Devoir de Philosophie

Taux de change

Publié le 03/01/2013

Extrait du document

Les Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française Franck Cachia Division Synthèse conjoncturelle Juin 2008 D epuis 2002, le taux de change de l'euro par rapport au dollar augmente presque continûment : l'euro s'est ainsi apprécié de 8,2 % par an en moyenne, passant de 0,88 dollar pour un euro au premier trimestre de 2002 à une parité de 1,58 en avril 2008. L'euro s'est également apprécié vis-à-vis du yen et de la livre anglaise, mais dans une moindre mesure. En tenant compte de l'ensemble des devises pondérées par leur poids dans la concurrence subie par la France, l'appréciation du taux de change de notre économie est moindre mais reste significative : elle s'élève à 17 % depuis 2002, soit 2,2 % par an. Il s'agit donc d'une évolution économique de première importance. Une appréciation du change affecte tout d'abord la compétitivité à l'exportation et à l'importation. Quel que soit l'indicateur retenu, la compétitivité des produits français sur les marchés internationaux s'est dégradée de manière significative. Depuis le début de l'année 2002, les prix des exportations françaises de produits manufacturés (exprimés en euros) ont augmenté de 0,2 % par an en moyenne alors que les prix d'exportation de nos principaux concurrents ont baissé, en euros, de 0,6 % par an. La hausse de la devise européenne est aussi à l'origine de l'accélération de la perte de compétitivité des producteurs locaux sur le marché domestique. Elle a en effet contribué à modérer les prix d'importation en France, qui ont reculé de 1,2 % par an en moyenne depuis 2002. Ces pertes de compétitivité-prix de la production nationale, tant sur le marché domestique qu'à l'étranger, se poursuivraient en 2008. L'impact du taux de change sur l'économie fait intervenir de nombreux mécanismes, dont l'évaluation nécessite l'utilisation d'un modèle bouclé de l'économie. Ainsi, la baisse des quantités exportées et la hausse des importations pèsent sur la croissance du produit intérieur brut. L'investissement et l'emploi en pâtissent. En revanche, la baisse du prix des consommations intermédiaires (matières premières notamment) permet aux entreprises de contenir leurs coûts de production. Pour les ménages, la hausse du change est synonyme à court terme de baisse du prix des biens consommés et donc de gains de pouvoir d'achat. Le surcroît de consommation qui en résulte permet de compenser en partie l'impact négatif de l'appréciation de l'euro sur la croissance. D'après les modèles macroéconométriques, une appréciation permanente de 10 % de l'euro par rapport aux autres devises se traduirait à court terme par un recul significatif de la croissance économique en France, de l'ordre de 0,5 point par an les trois premières années, et par une baisse de l'inflation de 0,2 point à 0,3 point par an. Ainsi, d'ici la fin de l'année, l'appréciation de l'euro survenue depuis le début de 2007 devrait amputer la croissance française de 0,1 à 0,2 point par trimestre. Il s'agit là d'effets de court terme. À long terme, des mécanismes correcteurs entrent en jeu, qui permettent de ramener l'activité vers son niveau potentiel. La baisse durable de l'inflation, voire la réduction des primes de risque relativement aux monnaies qui se déprécient, peuvent même à long terme soutenir le potentiel de croissance de l'économie. 31 Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française L'euro s'est considérablement apprécié depuis 2002 Depuis 2002, l'euro s'est sensiblement apprécié par rapport à de nombreuses devises (cf. graphique 1). Entre janvier 2002 et avril 2008, l'euro est ainsi passé de 0,88 dollar à 1,58 dollar (+78 %), de 0,62 livre à 0,79 livre (+29 %), et de 115 yens à 163 yens (+42 %). Il s'agit d'évolutions économiques de première importance pour les économies de la zone euro, et en particulier pour l'économie française. Les effets d'une appréciation du change sont complexes Les effets d'une appréciation du change sur l'économie sont complexes. L'effet le plus immédiat, mais pas si simple à mesurer, concerne les prix et les volumes d'importations et d'exportations ; il nécessite de définir précisément la nature de la concurrence à laquelle sont confrontés les producteurs français et de prendre en compte les comportements de marge des exportateurs nationaux et étrangers. La première partie de ce dossier y est consacrée. Une appréciation du change met également en jeu, à partir de la réaction du commerce extérieur, de multiples effets indirects (effets de « bouclage macroéconomique «) : certains de ces effets indirects transitent par les prix, et notamment les prix à la consommation, les salaires, etc. (cf. schéma) ; d'autres effets indirects passent par l'activité, l'emploi, la demande intérieure, etc. Une appréciation du change entraîne notamment un transfert de valeur du patrimoine des pays dont la monnaie s'apprécie vers ceux dont la monnaie se déprécie. Ce transfert n'est pas neutre sur les comportements de dépense des ménages et des entreprises, même si son impact sur l'économie réelle est plus lent à se manifester. Enfin, la banque centrale, confrontée à une inflation plus basse et une activité plus faible, doit adapter ses taux d'intérêt. Seule une modélisation macroéconomique bouclée peut permettre d'évaluer ces effets complexes, même si c'est souvent au prix de nombreuses hypothèses. Tel est l'objet de la deuxième partie de ce dossier. À partir des évaluations obtenues, la troisième partie présente une estimation des effets de l'appréciation de l'euro depuis un an et demi sur la prévision de cette note. Une appréciation de l'euro fait baisser les exportations et augmenter les importations Une appréciation de l'euro a pour effet direct de dégrader la compétitivité-prix des producteurs français, à la fois face aux concurrents sur les marchés étrangers et face aux concurrents qui exportent sur le marché français, et donc de faire baisser les exportations et monter les importations. 