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L'EUROPE ET LA MONDIALISATION : DE CHRISTOPHE COLOMB (1492) A JAMES WATT (1763) - Histoire

Publié le 18/08/2012

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Mais le XVIIIe siècle sera bien le siècle du coton. La vague d'indiennes du XVIIe siècle place l'industrie européenne devant un immense défi, celui de l'étoffe de luxe asiatique souvent moins chère que l'étoffe européenne traditionnelle. Les partisans pour les indiennes misent sur une industrie de masse, reposant dès le XVIIe siècle sur l'abaissement des prix et sur la mode changeante, dont les variations s'accélèrent au cours du XVIIIe siècle, jusque dans les classes populaires. Cela exige des trésoreries capables d'encaisser à l'occasion les à-coups de la vente et les incidences politico-militaires ; plus encore, cela demande une disponibilité de capitaux importants, car pour produire à bas prix, il faut surtout miser sur le progrès technique. Pour satisfaire de nouvelles clientèle, il faut trouver le moyen de vendre encore moins cher, se passer de la main d'œuvre indienne, si peu payée fut elle, quitte à importer, dans un premier temps les étoffes blanches. On importe les toiles car l'Europe n'a pas le climat favorable à la culture du coton. Les Indes pouvaient offrir une marchandise de grande consommation, susceptible de, par ses faibles prix, concurrencer sur ses propres marchés, les produits de l'Europe. Les Indes ont ainsi fait la fortune des grandes Compagnies anglaises et hollandaises. Très tôt, les centres nerveux de l'Europe ont senti le danger et cherché le moyen de réagir en fabriquant sur leur propre territoire. Créant ainsi des richesses, les Etats ont pu ponctionner d'avantage et réinvestir dans l'amélioration de la science et des techniques. Etoffes de luxes comme dopants cessent d'être l'apanage exclusif d'une infime minorité de privilégiés pour devenir des produits sinon de grande consommation, du moins des produits à la portée d'une fraction sans cesse élargie de la population. La consommation est donc une nouvelle règle de production. En témoigne l'active contrebande de la fabrication d'indiennes en Europe à un moment où les concurrents lainiers faisaient pression sur les gouvernements pour interdire les manufactures d'indiennes, en formulant des prétextes religieux (car les protestants avaient le monopole de la fabrication). En interdisant le produit, le gouvernement français se rend vite compte que cette richesse nationale part à l'étranger, c'est pourquoi il encourage les fabricants d'indiennes à revenir sur le territoire en les dotant même de privilèges. Ces derniers se réinstallent près de Paris. Le commerce crée le marché dans un premier temps et laisse place à l'industrie. La réorganisation de la demande et des ressources issue de l'intensification et de la globalisation progressive des échanges est déterminante dans la constitution de l'industrialisation. Meyer dit « qu'il a fallu un grand, un admirable siècle pour aboutir, palier par palier, au triomphe total, qui est anglais : celui du machinisme industriel fondé sur la combinaison machine-vapeur «.

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« B- « L'économie-monde » selon Fernand Braudel Dans sa thèse sur la Méditerranée, Fernand Braudel a élaboré le concept d'« économie-monde ».

Celui-ci désigne : « un morceau de la planète économiquementautonome, capable pour l'essentiel de se suffire à lui-même et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité organique ».

Il y oppose leconcept «d'économie mondiale » qui fait plus ou moins référence à l'idée d'une mondialisation, puisque celle-ci s'étend à la terre toute entière.

L'économie-monde,est un univers en soi, un tout.

Cette aire transgresse les frontières politiques, culturelles et religieuses.

Elle tend à créer une certaine unité malgré des différencesimportantes : des marchands commercent avec des musulmans par exemple.

Ce sont des espaces individualisés qui sont regroupés grâce à l'économie.

Selon FernandBraudel, il y a toujours eu des économies-mondes : que ce soit en Phénicie antique, Carthage au temps de son apogée voire même Rome.

Il en va de même pourl'islam après son expansion mais aussi de l'expérience normande aux marges de l'Europe occidentale esquissant une courte économie-monde.

A partir du XIe sièclel'Europe voit la genèse de ce qui sera sa première économie monde.

La Moscovie, liée à la Chine, à l'Inde ainsi qu'à l'Orient, à l'Asie centrale et à la Sibérie est uneéconomie monde.

