Mythes et paradoxes de l’histoire économique Paul BAIROCH, 1994
Publié le 03/09/2022
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Mythes et paradoxes de l’histoire
économique
Paul BAIROCH, 1994
Sommaire :
I/ Les grands mythes concernant le monde développé
II/ Les grands mythes sur le rôle du tiers-monde dans le
développement occidental
III/ Les grands mythes concernant le tiers-monde
IV/ Mythes secondaires et tournants historiques inaperçus
I/ Les grands mythes concernant le monde
développé
- Mythe comme quoi les années 1920 étaient des années
protectionnistes
- Période
1920-1928
marquée
par
des
politiques
économiques propices à une libéralisation des échanges
- Volume des échanges d’avant-guerre est retrouvé en 1924
et progresse de 6%/an pendant les cinq années qui ont
suivi
- Le protectionnisme des années 1930 est une conséquence
du krach de 1929, et non la cause
- Il n’y a pas de dépression dans les pays occidentaux
- Croissance PNB/Habitant pendant les années 1930 (1,1%)
est proche de celui des années 1920 (1,6%)
- Effondrement du commerce international, pas de la croissance
économique
- Taux de chômage élevé dans le secteur industriel
- Production agricole progresse dans les années 1930
- Mythe sur les économies fascistes et leur développement
dans les années 1930
- Elles (Italie, Allemagne) n’étaient pas si florissantes,
malgré des taux de croissance élevés
- Le réarmement de l’Allemagne a artificiellement baissé le
chômage, fait augmenter le nombre d’accidents au travail,
et a fait baisser le salaire horaire
- L’Europe entre 1815 et 1913 n’était pas libre-échangiste
- Dogme néo-classique que d’affirmer que le XIXème siècle et le
début du XXème étaient des périodes de libre-échange
- Grande-Bretagne libérale, mais entourée d’économies protectionnistes
- Traité de commerce franco-britannique 1860, début libreéchange européen
- 1860-1879, développement du libre-échange européen avec des taux de
droit de douanes nuls au Royaume-Uni en 1875, entre 10-15% en France,
et 4-6% pour l’Allemagne
- 1878, changement de politique commerciale pour l’Allemagne, retour du
protectionnisme en Europe (Realpolitik de Bismarck)
- États européens déçus de la croissance obtenue, et inquiets d’un déficit
commercial grandissant
- 1881, Fair Trade League au pouvoir, tendance protectionniste avec la
taxation des produits étrangers et un repli sur son empire colonial
- Idée reçue comme quoi les USA ont une politique libérale
lors du XIXème siècle.
Faux, les droits de douane n’ont
cessé d’augmenter
- États-Unis berceau du protectionnisme entre 1791 et 1860, Hamilton
(ministre des Finances et du commerce 1789-1795) posa le
protectionnisme comme principe fondamental dans son rapport sur les
manufactures
- Droits de douane oscillant autour des 40-50%, voire 60% pour certains
produits agricoles !
- Guerre de Sécession : Nord protectionniste pour défendre ses industries
face à la concurrence européenne, Sud ouvert aux échanges
commerciaux (agriculture très prospère au Sud)
- Victoire du Nord, protectionnisme appliqué à tout le territoire, ce qui
permit d’avoir des industries aussi bien développées qu’en Europe
- Paul Bairoch s’interroge sur les politiques commerciales appliquées
dans les autres empires, Ottoman, Chinois et Japonais notamment
- Chine et Japon sont très libre-échangistes, sauf avant les
traités inégaux, imposés par les puissances colonialistes
de la région, instaurant une libéralisation des échanges en
Asie de l’Est
- Les pays occidentaux ont imposé des politiques libérales à
leurs colonies (Inde, ce qui va détruire son industrie
textile)
- Empire Ottoman signe un traité libéral en 1536 avec la
France, fixe des capitulations entre 1673 et 1740 avec des
droits de douane à 3%
- Dominions Britanniques peu à peu indépendants et
protectionnistes
- Australie en 1867 adopte une politique défensive, tout
comme le Canada vers 1878 et la Nouvelle-Zélande dans
la même période
- Le Royaume-Uni a profité de sa politique libre-échangiste,
contrairement au pays d’Europe continentale : croissance
élevée, et augmentation du volume des échanges
- Années 20 libérales : droits de douane 24,6% en 1913,
contre 24,9% en 1927
- Coïncidence : lorsque le reste de l’Europe adopte des
politiques commerciales libérales, la grande dépression
survient,
ce
qui
replonge
le
monde
dans
le
protectionnisme
- Années 30 protectionniste : relance des économies plus
rapides que prévue
- Politiques protectionnistes américaines efficaces, avec une
croissance plus forte qu’en Europe
- Le libéralisme imposé aux colonies et au tiers-monde les
fera souffrir longuement.
« Il ne fait aucun doute que le
libéralisme imposé au 1/3 monde au XIXème siècle est un
des principaux éléments d’explication du retard pris par le
processus d’industrialisation » dit l’auteur
- Exemple le plus pertinent, l’Inde.
Il sera pour un Indien
plus rentable de se doter de produits manufacturés anglais
qu’indien.
II/Les grands mythes sur le rôle du tiers-monde
dans le développement occidental
- Paul Bairoch dénonce le mythe qui dit que les pays
occidentaux importaient les matières premières depuis les
colonies et les pays du 1/3 monde
- Royaume-Uni auto-suffisant en charbon, même principal
exportateur de pétrole au XIXème siècle
- Similaire pour les produits miniers, où l’Europe produit
99% de sa consommation de minerais, 80% pour le textile
et 100% pour l’énergie
- Auto-suffisance de 95% avant la Première Guerre
Mondiale
- Ce n’est que depuis les années 1960 que le tiers-monde
fourni de plus en plus l’Occident en matières premières :
pétrole, minerais...
- Les débouchés coloniaux n’ont pas joué un rôle important
dans le développement occidental
- Entre 1800 et 1938, 10% de la production des pays
occidentaux sont exportés
- Les colonies n’importaient même pas 1% de la production
occidentale
- Ce mythe peut être expliqué car 40% des exportations
britanniques étaient destinées aux colonies
- La colonisation n’était pas un facteur de croissance
économique pour les pays colonisateurs
- Le Royaume-Uni est le pays qui a le plus profité de son
empire colonial au XIXème siècle
- Cependant l’auteur remarque qu’en règle générale, les
pays non coloniaux ont connu une croissance économique
plus élevée que les pays coloniaux
- Facilité d’accès aux marchés coloniaux représente un frein
à l’innovation
- Colonies sont un poids économique, corrélation entre
décolonisation et reprise économique
- Mythe sur l’origine de la révolution industrielle en
Angleterre
- Ce n’est pas l’empire colonial britannique qui en est à
l’origine
- Empire colonial très limité à la fin du XVIIIème siècle pour
l’Angleterre
- Cela change au XIXème S, où les marchés coloniaux sont
plus importants
- Ce ne sont donc pas les colonies qui sont à l’origine de la
Révolution industrielle, mais c’est avec cette révolution
que le Royaume-Uni a pu agrandir son empire colonial
- Paul Bairoch établit un bilan du colonialisme d’un point de
vue économique
- Désastre pour le 1/3 monde et pour les colonisateurs
- Origine de la désindustrialisation des pays colonisés
- Beaucoup de terres ont été réservées à l’exportation vers
les pays développés, ce qui freine le développement des
colonies et du 1/3 monde
- Mise en place de la médecine, de règles d’hygiènes...
a
engendré un boom démographique qui fit augmenter les
écarts de....
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