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Système industriel, Etat, syndicats chez GALBRAITH

Publié le 29/02/2020

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doit compter. Le syndicat possède, par exemple, le pouvoir de faire grève, pouvoir qui échappe totalement en fait (bien qu’en droit il soit reconnu par la loi) à l’individu isolé. Les-employés de l’entreprise patronale obtiennent des augmentations de salaires uniquement grâce à la force du syndicat. Il n’en va plus de même à l’intérieur du système industriel, précisément parce que le problème des salaires et des prix s’y pose de façon totalement différente;

La technostructure, en effet, cherche sa sécurité (nécessaire à la planification) plutôt que le profit. Elle préfère donc sacrifier une part du profit, s’il le faut, « pour se protéger contre un événement aussi ingouvernable, aussi lourd et imprévu, qu’une grève ». Il importe à cet égard de souligner une nouvelle fois « le fait primordial que ce ne soit pas ceux qui paient la note qui prennent les décisions au cours des négociations avec les syndicats ». En outre, pour la grande entreprise, les avantages concédés aux syndicats ne réduisent pas nécessairement les profits ; ne visant pas le bénéfice maximum, elle ne vend jamais au prix le plus haut. Il lui est donc toujours possible d’augmenter celui-ci pour maintenir son revenu total à un niveau constant.

Du coup, la fonction des syndicats, pour plus facile qu’elle soit vis-à-vis de l’employeur, est devenue moins importante pour l’employé. En effet, « ce que la technostructure donne au syndicat, elle peut aussi le donner sans que le syndicat existe ou pour faire en sorte qu’il n’existe pas ». De plus, le nombre de cols blancs (spécialistes, cadres, employés de bureaux, vendeurs) s’accroît constamment par rapport à celui des cols bleus. Or, les statistiques prouvent depuis longtemps que les cols blancs s’affilient beaucoup moins volontiers à un syndicat que ne le font les cols bleus.

Cela a contribué encore à l’affaiblissement syndical. Entre 1947 et 1965, le nombre des cols blancs aux États-Unis s’est accru de 9,6 millions alors que le nombre des cols bleus diminuait de 4 millions. En 1965, les cols blancs étaient plus nombreux que les cols bleus de près de 8 millions (44,5 millions contre 36,7). Enfin l’augmen

LE NOUVEL

ÉTAT

INDUSTRIEL

de GALBRAITH

Enfin, il prend en charge une part capitale du fonctionnement de la grande entreprise en faisant en sorte que les salaires soient à peu près identiques dans toutes les firmes et se modifient partout presque au même moment. C’est l’essentiel de la fonction moderne du syndicat et ce par quoi il devient véritablement un auxiliaire du système; il s’agit en effet d’un rôle décisif puisqu’il permet aux entreprises de contrôler les prix (et nous avons vu combien ce contrôle était important pour le bon accomplissement de la planification).

TRAVAILLEURS HUMAINS ET TRAVAILLEURS MÉCANIQUES

Une telle analyse est à mettre en relation directe avec les nouvelles qualifications que le système industriel requiert de ses salariés. Les besoins en cols bleus diminuent parce que les machines sont capables de mener facilement à bien les activités qui n’exigent aucune intelligence souple. D’une part l’utilisation des machines coûte moins cher à la grande entreprise que les salaires de tous les individus qui seraient nécessaires pour accomplir le même travail. Galbraith cite à ce propos une phrase célèbre de Norbert Wiener, un des pères de la cybernétique : « Il n’existe pas, pour le simple terrassier américain, de taux de salaire qui puisse le faire vivre tout en étant assez modique pour que son travail puisse concurrencer celui d’une excavatrice à vapeur. »

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