Par ailleurs la Chine englobe très tôt de vastes régions voisines à son économie : la Corée, le Vietnam, le Japon, le Tibet et la Mongolie.

L'Inde plusprécoce encore, transforme à son profit l'océan Indien en une sorte de mer intérieure.

Une économie-monde s'arrête là où commence une autre et rejoint un peu dansun cadre la vision de Bayly, à propos d'une mondialisation multipolaire.

Cette limite constitue une sorte de ligne que les deux économies mondes n'ont aucunsintérêts (sous entendu économiques) à franchir.

Généralement, on trouve aux frontières de ces économies, des no man's land, telles que des barrières naturelles ou deszones peu animées (le Sahara par exemple).

Autrement dit, pour Fernand Braudel, le monde est divisé en plusieurs économies mondes et cela depuis l'Antiquité.

Cessont des espaces géographiques plus ou moins grands qui par des liens d'interdépendances forment un tout autonome. C – Des économies mondes à une économie monde Là où Braudel choisit véritablement de s'appuyer sur le concept d'économie-monde pour décrire les premières formes de contacts observables entre les différentescivilisations du monde, Bayly pose la théorie d'une mondialisation archaïque.

Le fait est incontestable que depuis les études de Fernand Braudel (Civilisationmatérielle, économie et société, 1979), les historiens optent de plus en plus pour une approche « mondialisée » de l'histoire.

Ce monopole est aujourd'hui celui de laWorld History ou Histoire globale.

La world History est un courant de recherche et d'enseignement en histoire centrée sur l'étude de phénomènes transnationauxcomme les échanges économiques, migratoires, scientifiques…Mais aussi sur les processus de convergence et de divergences entre les diverses régions du monde eten leur sein.

Elle consiste en une approche plutôt qu'un objet.

Une attention particulière est ainsi portée aux aires culturelles non occidentales (Asie, Afrique,Amérique latine).

L'ouvrage de Christopher Alan Bayly sur la Naissance du monde moderne a fait connaître le courant de l'histoire globale au public français grâce àsa traduction en 2004.

La suprématie de l'Occident (nous dit Bayly) à l'échelle de la planète se manifeste dans la maîtrise du commerce international, dansl'émergence de la société civile et dans la technicité de l'armement qu'à partir du XIXe siècle.

C'est pourquoi il se propose d'analyser la nature de la mondialisationsurvenue aux XVIIe et XVIIIe siècles, c'est-à-dire « longtemps avant que l'Etat nation soit parvenue à son apogée » et développe le concept de « mondialisationarchaïque », au sein duquel il retrace l'implication croissante et décisive de l'Europe occidentale dans les affaires du monde.

Il se place dans un premier temps avantl'ère des révolutions des années 1780 qui fait entrer le monde dans ce que les anglophones nomment communément le « monde moderne » qui correspond en fait pournous francophones au monde contemporain.

Mais comme nous avons pu le constater précédemment, Bayly nous rappelle que cette mondialisation archaïque futavant tout multipolaire.

Peut être pouvons nous rapprocher cette idée à celle de Braudel dans la mesure où l'expansion de l'Europe n'est à ce principe qu'un casd'expansion parmi d'autres, ce qui ne sera plus le cas à partir du XVIIe siècle.

Bayly distingue deux niveaux de la mondialisation.

Le premier niveau est celui de la« mondialisation archaïque », tandis que le second niveau correspond à un stade plus avancé de la mondialisation qui apparaît dès le XVIIe et qu'il appelle« mondialisation capitaliste ».

Cependant, la mondialisation archaïque n'est pas soudainement remplacée au XVIIe par une autre forme de mondialisation de typecapitaliste.

Il s'agit juste de remarquer que les deux types coexistent jusqu'aux débuts de notre ère contemporaine et de ce fait, la mondialisation de type capitaliste enest tout imprégnée. II – L'EUROPE, LE MONDE ET LA MONDIALISATION DU XVe AU XVIIIe SIECLE « Au XVIIe, les nouveaux réseaux culturels et économiques des systèmes esclavagistes et l'afflux d'argent en provenance du Nouveau Monde ont ouverts la porte auxdébut de la mondialisation capitaliste dans une partie de l'espace Atlantique » (Bayly).

Pour Bayly, le concept de mondialisation de type capitaliste commence auXVIIe siècle.

