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Quelle place pour le travail dans nos sociétés contemporaines ?

Publié le 19/09/2011

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Pourtant, les fortes tensions sociales engendrées aujourd’hui par la « civilisation du travail « peuvent conduire à sa remise en question, voire à son dépassement. Le rapport de l’individu au travail est au cœur de fortes contradictions de plus en plus difficiles à gérer au sein de sociétés de plus en plus duales. Le progrès technique et la productivité amènent à réduire l’importance du volume de travail nécessaire à la production. Mais dans une société contemporaine marquée par les inégalités, la frontière entre chômage et emploi précaire tend à s’estomper.

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« revenu de solidarité active (RSA) en est un exemple.

Par ailleurs, depuis quelques années, les liens entre certainesformes de travail et la souffrance physique ou morale sont apparus.

On assisterait à l’émergence de formesd’aliénation de nature morale et psychologique diverses et complexes, comme les phénomènes de durcissement desrelations de travail, de harcèlement moral.

Le sociologue Christophe Dejours critique les méthodes utilisées dans lemonde du travail qui entraînent la souffrance du salarié.

Cette extrême valorisation du travail peut engendrer uncertain stress généré par la contrainte de la performance et du profit.

La solidarité développée par le travail apparaîtmenacée.

Dans Le nouvel esprit du capitalisme, Luc Boltanski et Eric Chiapello décrivent une machine à l’avancéeimplacable imposant une conception inhumaine des rapports au travail et à l’autre.

Les suicidés de France Télécomapparaissent comme les symboles de la déshumanisation du monde de l’entreprise, pour répondre aux « exigences »imposées par la mondialisation.Devant une telle situation, potentiellement destructrice du lien social dans une société du travail de plus en plusduale marquée par l’accroissement des inégalités et de l’exclusion, de nombreux auteurs s’interrogent sur lapertinence de fonder une part aussi importante des rapports sociaux sur cette valeur du travail.

Se fait jour depuisde nombreuses années le projet de reconsidérer la « civilisation du travail » et la revendication croissante d’unrapport moins aliénant et moins exclusif de l’individu au travail.

Il est nécessaire de faire évoluer les règles defonctionnement au sein de l’entreprise en envisageant de nouvelles formes de relation entre salariés et employeurs.De nouvelles possibilités d’amélioration sont envisageables dans le cadre d’une nouvelle économie qui repose sur uneplus grande souplesse et peut permettre d’abolir certaines contraintes matérielles comme une plus grande liberté enterme d’horaires et d’organisation du travail, des tâches plus immatérielles.

Selon Hannah Arendt, l’économie a réduitl’homme à une fonction unique qui est celle de produire et de consommer, le dépouillant de ses autres attributs.André Gorz, devant la raréfaction du travail, valorise d’autres secteurs et champs d’activité (loisirs, vie associative),qui échappent en partie à l’exigence de rentabilité économique, afin de créer les conditions d’un véritableépanouissement de l’individu au sein d’une société qui ne serait plus entièrement guidée par des critères deperformance.

Le lien social ne se développe plus par l’intermédiaire du travail, mais par l’exercice de la citoyennetéqui est productrice d’appartenance sociale.

Dominique Méda (Le travail, une valeur en voie de disparition), met encause le bien-fondé de la valeur fédératrice du travail au sein des sociétés contemporaines.

C’est pourquoi ellepropose d’organiser un meilleur « partage du travail » qui permettrait d’améliorer le partage des richesses et donc deréduire l’exclusion.

Une réduction générale de la durée du temps de travail devrait également contribuer à créerd’autres modes de sociabilité à côté de la production.

L’auteure propose la construction d’une société basée sur le «service » afin que la différence entre le travail et le non travail s’estompe.

Dans ce contexte de remise en cause dela primauté de l’emploi, le passage aux 35 heures en France en 2000 a pu être interprété comme une première étapevers un partage du travail de plus grande ampleur.

La création d’un service civique semble aller dans le sens d’unetelle initiative où se trouve rémunérée l’utilité sociale plus qu’une activité de production.

Ces choix pourraientconstituer l’ébauche d’une valeur sociale d’un nouveau genre située à mi-chemin entre un mode d’expression de soi,une conduite citoyenne et un travail salarié.

Ceci pourrait offrir à l’individu de nouvelles possibilités de s’accomplir endehors de son travail, mais il semble cependant difficile aujourd’hui de déduire de ces mesures un effet significatifsur la place du travail dans les rapports sociaux. S’il n’est plus la valeur exclusive de la société industrielle du XXIe siècle, le travail demeure cependant une valeursociale de référence, à laquelle s’attachent aussi bien des droits sociaux que des facteurs individuels et collectifs dereconnaissance sociale.

Pendant longtemps, le travail a permis une insertion solide et durable dans la société, mêmepour les plus défavorisés.

L’un des risques de la société contemporaine serait la création d’une dichotomie entre desemplois surqualifiés et des « petits boulots » précaires et sans qualification, figeant la société dans des relationsinégalitaires sans possibilité de promotion par l’évolution professionnelle.

Si elle est réalisable, la baisse du temps detravail pourrait permettre de réduire sa centralité et de rééquilibrer la sphère politique par rapport à la sphèreéconomique, pour développer une nouvelle citoyenneté.. »

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