1 - Taux de change de l'euro par rapport aux principales devises (base 100 en 2002) Source : DataInsight, Insee 32 Note de conjoncture Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française L'appréciation de l'euro fait baisser la compétitivité-prix des exportations françaises L'appréciation de l'euro augmente le prix des produits exportés pour le client étranger L'appréciation de l'euro face aux monnaies des pays concurrents a en général pour conséquence d'augmenter pour les clients le prix des produits importés de France par rapport à ceux importés d'autres pays en dehors de la zone euro (cf. encadré 1). En effet, si les prix pratiqués sont fixes en euro, alors l'appréciation du change se traduit par une hausse équivalente du prix payé par le client final. Les exportateurs français ont certes la possibilité d'ajuster leurs prix pour s'aligner sur ceux de la concurrence en rognant d'autant sur leurs marges. Mais en pratique, si les exportateurs font effectivement un effort de marge pour amortir l'effet de l'appréciation du change, la compensation est loin d'être complète. Cet effort de marge se situerait entre 20 % et 40 %, selon les estimations des différents modèles(1). Ainsi, une hausse de 1 % des prix de production se répercuterait sur les prix d'exportations à hauteur de 60 % à 80 %. La concurrence à l'exportation est multiple Sur un marché donné, les exportateurs d'une économie sont confrontés à deux types de concurrence : celle des producteurs locaux et celle des autres exportateurs. Ainsi les constructeurs automobiles français - ou même japonais - exportant depuis la France vers le Royaume-Uni font face à la concurrence : ? ? des constructeurs produisant sur le sol britannique et qui bénéficient vis-à-vis des constructeurs exportant depuis la France d'une appréciation de l'euro par rapport à la livre ; des constructeurs exportant depuis la zone euro (allemands, italiens, etc.) et qui sont désavantagés comme les constructeurs exportant depuis la France par l'appréciation de l'euro ; (1) À ce sujet, se reporter par exemple à COE-Rexecode et à Allard-Prigent et al. (2002). Schéma - Effets d'une appréciation du taux de change effectif nominal sur le commerce extérieur Source : Insee Juin 2008 33 Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française ? des constructeurs exportant depuis les pays hors zone euro et hors Royaume-Uni (les États-Unis, le Japon, la Corée, etc.) qui bénéficient vis-à-vis des constructeurs exportant depuis la France de la dépréciation de leur devise par rapport à l'euro. Une dégradation de la compétitivité-prix à l'exportation de la France y compris dans les pays de la zone euro Contrairement à ce qui est parfois dit, ce n'est donc pas parce que l'essentiel des exportations françaises est à destination de la zone euro que les exportations de la France ne sont guère affectées par une appréciation de l'euro : nos exportations à destination de la zone euro subissent en effet elles aussi une dégradation de leur compétitivité vis-à-vis de l'ensemble des producteurs qui exportent en zone euro depuis des pays dont la devise s'est dépréciée par rapport à l'euro (États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Chine, etc.). Le taux de change effectif traduit l'impact du change sur la compétitivité-prix à l'exportation Pour bien mesurer la pression exercée sur la compétitivité-prix à l'exportation par les évolutions de change, il est donc nécessaire de recourir à un indicateur retraçant les évolutions du taux de change par rapport à un panier de devises regroupant l'ensemble des concurrents sur les marchés d'exportation. C'est la notion de taux de change effectif (cf. encadré 1). Il tient compte de l'ensemble des mouvements des principales devises Sur la période récente, le taux de change effectif de la France est orienté à la hausse, reflétant l'appréciation de l'euro par rapport à l'ensemble des principales devises, en particulier vis-à-vis du dollar (cf. graphique 1). Depuis le début de l'affaiblissement du dollar en 2002, l'euro s'est en effet apprécié en moyenne de 8,2 % par an vis-à-vis de la devise nord-américaine. L'appréciation de l'euro a été légèrement moins vive par rapport au yen (+5,6 %) et plus modérée vis-à-vis de la livre britannique (+3,0 %). Au cours de la même période, l'euro s'est en revanche déprécié par rapport aux devises de certains pays émergents. Le taux de change effectif permet de prendre en compte, par exemple, la dépréciation récente de l'euro vis-à-vis du bath thaïlandais, qui s'élève à 7 % en 2007. Au total le taux de change effectif de la France s'est ainsi apprécié de 17 % depuis janvier 2002, soit 2,2 % par an en moyenne. L'appréciation du taux de change effectif de la France se poursuivrait en 2008 : la hausse sur l'ensemble de l'année attendrait +3,4 %. Cette prévision repose en particulier sur une hypothèse de stabilisation des taux de change bilatéraux au deuxième semestre de 2008. Le taux de change effectif peut être corrigé des prix La concurrence entre exportateurs s'effectue sur le prix de vente final et intègre donc, en plus des effets de la compétitivité-change (mesurés par le taux de change effectif), les évolutions de prix d'exportation en monnaie locale, dans l'&e...