On passe alors, selon lui, à du capitalisme à l'échelle mondiale.

Le capitalisme naît et se nourrit de l'échange, il n'est rien d'autre que l'économie demarché et de ce fait, vieux comme le monde.

Cependant, si Bayly a choisit d'introduire ce concept à ce moment là, alors qu'il a toujours existé, c'est pour montrer quecelui-ci évolue et tend à amorcer son accélération lors de l'industrialisation du XIXe siècle.

Bayly cherche à expliquer la naissance du monde contemporain et voitdonc les prémices du capitalisme dans le sens où on l'entend actuellement, à partir du XVIIe siècle.

Les caractéristiques de ce deuxième niveau que constitue lamondialisation de type capitalise, se manifeste par le commerce interrégional du thé, du tabac et de l'opium tout en étant liée à l'essor de l'esclavage atlantique et descompagnies commerciales.

Il s'agit, selon lui, d'une expansion capitaliste précoce qui commence autour de l'Atlantique avant de s'étendre à la plus grande partie dumonde à partir de 1830 en renforcant des liens déjà crée par la mondialisation archaïque. A - La découverte du nouveau monde et ses conséquences immédiates La répartition des hommes sur la surface de la terre, leurs migrations et leur peuplement de tous les continents représentent déjà une sorte de proto-mondialisation.

Ily a une cinquantaine de milliers d'années, l'homo sapiens, apparu en Afrique de l'Est, commence à migrer aux quatre coins du monde, y compris en Amérique duNord et du Sud.

L'élévation du niveau de la mer à la fin de l'ère glaciaire aura pour effet de séparer le continent américain de la masse eurasiatique créant ainsi deuxmondes qui étaient désormais coupés l'un de l'autre.

Même si les Vikings avaient déjà visité le continent américain durant le Moyen Age et que les Anciens,contrairement à ce que certains l'affirment, se doutait de la nature sphérique de la terre, 1492 apparaît comme une date clef dans l'histoire de l'humanité et voit ledébut d'un rattachement durable des continents.

Ce rétablissement des liens entre les continents, né des routes commerciales ouvertes par Christophe Colomb entreautres, est l'un des événements marquants de l'histoire de la mondialisation.

Au début du XVe, le monde semble encore cloisonné en continents fermés, séparés lesuns des autres par des mers infranchissables ou des déserts redoutables.

Les uns en savent beaucoup sur les autres et de nombreux réseaux relient ces peuplesétrangers.

Pourtant trente ans (de 1480 à 1510) suffisent à l'Europe pour considérer le monde comme un tout.

Cette brève période marque un formidablebouleversement.

Le monde aux yeux des Européens n'avait jamais été aussi vaste.

Jamais auparavant ils n'avaient pu aller aussi loin.

Depuis lors on a vu croître lanatalité, les dimensions du monde, la production de textile, de blé, de livres… On a vu l'Europe envahir le monde de ses bateaux, de ses soldats, de ses marchands, deses langues puis en retour recevoir de l'or, de l'argent, du maïs, du tabac...

Le changement, croit on, va désormais dans un seul sens, celui du mieux et du progrèscomme si le temps était orienté.

Quand 1492 s'achève, le progrès est devenu en Europe une réalité tangible.

François Attali (1492) précise à juste titre que « jusquelà, chacun pensait qu'il existait au total une quantité immuables de Bien et de Mal, que les ressources du monde étaient limitées, que le bien-être finissait par se payerà un moment ou un autre, que le péché originel ramenait toujours l'homme à son point de départ, que la paix succédait inéluctablement à la guerre, la peste àl'abondance ».

Il convient bien sûr de nuancer ces propos dans la mesure où ces modes de pensée persistent au moins jusqu'à la toute fin du XVIIIe siècle.

Toutefois,il est certain que les hommes de ce siècle commencent à découvrir une faune et une flore qui jusqu'à maintenant n'était pas répertoriées dans la Bible et que cela apour conséquence de remettre en cause un certain nombre d'opinions.

Depuis le XIVe siècle, l'Europe souffre d'une pénurie de métaux précieux.

La soif de l'orindispensable aux grands échanges internationaux, constitue le premier et principal mobile économique des grandes découvertes.

Après les voyages de ChristopheColomb, une grande partie du continent américain est peu à peu explorée par les Espagnols en même temps que s'édifie leur empire colonial : découverte,. »

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