après un siècle de crises, fut proclamée le 4 septembre 1870. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Assemblée législative (1849) Ateliers nationaux Bazaine Achille Crimée Décembre (coup d'État du 2) Empire (second) Falloux (Frédéric, comte de) franco-allemande (guerre) Haussmann (Georges Eugène, baron) Italie (campagnes d') juin 1848 (journées de) Ledru-Rollin (Alexandre Auguste Ledru, dit) Napoléon III (Charles Louis Napoléon Bonaparte) Ordre (parti de l') Paris - Histoire - Formation du Paris contemporain plébiscite République (IIe) Sedan Septembre 1870 (révolution du 4) Les livres Napoléon III - entrée de l'empereur à Paris, page 3376, volume 6 Napoléon III et le baron Haussmann, page 3376, volume 6 Napoléon III - réception des ambassadeurs du Siam, page 3376, volume 6 France - le Siège de Paris en 1870-1871, page 2017, volume 4 L'enracinement de la République Malgré des débuts difficiles, la IIIe République dura jusqu'au 10 juillet 1940, car le consensus de la nation française autour des valeurs de liberté, de patrie et de république progressa et fut assez fort pour résister à la Première Guerre mondiale et à une succession de crises internes. Les débuts de la IIIe République (1871-1899). Le régime républicain devait faire ses preuves face à un pays qui avait élu une Assemblée nationale plutôt monarchiste en février 1871. À la tête du nouveau pouvoir, dont la ligne politique allait rapidement devenir l'« ordre moral «, en opposition à la vie brillante de la cour impériale et au « désordre républicain «, Adolphe Thiers négocia la paix avec l'Allemagne, qui obtint l'Alsace et la Lorraine. Il s'assura le soutien de la plupart des Français en écrasant dans le sang la Commune de Paris (18 mars-26 mai 1871). Si cette dernière traumatisa pour longtemps le mouvement ouvrier, la répression de l'insurrection prouvait aux conservateurs que la République pouvait être un régime « d'ordre «. Mais c'est surtout la division des monarchistes qui sauva la République. Le président Thiers, hostile à une restauration monarchique qu'il jugeait irréaliste, fut contraint de démissionner le 24 mai 1873. Il fut remplacé par le maréchal royaliste Mac-Mahon. Mais, le 27 octobre 1873, le comte de Chambord, dernier représentant des Bourbons, refusa d'adopter le drapeau tricolore s'il accédait au trône, comme le lui demandaient les royalistes orléanistes. Aussi ces derniers, qu'inquiétait d'autre part le renouveau bonapartiste, se résignèrent-ils à accepter une République présidée par un véritable substitut de roi, dont le mandat porté à sept ans permettait d'attendre la mort du prétendant légitimiste afin d'introniser le comte de Paris. Puis la République fut admise officiellement grâce aux lois constitutionnelles de 1875, en vertu desquelles « le président de la République « était « élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés «. La nature parlementaire du régime fut confirmée par la victoire des républicains après la crise du 16 mai 1877. Mac-Mahon avait alors dissous l'Assemblée afin d'imposer un retour à l'ordre moral. Mais l'échec des royalistes aux élections de 1877 laissa sans véritables responsabilités politiques le président, qui se démit en 1879, année où même le Sénat devint majoritairement républicain. Consolidée par l'oeuvre des « opportunistes « (1879-1885), la République sut garantir les libertés publiques (loi sur la presse, 1881), démocratiser l'administration locale (élection des maires, 1882) et faire accepter le fonctionnement régulier des institutions. L'enracinement du régime passait également par l'intégration de tous dans une même France républicaine. De ce point de vue, Jules Ferry fut l'instigateur des lois scolaires (1881-1882) qui instauraient une école publique gratuite et laïque et qui rendaient l'enseignement primaire obligatoire. Une culture scolaire commune marqua des générations éduquées par les instituteurs, « hussards noirs de la République « (Péguy), puis brassées par le service militaire qui incorporait désormais l'ensemble d'une classe d'âge masculine. L'unification nationale s'acheva ainsi aux dépens des langues et des cultures régionales, peu à peu réduites à de simples folklores. Elle fut facilitée par une lente croissance économique qui s'appuyait sur la stabilité monétaire et fit naître un marché national grâce au réseau de chemin de fer et de routes reliant tous les points du territoire à la capitale, de plus en plus dominante. Le produit national tripla entre le début et la fin du XIXe siècle, mais la France agricole, qui représentait 45 % de la population active à la fin du siècle, demeurait protectionniste. L'idéal du petit propriétaire ou de l'artisan ne fit place que lentement au concept d'une industrie plus concentrée (métallurgie au Creusot) et plus dynamique (chimie, houille blanche dans les Alpes, puis automobile). La patrie républicaine avait cependant ses laissés-pour-compte : les femmes, sans droit de vote, et dont le travail rural n'était pas reconnu, les vieillards sans retraite, les ouvriers auxquels l'État n'accorda que très lentement une législation du travail à partir des années 1890. Le prolétariat salarié, de plus en plus nombreux, tenta de s'organiser en 1886 par le premier congrès de la Fédération des syndicats à Lyon, puis par la fondation de la CGT en 1895. Il fit naître une véritable culture ouvrière, avec ses modes de vie et son aspiration à l'instruction (création des bourses du travail et de bibliothèques, diffusion des idées anarchistes et marxistes). Le monde du travail se déchristianisait lentement malgré les efforts du catholicisme social (abbé Lemire), tandis que la bourgeoisie catholique, pourtant choquée par la politique anticléricale mise en oeuvre, se ralliait progressivement au régime républicain. Le pape Léon XIII avait lui-même encouragé ce ralliement dès 1890. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alsace-Lorraine Assemblée nationale (1871-1875) Broglie (Albert, duc de) Carnot (Marie François, dit Sadi) Casimir-Perier Jean Chambord (comte de) Commune de Paris (1871) Faure Félix Ferry Jules François Camille Grévy Jules Mac-Mahon (Edme Patrice, comte de) mai 1877 (crise du 16) Ordre moral ralliement République (IIIe) Schnaebelé (affaire) Thiers Adolphe Wallon Henri Les livres Mac-Mahon (Edme Patrice, comte de), page 2965, volume 6 La République radicale (1899-1918). À l'aube du XXe siècle, la République, personnifiée par le buste de Marianne dans chaque mairie, était servie par des fonctionnaires nombreux et mieux formés (Grandes Écoles). Elle sut gérer des crises politiques qui révélèrent pourtant l'opposition durable d'une fraction de l'opinion au régime. À droite, l'instabilité gouvernementale avait en effet favorisé un antiparlementarisme, désormais allié à un nationalisme exacerbé au sein des ligues (Ligue des patriotes, Action française). Le boulangisme (1887-1889) fut une coalition hétérogène de groupes hostiles à l'effacement du pouvoir exécutif et favorables à la « revanche « sur l'Allemagne. Après des scandales politico-financiers comme celui de Panamá (1889-1893), l'affaire Dreyfus (1894-1899) suscita une agitation nationaliste et antisémite soutenue par la presse catholique. Contre ces menaces, les républicains firent bloc. D'abord au sein du gouvernement Waldeck-Rousseau (1899-1902), puis à la tête des cabinets Combes (1902-1905) et Clemenceau (1906-1909), les radicaux firent de l'anticléricalisme la clef de voûte de leur politique. Dans le même temps, la remise en cause du capitalisme s'exprimait au sein des partis socialistes (unis par la SFIO en 1905) ou dans un anarcho-syndicalisme spécifique de la France. Le régime dut faire face à de nouveaux conflits (réactions à la séparation de l'Église et de l'État en 1905 ; multiplication des grèves, qui furent durement réprimées par Clemenceau, 19071909). Mais une large union se fit sur les ambitions extérieures d'une France patriote qui tentait de retrouver son prestige international en étendant son empire. Si elle fut parfois contestée, surtout par les bellicistes anti-allemands, la politique coloniale fut néanmoins menée avec continuité depuis Jules Ferry. La présence française fut renforcée en Algérie et des protectorats furent établis sur la Tunisie (1881), sur le Tonkin (1885), puis sur l'ensemble de l'Indochine française (1888), sur Madagascar (1895) et enfin sur le Maroc (1912). En Afrique furent formés deux gouvernements généraux, celui de l'Afrique-Occidentale française en 1895, puis celui de l'AfriqueÉquatoriale française en 1910. L'aggravation des tensions internationales, le jeu des alliances avec la Russie et la Grande-Bretagne (Triple Entente) menèrent la France à la guerre en 1914. Les Français furent davantage résolus que vraiment enthousiastes à faire cette guerre contre les empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman). Mais l'échec du pacifisme internationaliste après l'assassinat de Jean Jaurès et la formation d'un gouvernement « d'union sacrée « révélèrent à la fois la profondeur du patriotisme et la force du consensus républicain. Voir le dossier Guerres mondiales. L'expression « Belle Époque « naquit rétrospectivement, après le choc terrible de la guerre mondiale, pour caractériser le début de siècle où les Français avaient cru au progrès, aux bienfaits de la science, et avaient bénéficié, avec la bicyclette ou le téléphone, des premiers fruits de la civilisation industrielle. Pour la France, la Première Guerre mondiale marqua le début du XXe siècle. Cette guerre, qui dura quatre longues années, mobilisa toutes les ressources du pays, ruina des régions entières, notamment dans le Nord et dans l'Est, et causa la mort de 1,5 million de soldats et de 250 000 civils. La perturbation démographique qui s'ensuivit et le vieillissement de la population furent un phénomène majeur de l'entre-deux-guerres. Malgré l'union sacrée et un patriotisme cimenté par le sang versé, la conscience qu'eurent les « anciens combattants « de leur sacrifice fit naître une crise profonde du sentiment national, tantôt exacerbé (culte des monuments aux morts) et tantôt nié (pacifisme du « plus jamais ça «), alors même que la solidarité née dans les tranchées contribuait à abaisser les barrières sociales. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Action française (l') Boulanger Georges Clemenceau Georges colonisation - Le second système colonial : l'impérialisme - La nouvelle distribution coloniale Combes Émile Dreyfus (affaire) Fallières Armand Ferry Jules François Camille Fiches (affaire des) guerres mondiales - La Première Guerre mondiale Jaurès Jean Loubet Émile Marianne Panamá (scandale de) radicalisme République (IIIe) séparation de l'Église et de l'État (loi de) socialisme - Le parti socialiste en France Waldeck-Rousseau Pierre Les livres guerres mondiales - affiche française anonyme en faveur des Alliés, page 2266, volume 4 guerres mondiales - l'ordre de mobilisation générale lancé le 2 août 1914 par la France, page 2266, volume 4 guerres mondiales - scène de combat sur l'Yser, page 2267, volume 4 guerres mondiales - les opérations dans l'Europe du Sud-Est, page 2268, volume 4 guerres mondiales - les opérations en Europe occidentale, page 2268, volume 4 guerres mondiales - la crête des Éparges sur les Côtes de Meuse (Argonne), page 2269, volume 4 guerres mondiales - combattants munis de masques à gaz, page 2269, volume 4 guerres mondiales - signature du traité de Versailles dans la galerie des Glaces, le 28 juin 1919, page 2271, volume 4 guerres mondiales - le défilé de la victoire, le 14 juillet 1919, page 2271, volume 4 ouvrier (mouvement) - manifestation devant la Bourse du travail à Paris, le 1er mai 1906, page 3650, volume 7 L'entre-deux-guerres (1918-1939). La France vécut longtemps dans l'illusion d'une reconstruction sur les bases de sa puissance passée. Le goût de vivre et d'oublier s'exprima surtout à Paris, dans la vie culturelle des « Années folles « avec ses formes nouvelles (Fernand Léger, Le Corbusier, exposition des Arts décoratifs en 1925) et son ouverture vers d'autres cultures (mode du jazz et de la littérature américaine). Les gouvernements successifs - Bloc national en 1919, puis Cartel des gauches en 1924 - tentèrent d'obtenir de l'Allemagne vaincue des réparations et de mettre en place une sécurité collective en s'associant à la création de la Société des Nations (SDN). La France reprenait sa place dans le jeu des alliances internationales (Petite Entente). Après la crise financière qu'avait entraînée l'inflation de l'après-guerre, et l'échec du Cartel des gauches, Raymond Poincaré (1926-1929) présida un gouvernement d'Union nationale. Il stabilisa la valeur du franc à un cinquième de celle du franc germinal de 1914. Malgré la hausse des prix et la perte de placements financiers (les emprunts russes), la France modernisa et concentra ses structures économiques sur le modèle américain du taylorisme (Rhône-Poulenc, Saint-Gobain), tandis que l'agriculture restait à la traîne du progrès. C'est dans les années vingt que triompha la civilisation de la ville, avec sa culture (presse, essor de la radio, sport) et ses modes de consommation ; en 1931, pour la première fois, la population urbaine devint majoritaire en France. Les colonies constituaient un débouché pour les produits agricoles (sucre, huile) et industriels français. Agrandi aux dépens de l'Allemagne et de l'Empire ottoman, puisque la France reçut en mandat de la SDN le Cameroun, le Togo, la Syrie et le Liban, l'empire fut magnifié par l'Exposition coloniale de 1931. Malgré quelques troubles locaux, la contestation des populations autochtones était encore marginale dans « cette France des 100 millions d'habitants «. La crise économique mondiale ne frappa la France qu'en 1930-1931, mais affaiblit durablement la production industrielle et les échanges. La montée du chômage (2 millions de chômeurs en 1935) et l'appauvrissement des classes moyennes attisèrent les mécontentements face à un personnel politique qui, incapable de réagir, continuait de professer le protectionnisme et le dogme du franc fort. Or, des forces politiques nouvelles contestaient les vieux partis. À gauche, le parti communiste français, né de la scission de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) au congrès de Tours en 1920, adopta, de 1923 à 1934, une tactique de confrontation de classes sur le modèle bolchévique. À l'extrême droite, des ligues, comme les Croix-de-Feu ou le Faisceau, entretenaient dans les rues une agitation violente qui fut attisée par des scandales politico-financiers (affaires Hanau et Stavisky). « L'esprit des années trente «, selon le mot de Jean Touchard, fut caractérisé par une remise en cause du régime parlementaire et par une recherche passionnée de solutions nouvelles. Ainsi, une partie de la jeunesse intellectuelle, autour d'André Breton, prôna la « révolution surréaliste «. La conscience du danger que courait la République et la montée des fascismes étrangers entraînèrent l'union des gauches après la manifestation d'extrême droite contre la Chambre des députés le 6 février 1934. La victoire électorale du Front populaire en 1936 et l'arrivée du socialiste Léon Blum à la tête du gouvernement permirent le vote de nombreuses mesures sociales. Cette victoire, mais aussi les grandes grèves et les premiers congés payés allaient être un tournant décisif dans la mémoire collective de la gauche française. Léon Blum échoua pourtant à rétablir la production et les finances. Les gouvernements qui lui succédèrent, absorbés par l'imminence du conflit mondial, cherchèrent jusqu'au bout à composer avec Hitler, tout en entamant la modernisation de l'armée. Ainsi, Daladier conclut en octobre 1938 les accords de Munich. Ce fut une France sans véritable élan national qui entra en guerre en septembre 1939. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Blum Léon Breton André Cartel des gauches congés payés crise économique - La crise des années trente Daladier Édouard Deschanel Paul Doumer Paul Doumergue Gaston février 1934 (journée du 6) Front populaire Lebrun Albert Matignon (accords) Millerand Alexandre Munich (accords de) Poincaré Raymond réparations République (IIIe) sécurité collective Société des Nations (SDN) Stavisky (affaire) Tours Les livres guerres mondiales - signature du traité de Versailles dans la galerie des Glaces, le 28 juin 1919, page 2271, volume 4 guerres mondiales - le défilé de la victoire, le 14 juillet 1919, page 2271, volume 4 Lebrun Albert, page 2819, volume 5 ouvrier (mouvement) - cortège de manifestants en 1936, page 3650, volume 7 Poincaré Raymond, page 3966, volume 7 République (IIIe) - Édouard Herriot, en 1924, page 4317, volume 8 République (IIIe) - le ministère Laval en 1931, page 4317, volume 8 République (IIIe) - un défilé des Croix-de-Feu sur les Champs-Élysées, page 4317, volume 8 Complétez votre recherche en consultant : Les livres France - la France en 1871, page 2005, volume 4 France - le général Boulanger, page 2017, volume 4 France - construction de la Tour Eiffel en 1889, page 2018, volume 4 France - J'Accuse, page 2018, volume 4 France - Jaurès à la tribune (1901), page 2018, volume 4 France - manifestation de chômeurs du Nord en 1933, page 2019, volume 4 France - manifestation parisienne lors de l'affaire Stavisky, page 2019, volume 4 France - les premiers congés payés, en 1936, page 2020, volume 4 Guerre et après-guerre ; croissance et crises La Seconde Guerre mondiale fut pour la France une épreuve qui modifia ses institutions, sa vie économique, sa place dans le monde. La fracture des années 1939-1945 a constitué une référence constante et vivante dans la mémoire politique des Français durant tout le long après-guerre qui s'est achevé, à la fin de la décennie quatre-vingt, par la chute du rideau de fer. Résistance et collaboration. La défaite militaire après la « drôle de guerre «, puis l'entrée des armées allemandes sur le sol français (mai-juin 1940) entraînèrent l'effondrement du régime. Après la démission d'Édouard Daladier et celle de Paul Reynaud, le maréchal Pétain, devenu président du Conseil, signa l'armistice (22 juin) et obtint du Parlement les pleins pouvoirs qui mettaient fin à la IIIe République (10 juillet). La France, séparée jusqu'en 1942 en deux zones, l'une dite « libre « et l'autre occupée, vécut alors sous le régime de l'État français, issu de la vieille culture contre-révolutionnaire traditionaliste et catholique. Ayant adopté la devise « Travail, famille, patrie «, le régime autoritaire et corporatiste (mais sans parti unique) établi à Vichy gérait la défaite (collaboration avec l'Allemagne, économie dirigée), en faisant des communistes, des francs-maçons et surtout des juifs (lois juives d'octobre 1940, appui à la « solution finale «) les responsables de la « décadence « française. Face à ce régime, les mouvements de la résistance intérieure, tels Combat ou Libération, organisèrent peu à peu des réseaux de sabotage et de renseignement, tandis que, de Londres, le général de Gaulle, chef de la France libre, unifiait la résistance en créant, en mai 1943, le Conseil national de la résistance (CNR). Aussi de Gaulle présida-t-il le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), formé en 1944 à Alger. Les Français avaient vécu la guerre en subissant les contraintes matérielles et les inquiétudes de l'occupation, tandis qu'un million et demi d'hommes restaient prisonniers en Allemagne. Mais l'attentisme, la confiance en la personne du maréchal Pétain ou l'anticommunisme n'affaiblirent pas, sauf chez une minorité d'ultracollaborationnistes, l'attachement à la nation républicaine de la majorité des Français qui ne s'étaient pas engagés dans la Résistance. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats collaboration C ombat Conseil national de la Résistance (CNR) État français Gaulle (Charles André Joseph Marie de) Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) guerres mondiales - La Seconde Guerre mondiale Laval Pierre Libération Occupation Pétain Philippe Résistance Révolution nationale Reynaud Paul Les livres guerres mondiales - la France en 1940, page 2272, volume 4 guerres mondiales - la situation en Afrique, page 2272, volume 4 guerres mondiales - les offensives alliées en Occident entre 1942 et 1945, page 2272, volume 4 guerres mondiales - le rembarquement des troupes alliées à Dunkerque, page 2273, volume 4 guerres mondiales - la ligne de démarcation à Moulins, page 2274, volume 4 guerres mondiales - le maréchal Pétain, page 2274, volume 4 guerres mondiales - maquisards français, page 2274, volume 4 guerres mondiales - le gouvernement de la France libre en exil à Londres, page 2274, volume 4 guerres mondiales - la vallée de Cassino après la terrible bataille du mont Cassin, page 2275, volume 4 guerres mondiales - le général de Lattre de Tassigny donnant ses instructions au général américain Milburn, page 2275, volume 4 guerres mondiales - le débarquement de Normandie, page 2275, volume 4 Laval Pierre, page 2816, volume 5 Occupation, page 3507, volume 7 Pétain Philippe, en 1917, page 3825, volume 7 Pétain Philippe, en 1941, page 3825, volume 7 rationnement, page 4241, volume 8 Résistance - déraillement d'un train après le sabotage d'une voie ferrée, dans la région de Pau, page 4342, volume 8 Résistance - exécution d'un résistant par les Allemands, page 4342, volume 8 Résistance - les FFI en action lors de la libération de Paris, page 4342, volume 8 Résistance - Honoré d'Estienne d'Orves, page 4343, volume 8 Résistance - Gabriel Péri, page 4343, volume 8 Résistance - Pierre Brossolette, page 4343, volume 8 Résistance - le père Jacques, page 4343, volume 8 Résistance - Jean Moulin, page 4343, volume 8 Résistance - Jean Prévost, page 4343, volume 8 Résistance - Danièle Casanova, page 4343, volume 8 Résistance - Bertie Albrecht, page 4343, volume 8 Résistance - poème d'Eluard, page 4343, volume 8 Résistance - le mémorial de la Résistance à Saint-Nizier-du-Moucherotte, dans le Vercors, page 4343, volume 8 La IVe République (1946-1958). Après le débarquement des Alliés en Normandie, le 6 juin 1944, la France se rallia très largement à l'image que donnait le général de Gaulle d'une France victorieuse aux côtés des démocraties occidentales et de l'URSS. Passé la confusion d'une épuration sauvage qui fit au moins 9 000 morts, mais qui, rapidement reprise en main par la justice, toucha peu l'administration et l'économie, il fallait reconstruire. Le pays, saigné par les pertes humaines (600 000 morts), traumatisé par le retour des déportés, se trouvait économiquement ravagé. Malgré l'opposition du général de Gaulle au « régime des partis «, le pouvoir fut assumé par les partis politiques qui avaient soutenu la Résistance : communistes, socialistes et démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (MRP) formèrent un gouvernement de coalition (le tripartisme). La Constitution, adoptée en 1946 - les femmes votaient depuis 1945 -, fonda la IVe République et infléchit le régime vers un renforcement du pouvoir parlementaire. Malgré les espoirs qu'avait fait naître la Résistance en transcendant les clivages traditionnels, la vie politique fut de nouveau dominée par les partis d'avantguerre. Après le départ des communistes du gouvernement en 1947, au début de la guerre froide, les socialistes et les démocrates-chrétiens furent en effet contraints de former des majorités instables avec les modérés et les radicaux, qui avaient été les piliers de la IIIe République. Les grands mouvements sociaux des années 1947-1948, puis l'échec du Rassemblement du peuple français (RPF), mouvement gaulliste qui adoptait une attitude d'opposition systématique au régime, et enfin l'affaiblissement du MRP sanctionnèrent cette évolution. À la fin des années cinquante, la reconstruction d'une économie dynamique, renforcée par l'aide américaine (plan Marshall), était spectaculaire, puisque le taux de croissance du PIB était de 4 % par an. Après la Libération, l'État, appuyé sur de nouvelles élites administratives (l'École nationale d'administration) et sur le Commissariat au plan, avait réalisé des réformes de structures : nationalisation des charbonnages, de l'électricité, du gaz, de certains établissements de crédit et des assurances, de quelques grandes entreprises (Renault, Air France, etc.), mise en train du plan de sécurité sociale. En 1952, avec Antoine Pinay, cette politique prit une orientation plus libérale. La IV e République, sous l'impulsion d'hommes comme Jean Monnet et Robert Schuman, engagea la France dans la coopération européenne : Communauté charbon-acier (CECA) en 1951, Marché commun (CEE) en 1957. La France prenait donc sa place dans une Europe de l'Ouest économiquement solidaire et opposée au bloc communiste, mais elle dut faire face, dans ses colonies, aux mouvements favorables à l'indépendance sans réussir à adopter une politique de décolonisation. Malgré la création d'une Union française et l'évolution pacifique de l'Afrique noire, la réponse aux aspirations des peuples de l'empire fut d'abord répressive (émeutes de Sétif, 1945 ; de Madagascar, 1947). Les Français, qui avaient été évincés de l'Indochine par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, refusèrent la négociation après que le Viêt-nam et le Cambodge eurent proclamé leur indépendance, et ils s'enlisèrent dans la guerre. Après la traumatisante défaite de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954, Pierre Mendès France, devenu président du Conseil, mit fin à la « sale guerre « en concluant avec le Viêt-minh les accords de Genève en juillet 1954. La même année, il mena à bien les négociations en vue de l'indépendance du protectorat tunisien. Son successeur, Edgar Faure, fit de même pour le Maroc en 1956. Mais le durcissement de la guerre d'Algérie, commencée à la Toussaint 1954, obligea le gouvernement de Guy Mollet à faire appel au contingent : 450 000 hommes furent mobilisés au cours de l'été 1957. L'utilisation de la torture cristallisa bientôt les passions. Les intellectuels engagés, tel Jean-Paul Sartre, les « porteurs de valises « au profit du Front de libération nationale (FLN) et les journaux prirent parti contre le gouvernement socialiste de Guy Mollet, qui se montrait incapable de résoudre la crise. La montée de l'antiparlementarisme s'exprima aux élections de 1956 par la poussée du mouvement poujadiste, dont le mot d'ordre était : « Sortez les sortants ! « Les pressions des militaires et des Français d'Algérie (les pieds-noirs), hostiles à toute négociation avec les nationalistes algériens, entraînèrent, le 13 mai 1958, le putsch d'Alger mené par les généraux Massu et Salan. Dans une atmosphère de coup d'État habilement utilisée par le général de Gaulle et par ses fidèles en Algérie, le président de la République, René Coty, dut se résoudre à faire appel au général de Gaulle pour former le gouvernement. Seuls les communistes et quelques personnalités de gauche (François Mitterrand, Pierre Mendès France) lui refusèrent les pleins pouvoirs. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Alger Algérie - Histoire - L'émergence du nationalisme algérien et la guerre d'Algérie Assemblée constituante (1945-1946) Assemblée constituante (1946) Assemblée nationale (1946-1958) Auriol Vincent Coty René Diên Biên Phu Faure Edgar Gaulle (Charles André Joseph Marie de) Indochine française mai 1958 (crise du 13) Maroc - Histoire - Le protectorat français (1912-1956) Massu Jacques Mendès France Pierre Mollet Guy Monnet Jean Pinay Antoine République (IVe) Salan Raoul Schuman Robert tripartisme Tunisie - Histoire - Le protectorat français Viêt-nam - Histoire - Guerre d'Indochine et guerre du Viêt-nam Les livres Mendès France Pierre, page 3143, volume 6 République (IVe) - les usines Michelin en grève, en juin 1948, page 4318, volume 8 République (IVe) - la chute de Diên Biên Phu à la une de France-Soir et de Paris-Presse, page 4318, volume 8 République (IVe) - incidents à Alger en février 1965, page 4318, volume 8 Maroc - signature du traité d'indépendance du Maroc, à Paris, page 3064, volume 6 Les débuts de la Ve République (1958-1981). La Constitution de la Ve République fut adoptée par référendum en septembre 1958. Elle fondait un régime plus stable, mais limitait le rôle du Parlement au profit de l'exécutif. Ce dernier bénéficia par surcroît de la réforme constitutionnelle de 1962, en vertu de laquelle le président de la République devait être élu au suffrage universel. Le général de Gaulle, entouré d'un gouvernement d'union nationale, s'employa d'abord à résoudre la crise algérienne. Il amena la majorité de l'opinion française à accepter l'autodétermination, puis l'indépendance de l'Algérie (accords d'Évian, 1962), malgré les actions terroristes des membres de l'Organi sation de l'armée secrète (OAS) et le difficile problème du rapatriement des pieds-noirs et des harkis. Libéré du drame algérien, le général de Gaulle, réélu en 1965, tenta de construire une France forte et dynamique, refusant de se résigner au rôle de puissance moyenne. La diplomatie et la défense - domaine réservé du Président - assuraient l'indépendance de la France, qui disposait de l'arme atomique et n'hésitait pas à manifester son autonomie face aux États-Unis en sortant du commandement intégré de l'OTAN en 1966. Les années soixante furent pour la France la période privilégiée d'une croissance fondée sur l'assainissement financier (création du nouveau franc en 1960), l'utilisation d'énergies nouvelles (pétrole), l'appel massif à une main-d'oeuvre immigrée, maghrébine surtout, et sur une politique ambitieuse de grandes réalisations, comme le Concorde (1969). Le pays acheva de s'urbaniser, tandis que se mettait en place une agriculture mécanisée et mieux organisée (création de la FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles). Dans le même temps, le dynamisme démographique de la population française stimulait la société de consommation, dont les produits phares (automobile, téléviseur, machine à laver, réfrigérateur) se répandirent très largement, comme dans le modèle américain. Avec la civilisation des loisirs et l'« invention « de la jeunesse en tant que catégorie aux goûts culturels communs, les modes de vie s'uniformisèrent. L'État mena une politique volontariste d'aménagement du territoire, afin de contrebalancer la domination de la capitale par la création de vingt-deux Régions (1965). Cette société nouvelle, qui semblait prospère et dépolitisée, souffrait néanmoins d'un certain nombre de blocages. La crise qui éclata en mai-juin 1968 fut à la fois politique et sociale. Le mouvement de révolte fut d'abord universitaire avant d'être suivi par les ouvriers. Mais, malgré une vague de grèves sans précédent (9 millions de grévistes) qui aboutit aux accords de Grenelle, les utopies sociales exprimées par la mouvance complexe des groupes « gauchistes «, le refus d'une uniformisation technocratique et les critiques radicales de la société de consommation ne rencontrèrent guère d'écho profond dans le pays. La crise du régime, peu exploitée par les partis d'opposition, s'acheva avec l'élection triomphale des partisans du général de Gaulle à l'Assemblée nationale - après dissolution de celle-ci - en juin 1968. L'autorité du président de la République était cependant atteinte. Il proposa un référendum en 1969 sur la régionalisation et la réforme du Sénat. Et après l'échec de cette consultation, dont le véritable enjeu était son maintien à la tête de l'État, le général de Gaulle démissionna. Son successeur, Georges Pompidou, conserva jusqu'à son décès (1974) les grandes lignes de la politique gaullienne en les infléchissant vers une amélioration de la concertation sociale. Il voulut également donner à Paris la marque d'une cité moderne en faisant construire les gratte-ciel du front de Seine, la voie express et le centre Beaubourg. L'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, en 1974, marqua l'arrivée au pouvoir d'une droite rajeunie, libérale et moderniste. D'importantes réformes sociales furent d'abord entreprises (légalisation de l'avortement, majorité à 18 ans, libéralisation du divorce). Mais le fait majeur du septennat fut la difficile gestion des répercussions de la crise économique mondiale des années soixante-dix, amplifiée par le choc pétrolier de 1973-1974. Malgré les tentatives du Premier ministre Raymond Barre pour juguler l'inflation, le poids croissant du chômage et l'entrée en crise de régions industrielles entières (sidérurgie lorraine) accrurent les mécontentements. La bipolarisation de la vie politique française s'accentua encore. Le parti socialiste, réorganisé par François Mitterrand, sut réactualiser l'union de la gauche, créée par la signature du programme commun en 1972. Il sut capter des contestations multiformes, notamment celles des écologistes contre le nucléaire. Il profita du renouveau syndical (mouvement autogestionnaire autour du PSU et de la CFDT) et du prolongement de la crise, qui fit perdre à la droite sa crédibilité de gestionnaire, alors que plusieurs « affaires « d'État entamaient aussi son crédit moral. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Algérie - Histoire - L'émergence du nationalisme algérien et la guerre d'Algérie Barre Raymond FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) Gaulle (Charles André Joseph Marie de) Giscard d'Estaing Valéry Grenelle (accords de) mai 1968 (événements de) Messmer Pierre OAS (Organisation armée secrète) Peyrefitte Alain Pompidou Georges République (Ve) - Le système des partis suffrage universel Les médias Pompidou Georges Les livres mai 1968 (événements de), page 2984, volume 6 mai 1968 (événements de), page 2984, volume 6 Pompidou Georges, page 4036, volume 8 République (V) - Georges Pompidou, page 4334, volume 8 République (V) - discours du général de Gaulle le 4 septembre 1958, page 4334, volume 8 République (V) - totalisation des votes lors de la première élection présidentielle au suffrage universel direct, le 5 décembre 1965, page 4334, volume 8 République (V) - manifestation gaulliste sur les Champs-Élysées, le 30 mai 1968, page 4335, volume 8 République (V) - défilé du 14 Juillet sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, page 4335, volume 8 République (V) - le général de Gaulle et le souverain cambodgien Norodom Sihanouk à Phnom Penh, le 2 septembre 1966, page 4336, volume 8 République (V) - Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt en février 1980, page 4336, volume 8 République (V) - Georges Pompidou et Leonid Brejnev à Paris, en 1971, page 4336, volume 8 République (V) - le général de Gaulle et Jacques Foccart s'entretenant avec les chefs d'État de la Communauté en 1960, page 4337, volume 8 De François Mitterrand à Jacques Chirac. La gauche, conduite par François Mitterrand, remporta l'élection présidentielle de 1981. Cette alternance au pouvoir prouva la solidité des institutions de la Ve République. Assuré de la majorité absolue à l'Assemblée, le gouvernement, qui comprenait pour la première fois depuis 1947 des ministres communistes, engagea une série de réformes qui devaient amorcer le « changement « promis par le candidat Mitterrand : abolition de la peine de mort, décentralisation, nationalisations, lois Auroux pour l'expression des salariés dans les entreprises. L'échec de la politique de relance économique conduisit cependant, dès 1983, le gouvernement de Pierre Mauroy, puis celui de Laurent Fabius, à se rallier à l'orthodoxie financière afin de rétablir les grands équilibres économiques. L'augmentation du chômage, la lenteur du retour à la croissance, la radicalisation du débat politique exacerbé par le problème de l'immigration (résurgence d'une extrême droite xénophobe : le Front national) et l'échec de la réforme scolaire de 1984 favorisèrent la victoire des partis de droite aux élections législatives de 1986. François Mitterrand fut alors contraint d'inaugurer un régime dit de « cohabitation «, en nommant au poste de Premier ministre Jacques Chirac, le chef du principal parti d'opposition (le RPR), se réclamant du gaullisme. La coexistence institutionnelle d'un chef de l'État et d'un chef de gouvernement appartenant à deux formations politiques antagonistes fonctionna jusqu'à l'élection présidentielle de 1988. La réélection de François Mitterrand paracheva la victoire de ce dernier sur les communistes et les gaullistes. Elle semblait également ouvrir la voie à un « recentrage « de la vie politique française, qui tourna cependant court. Par la nomination au poste de Premier ministre, entre 1988 et 1992, successivement de Michel Rocard, d'Édith Cresson, puis de Pierre Bérégovoy, le président de la République tenta de recréer une dynamique qui pût enrayer l'impopularité désormais croissante des socialistes, atteints eux aussi par les « affaires « politico-financières. Aux incertitudes nées de l'abandon des références morales, idéologiques et culturelles de l'après-guerre, et amplifiées par l'éclatement de l'URSS et la disparition du bloc communiste, s'ajoutaient celles que suscitait la prolifération des crises structurelles propres à l'économie française. Le chômage, générateur d'exclusion sociale, touchait des couches de plus en plus larges de la population et s'avérait un facteur aggravant du mal des banlieues. La crise de confiance généralisée dans laquelle semblait plongée la France s'étendit aux institutions européennes, et le traité de Maastricht ne fut ratifié par référendum, en septembre 1992, que par 51 % des suffrages exprimés. Si la recomposition du paysage politique français avait commencé avec l'effondrement du parti communiste et la montée du Front national, elle s'accéléra à la faveur des élections générales de mars 1993, qui réduisirent la représentation des forces de gauche à 92 députés sur 577. Nommé Premier ministre, Édouard Balladur forma un gouvernement de centre droit et inaugura une deuxième période de cohabitation. Faisant des réformes de structures la condition même de la lutte contre le chômage, il souleva des oppositions à sa politique, et les élections européennes de juin 1994 firent apparaître des clivages au sein de sa propre majorité. Éliminé de la course à l'élection présidentielle de 1995 au terme du premier tour de scrutin, Édouard Balladur dut laisser le champ libre à Jacques Chirac, et c'est ce dernier, opposé lors du second tour au candidat socialiste Lionel Jospin, qui devint le cinquième président de la Ve République en remportant, le 7 mai, 52,64 % des suffrages exprimés. Nommant Alain Juppé Premier ministre, le nouveau chef de l'État se retrouvait à la tête d'une France désemparée à la fois par la persistance du chômage à un haut niveau et par les contraintes budgétaires liées à la proche réalisation de l'union monétaire européenne. Le « plan Juppé «, destiné à freiner le déficit des comptes sociaux, tourna, fin 1995, à l'épreuve de force avec la fonction publique, qui déclencha de longues grèves. D'autres réformes, telle celle des armées, devaient marquer le septennat. À l'extérieur, la France de Jacques Chirac se voulait le fer de lance de la médiation que l'Union européenne pouvait apporter dans le monde. Intervenant en dehors de toute crise politique, la dissolution de l'Assemblée nationale qui provoqua les élections anticipées des 25 mai et 1 er juin 1997 fut l'occasion d'un désaveu sans équivoque de la politique gouvernementale. Lionel Jospin était alors appelé au poste de Premier ministre. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Auroux (lois) Balladur Édouard Bérégovoy Pierre Chirac Jacques cohabitation communiste (parti) Cresson Édith écologistes Fabius Laurent Front national Jospin Lionel Marchais Georges Mauroy Pierre Mitterrand François République (Ve) - Le système des partis Rocard Michel RPR (Rassemblement pour la République) socialisme - Le parti socialiste en France UDF (Union pour la démocratie française) Les médias Cresson Édith Les livres Mitterrand François, page 3231, volume 6 Complétez votre recherche en consultant : Les livres France - les troupes allemandes défilant sur l'avenue Foch, à Paris, page 2020, volume 4 France - la libération de Paris (août 1944), page 2020, volume 4 France - le général de Gaulle à Alger, le 4 juin 1958, page 2021, volume 4 France - investiture du général de Gaulle, en janvier 1959, page 2021, volume 4 France - Accords de Grenelle signés entre les syndicats et le patronat, page 2022, volume 4 France - le président Giscard d'Estaing et son Premier ministre Raymond Barre, en 1977, page 2022, volume 4 France - le président François Mitterrand au Panthéon, page 2022, volume 4 France - le président Jacques Chirac et son Premier ministre Alain Juppé, page 2023, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les médias France - chronologie France - souverains et chefs d'État La Ve République C'est une république semi-présidentielle. Née du soulèvement survenu à Alger le 13 mai 1958, la Ve République s'est donné une Constitution qui a été soumise à un référendum et largement acceptée par la nation. Cette consultation, étendue à l'ensemble des possessions françaises, a en outre permis aux habitants des territoires d'outre-mer de faire connaître leur volonté d'appartenir à la Communauté française ou de constituer des États indépendants. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats mai 1958 (crise du 13) République (Ve) - Introduction Le pouvoir exécutif Il est considérablement renforcé et concentré dans les mains du président de la République. Le président de la République. Il était primitivement élu pour sept ans par un collège électoral composé des membres du Parlement, des conseils généraux, des Assemblées des territoires d'outre-mer et des délégués élus des conseils municipaux. Après le référendum du 28 octobre 1962, la Constitution fut révisée, et il fut décidé que le Président serait élu au suffrage universel direct à deux tours. Le président de la République nomme le Premier ministre et, sur la proposition de celui-ci, les membres du gouvernement. Il préside le Conseil des ministres et le Conseil supérieur de la magistrature. Il est le chef des armées. Il promulgue les lois et peut en appeler au pays par voie de référendum. Il peut prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale, mais ne peut la prononcer de nouveau à moins d'un an d'intervalle. L'article 16 lui permet, en cas d'événements graves, d'ordonner toute mesure qu'il juge utile pour la défense de la République ou du territoire. Il dispose du droit de grâce. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats dissolution Premier ministre Premier ministre - Le Premier ministre en France sous la Ve République président de la République suffrage universel Les ministres. Leurs fonctions sont incompatibles avec l'exercice d'un mandat de député ou de sénateur. Le Premier ministre, chef du gouvernement, peut engager la responsabilité de celui-ci devant l'Assemblée nationale en posant la question de confiance. L'Assemblée peut aussi obliger le gouvernement à démissionner par le dépôt, puis le vote d'une motion de censure à la majorité de ses membres (seuls sont comptés les votes en faveur de la motion). Une loi est adoptée si une motion de censure ne recueille pas une majorité à son propos. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats censure (motion de) gouvernement gouvernement - Le gouvernement sous la Ve République Matignon (hôtel) ministre Premier ministre Premier ministre - Le Premier ministre en France sous la Ve République question de confiance Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats censure (motion de) confiance (question de) gouvernement - Le gouvernement sous la Ve République République (Ve) - Un nouvel équilibre institutionnel Le pouvoir législatif La Constitution établit une distinction entre ce qui est matière législative et ce qui est matière réglementaire du ressort exclusif du pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif est exercé conjointement par deux assemblées. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats parlement L'Assemblée nationale. Elle est élue pour cinq ans, au suffrage universel direct. Elle élit son président pour la durée de la législature. Depuis 1996, l'Assemblée nationale siège en une seule session de neuf mois, commençant le 1er octobre. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Assemblée nationale Le Sénat. Il est élu pour neuf ans, au suffrage restreint à deux degrés, et renouvelable par tiers tous les trois ans. Il ne peut être dissous. En cas de désaccord entre les deux assemblées, une commission paritaire mixte recherche une solution transactionnelle. Si elle n'y parvient pas, l'Assemblée nationale vote le texte définitif, amendé ou non. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Sénat Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats République (Ve) - Un Parlement aux pouvoirs limités Le Conseil constitutionnel Il est composé de neuf membres désignés par le président de la République, celui de l'Assemblée nationale et celui du Sénat. Les anciens présidents de la République en sont membres de droit. Il procède à la validation des élections des députés et des sénateurs ; il proclame les résultats de l'élection du président de la République et des référendums. Il se prononce souverainement sur les cas litigieux d'interprétation de la Constitution qui lui sont soumis par les présidents des Assemblées, le Premier ministre, le président de la République, ou, depuis la révision constitutionnelle de 1974, par 60 députés ou sénateurs. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Conseil constitutionnel République (Ve) - Un État de droit inachevé Le Conseil économique et social Ses membres sont nommés par le gouvernement sur les propositions des grands organismes économiques et sociaux ainsi que des organisations syndicales, patronales et ouvrières. Tous les projets intéressant la vie économique du pays doivent lui être soumis pour avis. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Conseil économique et social L'administration Divisions territoriales. Le territoire de la France métropolitaine est divisé en 22 Régions et 96 départements. Chaque département est organisé en arrondissements, subdivisés en cantons, euxmêmes divisés en communes. Il existait, au recensement de 1990, 327 arrondissements, 3 828 cantons et 36 551 communes, dont les neuf dixièmes comptent moins de 2 000 habitants, 36 villes ayant plus de 100 000 habitants. On compte 4 départements d'outre-mer (DOM) : Guadeloupe, Martinique, Réunion et Guyane ; 4 territoires d'outre-mer (TOM) : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna et TAAF ; et 2 collectivités territoriales : Mayotte et Saint-Pierre-etMiquelon. Voir aussi Outre-mer (départements et territoires d'). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats outre-mer (départements et territoires d') Les médias France - subdivisions territoriales Administration centrale. Héritée du Consulat et de l'Empire, l'administration française est fortement centralisée et hiérarchisée. Au sommet, chaque branche est placée sous l'autorité d'un ministre ou d'un secrétaire d'État. Le nombre des ministres varie en fonction de besoins nouveaux ou d'un groupement différent de leurs attributions, mais la loi de décentralisation de 1982 a modifié ce système. Dans chaque ministère, les diverses tâches sont réparties entre des directions, puis entre des bureaux, sous l'autorité de directeurs et de chefs de bureau. C'est la stabilité de ces fonctionnaires qui assure la continuité de la vie administrative. Dans les départements, chaque service a à sa tête un chef de service : directeur des Postes, des Contributions directes, de l'Enregistrement et du Timbre, des Contributions indirectes, trésorier-payeur général, inspecteur d'Académie, etc. Depuis 1982, de nombreuses administrations sont décentralisées, notamment dans les domaines de l'urbanisme, de l'assistance et de l'éducation. En relation directe avec leur ministère, les chefs de service transmettent à leurs subordonnés les instructions du pouvoir central et en surveillent l'exécution. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats administration centralisation décentralisation ministre ministre - Les ministres sous la Ve République Administration locale. La Région : en 1961, les départements ont été regroupés en « circonscriptions d'action régionale «, devenues les « Régions «. À la tête de celles-ci ont été placés des « préfets de Région «, qui sont les préfets des départements sièges du chef-lieu de chaque Région et dont les attributions sont essentiellement économiques et d'administration générale. En 1972 ont été créés dans chaque Région un « conseil régional «, composé d'élus (parlementaires et représentants des collectivités locales) et un « comité économique, social et culturel «. En 1982, la décentralisation a transformé les Régions en collectivités territoriales. Le conseil régional, élu au suffrage universel, élit son président : il gère le budget de la Région. L'État est représenté dans la Région par un préfet, nommé en Conseil des ministres. Une Cour des comptes régionale participe à la gestion du budget de la Région et le contrôle. Le département : jusqu'en 1982, le préfet, nommé par décret, est le représentant du gouvernement ; il est chargé de faire appliquer les lois, décrets, arrêtés, instructions des ministres, de veiller au maintien de l'ordre et de renseigner le pouvoir central. Le préfet est, en outre, l'administrateur du département dont il gère les biens selon les décisions d'une assemblée départementale : le conseil général. Le préfet est enfin le tuteur des communes : leur budget de même que certaines délibérations des conseils municipaux et les arrêtés des maires sont soumis à son approbation. Le préfet est assisté d'un sous-préfet dans chaque arrondissement. Depuis la loi du 2 mars 1982, c'est le président du conseil général qui est à la tête du département. Le conseil général se compose des conseillers élus, à raison d'un par canton, au suffrage universel pour six ans ; il est renouvelable par moitié tous les trois ans. Élu par le conseil général, le président de ce dernier est l'organe exécutif du département, dont il dirige les services ; il prépare et exécute les délibérations du conseil ; il est l'ordonnateur des dépenses et il prescrit l'exécution des recettes départementales, etc. Le conseil général tient au moins une session par trimestre. Il délibère et statue sur toutes les affaires d'intérêt départemental. Le préfet, avec le titre de commissaire de représentant de l'État, du gouvernement et département. Il dirige les services de l'État dans de l'ordre public. Il est secondé dans chaque commissaire de la République adjoint. la République jusqu'en 1988, est le de chacun des ministres dans le le département et assure le maintien arrondissement par un sous-préfet, L'arrondissement et le canton : l'arrondissement, qui a été une circonscription électorale sous la IIIe République et qui a disposé jusqu'en 1940 d'un conseil d'arrondissement, n'est plus qu'une subdivision administrative. Le canton est une circonscription électorale (élection cantonale pour le conseil général). La commune : elle est administrée par le maire, élu au scrutin secret par le conseil municipal parmi ses membres. Le conseil municipal est élu pour six ans au suffrage universel et renouvelable en entier. L'élection a lieu selon des modalités différentes suivant l'importance de la population des communes : scrutin majoritaire plurinominal à deux tours (avec panachage possible entre les listes) jusqu'à 3 500 habitants ; audelà, scrutin de liste à deux tours combinant le système majoritaire et la représentation proportionnelle. Le nombre de conseillers municipaux est fonction du nombre d'habitants : de 9 (pour 100 habitants et moins) jusqu'à 69, sauf à Paris (163), Marseille (101) et Lyon (73). Le conseil municipal vote le budget communal et délibère sur toutes les questions intéressant la commune. Depuis 1982, ses décisions sont exécutoires de plein droit. Le maire est assisté d'un ou de plusieurs adjoints, élus par le conseil. Délégué du gouvernement, il veille au maintien de l'ordre, à la publication et à l'exécution des lois ; à ce titre, il peut être suspendu de ses fonctions par le préfet et révoqué par décret. Administrateur de la commune, il gère ses biens et fait exécuter les décisions du conseil. Enfin, il est officier de l'état civil et officier de police judiciaire. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats administration territoriale arrondissement canton circonscription commune - 2.POLITIQUE conseil général conseil municipal conseil régional décentralisation décentralisation - La décentralisation en France département maire préfet région régionalisation Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats service public Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats élections - Les élections en France Arts Beaux-arts Il est difficile de dater le début d'un art spécifiquement français. Aussi importants que soient les sites de la Combe d'Arc et de Lascaux, les vestiges de la colonisation romaine, des Gaulois ou de l'Empire carolingien, ils relèvent d'autres ensembles et ne sont pas particulièrement représentatifs de cette sensibilité qui distingue la France des autres pays d'Europe. Les développements de l'architecture dans le prolongement de Cluny, la naissance de l'art roman et l'émergence d'un sentiment national dans la Chanson de Roland sont autant d'éléments datant du XIe siècle qui peuvent être considérés comme les prémices d'une évolution, laquelle, sans rompre avec le patrimoine, a conduit à la naissance d'un art plus précisément français. Complétez votre recherche en consultant : Les livres France - grotte de Pech-Merle (Lot), chevaux pommelés, page 2025, volume 4 Synthèse et humanisme médiéval. Ainsi, la France connut au XIe siècle un essor remarquable. Dans un élan bâtisseur, on multiplia les chantiers et on éleva de nouvelles églises qui donnèrent naissance à l'art roman. La sculpture monumentale réapparut, illustrant les tympans des portails (Conques, Souillac), les chapiteaux des piliers (Saint-Benoît-sur-Loire, Vézelay). Ces décors proposaient une synthèse complexe des ornements celtes et orientaux, de l'Antiquité et des bestiaires fantastiques. Si le Christ de Moissac reste une figure hiératique et inaccessible, l'Ève d'Autun révèle un humanisme qui se cherche. Au-delà de certaines particularités régionales, cette renaissance fut le résultat d'une formidable entreprise collective et d'un artisanat de qualité qui s'était manifesté dans les émaux limousins, révélateurs du goût pour les matériaux précieux et d'un extraordinaire appétit décoratif qui caractérise une église comme Notre-Dame-laGrande de Poitiers, parfois comparée à un reliquaire. Les murs nus étaient souvent décorés de fresques, comme celles qui ont subsisté à Saint-Savin-sur-Gartempe et à Berzé-la-Ville. Si l'influence byzantine est sensible, elle est tempérée par la sobriété, la mesure et le calme. Sous l'influence du gothique, les miniaturistes parisiens abandonnèrent l'aspect décoratif et stéréotypé des enluminures pour saisir la vie sur le vif. « Cette manière de dessiner, de bâtir, de sculpter, les contemporains l'appelaient tout simplement française. Ils avaient raison «, écrit l'historien Georges Duby à propos du gothique. Un calme classicisme habite les sculptures qui proliférèrent à cette époque (à NotreDame de Paris, Chartres ou Reims). Les corps, libérés du cadre architectural, prirent vie et se dégagèrent de la forme des colonnes ; les visages furent travaillés pour euxmêmes, presque comme des portraits (statue funéraire de Philippe III le Hardi, SaintDenis). Les innovations architecturales gothiques permirent aussi de substituer aux murs d'immenses vitraux comme dans la cathédrale de Chartres (Notre-Dame de la Belle Verrière ). La tendance aboutit à la Sainte Chapelle de Paris (1246-1248) et dota la France de réalisations sans équivalent dans le monde. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Autun Berzé-la-Ville Chartres Conques gothique - Architecture - Des débuts (1140-1190) à l'âge d'or (1190-1250) gothique - Sculpture et vitrail - Des débuts à l'âge d'or (1140-1250) Moissac Notre-Dame de Paris roman (art) Saint-Benoît-sur-Loire Saint-Denis Sainte-Chapelle Souillac tympan Vézelay vitrail Les livres France - Gisant d'Aliénor d'Aquitaine, page 2026, volume 4 France - la frise des damnés de Saint-Trophime d'Arles, page 2026, volume 4 L'interprétation française de la Renaissance. La France était résolument engagée dans la voie gothique. En Bourgogne, le sculpteur Claus Sluter en donna une des expressions les plus abouties à la chartreuse de Champmol (1395-1404). La pensée courtoise et le merveilleux médiéval restèrent présents jusque vers 1500, comme en témoignent les tapisseries de la Dame à la licorne notamment. La Renaissance avait triomphé en Italie. Des Italiens travaillaient à Avignon auprès du pape. L'intensité dramatique de la P ietà de Villeneuve-lès-Avignon (Enguerrand Quarton, vers 1455) associe un sentiment mystique à la connaissance du modelé des corps. En 1516, François I er invita en France Léonard de Vinci, qui mourut trois ans plus tard. Rosso Fiorentino mit en oeuvre le programme décoratif du château de Fontainebleau ; d'autres artistes le suivirent : le Primatice exprima longtemps l'élégance de cette Renaissance. Au contact du milieu français, les découvertes italiennes prirent une tonalité particulière ; la grâce, le raffinement triomphèrent dans le corps élancé des femmes. Ce maniérisme se tenait à égale distance du tourment des artistes florentins et du fantastique régnant à la cour de Rodolphe de Prague. La sobriété et l'élégance d'un Jean Goujon (fontaine des Innocents, 1549) expriment parfaitement la sensibilité française. Le portrait trouva son expression française grâce à l'apport de peintres d'origine flamande, les Clouet et Corneille de Lyon. Ces artistes se concentrèrent sur l'étude de la personne ; ainsi l'Homme au Pétrarque (Jean Clouet) se détache sur un fond abstrait. Ces portraitistes ouvrirent la tradition de l'étude psychologique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Champmol (chartreuse de) Clouet - Clouet François Clouet - Clouet Jean Fontainebleau François - FRANCE - François Ier gothique - Architecture - Le gothique rayonnant (1250-1400) et flamboyant (1380-1540) gothique - Sculpture et vitrail - Le gothique rayonnant et flamboyant (12501540) Goujon Jean licorne maniérisme - L'expansion maniériste en Europe portrait - 1.BEAUX-ARTS Primatice (Francesco Primaticcio, dit en français le) Renaissance - La Renaissance en France Sluter Claus Villeneuve-lès-Avignon Les livres France - Le Mois d'août, miniature extraite des Très Riches Heures du duc de Berry, page 2026, volume 4 France - Jean Clouet, Portrait de François Ier (première moitié du XVIe siècle), page 2027, volume 4 France - Jean Fouquet, Charles VII (vers 1450), page 2027, volume 4 France - Le Maître de Moulins, Portrait présumé de Marguerite d'Autriche (vers 1491), page 2027, volume 4 France - Enguerrand Quarton, Pietà de Villeneuve-lès-Avignon (vers 1455), page 2027, volume 4 France - Le Maître d'Aix-en-Provence, l'Annonciation (1445), page 2027, volume 4 France - La Baillive de Caen, d'après Corneille de Lyon, page 2028, volume 4 Le XVIIe siècle ou le triomphe de l'esprit français. L'art français fit cohabiter des tendances différentes, résultant parfois d'inspirations étrangères. Dans le courant du XVIIe siècle, la France se démarqua de ses voisins, mais l'émerveillement que l'Italie avait produit persista. Les artistes allaient s'y former au contact des souvenirs de l'Antiquité et de la Renaissance ; Rome demeurait au carrefour des innovations esthétiques. Certains Français s'y fixèrent. Les plus connus, Nicolas Poussin et Claude Lorrain, donnèrent, dans leur exil, une des expressions les plus abouties du classicisme français. Les paysages de Poussin ont une dimension philosophique (Diogène jetant son écuelle). Lorrain introduisit un monde féerique en faisant vaciller dans la lumière ses constructions rigoureuses. D'autres artistes rentrèrent à Paris après un séjour italien. Simon Vouet, qui s'était inspiré à Rome des caravagesques, éclaircit sa peinture ; il entreprit de nombreux travaux de décoration. La génération suivante, avec Laurent de La Hire et Eustache Le Sueur, affirma le classicisme français ; en poursuivant de grands programmes décoratifs, ces artistes firent de Paris une capitale artistique. Un aspect caractéristique du paysage français apparaissait parfois dans leurs oeuvres, mais ce furent les Le Nain qui introduisirent véritablement la campagne française dans la peinture. Les Paysans dans un paysage se trouvent dans une plaine au nord de Paris. La grise vibration de la lumière révèle une expérience singulière. Un regard différent prend le temps de se poser sur les paysans. Philippe de Champaigne traduisit le sentiment intérieur d'un siècle mystique et janséniste. Une citation de Saint-Cyran, dont il a laissé le portrait, peut commenter son Ex-voto : « Les choses visibles me sont comme invisibles et les invisibles comme visibles « ; seul un rayon de lumière indique le miracle. Cette intériorité se retrouve dans des natures mortes où l'attention aux choses est le signe du recueillement (Dessert de gaufrettes de Baugin ). Elle imprégna également les visions nocturnes de Georges de La Tour : celui-ci fut l'un des grands représentants du caravagisme, qui se développa surtout en province. Avec la montée du centralisme monarchique et la création de l'Académie, les pouvoirs publics devinrent omniprésents, ce qui se concrétisa par la réalisation du château de Versailles. Louis XIV détenait la volonté politique, tandis que Charles Le Brun était le grand ordonnateur de ce projet total que des dizaines d'artistes exécutèrent ; en 1675, l'architecte François Blondel exprima ainsi cette folle ambition : « On ne peut, Sire, employer trop d'étude pour concevoir quelque dessein qui réponde à la grandeur de vos actions ; comme elles ont surpassé tout ce qui s'est fait dans les autres temps, il faudrait que leurs monuments fussent au-dessus de tous ceux de l'Antiquité. « Sous l'impulsion de Colbert, les arts décoratifs se développèrent aux Gobelins, à Beauvais et à la Savonnerie. Les formes massives du mobilier se couvrirent d'ornements ; la richesse s'étala sur les meubles d'André Charles Boulle. Tout au long du XVIIIe siècle, la recherche allait se poursuivre avec la plus grande intensité. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Blondel François Boulle André Charles Champaigne (Philippe de) classicisme - Beaux-arts - Le classicisme en peinture : une esthétique volontariste Gobelins (tapisserie des) La Fosse (Charles de) La Hire (Étienne de Vignolles, dit) La Tour (Georges de) Le Brun Charles Le Nain Lesueur Eustache Lorrain (Claude Gellée, dit Claude) mobilier - L'évolution des styles en Occident - Le XVIIe siècle paysage - 2.BEAUX-ARTS Poussin Nicolas Versailles - Les étapes de la construction Versailles - Un symbole de la grandeur française Vignon Claude Vouet Simon Les livres France - Le Brun, le Chancelier Séguier (1653-1657), page 2028, volume 4 France - Les frères Le Nain, Famille de paysans, page 2028, volume 4 Existe-t-il un baroque français ? L'opposition entre les partisans de la couleur et de Rubens, et ceux qui privilégiaient le dessin, défenseurs de Poussin, se conclut à la faveur des seconds. L'esprit classique s'imposa au pays de Descartes. Sa grandeur et sa majesté n'évitèrent pas toujours l'académisme. Toutefois, le tourbillon baroque donna à Paris la décoration de Rubens au palais du Luxembourg (1627-1631). L'église du Val-de-Grâce fut dotée d'un baldaquin (1664-1669) à la manière de celui du Bernin à Rome. Pierre Puget fut un sculpteur baroque français sans compromis ; il travailla à Versailles sans y faire carrière. Il laissa à Toulon un chef-d'oeuvre baroque : les Atlantes qui encadrent l'entrée de l'ancien hôtel de ville. À Versailles, de nombreuses créations échappèrent au classicisme, comme la chapelle du palais. Les derniers bustes d'Antoine Coysevox évitent la solennité officielle pour livrer le modèle dans sa familiarité presque réaliste (buste de Robert de Cotte, 1707). L'Enlèvement de Perséphone ( 1677-1699) de François Girardon rappelle toutefois la retenue française. Les corps des protagonistes ne sont pas pliés dans une spirale comme ceux du Bernin. Celui-ci fut appelé en France pour repenser la façade du Louvre, mais ses projets ne plurent pas. Sa statue équestre de Louis XIV ne fut pas mieux accueillie (aujourd'hui, un moulage en bronze trône devant la pyramide du Louvre). Ce rejet du Bernin servit longtemps d'exemple pour montrer l'imperméabilité de la France au baroque. L'art français demeura certes acquis aux ordonnances d'un Poussin, mais sans ignorer cependant les tentations baroques. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats baroque - Beaux-arts - Le baroque à travers le monde Bernin (Gian Lorenzo Bernini, dit en français le) couleur - L'art et la couleur - L'émancipation de la couleur Coysevox Antoine Girardon François Puget Pierre Rubens Pierre Paul Le goût français. De l'âge d'or de Versailles à la Révolution, les arts décoratifs ont écrit l'une des plus glorieuses pages de l'art français ; le travail des artisans suivit l'évolution d'une société qui se raffinait. La fragilité des longs pieds effilés des petites tables de l'ébéniste Van Risen Burgh (estampille BVRB) contraste avec les armoires de l'époque précédente. Les lignes verticales qui maintenaient la profusion de la décoration du style Louis XIV s'infléchirent au XVIIIe siècle ; la ligne courbe triompha dans le style Louis XV. Des courbes et des contre-courbes encadrèrent les panneaux peints (hôtel de Soubise). Le mobilier se diversifia : bonheurs-du-jour, tables de jeu, commodes. Les ébénistes travaillaient des bois précieux (bois de rose, laques de Chine...). Charles Cressent créa des commodes décorées de véritables sculptures de bronze. La ligne sinueuse galbait les volumes, tournait le pied des chaises et des fauteuils. Les sièges de Georges Jacob accompagnèrent les mutations du goût tout en maintenant leur perfection. Au tournant du siècle, un changement important se produisit. Là où la courbe et le motif asymétrique avaient triomphé, la ligne droite s'imposa. Un décor plus mesuré, une clarté élégante devinrent à la mode, coïncidant avec la vogue de l'Antiquité. Ce style rococo, qui avait été l'expression du goût français, devint l'objet d'un rejet total que Stendhal exprimait encore en 1828 : « Me permettra-t-on un mot bas ? Le Bernin fut le père de ce mauvais goût désigné dans les ateliers sous le nom un peu vulgaire de rococo. « Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats décoratifs (arts) Jacob Georges mobilier - L'évolution des styles en Occident - Le XVIIIe siècle et le style rococo r ococo Soubise (hôtel de) La frivolité française et la sévérité antique. L'essence du XVIIIe siècle ne se trouve pas tant dans le portrait, la peinture d'histoire ou mythologique que dans la peinture de genre. En effet, Coypel, Jouvenet, La Fosse, Lemoyne, Natoire, Van Loo..., malgré leur évidente qualité picturale, paraissent secondaires par rapport à Antoine Watteau exprimant la fuite du temps et le caractère éphémère du plaisir (l'Embarquement pour l'île de Cythère). Après les rigueurs idéologiques du siècle de Louis XIV, Watteau retrouva une inspiration raffinée. On peut reprocher à François Boucher, malgré son incontestable virtuosité, une accumulation de détails et de colifichets, alors que Jean Honoré Fragonard laissait deviner l'urgence du désir (le Verrou). La sculpture n'exprima pas toujours la force d'un Houdon et inspira souvent de ses thèmes galants la porcelaine de Sèvres. Quant à Jean-Baptiste Siméon Chardin, il ne se souciait pas de la grandeur du sujet, mais de sa propre vision du monde exprimée dans des natures mortes ou des scènes de genre. Il peignit des personnages populaires (la Pourvoyeuse), alors que Maurice Quentin de La Tour, avec ses pastels, disséquait la psychologie de cette société (portrait de D'Alembert). C'est Louis David qui consomma la rupture avec l'Ancien Régime ; il appliqua sur la toile les préceptes néo-classiques : le Serment des Horaces en donne la version la plus aboutie. La même sévérité antique se retrouve dans Marat assassiné , illustration d'un événement d'actualité, tout comme le Sacre de Napoléon. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Boucher François Chardin Jean-Baptiste Siméon Coypel - Coypel Antoine Cythère David Jacques Louis Fragonard Jean Honoré genre (peinture de) Houdon Jean-Antoine néoclassicisme - Classicisme et Révolution en France Quentin de La Tour Maurice Verrou (le) Watteau Antoine Les livres France - Watteau, l'Embarquement pour Cythère (1717), page 2029, volume 4 France - Chardin, la Pourvoyeuse (1739), page 2029, volume 4 France - Boucher, Diane sortant du bain (1742), page 2029, volume 4 France - Greuze, l'Oiseau mort (vers 1800), page 2029, volume 4 France - David, Bonaparte franchissant le mont Saint-Bernard (1800), page 2030, volume 4 Les derniers classiques, les premiers romantiques. Le style classique parait d'une majesté antique les événements contemporains. Dominique Ingres, formé dans l'atelier de David, tomba parfois dans l'académisme, mais manifesta aussi des qualités remarquables. Ses portraits montrent une fine analyse psychologique, tandis que le dessin de ses Odalisques est sous l'emprise de l'imagination : la ligne du corps subit des déformations, alors que le rendu des turbans, par exemple, témoigne d'une rigoureuse fidélité. Au Salon de 1827, Ingres opposa son Apothéose d'Homère à la Mort de Sardanapale de Delacroix, reflétant le débat qui opposait les défenseurs de la tradition néo-classique aux partisans du romantisme. C'est le romantisme, dont Pierre-Paul Prud'hon fut un précurseur, qui s'imposa. Antoine Gros sublima l'épopée napoléonienne avec un élan tout romantique (Bonaparte à Arcole). Théodore Géricault esquissa la mythologie du style nouveau : passion des chevaux, portraits de fous et anglomanie. Eugène Delacroix, enfin, fit triompher la couleur. Pour Baudelaire, Delacroix fut, avec Le Brun et David, l'un des principaux peintres français. Il donna un souffle épique à la Liberté guidant le peuple, véritable emblème national. Sa grande culture littéraire lui fournit des sujets à la hauteur de ses ambitions : la Barque de Dante, Hamlet, Faust, etc. En 1832, Delacroix découvrit l'Orient et ses somptuosités colorées, expérience capitale dont il tira plusieurs chefs-d'oeuvre (Femmes d'Alger dans leur appartement). L'intérêt pour le paysage grandit au cours du siècle. Pierre-Henri de Valenciennes avait capté la nature sur le motif dans ses esquisses, mais ses tableaux restaient dans la tradition de ceux de Poussin. Les paysagistes anglais séduisirent Géricault et Delacroix, mais c'est Camille Corot qui franchit une étape capitale ; une sensibilité extrême, des coloris délicats et raffinés enveloppent de poésie les paysages de Mortefontaine entre autres. Cette étude du paysage s'approfondit auprès des grands maîtres hollandais et dans la forêt de Fontainebleau, à Barbizon, où se réunissaient certains artistes (Théodore Rousseau, François Daubigny...). Millet a laissé une des images les plus connues de la vie paysanne du XIXe siècle (l'Angélus). Dans son oeuvre, les paysans mènent un combat pour arracher quelques produits à la terre ; Van Gogh allait se souvenir de l'aspect tragique de cette peinture. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Barbizon Corot Camille Daubigny Charles François Delacroix Eugène Géricault Théodore Gros (Antoine-Jean, baron) Ingres Dominique Millet Jean-François néoclassicisme - Classicisme et Révolution en France paysage - 2.BEAUX-ARTS Prud'hon (Pierre, dit Pierre Paul) romantisme - Peinture - En France Rousseau Théodore salon salon - Les salons de peinture Les livres France - Géricault, Portrait d'un officier de carabiniers (vers 1812), page 2030, volume 4 France - Delacroix, la Liberté guidant le peuple (1830), page 2031, volume 4 France - Corot, le Pont de Mantes (vers 1865), page 2031, volume 4 Du réalisme à l'impressionnisme. Dans son manifeste, l'Atelier du peintre, Gustave Courbet se représenta en 1855 en train de peindre un paysage, sujet qui fut la pierre de touche du réalisme. Autour du peintre, Baudelaire, Champfleury, Proudhon, le couple allégorique de l'amour libre... rappellent, face au parti réactionnaire, tous les combats menés pour la liberté et l'indépendance de l'art. Courbet peignit avec ce tableau une véritable fresque de la réalité nationale, mais elle ne fut pas reconnue par les instances officielles, qui, peu après, allaient ignorer l'impressionnisme. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Courbet Jean Désiré Gustave réalisme - Le réalisme en art - Le mouvement réaliste Les livres impressionnisme - Pierre Auguste Renoir, Portrait de Monet (1875), page 2459, volume 5 impressionnisme - Paul Cézanne, Ambroise Vollard (1899), page 2461, volume 5 impressionnisme - Gustave Caillebotte, Un balcon boulevard Haussmann (1880), page 2461, volume 5 France - Courbet, les Cribleuses de blé (1854), page 2030, volume 4 impressionnisme - les Nymphéas, par Claude Monet, détail, page 2458, volume 5 impressionnisme - Claude Monet, Impression, soleil levant (1872), page 2458, volume 5 impressionnisme - Camille Pissarro, Gelée blanche (1873), page 2459, volume 5 impressionnisme - Alfred Sisley, Inondation à Port-Marly (1876), page 2459, volume 5 impressionnisme - Pierre Auguste Renoir, Chemin montant dans les hautes herbes (1876-1877), page 2460, volume 5 impressionnisme - Claude Monet, la Gare Saint-Lazare (1877), page 2460, volume 5 Un siècle de sculpture. Au XIXe siècle, la sculpture connut en France un nouveau souffle. Des programmes architecturaux importants permirent à de nombreux sculpteurs de s'exprimer. À l'Opéra, Jean-Baptiste Carpeaux fixa dans la pierre les figures des danseurs. Mais ce fut Auguste Rodin qui domina le siècle de ses monuments héroïques : Balzac, les Bourgeois de Calais... La recherche monumentale se poursuivit chez Antoine Bourdelle, le côté héroïque, chez François Rude, tandis que les nus d'Aristide Maillol retrouvaient une grandeur antique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Balzac Bourdelle Antoine Carpeaux Jean-Baptiste Maillol Aristide Rodin Auguste Rude François sculpture - Signification de la sculpture Stahly François Les livres France - Carpeaux, Ugolin et ses enfants (1861), page 2032, volume 4 France - Rodin, Saint Jean-Baptiste (1879), page 2032, volume 4 L'émancipation de la peinture. L'impressionnisme prolongea le réalisme en s'efforçant d'être plus proche des sensations visuelles. Mais il choqua profondément les habitudes du public. Il soumettait l'héritage de la Renaissance et de l'académisme à une rude réévaluation. Cette peinture en plein air abandonnait la couleur locale, la perspective linéaire et ouvrait les yeux sur le bonheur quotidien. Cette recherche de l'impression s'accomplit de façon très différente selon les individualités. Édouard Manet, Paul Cézanne, Edgar Degas peignirent des tableaux avec un souci de permanence, alors que Claude Monet, Camille Pissarro, Auguste Renoir et Alfred Sisley captaient des visions plus éphémères. En 1874, les impressionnistes, lassés d'être perpétuellement exclus du Salon, organisèrent une exposition indépendante qui marqua le début de l'art moderne ; tout en couronnant une tradition illustrée par Chardin et Delacroix, ils constituaient une nouvelle référence : des artistes aussi différents que Kazimir Malevitch ou Wassili Kandinsky allaient étudier longuement les Meules de Monet. Les créateurs ultérieurs poursuivirent la chronique de la vie française grâce à leur « faculté de tirer de l'émotion des ordres de la vie les plus modestes « (Bonnard). Les nabis peignirent les intérieurs bourgeois et tirèrent des effets décoratifs d'un enfant jouant au cerceau. Montmartre devint un lieu de légende. Le trait aigu de ToulouseLautrec sortit des cabarets les silhouettes de la Goulue, de Valentin le Désossé, de Jane Avril... Maurice Utrillo clôtura la tradition du paysage réaliste. Paris attirait tous les créateurs : Van Gogh y rencontra Gauguin. Au Salon d'automne de 1905, les toiles des fauves brossées dans la fièvre de la liberté avec des tons purs et violents étaient proches de l'expressionnisme allemand. Toutefois, elles témoignaient plus d'un souci de qualité plastique, valeur qu'Henri Matisse allait respecter dans toute son oeuvre. Le cubisme transforma radicalement l'expression picturale ; il n'était plus possible de voir dans la transcription picturale un décalque de la réalité, elle s'affirmait comme une construction arbitraire. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, la France demeura le centre de la création mondiale. Picasso avait choisi Paris ; Kandinsky s'y était établi, comme Jean Pougny ou d'autres étrangers. À partir des années vingt, la vie artistique fut dominée par le surréalisme, autour duquel gravitait un groupe cosmopolite à l'ambition internationale, dont les principales figures furent, en France, Salvador Dalí, Max Ernst, Yves Tanguy, Juan Miró et Hans Bellmer. Après la Seconde Guerre mondiale, Matisse et Picasso poursuivirent leur recherche sans jamais cesser de se renouveler. Avec des papiers découpés, Matisse inventa une méthode qui lui permit de poursuivre sa recherche de formes monumentales et décoratives. Picasso soumit les chefs-d'oeuvre de la peinture (Enlèvement des Sabines, Ménines, Enterrement du comte d'Orgaz ...) à son propre langage. Paris resta quelque temps encore le carrefour des créateurs. Alberto Giacometti, entre autres, y sculptait des silhouettes étroites sur fond d'existentialisme. Jean Dubuffet, poussé par sa volonté de rompre avec tous les schémas culturels, affirmait la plus grande singularité en ne respectant aucune convenance ; son regard scrutait la matière la plus banale, sol, asphalte, façade d'immeuble, pour en dégager une nouvelle poésie. Cette oeuvre échappait à tous les groupes que les critiques lançaient, souvent pour donner la réplique à ce qui se passait aux États-Unis. Les abstraits faisaient écho à Jackson Pollock, Willem De Kooning, les nouveaux réalistes au pop art... Cependant, l'Ancien Continent conservait son originalité. Yves Klein renouvelait le monochrome ; l'abstraction de Bram Van Velde ou de Pierre Soulages n'avait pas d'équivalent. D'autres artistes, tels Jean Fautrier ou Nicolas de Staël, marquaient toute la qualité sensible de l'inspiration française. Au cours des années soixante et soixante-dix, plusieurs tendances ont entretenu l'effervescence créatrice et polémique : les héritiers de Dada, avec Filliou, Ben ; la figuration critique, avec Jacques Monory, Bernard Rancillac ; la démarche abstraite du groupe Support/Surface, avec Claude Viallat, alors que Christian Boltanski, Daniel Buren, Jean Le Gac empruntaient une voie plus conceptuelle. La plupart de ces créateurs, notamment Eduardo Arroyo et Err? , furent pris dans les grands mouvements sociaux de ces décennies dont 1968 marqua le point culminant. Puis la relation à la peinture s'est à nouveau modifiée avec des artistes comme Alberola ou Gérard Garouste. Les moyens de communication ont rapproché les métropoles et permis une certaine internationalisation, qui a minimisé un temps les appartenances nationales. Celles-ci semblent réapparaître ; des expositions interrogent l'identité italienne, les caractères de l'art allemand ou l'existence de l'art français. Phénomène passager ou signe d'une inquiétude plus profonde, cette perspective critique témoigne de l'incertitude en matière d'art, le jugement esthétique restant toujours soumis à caution. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats abstrait (art) - Les rebondissements de l'art abstrait sur le Vieux Continent Alberola Jean-Michel Arroyo Eduardo Ben (Benjamin Vautier, dit) Boltanski Christian Bonnard Pierre Buffet Bernard Buren Daniel Cézanne Paul couleur - L'art et la couleur - Du réalisme à l'abstraction cubisme Degas (Edgar de Gas, dit Edgar) Dubuffet Jean Erró (Gudmundur Gudmundsson Ferró, dit) Fautrier Jean fauvisme Garouste Gérard Gauguin Paul Giacometti Alberto impressionnisme Kandinsky Wassili Klein Yves Manet Édouard Matisse Henri Monet Claude Montmartre nabis Paris - Arts - Peinture et sculpture Picasso (Pablo Ruiz Blasco, dit Pablo) Pissarro (Jacob Abraham, dit Camille) Pougny (Ivan Pouni) réalisme - Le réalisme en art - Le mouvement réaliste réalisme - Le réalisme en art - Le réalisme dans l'art contemporain Rebeyrolle Paul Renoir Auguste salon salon - Les salons de peinture sculpture - La sculpture au XXe siècle : un art en constante mutation Sisley Alfred Soulages Pierre Staël (Nicolas de) surréalisme - Le surréalisme en art Survage (Léopold Sturzwage, dit) Tal Coat (Pierre Jacob, dit) Titus-Carmel Gérard Toulouse-Lautrec (Henri de) Utrillo Maurice Van Gogh Vincent Van Velde - Van Velde (Abraham, dit Bram) Zao Wou-ki Les livres France - Toulouse-Lautrec, Aux courses (1899), page 2032, volume 4 France - Manet, le Balcon (1868-1869), page 2033, volume 4 France - Monet, Bassin aux nymphéas (entre 1915 et 1926), page 2033, volume 4 France - Renoir, Jeune Baigneuse (vers 1892), page 2033, volume 4 France - Bonnard, le Déjeuner (1932), page 2034, volume 4 France - Dubuffet, Métro (1943), page 2034, volume 4 France - Roger Bissière, les Faunes (1954), page 2034, volume 4 France - Giacometti, la Femme assise (1956), page 2035, volume 4 France - Balthus, le Peintre et son modèle (1980-1981), page 2035, volume 4 France - Braque, le Nid dans le feuillage (1958), page 2035, volume 4 France - Pierre Soulages, Peinture, 195 × 130 cm, 18 août 1956, page 2035, volume 4 France - Jean Le Gac, la Frise du Le Gac Museum (1990), page 2035, volume 4 Architecture Moyen Âge et période romane. Les premières formes architecturales apparurent en Gaule avec la conquête romaine et subsistèrent jusqu'au IXe siècle ; les constructions nouvelles (baptistère de Poitiers, VIe siècle ; église de Germigny-des-Prés, IXe siècle) ne firent qu'imiter des procédés importés. L'affirmation d'un style nouveau, dit art roman, drainé de Byzance en France par l'Italie du Nord et plus particulièrement la Lombardie, qui lui donna son ornementation propre, se dessina au Xe siècle sur un ensemble d'églises réparti jusqu'en Catalogne, en Bourgogne et en Suisse : ce sont des édifices massifs et trapus, parfois dépourvus de voûtes, dont l'abside est souvent empâtée dans un bloc de maçonnerie à angles droits. Dans la seconde moitié du XIe siècle, sous l'impulsion des moines clunisiens, surgit une floraison de sanctuaires dont les caractéristiques varient selon le climat et les traditions locales : Saint-Hilaire de Poitiers et Sainte-Foy de Conques en sont représentatifs. Une seconde vague, au XIIe siècle, suscitée par l'importance croissante des pèlerinages, comprit des édifices comme Vézelay, Saint-Lazare à Autun, Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Front de Périgueux. L'art roman produisit en France des écoles très caractérisées : bourguignonne, auvergnate, poitevine, provençale, normande, etc. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Autun roman (art) - Évolution et géographie de l'art roman roman (art) - La maturité : épanouissement et foisonnement - Architecture Les livres France - ruines de l'abbaye de Jumièges (Seine-Maritime), page 2036, volume 4 France - l'église abbatiale Sainte-Foy de Conques (XIe-XIIe siècle), page 2036, volume 4 La période gothique. La naissance de la croisée d'ogives succédant à la voûte en berceau définit les structures nouvelles qui apparurent au milieu du XIIe siècle. Les premières cathédrales gothiques (Saint-Denis, Notre-Dame de Paris) se caractérisent par l'exagération de la dimension verticale et l'invention, pour marquer cet élan, de procédés (arc brisé, colonnettes) sans utilisation structurale, mais dont l'ensemble concourait à créer des effets ornementaux. Les cathédrales d'Amiens, de Reims, de Bourges, la Sainte Chapelle et de nombreux monuments civils témoignent de l'importance du style gothique appelé, pour les constructions de cette époque, gothique à lancettes. Les cathédrales de Metz et Saint-Ouen de Rouen furent réalisées dans la deuxième période gothique, celle du gothique rayonnant. Les XIe , XIIe et XIIIe siècles furent également ceux où s'élevèrent un grand nombre de châteaux féodaux. Les villes furent encloses dans des fortifications dont le système se modifia au XIIIe siècle, grâce à l'expérience acquise par les croisés. De superbes exemples demeurent, comme la Cité de Carcassonne, Aigues-Mortes, au plan strictement géométrique, et les « bastides « du Périgord et de Guyenne. L'art gothique finit par mourir de l'excès des hardiesses ornementales du style flamboyant (Beauvais, Saint-Wulfran d'Abbeville, etc.). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amiens Carcassonne château - Le château féodal gothique - Architecture - Le gothique rayonnant (1250-1400) et flamboyant (1380-1540) Notre-Dame de Paris Paris - Histoire - Naissance d'une capitale Reims Saint-Denis Sainte-Chapelle Les livres France - la cathédrale Notre-Dame de Reims, page 2036, volume 4 De la Renaissance au classicisme. L'influence de l'Italie, à partir de la fin du XVe siècle, acclimata en France le goût de l'Antiquité assimilé avec bonheur par les architectes nationaux : Jean Bullant, Philibert Delorme, Jacques Ier Androuet Du Cerceau, Pierre Lescot. La période dite « Renaissance « donna lieu, au XVIe siècle, à un style composite qui fleurit surtout dans les châteaux de la Loire : Azay-le-Rideau, Chenonceaux, Chambord, Blois, etc. L'ancien château féodal à grosses tours fournit la structure sur laquelle vint se greffer une certaine prolifération ornementale. À la fin du XVIe siècle, la pureté et la rigueur reprirent le dessus. Le goût classique s'épanouit au XVIIe siècle avec Le Vau, Mansart, Lemercier, de Brosse ; ce fut la grande époque de Versailles. Les jésuites, de leur côté, combinèrent, pour les églises, des façades sévères à plusieurs ordres de colonnes dont le style allait se répandre sous leur nom (Saint-Gervais à Paris). Mais la France sut résister à la redondance et au gonflement de formes du style baroque venu d'Italie. Le XVIII e siècle allégea ou clarifia le XVIIe . L'hôtel citadin et le petit château sont marqués par des commodités et des finesses nouvelles, où la rigueur des éléments antiques est atténuée par l'utilisation de sinuosités et de rocailles. Les villes furent remodelées, et de grands ensembles architecturaux furent dessinés à Bordeaux, Nancy, Nantes, Rennes, etc. Si une certaine forme du baroque donna naissance, sous la Régence, au « rococo «, le goût classique retrouva vite la suprématie. Gabriel, Louis, Soufflot, Ledoux utilisèrent leurs dons, du grand ensemble à la « folie «. La Révolution et l'Empire s'attachèrent principalement aux vastes ordonnances strictes et dépouillées qui caractérisent le style, à la limite du pastiche gréco-romain, de Percier et Fontaine ; il allait subsister pendant la Restauration et jusqu'à l'avènement de l'école rationaliste, représentée par Labrouste, Hittorf, Questel. Après le grand mouvement de retour au Moyen Âge, mis à la mode par Viollet-le-Duc, qui restaura, d'une manière parfois discutée, des monuments médiévaux (Cité de Carcassonne, château de Pierrefonds), le second Empire fut surtout marqué par les grands travaux du baron Haussmann, qui modifièrent la physionomie de Paris, et par le nouvel Opéra, dû à Charles Garnier. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Androuet Du Cerceau - Androuet Du Cerceau Jacques Ier Azay-le-Rideau Blois Brosse (Salomon de) Bullant Jehan Chambord château - Le château de la Renaissance Chenonceaux classicisme - Beaux-arts - Le classicisme en architecture Delorme Philibert Gabriel Jacques Ange Garnier Charles Hardouin-Mansart Jules Haussmann (Georges Eugène, baron) Hittorff Jacques Ignace Labrouste Henri Le Vau Louis Ledoux Claude Nicolas Lemercier Jacques Lescot Pierre Loire (châteaux de la) Mansart François néoclassicisme - Classicisme et Révolution en France Paris - Histoire - Formation du Paris contemporain Paris - Histoire - Paris, ville des rois et des révolutions Percier Charles Renaissance - La Renaissance en France r ococo romantisme - Architecture Soufflot Germain urbanisme - Les grands travaux Versailles - Les étapes de la construction Versailles - Un symbole de la grandeur française Viollet-le-Duc Eugène-Emmanuel Les livres France - la cour Carrée du Louvre, page 2036, volume 4 France - les serres du Jardin des Plantes, à Paris, page 2037, volume 4 La période contemporaine. L'utilisation du métal apparent (salle de lecture de la Bibliothèque nationale, par Henri Labrouste, et Halles de Paris, par Victor Baltard), puis l'union du fer et du verre (palais de l'Industrie) ouvrirent des perspectives renouvelées. La tour Eiffel (1889) consacra cette révolution, bientôt contrecarrée par l'apparition du béton. Le théâtre des Champs-Élysées des frères Perret (1913), construit en béton armé sous un revêtement de marbre, exprima le dépouillement et la clarté du style nouveau. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Le Corbusier, grâce à la prédominance qu'il donnait, dans ses conceptions architecturales, à la lumière, ouvrit des voies nouvelles aux constructeurs. Du pavillon de la Suisse dans la Cité universitaire (1930) de Paris à la Cité radieuse (1947) de Marseille et au monastère de l'Arbresle (1960), près de Lyon, son art inscrivit dans le jeu des formes une nouvelle conception de l'homme. Après la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction des villes sinistrées, l'édification de nombreux logements à loyer modéré, de vastes palais (le CNIT, l'UNESCO, l'OTAN, la Maison de la Radio à Paris) ou l'aménagement d'importants ensembles (Orly) donnèrent à Bernard Zehrfuss, Marcel Lods, Pierre Vago, Henry Bernard, André Bloc, Raymond Lopez, Pierre Pinsart, Paul Herbé, etc., l'occasion de manifester leur volonté de renouvellement et leur esprit d'entreprise. Depuis les années quatre-vingt, une nouvelle génération d'architectes, tels que Christian de Portzamparc, Paul Andreu, Henri Ciriani, Michel Andrault et Pierre Parat, s'attache à renouveler l'expression architecturale en vigueur depuis la période d'après-guerre et cherche à créer, par son esprit imaginatif et les techniques audacieuses mises à sa disposition, de nouvelles références architecturales (Grande Arche de la Défense à Paris). Ces architectes essaient aussi de trouver une solution plus humaine et plus proche des réalités quotidiennes au problème des habitats collectifs (Évry-Ville-Nouvelle, Saint-Quentin-en-Yvelines). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Andrault-Parat Andreu Paul Baltard Victor Bernard Henry béton Bloc André Champs-Élysées (théâtre, comédie et studio des) Ciriani Henri Eiffel Alexandre Gustave fer fer - L'architecture du fer Halles de Paris Labrouste Henri Le Corbusier (Charles Édouard Jeanneret-Gris, dit) Lods Marcel Lopez Raymond Mailly (Jean de) Paris - Histoire - Formation du Paris contemporain Paris - Histoire - Le statut de Paris Perret Auguste urbanisme - Les grands travaux ville nouvelle ville nouvelle - Les villes nouvelles en France Zehrfuss Bernard Les livres France - la villa Savoye, à Poissy (1929), page 2037, volume 4 France - l'École de danse de l'Opéra de Paris, à Nanterre, page 2037, volume 4 Littérature Parler de « littérature française « pose un double problème : celui du fait littéraire et celui de la langue française. Or, le terme « littérature « avec l'acception que nous lui donnons aujourd'hui ne s'applique qu'avec la plus mauvaise grâce aux pratiques antérieures au XIXe siècle. Au Moyen Âge, ces pratiques étaient essentiellement anonymes, issues de la tradition (ce n'est pas un individu singulier, mais toute la communauté qui se chante dans les vers des jongleurs) et marquées par le pouvoir de la musique (elles étaient non seulement chantées mais surtout ordonnées par le souci d'une harmonie cosmique autant que collective). Du XVe au XVIIIe siècle, la « littérature « émergea lentement : la notion d'auteur se constitua en liaison avec le développement de l'individu ; l'innovation fut recherchée, en liaison avec la nouvelle ordonnance des temps (non plus le passé de la tradition, mais l'autoconstitution de la société en son avenir) ; ce fut la fin de la musique, ramenée d'abord à une simple technique instrumentale, puis soumise à l'ordre du regard (on ne chante plus l'ordre du monde, on veut « donner à voir « les états de la nature et de la société) ; le statut d'écrivain s'institutionnalisa et se professionnalisa, en liaison avec le développement de l'État et des académies ; les contenus psychologiques ressortirent au discours des passions et aux manières de faire collectives, en liaison avec le développement du sujet réflexif de la philosophie ou des arts de civilité, par lesquels on tentait de conférer une norme à des existences qu'on ne sentait plus soumises à un ordre reçu de tout temps ; enfin apparut une ouverture sur le langage luimême, dans la mesure où celui-ci s'était dissocié de la voix et n'apparaissait plus que comme un code avec lequel on pouvait jouer. L'autre point concerne la langue française elle-même : comme toutes les autres langues dites « vulgaires «, elle ne conquit laborieusement ses privilèges qu'en gagnant sur le latin, langue savante et langue de l'Église. Le français, langue de cour, devint aussi langue de l'administration royale et participa à l'émergence de la nation française. La « littérature française « ne trouva vraiment son premier point d'ancrage qu'au moment où l'État parvint à s'imposer comme le nouveau garant de l'ordre social et de l'unité nationale à la fin du XVIIe siècle, et sa stature définitive qu'après la Révolution française, moment où elle entra à l'Université. La littérature française connut donc une lente émergence, puis se constitua et acquit une relative autonomie à partir du XIXe siècle, avant d'être plus récemment remise en cause. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats français français - Aspects institutionnels littérature Le Moyen Âge. Du XIIe au XVe siècle, la langue française entra en littérature en même temps que le pouvoir s'unifiait dans la royauté. Les Serments de Strasbourg (842) furent la première légitimation de la « langue vulgaire « ; la Séquence de sainte Eulalie (IXe siècle) en fut le premier texte « littéraire «. La naissance d'une littérature nationale s'accompagna aussi d'une conscience de l'histoire et d'une différenciation des genres : ce fut une « invention de la perspective « - contemporaine de celle de la perspective picturale - dans la mesure où les passés s'échelonnaient désormais selon un ordre disjoint du présent, alors que la Tradition ramassait auparavant tout le passé dans le présent. Aux XII e et XIII e siècles, deux grands genres versifiés célébraient l'ordre féodal : l'épopée, avec la chanson de geste, dont le chef-d'oeuvre est la Chanson de Roland , et la littérature courtoise : « fin amor « des troubadours et trouvères, romans antiques ou bretons (Tristan et Iseut ), textes de Chrétien de Troyes. En contrepoint se développa une littérature satirique que l'on peut dire « anticourtoise « ( Roman de Renart, fabliaux). Le XIII e siècle fut celui de la naissance d'une poésie personnelle (Rutebeuf), et surtout de la rapide expansion de la prose, qui apparut comme le discours de la vérité une et de l'histoire ( Aucassin et Nicolette, Chroniques de Jean de Joinville). Les XIVe et XVe siècles, secoués par la guerre de Cent Ans et le marasme économique, évoluèrent vers davantage encore de spécification : le théâtre distingua nettement ses domaines, religieux (miracles et mystères) et profane (sotties, farces) ; l'histoire (Froissart, Commynes) sortit du légendaire ; la poésie se codifia strictement (Arts de rhétorique) et une inventivité spécifique naquit au sein des contraintes formelles (les grands rhétoriqueurs). Un nouveau goût pour le récit et pour l'instabilité du sujet témoigna d'un autre rapport au temps : le lyrisme ne fut plus fondé sur le chant, comme encore chez Guillaume de Machaut, mais sur le sentiment et le « moi « (Eustache Deschamps, Charles d'Orléans), et l'écrit apparut comme une résistance à la mort (François Villon). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats bretons (romans) chanson de geste Chrétien de Troyes Commines (Philippe de), sire d'Argenton courtoise (littérature) Deschamps (Eustache Morel, dit Eustache) épopée Eulalie de Mérida fabliau Froissart Jean Guillaume de Machaut Joinville (Jean, sire de) Moyen Âge - Diversité culturelle et évolution des mentalités - La littérature médiévale rhétoriqueurs (les grands) Roman de Renart Rutebeuf Table ronde (romans de la) théâtre - Le Moyen Âge : de l'église à la place publique Tristan et Iseut troubadour trouvère Villon François Les livres France - la Chanson de Roland, page 2038, volume 4 Le XVIe siècle. Par ses convulsions mêmes (guerres d'Italie, guerres de Religion), le XVIe siècle apparaît en quête d'identité et de définition. L'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) consacra le français comme langue nationale, et l'imprimerie permit la diffusion de l'écrit. La quête était pourtant ambiguë : la Renaissance était tout autant un renouveau de l'esprit qu'un retour à la fois à la littéralité de la Bible, Écriture divine, et aux lettres plus « humaines « de l'Antiquité ; ce fut l'humanisme. La division de l'Église manifesta vite la relativité de ce retour à l'homme et à la lettre : la Réforme, plaçant l'homme sous le regard immédiat de Dieu, se distinguait radicalement de l'humanisme, enthousiaste et totalisant. Gargantua et Pantagruel, les deux voraces géants de Rabelais, symbolisent le premier humanisme optimiste. Avec les grands rhétoriqueurs, puis Clément Marot, la littérature devint une exaltation, souvent ludique, de la langue. Peu à peu, cependant, l'humanisme se fit sérieux et savant. Après les poètes de l'école lyonnaise, platoniciens et pétrarquistes (Maurice Scève, Louise Labé), ceux de la Pléiade, autour de Pierre de Ronsard et de Joachim du Bellay, travaillèrent à une « défense et illustration de la langue française « ; la littérature s'engagea dans la lutte religieuse (Agrippa d'Aubigné) ; le théâtre chercha sa voie entre tradition et innovation (Étienne Jodelle, Robert Garnier). Dans ce double mouvement de retour et de création, le XVIe siècle resituait l'homme dans un univers dont, depuis la révolution copernicienne, il n'était plus le centre. Montaigne, dans ses Essais , se fit l'écho de cette inquiétude de l'« humaine condition «. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Aubigné (Théodore Agrippa d') Bellay (Joachim Du) Gargantua Garnier Robert humanisme Jodelle Étienne Labé (Louise Perrin, née Charly, dite Louise) Marot Clément Montaigne (Michel Eyquem de) Pantagruel Pléiade (la) poésie - Poésie et subjectivité Rabelais François Renaissance - La Renaissance en France rhétoriqueurs (les grands) Ronsard (Pierre de) Scève Maurice Villers-Cotterêts Villers-Cotterêts - L'ordonnance de Villers-Cotterêts Les livres Montaigne (Michel Eyquem de) - la chambre de Montaigne, page 3278, volume 6 Montaigne (Michel Eyquem de) - portrait de Montaigne, page 3278, volume 6 Montaigne (Michel Eyquem de) - édition posthume, page 3278, volume 6 France - frontispice de la deuxième édition de Gargantua (1535), page 2039, volume 4 Le XVIIe siècle. Ce fut dans l'éclat du Roi-Soleil que s'édifia le mythe du « Grand Siècle «. Mais le XVIIe siècle, en réalité, fut double : s'y distinguent deux grandes périodes, le « siècle de Louis XIII « et le « siècle de Louis XIV « (1661-1715), apogée de la monarchie absolue ; deux esthétiques s'y combattirent : le baroque, marqué par le goût de l'instabilité et de l'illusion, et le classicisme, quête de l'équilibre par la raison. Mais la coexistence des deux courants demeura sensible du début à la fin du siècle. La fondation de l'Académie française (1635) consacra l'effort de codification et d'épuration de la langue française en même temps qu'elle affirmait le contrôle de l'État sur la production littéraire. Le siècle de Louis XIII fut caractérisé par un foisonnement d'oeuvres et de formes : poésie « classique « (Malherbe) ou « baroque « (Théophile de Viau, Saint-Amant), roman « d'amour « (Honoré d'Urfé, MLLe de Scudéry) ou « comique « (Sorel, Scarron), pièces « à machines « ou pastorales. Les libertins prônaient alors la liberté des moeurs et de la pensée, avant que Descartes ne vît dans la raison, et Pascal, dans la foi les seuls instruments de la connaissance. Le classicisme, avec ses exigences de vraisemblance et de bienséance, parut l'emporter sous Louis XIV. Le théâtre, désormais rigoureusement « réglé «, en fit triompher l'esthétique. Mais Corneille donna aussi un chef-d'oeuvre baroque ( l'Illusion comique, 1636) ; Molière eut recours, à l'occasion, au mélange des genres et aux artifices, et un « je ne sais quoi « troublait la rigueur de la tragédie racinienne. La poésie de La Fontaine voulait « plaire « autant qu'« instruire «, l'éloquence de Bossuet s'emportait en visions baroques, et le roman d'analyse (MMe de La Fayette) s'inventait, au moment où séduisait le merveilleux des Contes de Perrault. L'équilibre se rompit pourtant à la fin du règne de Louis XIV, avec la querelle des Anciens et des Modernes. Bayle et Fontenelle achevèrent de mettre en doute l'idée de tradition et promurent, de façon définitive, l'idée d'une littérature nationale de grande valeur. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Académie française Bayle Pierre Bossuet Jacques Bénigne classicisme - Littérature Corneille Pierre Descartes René Fontenelle (Bernard Le Bovier de) La Fayette (Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de) La Fontaine (Jean de) Malherbe (François de) Molière (Jean-Baptiste Poquelin) Pascal Blaise Perrault Charles querelle des Anciens et des Modernes Saint-Amant (Marc Antoine Girard, sieur de) Scarron Paul Scudéry (de) - Scudéry (Madeleine de) Sorel Charles Tallemant des Réaux Gédéon théâtre - Le XVIIe siècle : l'âge d'or espagnol et l'ère classique en France Tristan l'Hermite (François l'Hermite, sieur du Soliers, dit) Urfé (Honoré d') Viau (Théophile de) Les livres France - frontispice de la première édition du Dictionnaire de l'Académie française (1694), page 2039, volume 4 Le XVIIIe siècle. Le siècle des Lumières fut celui de la mort des rois : les Lumières étaient celles de la raison opposée à l'obscurantisme des despotes. Ce fut le triomphe du Philosophe et « l'invention de la Liberté « comme Idée, dans l'ordre politique, moral, social et économique. Il n'y eut pourtant pas une doctrine des Lumières, pas plus qu'il ne conviendrait d'opposer la « raison « au « sentiment «. Si l'optimisme des philosophes s'éteignit vers 1775, alors que s'achevait la période de prospérité économique, le courant sensible traversa en réalité tout le siècle, de Manon Lescaut de l'abbé Prévost à Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Il paraît donc plus juste de distinguer trois générations de philosophes. La première, d'origine aristocratique et symbolisée par Montesquieu, ne remettait pas en cause le système monarchique, mais visait à le tempérer. Pourtant, dès les Lettres persanes (1721), l'écrivain dut ruser avec la censure. Le déguisement, ressort dramatique du théâtre de Marivaux, devint une nécessité de la pensée. Il justifia aussi, tout au long du siècle, l'existence d'une littérature parallèle, libertine (Choderlos de Laclos) ou « noire « (Sade). La deuxième génération des philosophes fut « bourgeoise « : représentée par Voltaire et Diderot, elle était en fait dominée par la grande entreprise collective du siècle, l'Encyclopédie, bilan des connaissances et véhicule d'un matérialisme progressiste. Diderot, maître d'oeuvre de l'ouvrage avec D'Alembert, fut aussi l'initiateur d'une théorie esthétique qui, avec le « drame bourgeois « notamment, devait garantir une représentation adéquate de la réalité. Rousseau incarna à lui seul la troisième génération, plus ouvertement politique et révolutionnaire : le Contrat social (1762) proposa un modèle démocratique. Mais ses Confessions marquèrent aussi la promotion d'un « moi « assumé. Et ce fut l'individu, seul contre un ordre social injuste, que Beaumarchais mit en scène dans le sulfureux Mariage de Figaro (1788). Le XVIIIe siècle ne fit pas la part belle aux poètes. Mais les discours des révolutionnaires (Robespierre, Saint-Just) lancèrent les derniers feux des Lumières. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Beaumarchais (Pierre Augustin Caron de) Bernardin de Saint-Pierre Jacques-Henri contrat social (Du) Diderot Denis encyclopédie Laclos (Pierre Ambroise François Choderlos de) Lumières (philosophie des) - L'Encyclopédie : l'esprit des Lumières Mariage de Figaro (le) Marivaux (Pierre Carlet de Chamblain de) Mercier Louis Sébastien Montesquieu (Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de) Paul et Virginie Prévost (Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé) Rousseau Jean-Jacques Sade (Donatien Alphonse François, marquis de) Vauvenargues (Luc de Clapiers, marquis de) Voltaire (François Marie Arouet, dit) Les livres Lumières (philosophie des) - le salon de Madame Geoffrin en 1755,, page 2936, volume 6 Lumières (philosophie des) - un dîner de philosophes (Voltaire, Diderot, l'abbé Maury, Condorcet.), page 2937, volume 6 Lumières (philosophie des) - page de titre et frontispice du tome I de l'Histoire naturelle, page 2937, volume 6 Lumières (philosophie des) - frontispice des Éléments de la philosophie de Newton, page 2937, volume 6 Lumières (philosophie des) - frontispice de l'Émile de Jean-Jacques Rousseau, page 2938, volume 6 Lumières (philosophie des) - Planche de l'Encyclopédie, page 2938, volume 6 France - le Génie de Voltaire et de Rousseau les conduit au temple de la gloire et de l'immortalité, page 2039, volume 4 Le XIXe siècle. Après la Révolution, le XIXe siècle fut celui des révolutions (1830, 1848) et des changements de régime, avant que la France, entrant dans l'ère industrielle et moderne, ne s'engageât définitivement dans la voie républicaine. Mais ce fut dans un climat nostalgique du mythe napoléonien que s'éveillèrent les « enfants du siècle « en proie au « vague des passions « (Chateaubriand). Ce « mal du siècle « fut l'expression originelle du courant littéraire qui irrigua toute la période, le romantisme : réaction lyrique au classicisme et à ses règles, il mettait au premier plan un « moi « déchiré. La génération de 1830, celle de l'exaltation du romantisme, fut d'abord celle des poètes : Alfred de Musset, Alfred de Vigny, Victor Hugo. Puis le roman, « miroir promené « le long du siècle, fit l'analyse lucide des passions (Stendhal) et des « illusions perdues « (Balzac). Victor Hugo (1802-1885), géant prolifique dans tous les genres, est devenu le symbole de ce romantisme, engageant son oeuvre dans le siècle comme une mission inspirée. En 1857, la censure du second Empire condamna pour immoralité Madame Bovary et les Fleurs du mal, deux oeuvres phares qui témoignent du radicalisme d'une double orientation esthétique. Pour Gustave Flaubert, « rien n'est beau que le vrai « - c'est le réalisme - ; pour Charles Baudelaire, le beau est « bizarre « - c'est la poésie de la vie moderne. Le réalisme s'exacerba dans les années 1880 en un naturalisme « scientifique « : Zola en systématisa l'expérience dans la série des Rougon-Macquart, tandis que Maupassant s'échappait vers le fantastique. Au moment où les Parnassiens codifiaient la poésie, Baudelaire inaugurait la lignée des poètes modernes, « maudits «, que le poète soit « voyant « (Rimbaud) ou « saturnien « (Verlaine). La fin du siècle fut antinaturaliste. La poésie, après s'être confusément cherchée dans la « décadence « (Jules Laforgue), trouva l'idéalisme d'une quête absolue : Stéphane Mallarmé fut la figure de proue du mouvement symboliste - qui gagna le théâtre (Maurice Maeterlinck) jusqu'à la provocation d' Ubu (Alfred Jarry). L'affaire Dreyfus, quant à elle, posa la question de l'engagement de l'écrivain (Zola : J'accuse , 1898). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Balzac (Honoré de) Baudelaire Charles Chateaubriand (François René, vicomte de) Flaubert Gustave Fleurs du mal (les) Hernani ou l'Honneur castillan Hugo Victor Marie J'accuse Jarry Alfred Laforgue Jules Lamartine (Alphonse Marie Louis de Prât de) Maeterlinck Maurice Mallarmé Stéphane Maupassant (Guy de) Mémoires d'outre-tombe Musset (Alfred de) naturalisme - 2.LITTÉRATURE Nerval (Gérard Labrunie, dit Gérard de) Parnasse poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie réalisme - Le réalisme en littérature - L'esthétique réaliste Rimbaud Arthur romantisme - Littérature - En France Rougon-Macquart (les) Stendhal (Henri Beyle, dit) symbolisme - Le symbolisme en littérature Tillier Claude Ubu roi Verlaine Paul Marie Vigny (Alfred, comte de) Vogüé (Eugène Melchior, vicomte de) Zola Émile Les livres France - Honoré de Balzac et Théophile Gautier chez Frédérick Lemaître à Pierrefitte, page 2040, volume 4 France - Réception de Victor Hugo à l'Académie française, le 17 janvier 1841, page 2040, volume 4 France - Portrait de Baudelaire (détail), vers 1847, par Gustave Courbet, page 2040, volume 4 Le XXe siècle. Après les divisions de la fin du siècle, les Expositions universelles (1878, 1889, 1900) permirent à la République de « montrer son plus beau profil «. La littérature voulut trouver une nouvelle spiritualité (Paul Claudel), ou s'évader dans le rêve (AlainFournier, le Grand Meaulnes). C'est sur les fondements de ce refus du réalisme, entériné par l'aventure intellectuelle et poétique de Paul Valéry, que s'inscrivit la vraie rupture esthétique, spectaculaire : la poésie de Guillaume Apollinaire libéra la versification et les rythmes ; le roman, avec André Gide et surtout Marcel Proust, réfléchit sa propre création, « recherche « ici guidée par les « données immédiates de la conscience « (Henri Bergson). La Première Guerre mondiale précipita une nouvelle perception du rapport entre l'art et la vie. Le mouvement Dada et son humour nihiliste en fut le premier témoignage, avant la grande expérience du surréalisme (premier Manifeste, 1924) : « changer la vie « par le rêve fut bien, au départ, une entreprise collective (autour d'André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, Robert Desnos, Salvador Dalí). Le roman ne connut pas de tels bouleversements : genre proliférant dans l'entre-deux-guerres (roman-fleuve), il célébra à sa manière la vie libre et violente (Colette, Jean Giono), avant de devenir le lieu d'une interrogation morale et religieuse (Georges Bernanos, François Mauriac), puis existentielle et politique (André Malraux). Mais c'est le Voyage au bout de la nuit (Louis Ferdinand Céline, 1932) qui créa la fracture esthétique et philosophique. La Seconde Guerre mondiale, si elle n'interrompit pas la production, dramatique en particulier (Jean Giraudoux, Jean-Paul Sartre), entraîna la littérature dans l'« ère du soupçon «. Le soupçon fut d'abord philosophique ; les existentialistes fondèrent sur l'expérience de l'absurde une morale : « engagée « pour Sartre, « révoltée « pour Camus (l'Étranger, 1942). Mais le théâtre des années cinquante, résolument désengagé, mit en scène un absurde métaphysique (Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Jean Genet). Dans les années soixante, le « nouveau roman « (Alain RobbeGrillet, Michel Butor, Nathalie Sarraute, Claude Simon), aventure optique, parfois doublée d'une expérience cinématographique, voulut rompre avec les techniques traditionnelles. À partir de cette suspicion, c'est peut-être, pourtant, un « nouveau romanesque « que fonde aujourd'hui une oeuvre comme celle de Marguerite Duras. La poésie, exaltation du haut langage avec Saint-John Perse, est ensuite devenue, loin des mouvements et des écoles, « mode de connaissance « avec René Char, et nouvelle tragédie de l'être avec Antonin Artaud. Dès lors, elle est une quête individuelle et ascétique : des « choses « (Francis Ponge) ou de ce « lointain intérieur « (Henri Michaux) que l'époque obscurcit de ses images tonitruantes. Alors que la vague structuraliste née en particulier autour des écrivains et des critiques du groupe Tel Quel (Philippe Sollers, Tzvetan Todorov, Julia Kristeva) transforme le champ littéraire en un vaste terrain d'expérimentation, à la fin des années soixante s'amorce une sorte de « révolution « dont Belle du seigneur (1968), d'Albert Cohen, pourrait être l'emblème. On retrouvait là un romantisme à la fois poétique et épique, d'une sensualité presque exacerbée. Ce double mouvement - d'une part, recherche quasi clinique des formes ; d'autre part, retour à une certaine tradition - marque la littérature des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Si la poésie se fait plus discrète, malgré sa diversité (Jaccottet, Du Bouchet, Dupin, Bonnefoy), et si le théâtre redécouvre les classiques ou privilégie les valeurs sûres (François Billetdoux), à l'exception de quelques nouveaux venus (Jean-Claude Grumberg, Valère Novarina), le roman témoigne d'un grand foisonnement. Tant dans les thématiques que dans les techniques narratives, où se télescopent les influences les plus diverses (du surréalisme au nouveau roman, en passant par les jeux savants de l'Oulipo), l'heure est au métissage, à l'ouverture : retour à l'histoire dans des fresques chatoyantes, désenclavement du roman policier, qui renouvelle le genre romanesque dans son ensemble, découverte d'auteurs étrangers qui ont choisi le français comme langue littéraire (l'Argentin Hector Bianciotti, naturalisé français, le Tchèque Milan Kundera, le Marocain Tahar Ben Jelloun). Des Antilles nombreux sont les écrivains qui donnent ses lettres de noblesse à la « créolité «. Voyages d'écrivains nomades (Jean-Marie Le Clézio, Olivier Rolin), chroniques couleur sépia (Patrick Modiano, Jean Rouaud) ou dérives urbaines sur rythmes syncopés (Philippe Djian) élèvent le roman à un art du questionnement. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats absurde Alain-Fournier (Henri Alban Fournier, dit) Apollinaire (Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume) Aragon Louis Artaud (Antoine, dit Antonin) Beauvoir (Simone de) Beckett Samuel Bergson Henri Bernanos Georges Breton André Butor Michel Camus Albert Céline (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand) Char René Claudel Paul Cocteau Jean Colette Sidonie Gabrielle dada Desnos Robert Duras (Marguerite Donnadieu, dite Marguerite) Echenoz Jean Eluard (Eugène Émile Paul Grindel, dit Paul) existentialisme Genet Jean Gide André Giono Jean Giraudoux Jean Ionesco Eugène Le Clézio Jean-Marie Gustave Malraux André Mauriac François Merle Robert Michaux Henri Modiano Patrick nouveau roman Ormesson (Jean Lefèvre, comte d') Perec Georges poésie - Poésie, vie et expérience Ponge Francis Prou Suzanne Proust Marcel réalisme - Le réalisme en littérature - Le réalisme au XXe siècle Rivoyre (Christine de) Robbe-Grillet Alain Robin Armand Roy (Claude Orland, dit Claude) Sabatier Robert Sagan (Françoise Quoirez, dite Françoise) Saint-Germain-des-Prés Saint-John Perse (Alexis Leger, dit Alexis Saint-Leger Leger, puis) Sarraute Nathalie Sartre Jean-Paul Simon Claude surréalisme - Le surréalisme en littérature t'Serstevens Albert Tardieu Jean Tharaud théâtre - Le XXe siècle : les remises en cause Troyat (Lev Tarassov, dit Henri) Valéry Paul Van der Meersch Maxence Vercel (Roger Crétin, dit Roger) Vialar Paul Vialatte Alexandre Vian Boris Yourcenar (Marguerite de Crayencour, dite Marguerite) Les livres France - André Gide et ses amis au café Maure de l'Exposition universelle de 1900, page 2041, volume 4 France - Portrait de Paul Claudel (1919), par Jacques-Émile Blanche, page 2041, volume 4 France - Patrix, Saint-Germain-des-Prés (1948), page 2041, volume 4 France - Albert Camus et André Malraux, page 2042, volume 4 France - Louis Aragon, en 1954, page 2042, volume 4 France - Marguerite Duras, page 2042, volume 4 France - Jean-Marie Gustave Le Clézio, page 2042, volume 4 France - Marguerite Yourcenar, page 2042, volume 4 France - Boris Vian, page 2042, volume 4 Musique Inversement à la production d'oeuvres littéraires et picturales, vivante et abondante tout au long des siècles, la tradition musicale française a fait alterner des époques glorieuses et des périodes obscures. Malgré des personnalités marquantes (Josquin des Prés, Couperin, Rameau, Berlioz, Bizet, Debussy, Ravel, Boulez, Ballif) qu'unit, envers et contre les différences, un indéniable fondement esthétique commun, ces temps de pause de l'histoire de la musique française, en interrompant la filiation, achèvent de compliquer la difficile question de la définition de la musique française, au sujet de laquelle musiciens et historiens se querellent aujourd'hui encore. Synthèse des différents apports qu'elle a intégrés plutôt que subis (flamand au Moyen Âge, italien aux XVIIe et XVIIIe siècles, allemand au XIXe , russe et espagnol au tournant de notre siècle), la musique française, malgré un cours fluctuant, a souvent occupé le devant de la scène artistique et constitue l'un des pivots de l'histoire de la musique occidentale. Le Moyen Âge. Les origines sont mal connues ; elles peuvent cependant être raisonnablement liées aux traditions grecque, romaine et byzantine. La musique française fut exclusivement religieuse pendant des siècles. D'abord gallicane, la liturgie fut réorganisée par les rois carolingiens, qui imposèrent le chant grégorien, issu de la réforme menée par le pape Grégoire le Grand à la fin du VIe siècle pour unifier la musique sacrée. Après les premiers neumes, c'est-à-dire l'embryon d'une notation musicale (IXe siècle), apparurent les tropes. Invention de l'abbaye de Jumièges, les tropes sont des paroles mono ou bisyllabiques adaptées aux vocalises grégoriennes afin de permettre de mieux les mémoriser. Cette création, à l'origine uniquement liturgique, fut bientôt détournée de son but et devint la base de la musique profane du Moyen Âge : passions et mystères des Xe et XIe siècles, chansons de geste à partir du XIIe siècle. La musique profane populaire, longtemps étouffée par l'Église qui y voyait une réminiscence du paganisme, fit son apparition sous forme de danses ou de mélodies adaptées du plain-chant. À partir du XIIIe siècle, troubadours de langue d'oc et trouvères de langue d'oïl renouvelèrent entièrement le répertoire. Au XIIIe siècle également naquit la première grande oeuvre française non anonyme, le Jeu de Robin et Marion, écrit et composé par Adam de la Halle (1240-1287) : l'Ars antiqua cédait la place à l'Ars nova. Ce courant musical, qui allait durer jusqu'à la Renaissance, amena de profonds bouleversements. Guillaume de Machaut (1300-1377) en fut, au XIVe siècle, le maître incontesté. Il a laissé de nombreuses ballades, des motets, des rondeaux, des virelais et surtout la Messe de Notre-Dame, première messe polyphonique. Au XVe siècle, les voix furent désormais accompagnées d'instruments. Parmi les compositeurs de cette époque, on peut citer Gilles Binchois (1400-1460), Guillaume Dufay (1400-1474) et Jean Ockeghem (1420-1495). La personnalité la plus importante fut celle de Josquin des Prés (1440-1521), dont l'art se nourrissait du Moyen Âge finissant, tout en annonçant les prémices de la Renaissance ; son oeuvre considérable (messes, motets, chansons, etc.) eut une influence énorme dans toute l'Europe. Sa mort marqua le déclin de la prééminence française : le foyer musical principal se déplaça en Angleterre et en Italie. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Adam de la Halle Ars antiqua Ars nova Binchois (Gilles de Bins ou de Binche, dit Gilles) chanson de geste Dufay Guillaume grégorien (chant) Guillaume de Machaut Josquin Des Prés messe Messe « Notre-Dame « messe - Musique Moyen Âge - Diversité culturelle et évolution des mentalités - La musique médiévale neume Ockeghem Johannes Paris - Arts - Musique trope troubadour trouvère La Renaissance. À cette époque, les acquis du siècle précédent furent perfectionnés, quelques nouveaux genres (airs, poèmes mis en musique) furent créés, l'art instrumental fut développé et les écoles nationales furent inventées. C'est ainsi que se créa un groupe de compositeurs de chansons polyphoniques « parisiennes « avec Pierre Attaingnant (1500-1553), Claudin de Sermisy (1490-1562), Claude le Jeune (1525-1601), Jacques Mauduit (1557-1627) et surtout Clément Janequin (1485-1558). Créateur de la musique descriptive (la Bataille de Marignan, les Cris de Paris, le Chant des oiseaux, etc.), ce dernier composa des psaumes, des motets, des messes et deux cent dix-neuf chansons polyphoniques remarquables. Dans la seconde partie du siècle, Roland de Lassus (1532-1594) influença fortement la musique européenne. D'origine flamande, il vécut en Italie, en Allemagne et en France, composant plusieurs centaines de chansons en français. La fin de la Renaissance française fut marquée par la personnalité de Guillaume Costeley (1531-1606), qui s'essaya à l'écriture chromatique. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Attaingnant Pierre Costeley Guillaume Janequin Clément Lassus (Roland de) Le Jeune Claude Mauduit Jacques Paris - Arts - Musique Sermisy (Claudin de) Les livres France - concert du XVe siècle, page 2043, volume 4 France - la Muse Thalie jouant de la viole à bras (XVIe siècle), page 2043, volume 4 Le classicisme. Au XVIIe siècle, la musique italienne domina l'Europe. Pourtant, en France, cette période fut féconde : la musique instrumentale devint autonome et son répertoire se constitua de pièces libérées de l'imitation de la technique vocale ; des formes nouvelles apparurent (sonate, suite, concerto), l'écriture s'élargit avec l'usage des nuances (forte, piano) et des mouvements (adagio, allegro). Charles Mouton (1626après 1699), Henri du Mont (1610-1684), Louis Couperin (1626-1661), MichelRichard Delalande (1657-1726) et Marc-Antoine Charpentier (1636-1704) furent les artisans de cet esprit nouveau. Mais le compositeur le plus éminent du XVIIe siècle fut Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Florentin naturalisé français et créateur de l'opéra français. Fin politique, il sut se débarrasser de tous ses rivaux pour obtenir un quasimonopole du « théâtre en musique «. Son mérite est d'avoir su assimiler l'esprit de la musique française et d'y avoir adapté l'opéra italien. Il introduisit le récitatif et, surtout, créa l'ouverture à la française. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Charpentier Marc Antoine Couperin - Couperin Louis Delalande Michel Richard Lully (Giovanni Battista Lulli, dit Jean-Baptiste) opéra - De l'acteur au chanteur - La tragédie lyrique Paris - Arts - Musique Les livres France - Réunion de musiciens, page 2043, volume 4 Les XVIIIe et XIXe siècles. La musique française du XVIIIe siècle abandonna la rigueur austère du classicisme pour s'adonner à un art plus divertissant. Derrière le génie et la personnalité de François Couperin (1668-1738), dont l'influence se fit longtemps sentir, toute une école instrumentale française se développa avec Marin Marais (1656-1728), Louis Marchand (1669-1732), Louis Nicolas Clérambault (1676-1749) et François Dagincourt (1680-1758). Mais c'est Jean-Philippe Rameau (1683-1764), esprit novateur, qui marqua le siècle. Sa science harmonique et son goût de la théorie firent de lui le véritable fondateur de l'harmonie moderne. Il porta l'opéra français à son apogée, comme en témoignent ses trente-deux tragédies lyriques, opéras-ballets et opéras-comiques. Adulée ou contestée en France de son vivant, sa musique fut reconnue de l'Europe entière. Le vide laissé par sa disparition fut en partie comblé par l'Allemand Christoph Willibald Gluck (1714-1787), installé à Paris, et André-Ernest Grétry (1741-1813). La fin du XVIII e siècle ne fut pas une période faste pour la musique française. Le mouvement romantique parvint en France avec Hector Berlioz (1803-1869) et sa Symphonie fantastique (1830). L'échec de son opéra Benvenuto Cellini ( 1838) ouvrit pourtant la porte aux Italiens Bellini, Donizetti et Rossini, et à l'Allemand Meyerbeer. Esprit Auber (1782-1871) et Jacques-François Fromental Halévy (17991862) eurent la faveur du public, quand Adrien Boieldieu (1775-1834) et Ferdinand Hérold (1791-1833) tentèrent de maintenir la tradition française. Adolphe Adam (1803-1856) et Ambroise Thomas (1811-1896), compositeurs habiles, cherchaient plus à plaire qu'à innover. Charles Gounod (1818-1893) et Georges Bizet ( Carmen, 1875) marquèrent la musique lyrique française du XIXe siècle. La seconde moitié du siècle fut caractérisée dans toute l'Europe par l'émergence des écoles nationales, et la France n'échappa pas à ce mouvement, quoique Paris demeurât encore la capitale internationale de l'opéra. En réaction contre les musiciens italiens et allemands, César Franck (1822-1890), Édouard Lalo (1823-1892), Camille Saint-Saëns (1835-1921) et Emmanuel Chabrier (1841-1894) furent les artisans d'une « renaissance « française. Ce mouvement fut renforcé par la création de l'école Niedermeyer et de la Schola cantorum, où furent formés de nombreux compositeurs : Henri Duparc, Ernest Chausson, etc. En 1871, Saint-Saëns, Franck, Lalo, Massenet et Duparc fondèrent la Société nationale. Cette « école « révéla, entre autres, Gabriel Pierné (1863-1937), Paul Dukas (1865-1935), Albert Roussel (18691937)... Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Adam Adolphe Auber Daniel François Esprit Berlioz Hector Bizet Georges Boieldieu François Adrien Chabrier Emmanuel Chausson Ernest Clérambault Louis Nicolas Couperin - Couperin (François, dit le Grand) Dagincourt François Dukas Paul Duparc (Henri Fouques-Duparc, dit Henri) Franck César Gluck (Christoph Willibald, chevalier von) Gounod Charles François Grétry André Ernest Modeste Halévy (Jacques Fromental Élie Lévy, dit Fromental) Hérold Ferdinand Lalo Édouard Marais Marin Marchand Louis Massenet Jules Émile Frédéric Niedermeyer Louis opéra - De l'acteur au chanteur - La tragédie lyrique opéra - De l'acteur au chanteur - Les querelles opéra - De l'illusion à la vérité dramatique - Les apports de Verdi et de Wagner Paris - Arts - Musique Pierné Gabriel Rameau Jean-Philippe Roussel Albert Saint-Saëns Camille schola cantorum Symphonie fantastique (la) Thomas Charles Louis Ambroise Les livres France - caricature allemande représentant Hector Berlioz dirigeant l'une de ses oeuvres, page 2044, volume 4 France - Henri Fantin-Latour, Autour du piano (1885), page 2044, volume 4 Le XXe siècle. Gabriel Fauré (1845-1924), Claude Debussy (1862-1918) et Maurice Ravel (18751937) libérèrent la musique française des influences italienne et allemande, tandis qu'Igor Stravinski (1882-1971), installé en France pour vingt ans, bousculait l'esthétique musicale par un retour au rythme « primitif « et par une orchestration luxuriante. Sa collaboration avec Serge de Diaghilev fit la grande époque des Ballets russes. Dans le même courant d'idées se créa en 1920 le groupe des Six, qui réunit autour de Jean Cocteau : Louis Durey (1888-1979), Arthur Honegger (1892-1955), Darius Milhaud (1892-1974), Germaine Tailleferre (1892-1983) et Georges Auric (1899-1983). En 1936, le groupe Jeune-France fut fondé par Yves Baudrier (19061988), André Jolivet (1905-1974), Daniel-Lesur (né en 1908) et Olivier Messiaen (1908-1992), compositeurs qui aspiraient à une musique répondant à leur exigence spirituelle. De son côté, Edgar Varèse (1883-1965) écrivit une musique de rupture atonale. L'influence d'Arnold Schönberg (1874-1951), révélé après 1945 par René Leibowitz (1913-1972), fit éclore une école sérielle française, avec notamment JeanLouis Martinet (né en 1912), Maurice Le Roux (né en 1923) et surtout Pierre Boulez (né en 1925), qui devint le chef de file de la musique contemporaine française. Après la Seconde Guerre mondiale, sous l'égide de Pierre Schaeffer (né en 1910), a émergé le Groupe de recherches musicales qui, avec Ivo Malec (né en 1925), Pierre Henry (né en 1927), François Bayle (né en 1932) et François-Bernard Mâche (né en 1935), a « créé « la musique concrète. En 1977, l'ouverture de l'Institut de recherche et de coordination acoustique-musique (IRCAM), dirigé jusqu'en 1991 par Pierre Boulez, a offert à la musique contemporaine française, mais aussi internationale, un outil et un lieu d'échanges où s'élaborent de nombreuses oeuvres. Depuis les années soixante-dix, d'autres groupes illustrent des tendances musicales différentes : l'Itinéraire, animé par Gérard Grisey et Hugues Dufourt, l'ensemble 2E2M de Paul Méfano, l'Ensemble InterContemporain de Pierre Boulez. À la fin du XX e siècle, la France est redevenue le creuset où se rencontrent toutes les musiques, où se brassent tous les courants et où s'élabore la musique de demain. Ses salles de concert prestigieuses, ses innombrables festivals d'été, ses multiples orchestres de région, sa radio musicale en modulation de fréquence, qui fut longtemps une exclusivité, offrent à un public de plus en plus nombreux et de plus en plus connaisseur une des plus importantes scènes mondiales. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats 2E2M (Ensemble) Auric Georges Ballets russes Ballif Claude Baudrier Yves Bayle François Boulez Pierre Cocteau Jean concrète (musique) Daniel-Lesur (Daniel Jean Yves Lesur, dit) Debussy Claude Dufourt Hugues Durey Louis Fauré Gabriel Ferrari Luc Grisey Gérard Groupe de recherches musicales (GRM) Honegger Arthur IRCAM (Institut de recherche et de coordination acoustique-musique) Itinéraire Jolivet André Le Roux Maurice Leibowitz René Mâche François-Bernard Malec Ivo Méfano Paul Messiaen Olivier Milhaud Darius opéra - De l'illusion à la vérité dramatique - Le drame psychologique opéra - L'avenir de l'opéra Paris - Arts - Musique Ravel Maurice Schaeffer Pierre Schönberg Arnold Six (groupe des) Stravinski Igor Tailleferre Germaine Thiriet Maurice Tomasi Henri Varèse Edgar Les livres France France France France France - Maurice Ravel, page 2044, volume 4 Pierre Boulez, page 2045, volume 4 Pierre Schaeffer, page 2045, volume 4 Claude Debussy, page 2045, volume 4 Pierre Henry, page 2045, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Adam de la Halle Baudrier Yves Bayle François Berlioz Hector Binchois (Gilles de Bins ou de Binche, dit Gilles) Bizet Georges Boieldieu François Adrien Boulez Pierre Charpentier Marc Antoine Chausson Ernest Costeley Guillaume Dagincourt François Debussy Claude Delalande Michel Richard Dufay Guillaume Dukas Paul Duparc (Henri Fouques-Duparc, dit Henri) Durey Louis Franck César Gluck (Christoph Willibald, chevalier von) Gounod Charles François Grétry André Ernest Modeste Halévy (Jacques Fromental Élie Lévy, dit Fromental) Henry Pierre Honegger Arthur IRCAM (Institut de recherche et de coordination acoustique-musique) Itinéraire Janequin Clément Josquin Des Prés Lalo Édouard Lassus (Roland de) Le Roux Maurice Leibowitz René Lully (Giovanni Battista Lulli, dit Jean-Baptiste) Marais Marin Marchand Louis Massenet Jules Émile Frédéric Méfano Paul Messe « Notre-Dame « Messiaen Olivier Meyerbeer (Jakob Liebmann Beer, dit Giacomo) Niedermeyer Louis Ockeghem Johannes Ravel Maurice Roussel Albert Saint-Saëns Camille Schaeffer Pierre schola cantorum Sermisy (Claudin de) Symphonie fantastique (la) Tailleferre Germaine trope Varèse Edgar Cinéma 28 décembre 1895, Salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines, à Paris : les frères Lumière présentent à un public payant une dizaine de films réalisés et projetés avec leur propre matériel. Grâce à cette séance historique, il est généralement admis que le cinéma fut inventé en France. Certes, les Lumière n'avaient pas tout découvert : ils avaient profité des travaux de leurs précurseurs, français et étrangers. Mais ils furent les premiers à enregistrer sur pellicule les images animées de leur époque, et, surtout, à mettre en place le processus de diffusion de leurs films : une salle dûment équipée, des séances régulières et un public pour y assister. Et, de fait, le cinéma français, fort de son privilège de pionnier, n'eut alors aucun mal à s'affirmer le premier du monde, économiquement et artistiquement. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats cinéma - L'industrie - L'exploitation - Introduction cinéma - La technique - Caméra, pellicule, projecteur Lumière (les frères) L'industrie du rêve. Les frères Lumière continuèrent pendant quelques années à produire et à exploiter de courtes bandes : actualités, documentaires, saynètes familiales, avant de se consacrer à d'autres recherches ; ils avaient créé un besoin que d'autres allaient s'employer à satisfaire. Un des premiers à entrevoir les possibilités du nouveau moyen d'expression fut Georges Méliès, entrepreneur de spectacles et prestidigitateur. Après avoir tenté, en vain, d'acheter leur brevet aux Lumière, il construisit lui-même son matériel, fonda sa propre firme, la Star-Film, aménagea un studio à Montreuil et s'imposa comme le maître de l'illusion, inventant les principaux procédés de trucage. Le succès fut immédiat : Méliès tourna plus de cinq cents films entre 1896 et 1912... Parallèlement, des commerçants entraient en lice : Charles Pathé et Léon Gaumont, qui créaient les sociétés portant leur nom pour organiser la production et la diffusion de leurs films. Pathé construisit, au début du siècle, une solide infrastructure industrielle : studios et laboratoires, à Vincennes et à Joinville, avec Ferdinand Zecca comme réalisateur maison. De son côté, Gaumont créa des studios aux ButtesChaumont et à Nice-La Victorine, où les films furent, dans leur majorité, réalisés par Alice Guy et Louis Feuillade. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats cinéma - L'art - Les pionniers cinéma - L'industrie - L'exploitation - L'eldorado effets spéciaux Feuillade Louis Gaumont Léon Guy-Blaché Alice Lumière (les frères) Pathé science-fiction - Le cinéma de science-fiction - Introduction Voyage dans la lune (le) Zecca Ferdinand Art et hégémonie. Certains intellectuels, conscients de l'immense engouement populaire pour le cinéma, s'émurent alors de son manque d'ambition, de sa médiocrité ou du moins de ce qu'ils jugeaient tel. Il fallait, selon eux, sortir le cinéma de l'ornière du divertissement simpliste, et lui donner ses lettres de noblesse. L'appel fut entendu et un groupe de transfuges du théâtre lança en 1908 le « Film d'art «, dont le prototype reste l'Assassinat du duc de Guise, qui, non sans excès (hiératisme et gesticulation, abus du tableau vivant), imposa un genre paradoxal : le théâtre filmé, interprété par les grands tragédiens de l'époque, mais sans leurs voix ni les textes puisque le cinéma était muet ! Cette étape n'en fut pas moins importante, qui attira vers l'art de l'image, fût-ce sur des postulats discutables, un public et des artistes qui l'avaient, jusque-là, considéré avec mépris. Cette tendance « noble « cohabita dès lors avec l'école comique - dont Max Linder est le plus fameux représentant - et le film d'action - autour de Feuillade et de ses ciné-romans -, renforçant jusqu'en 1914 l'hégémonie artistique et commerciale du cinéma français sur celui du reste du monde. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Feuillade Louis Linder (Gabriel Maximilien Leuvielle, dit Max) Crise de croissance. La guerre bouleversa cette situation. D'abord, durant les hostilités, la production fut ralentie. Puis, la paix revenue, le cinéma français dut affronter ses concurrents, en particulier le cinéma américain qui commençait à manifester son expansionnisme et sa qualité. Ainsi le cinéma français fit-il face à sa première crise au moment où l'esthétique de l'image animée frôlait la perfection. C'est en effet dans les années vingt que le nouvel art devint véritablement le septième, captivant le grand public avide de distraction autant qu'une élite intellectuelle passionnée par les avant-gardes artistiques et leur créativité : celle de Louis Delluc, par exemple, à la fois critique et réalisateur, qui alliait la rigueur du théoricien à la sensibilité de l'artiste ; celle de Marcel L'Herbier, qui imposait l'idée du cinéma-art de synthèse regroupant tous les domaines de l'expression, écriture, peinture, architecture et même musique pour accompagner les images muettes ; enfin, celle d'Abel Gance, qui se livrait déjà aux recherches stylistiques qui devaient émailler toute son oeuvre. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats cinéma - L'art - Le muet Delluc Louis Gance Abel L'Herbier Marcel Les livres France - L'Inhumaine (1924), de Marcel L'Herbier, page 2046, volume 4 France - publicité de la Gaumont, page 2046, volume 4 L'apprentissage de la parole. L'arrivée du cinéma parlant, en 1930, ne fut pas ressentie identiquement par tous. Pour un Jean Renoir, qui assimila d'emblée l'innovation comme un supplément de possibilités expressives, que de réticences par exemple chez un René Clair, obligé de déranger l'habile agencement de ses images pour y intégrer, contraint et forcé, la nouvelle dimension du son : bruits, paroles et musique ! Néanmoins, cette période de remise en cause et de nécessaires adaptations économiques et techniques fut celle où se confirma le grand talent des Jean Vigo, Jean Grémillon, Jacques Feyder, René Clair, Raymond Bernard, Jean Renoir et Abel Gance, sans oublier Sacha Guitry et Marcel Pagnol, qui comprirent tout le parti à tirer du cinéma parlant pour élargir la portée et l'audience de leurs oeuvres théâtrales et littéraires. Quant à l'apport des étrangers, il fut loin d'être négligeable, avec l'arrivée des Russes après 1917, et celle des Allemands fuyant le nazisme : Max Ophuls, Robert Siodmak, etc. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Atalante (l') Bernard Raymond cinéma - L'art - Le triomphe du parlant Clair (René Chomette, dit René) Feyder (Jacques Frédérix, dit Jacques) Gance Abel Grémillon Jean Guitry (Alexandre, dit Sacha) Ophuls (Max Oppenheimer, dit Max) Pagnol Marcel Renoir Jean Siodmak Robert Vigo Jean Les livres France - Zéro de conduite, de Jean Vigo (1932), page 2047, volume 4 Âge d'or et années noires. De l'inquiétude de tout un pays face aux menaces de guerre, certains cinéastes, comme Marcel Carné associé à son scénariste Jacques Prévert, témoignèrent avec talent (le Quai des brumes, 1938 ; Le jour se lève, 1939) ; d'autres, les plus nombreux, limitèrent leurs ambitions au pur divertissement (Christian-Jaque, Henri Decoin et tant de « petits maîtres «) avec l'aide de brillants dialoguistes (Henri Jeanson, Charles Spaak), dont les bons mots mettaient le public en joie. On parle aujourd'hui des années trente comme de l'âge d'or du cinéma français. Et pourtant la crise les traversa, avec la faillite de Pathé en 1936, les difficultés de Gaumont et le déclin de la production à la veille de la guerre. En 1941, la France vaincue, on se remit à faire des films, car le public avait besoin de se distraire. Le gouvernement de Vichy et les autorités allemandes favorisèrent alors une production débarrassée de toute allusion au présent, puisant son inspiration dans le passé, le merveilleux et les adaptations littéraires. À l'exception de quelques documentaires de propagande, le cinéma français évita ainsi de se faire le porteparole de l'idéologie nazie. Il fut placé sous la tutelle du COIC (Comité d'organisation de l'industrie cinématographique) qui, au-delà de son objectif de contrôle, fit oeuvre utile en régulant la profession de manière si efficace que le CNC (Centre national de la cinématographie), qui lui succéda en 1946, en reprit, pour les conserver jusqu'à ce jour, les principes directeurs. Certes, la cohabition avec l'occupant n'alla pas sans escarmouches, en particulier lorsque des cinéastes refusèrent de travailler pour la Continental Films, laquelle produisit, sous contrôle allemand, mais avec une relative liberté, une trentaine des deux cents films tournés en France de 1941 au début de 1944. Toutefois, René Clair, Jean Renoir, Pierre Chenal, Julien Duvivier, partis à l'étranger au lendemain de la défaite et coupés de leur environnement culturel, ne furent guère mieux lotis, aux États-Unis ou en Argentine, pour continuer leur oeuvre. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Carné Marcel Chenal (Philippe Cohen, dit Pierre) Christian-Jaque (Christian Maudet, dit) cinéma - L'art - Le triomphe du parlant Clair (René Chomette, dit René) Decoin Henri Duvivier Julien Jeanson Henri Le jour se lève Prévert Jacques Renoir Jean Spaak Charles Les livres France - Les Enfants du Paradis, de Marcel Carné (1945), page 2047, volume 4 Classiques ou conservateurs. L'Occupation permit à certains talents de se confirmer : Marcel Carné, Jean Delannoy, Jean Dréville, André Cayatte, et en révéla d'autres : Henri-Georges Clouzot, Robert Bresson, Claude Autant-Lara, Jacques Becker. Mais la paix allait modifier les données. Comme au lendemain de la Première Guerre mondiale, les films américains, interdits pendant cinq ans, déferlèrent sur les écrans : les spectateurs se pressèrent nombreux dans les salles, mais la part des films français dans cette fréquentation record risquait sa prépondérance. Pour conjurer ce risque, producteurs et créateurs crurent judicieux de suivre, comme si de rien n'était, la voie tracée avant et durant la guerre. L'on vit alors se multiplier des oeuvres aussi impersonnelles qu'intemporelles, vaudevilles, comédies musicales, mélodrames et adaptations de romans et de pièces. Alors que les cinéastes italiens et leur courant néo-réaliste laissaient éclater sur l'écran les terribles images de la guerre, c'est à peine si le cinéma français fit allusion à une conflagration qui avait pourtant laissé des traces considérables, matérielles et morales. René Clément, avec la Bataille du rail ( 1946) et Jeux interdits (1952), fut l'heureuse exception qui confirma cette règle. Plus nombreux furent ceux qui préférèrent s'inscrire dans la filiation du prestigieux tandem Carné-Prévert, renchérissant encore dans la noirceur et le pessimisme du réalisme poétique des années trente : HenriGeorges Clouzot, Claude Autant-Lara, Yves Allégret illustrèrent cette tendance avec talent. Jacques Becker et Jean-Pierre Melville accommodèrent « à la française « le film noir américain et, à lui seul, Jacques Tati, géomètre et poète du rire, sauva l'honneur de la tradition comique française. Mais l'impression dominante était celle d'un repli frileux vers un classicisme avantageusement qualifié « qualité française « et dont Jean Delannoy ( la Symphonie pastorale, 1946) fut désigné comme le porte-drapeau. Ce classicisme, des critiques à la plume acerbe - François Truffaut, Jean-Luc Godard, Éric Rohmer - n'hésitèrent pas à le qualifier de conformisme, dénonçant « une certaine tendance du cinéma français « susceptible de le conduire vers l'abîme... Or, en 1957, le record annuel de fréquentation des salles était battu avec 411 millions de spectateurs ! Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Allégret Marc - Allégret Yves Autant-Lara (Claude Autant, dit Claude) Becker Jacques Bresson Robert Carné Marcel Cayatte André cinéma - L'art - Nouvelles vagues Clément René Clouzot Henri Georges Delannoy Jean Dréville Jean Melville (Jean-Pierre Grumbach, dit Jean-Pierre) policier (film) policier (film) - Policiers d'ailleurs Tati (Jacques Tatischeff, dit Jacques) Les livres France - Monsieur Ripois, de René Clément (1954), page 2047, volume 4 France - La Vérité, d'Henri-Georges Clouzot (1960), page 2048, volume 4 Nouvelle vague, nouvelle donne. Les prophètes de malheur n'avaient pas tort. Au début des années soixante, la télévision fit irruption, en force, dans les foyers, modifiant profondément les habitudes de consommation du cinéma. Ce fut le moment choisi par les critiques iconoclastes pour passer derrière la caméra. Ce fut la Nouvelle Vague. Les François Truffaut, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette et autres Éric Rohmer et Jacques Demy avaient les dents longues et dures, mais aussi des idées et du talent : leurs premières oeuvres connurent un succès immédiat et mérité. Il est vrai qu'avec eux les films paraissaient enfin rendre compte de l'évolution des moeurs, d'un besoin de libéralisation, d'émancipation et de contestation qui alla en s'amplifiant jusqu'à l'explosion politique et sociale de Mai 68. Les producteurs, flairant de bonnes affaires, encouragèrent ces novices dont les films, peu coûteux, rapportaient beaucoup. Mais l'accumulation d'essais bâclés lassa le public et vida les salles au profit du petit écran de la télévision. Nombre de ces jeunes cinéastes disparurent avec le reflux de la vague qui les avait portés. Seuls restèrent les véritables auteurs, ceux qui, suivant la voie ouverte par leurs illustres aînés, les Renoir, Bresson, Jean Cocteau, Roger Leenhardt, Alexandre Astruc, avaient revendiqué, puis arraché le droit de dire « je « avec leur caméra tout comme l'écrivain avec son stylo. La relève était faite et, dès lors, des réalisateurs comme Alain Resnais, Jacques Demy, Georges Franju, Chabrol, Godard, Truffaut, Louis Malle ont fait le cinéma français dans le difficile contexte économique d'une chute constante de la fréquentation sous les coups conjugués des nouveaux loisirs et de l'omniprésente télévision. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Astruc Alexandre Autant-Lara (Claude Autant, dit Claude) Baye Nathalie Broca (Philippe de) Chabrol Claude cinéma - L'art - Nouvelles vagues Demy Jacques Franju Georges Godard Jean-Luc Leenhardt Roger Malle Louis Noiret Philippe Nouvelle Vague Renoir Jean Resnais Alain Rivette Jacques Rohmer (Maurice Henri Joseph Scherer, dit Éric) science-fiction - Le cinéma de science-fiction - Métaphysique et effets spéciaux Truffaut François Les livres Nouvelle Vague - Le Beau Serge (1959), de Claude Chabrol, page 3474, volume 7 Nouvelle Vague - Le Signe du lion (1959), d'Éric Rohmer, page 3474, volume 7 Nouvelle Vague - Les Carabiniers (1963), de Jean-Luc Godard, page 3474, volume 7 France - Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard (1965), page 2048, volume 4 France - Le Dernier Métro, de François Truffaut (1980), page 2048, volume 4 Génération quatre-vingt-dix. Les Français vont donc de moins en moins au cinéma : 190 millions de spectateurs en 1984, 136 millions en 1996. La rentabilité d'un film ne passe plus, comme aux beaux temps de l'hégémonie du grand écran, par la seule vente des billets aux guichets des salles : les producteurs comptent de plus en plus sur les passages à la télévision pour compenser le manque à gagner dans les salles. Désormais, les aides de l'État à la création et à la diffusion, les initiatives nationales ou locales pour sauvegarder ou développer le parc des salles de cinéma sont déterminantes. La volonté des pouvoirs publics et économiques, le dynamisme de nombreux producteurs, l'émergence de nouveaux créateurs ont permis qu'au début des années quatre-vingt-dix le cinéma français apparaisse toujours aussi riche de promesses. Il peut en effet compter sur des auteurs dont les oeuvres sont toujours attendues avec intérêt - Claude Sautet, Michel Deville, Maurice Pialat, Bertrand Blier, Jean-Paul Rappeneau, Claude Lelouch, Bertrand Tavernier, Patrice Leconte, André Téchiné, Jacques Doillon, Jean-Jacques Annaud, Claude Miller, Alain Corneau... -, et sur des espoirs déjà confirmés : Luc Besson, Éric Rochant, Jean-Jacques Beineix, Régis Wargnier, Étienne Chatiliez, Cédric Klapisch, Christian Vincent, Marc Caro et JeanPierre Jeunet, Arnaud Desplechin, Claire Denis, Pascale Ferran, Mathieu Kassovitz, parmi beaucoup d'autres. Ces talents, ces volontés et ces initiatives vont devoir affronter la situation nouvelle créée par les perspectives de la grande Europe : qu'en sera-t-il du financement du cinéma, de ses rapports avec la télévision et avec ses partenaires européens ? Plus que jamais, professionnels, créateurs, autorités de tutelle devront apporter des réponses originales à ces questions délicates s'ils veulent que le cinéma français négocie le tournant du XXIe siècle en bonne position. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Annaud Jean-Jacques Béart Emmanuelle Beineix Jean-Jacques Besson Luc Blier Bertrand cinéma - L'art - À l'aube du second siècle Corneau Alain Deville Michel Doillon Jacques Lambert Christophe Lelouch Claude Luchini Fabrice Miller Claude Pialat Maurice Rappeneau Jean-Paul Sautet Claude Tavernier Bertrand Téchiné André Les livres France - Jean de Florette, de Claude Berri (1986), page 2049, volume 4 France - Van Gogh, de Maurice Pialat (1991), page 2049, volume 4 France - No Smoking, d'Alain Resnais (1993), page 2049, volume 4 France - Le Hussard sur le toit, de Jean-Paul Rappenau (1995), page 2049, volume 4 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Becker Jacques Beineix Jean-Jacques Bernard Raymond Besson Luc Blier Bertrand Bresson Robert Cayatte André Chenal (Philippe Cohen, dit Pierre) Clair (René Chomette, dit René) Clément René Corneau Alain Decoin Henri Delannoy Jean Delluc Louis Demy Jacques Doillon Jacques Feuillade Louis Gance Abel Godard Jean-Luc Grémillon Jean Le jour se lève Leenhardt Roger Lelouch Claude Linder (Gabriel Maximilien Leuvielle, dit Max) Malle Louis Méliès Georges Melville (Jean-Pierre Grumbach, dit Jean-Pierre) Miller Claude Nouvelle Vague Ophuls (Max Oppenheimer, dit Max) Pagnol Marcel Pialat Maurice policier (film) Prévert Jacques Rappeneau Jean-Paul Renoir Jean Resnais Alain Rivette Jacques Rohmer (Maurice Henri Joseph Scherer, dit Éric) Sautet Claude Siodmak Robert Spaak Charles Tati (Jacques Tatischeff, dit Jacques) Vecchiali Paul Vigo Jean Zecca Ferdinand Les médias France - les récompenses du cinéma français Les livres Deneuve Catherine, page 1426, volume 3 Complétez votre recherche en consultant : Les médias France - tableau en bref France - carte physique France - tableau en chiffres France - carte des départements et des Régions France - les Régions françaises Andorre - carte physique Europe - carte politique Les indications bibliographiques Cl. Beylie et J. Pinturault, les Maîtres du cinéma français, Bordas, Paris, 1990. P. Brunel, Histoire de la littérature française, Bordas, Paris, 1977 (1972). F. Damette, la France en villes, DATAR-la Documentation française, Paris, 1995. G. Duby (sous la direction de), Histoire de la France, Larousse, Paris, 1981 ; Histoire de la France urbaine, Seuil, Paris, 1980-1985. O. Duhamel, le Pouvoir politique en France, Seuil, Paris, 1995. G. Mermet, Francoscopie, Larousse, Paris, 1996. P. Pinchemel, La France, A. Colin, Paris, 1992 (1980). D. Pumain et T. Saint-Julien, France, Europe du Sud, Géographie universelle, Hachette-Reclus, Paris, 1991. J. Vallin, la Population française, la Découverte, Paris, 1995.