Peut-on réguler la finance mondiale ?
Publié le 06/11/2019
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Le 14 octobre 2008, François Filion, premier ministre français, déclare devant l'Assemble nationale : « Des trous noirs comme les centres offshore ne doivent plus exister. ». Ces dernières années la finance offshore a connut un véritable essor. Les banques, les compagnies d'assurance mais aussi les multinationales ont de plus en plus recours aux paradis fiscaux et aux centres offshore. En principe, les transactions financières entre les différents acteurs économiques sont soumises aux lois du territoire où elles se déroulent. Cependant, la réalité est tout autre en pratique. Par exemple, une entreprise peut faire des profits sur un territoire sans pour autant payer les impôts de celui-ci. De façon générale, la finance offshore organise l'opacité des circuits de circulation financiers. Un centre offshore est un espace fictif dans lequel une transaction réalisée dans un territoire précis peut échapper à toute forme de régulation ou de taxation liée à ce territoire du fait que la transaction est considérée comme se produisant ailleurs sur le plan juridique. La finance offshore connaît un véritable boom car elle sait attirer les capitaux en proposant un certain nom de privilèges ( secret de la transaction, protection contre toute enquête… ). Elle se déploie essentiellement dans une vingtaine de territoires. La finance offshore représente une perte fiscale importante. Elle est, en effet, un manque à gagner dans les recettes budgétaires de l'Etat ( environ 350 millions de dollars par an aux Etats-Unis, soit plus de 10% des recettes fiscales totales ). Malgré leur volonté de les contrôler, les Etats sont conscients de leur impuissance. Ils ont intégré l'existence de ceux-ci et compris qu'ils ne pouvaient agir même si cette action serait nécessaire face aux besoins sociaux et économiques de chaque pays.
Suite à la succession de nombreuses crises, la régulation du système financière est rendue indispensable. Deux conceptions s'opposent pour tenter de trouver une réponse à ce problème : la {text:soft-page-break} théorie libérale, dont la principale idée est l'auto-régulation du système financier, et la théorie keynésienne, qui vient ébranler cette idée et affirmer la nécessité d'une intervention extérieure au système. Toutefois, ces modes de pensées se retrouvent dépassés par la pratique courante rendue complexe par la globalisation financière. Le monde ne cessant d 'évoluer, toute prévision semble difficile car les changement sont tels qu'elle deviendra très vite inappropriée. Mark Twain affirmait d'ailleurs : « La prévision est difficile surtout lorsqu'elle concerne l'avenir ». La régulation financière est d'autant plus difficile à mettre en place que la globalisation financière a mis sur le devant de la scène une multitude d'acteurs aux intérêts divergents. Même si ces acteurstémoignent d'une volonté de régulation, un compromis semble difficile. L'un des derniers freins à une possible régulation est le manque de contrôle sur les instituions financières, qu'elles soient légales ou illégales.
Dans le cadre d'une finance très difficilement régulable et source de nombreuses crises, nous pouvons nous demander si la finance est encore source de développement, ou si celle-ci n'est pas devenue contre-productive par rapport à cet objectif de développement.
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Bibliographie
Dictionnaires, encyclopédies
Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Nathan, 2009
«
s'opposent deux conceptions : la conception libérale qui défend une auto -régulation du système financier et une
conception plus keynésienne qui prône la nécessaire intervention des instituions pour réguler la finance.
A - Une finance théoriquement vertueuse : la thèse libérale ...
Pour comprendre la thèse libérale il suffit de penser aux trois principes fondateurs du libéralisme, à savoir la liberté,
la responsabilité et la propriété.
Ainsi ils estiment que la liberté est indispensable au bon fonctionnement de
l'économie.
L'intervention de l'Etat se retrouve donc limitée autant que possible.
Il lui est reproché sa légitimité et
son efficacité.
L'Etat, manquant d'informations, n'est pas apte à intervenir et son action se révèle souvent
inefficace.
Selon eux, les banques sont alors capables de se gérer seule, notamment en mettant en oeuvre des normes
financières et de surveillance.
Cette capacité repose sur plusieurs hypothèses :
• L'atomicité des agents.
Cela signifie qu'aucun agent n'est assez important pour influencer à lui seul le marché par
son seul comportement.
Il n' y a donc aucun « gros » agent capable d'influencer le marché mais une multitude
d'agents.
• La rationalité des agents.
Chacun des agents témoigne d'un comportement prudent.
• La transparence du marché.
Le prix est connu de tous et est supposé être parfait.
• L'absence de barrières de tout type ( juridique, économique, ou encore technique ) et la non -intervention de
l'Etat.
Ce principe d'auto-régulation a été mis en place dans les années 1980 sous l'impulsion du
président américain Reagan ( élu pour deux mandats de 1981 à 1989 ) et Thatcher, première {text:soft-page-
break} ministre du Royaume Uni ( 1979-1990 ).
Il a conduit à la levée de certains barrières :
la désintermédiation qui a mis fin à la prédominance des banquiers.
Les emprunteurs ont alors la possibilité
d'intervenir directement sur les marchés.
On passe d'une économie d'endettement ( emprunt bancaire ) à une
économie de marché financier ( rencontre de l'offre et de la demande de fonds prêtables )
la dérèglementation qui a permis de supprimer progressivement les barrières qui encadrer le marché des changes.
Les institutions financières sont ainsi concurrentielles car elles peuvent exporter librement des capitaux grâce à la
suppression du contrôle des changes.
le décloisonnement qui a permis aux banques de diversifier leurs activités.
Les spécificités bancaires ont ainsi
disparues, il n'y a plus de distinction entre les banques d'affaires et les banques commerciales.
La fixation des taux d'intérêt a fait l'objet des premières mesures de déréglementation.
Ainsi, aux Etats -Unis, la
réglementation « Q » est totalement abrogée en 1986.
La réglementation « Q » fixait un plafond sur les taux
d'intérêts et la rémunération des dépôts afin de remédier au déficit de la balance des paiements et à la fuite des
capitaux.
Les activités boursières ont été également déréglementées.
Le Royaume Uni fait ici figure de modèle.
Les commissions des agents de changes et la spécialisation des différents opérateurs boursiers
ont été abolis.
B - … mais une intervention extérieure semble nécessaire
Suite à cette dérégulation, depuis les années 80 se sont multiplié les crises et les déséquilibres financiers.
La
première crise d'envergure éclate en octobre 1987.
Elle s'explique surtout par un phénomène de panique
boursière.
En effet, en période d'incertitude « les investisseurs n'évaluent plus la valeur d'une action par référence
à l'entreprise qui l'a émise, mais en fonction d'anticipation portant sur le comportement d'autres acteurs boursiers.
».
Face à cette multiplication de crises une nouvelle vision de la finance a émergé.
Le courant keynésien défend l'idée que les marchés ne peuvent s'équilibrer seul.
Ceci justifie l'intervention de
l'Etat.
Les keynésiens ne considèrent pas l'Etat au sens juridique comme on le conçoit en France.
Par Etat ils.
»
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