« L’euro s’est considérablement apprécié depuis 2002 Depuis 2002, l’euro s’est sensiblement apprécié par rapport à de nombreuses devises(cf.

graphique 1).

Entre janvier 2002 et avril 2008, l’euro est ainsi passé de 0,88 dollar à 1,58 dollar (+78 %), de 0,62 livre à 0,79 livre (+29 %), et de 115 yens à 163 yens (+42 %).

Il s’agit d’évolutions économiques de première importance pour les économies de la zone euro, et en particulier pour l’éco - nomie française. Les effets d’une appréciation du change sont complexes Les effets d’une appréciation du change sur l’économie sont complexes.

L’effet le plus immédiat, mais pas si simple à mesurer, concerne les prix et les volumes d’importations et d’exportations ; il nécessite de définir précisément la nature de la concurrence à laquelle sont confrontés les producteurs français et de prendre en compte les comportements de marge des exportateurs nationaux et étrangers. La première partie de ce dossier y est consacrée. Une appréciation du change met également en jeu, à partir de la réaction du commerce extérieur, de multiples effets indirects (effets de « bouclage macroéco - nomique ») : certains de ces effets indirects transitent par les prix, et notamment les prix à la consommation, les salaires, etc.(cf.

schéma) ; d’autres effets indirects passent par l’activité, l’emploi, la demande intérieure, etc.

Une appréciation du change entraîne notamment un transfert de valeur du patrimoine des pays dont la monnaie s’apprécie vers ceux dont la monnaie se déprécie.

Ce transfert n’est pas neutre sur les comportements de dépense des ménages et des entreprises, même si son impact sur l’économie réelle est plus lent à se manifester.

Enfin, la banque centrale, confrontée à une inflation plus basse et une activité plus faible, doit adapter ses taux d'intérêt.

Seule une modélisation macroéconomique bouclée peut permettre d’évaluer ces effets complexes, même si c’est souvent au prix de nombreuses hypothèses.

Tel est l’objet de la deuxième partie de ce dossier.

À par- tir des évaluations obtenues, la troisième partie présente une estimation des effets de l'appréciation de l'euro depuis un an et demi sur la prévision de cette note. Une appréciation de l’euro fait baisser les exportations et augmenter les importations Une appréciation de l’euro a pour effet direct de dégrader la compétitivité-prix des producteurs français, à la fois face aux concurrents sur les marchés étrangers et face aux concurrents qui exportent sur le marché français, et donc de faire bais- ser les exportations et monter les importations. 32Note de conjoncture Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française 1 - Taux de change de l’euro par rapport aux principales devises (base 100 en 2002) Source : DataInsight, Insee. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles