Peut-on affirmer que les pays industriels capitalistes se trouvent aujourd'hui confrontés à un problème démographiques ?
Publié le 26/10/2010
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Alors que la population mondiale pourrait atteindre six milliards d'hommes en l'an 2000, selon les prévisions des Nations Unies, la natalité dans les pays industriels capitalistes n'a cessé de diminuer depuis le début des années soixante. Dans la plupart des États d'Europe occidentale, le renouvellement des générations n'est plus assuré depuis le début des années soixante-dix.
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Le débat classique sur les relations entre évolution démographique et développement économique et social se trouve ainsi relancé, de nombreux auteurs lançant des cris d'alarme sur les périls que ferait naître cette baisse de la fécondité.
Après avoir expliqué en quoi la baisse de la natalité peut apparaître comme une menace, nous verrons que le débat sur les liens entre démographie, économie et société ne date pas d'aujourd'hui. Enfin, qu'on s'inquiète de l'évolution actuelle ou qu'on s'en félicite, existe-t-il d'autres solutions que de s'y adapter ?
«
Deuxième partie : un vieux débat
En fait, le débat sur les liens entre démographie, économie et société, est au coeur de l'histoire de la penséeéconomique.
Il reflète les ambiguïtés du discours des économistes : analystes objectifs du mouvement de lasociété ou défenseurs des intérêts de l'État ?
A.
La position mercantiliste
« Il n'est de richesses que d'hommes » écrivait l'économiste Jean Bodin au xvie siècle, cherchant les moyensd'augmenter la richesse du Prince...
Depuis cette époque, le discours nataliste s'est confondu avec le discours dupouvoir : les États sont les premiers intéressés à voir se multiplier une population qui augmentera leur puissance endéveloppant l'activité.
Plus d'hommes, c'est plus d'actifs, plus de contribuables, et plus de soldats,
en temps de guerre.
La défaite de la France en 1940 n'a-t-elle pas été mise sur le compte du « déclin »démographique de l'entre-deux-guerres ? Plus récemment, de nombreux hommes politiques ont parlé de « décadencede l'Occident » pour qualifier l'actuelle baisse de la natalité.
Quelle que soit la valeur des analyses qui mettent en évidence les liens entre croissance démographique etcroissance économique, on peut néanmoins se demander, face au discours nataliste des gouvernements, sic'est la société — et, à travers elle, les individus et les familles — qui doit être au service de l'État ou si celane doit pas, plutôt, être le contraire.
B.
Le pessimisme de Malthus
Pour Malthus, économiste anglais contemporain de la révolution industrielle (fin du xvine, début du xixe siècle),la croissance démographique est par nature plus rapide que la croissance des richesses.
Il faut donc tenter delimiter la natalité.
De fait, Malthus écrit à une époque où la révolution démographique fait croître à un rythmerapide la population anglaise.
Malgré la vigueur de l'essor économique, la misère et le sous-emploi urbain etrural sont très importants.
L'économie ne semble pas capable de fournir suffisamment de travail pour tous.
C.
L'optimisme de Marx
Pour Marx, qui écrit cinquante ans plus tard, le pessimisme de Malthus n'a pas de raison d'être : la richesseprovient du travail de l'homme.
Davantage d'hommes peuvent donc créer davantage de richesses.
Le discoursmalthusien est en fait un discours lié au caractère restrictif de la production capitaliste qui ne met en oeuvreque les productions qu'elle peut vendre avec profit.
Or, les découvertes de l'industrie moderne, en multipliant laproductivité du travail de façon fantastique, créent la possibilité d'une société d'abondance, si la productionest enfin mise au service de tous et peut se développer sans le frein des crises capitalistes.
D.
Le débat aujourd'hui
Il est d'abord marqué par un renouveau des idées malthusiennes.
Le fort accroissement démographique de lapopulation du tiers monde est ainsi présenté bien souvent comme une des raisons du sous-développement.D'où le succès du concept de surpopulation.
En fait, si la croissance démographique pose de graves problèmesdans quelques pays en voie de développement,
c'est d'abord dans les conditions sociales, économiques, techniques et culturelles qui prévalent dans les P.V.D.
qu'ilfaut chercher les raisons de leur situation présente.
En outre, le plus sûr moyen de diminuer leur croissancedémographique est sans doute d'accélérer leur développement.
Deuxième facteur de renouveau des idées malthusiennes : la prise de conscience du caractère limité de notreplanète et des risques d'épuisement des ressources naturelles qui en découlent.
Dans cette perspective, lacroissance démographique du tiers monde, faible consommateur d'énergie et de matières premières, est moinsinquiétante que la poursuite de la croissance démographique et économique des pays industrialisés quidilapident les richesses du globe.
Les discours des uns et des autres sont largement influencés par leurs intérêts politiques : la plupart desexperts occidentaux sont malthusiens lorsqu'il s'agit du tiers monde, et natalistes lorsqu'il s'agit de leurspropres pays.
À l'inverse, les États du tiers monde justifient bien souvent un natalisme nationaliste par unrecours à l'optimisme marxiste.
Le débat sur les liens entre démographie, économie et société, est donc porteur de bien des ambiguïtés.
On nesaurait en faire une présentation objective, tant est grande l'influence des positions politiques, culturelles etmorales de chacun sur une telle question.
Cependant, au-delà de ce qui peut être jugé souhaitable, il fauts'interroger sur le possible, car l'influence des gouvernements sur les phénomènes démographiques, sauf à.
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