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L'euro et les économies européennes

Publié le 27/10/2018

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Après la libéralisation complète des mouvements de capitaux en 1990,

le sommet de Maastricht aboutit à l’approbation du traité sur l'Union européenne (UE) en 1992. Celui-ci prévoit la création de l'UEM en trois étapes précises afin de parvenir au respect des critères de convergence économique et monétaire.

 

Ces derniers sont au nombre de quatre : un déficit public ne dépassant pas 3 % du PIB, une dette publique n'excédant pas 60 % du PIB, un taux d'inflation et des taux d'intérêt à long terme ne dépassant pas de plus de 1,5 %, dans le premier cas, de 2 % dans le second, ceux des trois États membres présentant les meilleurs résultats en la matière. La dernière étape avant l'introduction de la monnaie unique prévoit l'adoption de règles budgétaires contraignantes. En dépit des résistances de certains pays (le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède décident de ne pas adhérer à la zone euro) de la spéculation monétaire et des critiques fusant des rangs de plusieurs familles politiques de gauche comme de droite,

le calendrier est respecté et l'euro devient la monnaie commune de douze des quinze États membres de l'UEIe 1er janvier 1999.

 

La création de la monnaie unique doit permettre d'atteindre des objectifs précis : l'intensification des échanges intra-européens, le renforcement de la compétitivité de l'économie européenne face aux États-Unis et au Japon et la stabilité monétaire sur le plan mondial.

 

Pour y parvenir, l'euro devrait alors présenter de nombreux avantages.

La CIRCULATION DES CAPITAUX, DES BIENS ET DES SERVICES

En rendant superflues les opérations de change entre les différents pays européens, l'euro doit favoriser les échanges au sein de l'Europe et stimuler une concurrence réelle

Dès les premières heures de la construction européenne et la création, le 18 avril 1951, de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier), lancée, notamment, par le Français Robert Schuman), il paraissait évident que l'union des différents pays européens serait

 

principalement élaborée sur des bases économiques. L'idée d'un marché commun puis celle d'une monnaie unique progressent alors dans les esprits. Les avantages que semble devoir apporter l'adoption de l'euro paraissent extrêmement prometteurs. Cependant, le passage à la monnaie unique ne peut se faire sans profonds bouleversements économiques au sein des pays concernés, particulièrement en ce qui concerne les politiques économique et financière nationales, des changements qui ne peuvent qu'avoir des conséquences profondes et sociales et sur les relations monétaires internationales.

LES OBJECTIFS ET AVANTAGES D UNE MONNAIE UNIQUE

Présenté comme le complément nécessaire du marché commun, le projet de création d'une monnaie européenne s'est fait jour au cours des années soixante, dans la foulée du traité de Rome (1957).

 

Au sommet de La Haye, en 1969, les six pays membres de la CEE se donnent déjà pour objectif de parvenir à une Union économique et monétaire (UEM) l’objectif final étant de parvenir en dix ans à la libéralisation totale des mouvements de capitaux et à la fixation définitive des parités entre monnaies (rapport Werner). Le Système monétaire européen (SME) institué en 1979, après l’échec du Serpent monétaire européen (1972), prévoyait une stabilisation des monnaies basée sur une nouvelle unité de compte, l'Ecu (Unité de compte européenne). Ce mécanisme était fixe mais restait ajustable.

« finances de chaque pays européen de la zone euro, celui-ci exerce une mission de surveillance des performances économiques auprès des pays de I'UEM et- à la différence de I'Eurogroupe dont la composition est identique -il dispose d'un véritable pouvoir en adoptant des directives dans le domaine financier.

La coordination des politiques économiques s'effectue également lors de réunions plus informelles où sont représentés les États membres ainsi que certaines instances.

Le but de ces rencontres est d'échanger des informations économiques et de se concerter sur d'éventuelles orientations ou décisions à prendre.

Ainsi en est-il du Comité économique et financier (composé de représentants de la Commission européenne, des États membres ainsi que des banques centrales) ou encore de I'Eurogroupe .

LA BANQUE CENTRALE EUROPtENNE (BCE) ET I.'EUROSYsrtME Bien qu'indépendante, la Banque centrale européenne constitue un -------. instrument à part entière de cette coordination qui s'intègre parfaitement dans le cadre des objectifs définis par le traité de Maastricht puisque son rôle premier est de maintenir la stabilité des prix en Europe et un euro fort.

Selon les critères de la BCE, cette stabilité est atteinte lorsque le taux d 'inflation ne dépasse pas 2 %.

Créée le 1" juin 1998 , la BCE est chargée de la politique monétaire européenne depuis le l " janvier 1999.

Elle collabore étroitement avec les banques centrales nationales (BCN ) des quinze États membres de l'Union européenne au sein du Système européen de banques centrales (SEBC ).

Le terme " Eurosystème » est utilisé pour désigner la BCE et les BCN des 12 États membres ayant adopté l'euro.

Quant aux BCN des États membres ne participant pas à la zone euro, elles font partie du SEBC :elles sont habilitées à conduire une politique monéta ire nationale , mais ne participent pas à la prise des décisions concernant la politique monétaire unique de la zone euro ni à leur mise en œuvre .

LE SYSTÈME FINANCIER Avant l'adoption défin itive de l'euro , des garde-fous ont été instaurés .

Entre la création de la monnaie le 1 " janvier 1999 et la mise en circulation de la monnaie à compter du l " janvier 2002 , les entreprises des différents États de la zone euro n 'avait ni obligation, ni interdiction d'utiliser l'euro (phase baptisée" ni-ni »).

Puis , pendant la période de " double circulation », l'euro était utilisé dans les transactions parallèlement à celle -=;~ ~~ des monnaies r nationales.

Le 17 février 2002, les monnaies des 12 pays de I'UEM ont disparu .

Lors de ces différentes périodes , et a fortiori après le passage à la monnaie unique, le système financier des douze a subi une importante transformation structurelle et les marchés financiers ont dû s'adapter rapidement.

LE SYSTtME DES CHANGES ET LE MARCHt MONflAIRE Dès le l " janvier 1999 , les monnaies nationales des pays de I'UEM n'avaient plus d'existence autonome .

Elles étaient devenues des subdivisions de la monnaie commune .

Au 17 février 2002 , leur disparition définitive a entraîné celle des opérations de change entre ces monnaies , qui avaient cours sur les marchés à terme , au comptant ou d'options.

Étant entendu que la Banque centrale européenne est désormais la seule institution habilitée à prendre des décisions concernant la politique monétaire européenne (décisions exécutées ensuite par les banques centrales nationales), les marchés monétaires nationaux sont remplacés par un marché monétaire unique.

Toutefois , ce processus a été plus ou moins rapide.

Ainsi , le degré d 'intégration du marché des dépôts interbancaires est assez élevé tandis que celui concernant les opérations de pension privée s, les billets de trésorerie .

les certificats de dépôt ou les bons du Trésor reste plutôt faible .

Ceci s'e xplique principalement par les différences qui existent encore entre les législat ions des différents États membres.

LE MARCHt DES OBLIGATIONS ET DES ACTIONS L'adoption de l'euro a favorisé l'intégration des marchés obligata ires nationaux puisque les obligations sont maintenant toutes libellées en euros .

Ainsi , la liquidité de ces valeurs mobilières a-t-elle augmenté , et avec elle, le volume des émissions .

Dans ce domaine, l 'euro est devenu la deuxième monnaie la plus importante après le dollar américain .

Cependant , ce sont essentiellement les émissions du secteur privé qui ont progressé tandis que le marché des obligations publiques accusa it une liquidité réduite (due en grande partie à la politique budgétaire stricte imposée par le Pacte de stabilité ), et donc des émissions moins nombreuses En ce qui concerne les actions , les bourses de l'ensemble des pays de I 'UEM se sont converties à l'euro dès 1999.

Ce passage à la monnaie unique marchés boursiers, notamment ceux concernant la nouvelle économie .

De plus, des fusions et des regroupements ont pu être observés au sein de la zone euro.

L'intégration des marchés financiers est loin d'être achevée.

C'est pourquoi , au sein de I'UEM, sa poursuite et son accélération sont devenues des objectifs prioritaires au cœur des politiques économiques mises en place .

LA SITUATION ÉCONOMIQUE EUROPÉENNE Ces bouleversements , en ce qui concerne aussi bien les politiques macro-économiques européennes que les systèmes financiers, ont des incidences directes sur la situation économique des États membres et, plus de quatre ans après la création de l'euro, un premier bilan peut être établi .

L'euro dévoile déjà ses avantages et ses inconvénients , fussent-ils passagers.

Ainsi est-il d 'ores et déjà possible de savoir si les espoirs placés dans cette devise étaient ou non justifiés.

LA CROISSANCE Principal objectif de l'Union économique et monétaire, le taux de croissance moyen de l'ensemble des États de la zone euro a été de 3 % en 1999 et en 2000 .

Cependant la conjoncture économique et les événements politiques internationaux de l 'année 2001 ont eu des répercussions sensibles sur la bonne tenue de l'économie européenne et le chiffre de l a croissance est redescendu sous la barre de 1,5 %.

Cette tendance à la baisse s 'est maintenue en 2002 : le taux de croissance des pays de I'UEM n 'atteignait plus que 0,8 % (la Grande­ Bretagne, qui a refusé l'euro , a enregistré quant à elle, et pour la même période, un taux de croissance de 2 % ).

Les perspectives de 2003 ne semblent pas meilleures puisque c'est une croissance nulle qui a été constatée lors du premier trimestre de cette année .

LA STABILITt ET L'INFLATION Seconds objectifs de I'UEM , la stabilité des prix et la maîtrise de l 'inflation :sur ce plan, le bilan est également mitigé.

Si le taux d 'inflation de 1999 , qui s'élevait à 1,1 %, peut être considéré comme modéré , la hausse des prix des produits pétroliers et alimentaires (ces derniers ayant dû surmonter les crises de la vache folle et de la fièvre aphteuse ) a entraîné une pression inflationniste conséquente et le taux d'inflation semble désormais s'être fixé à 2 ,5 % , un chiffre supérieur au critère avancé par la BCE.

La Banque centrale explique cette tendance par l'environnement morose créé par le faible taux de croissance des pays européens.

LE MARCHt DU TRAVAIL ET LES tvOLUTIONS SALARIALES Malgré cette tendance à la stagnation , les pays de la zone euro ont su pour la plupart démontrer l'efficacité de leurs politiques économiques en matière d 'emploi .

En effet depuis l'introduction de la monnaie , le taux de chômage est passé de 11,5 % à 8 % en 2001 et n'a, depuis, que très faiblement progressé (le taux de chômage actuel est d'environ 8,5 %).

Cette amélioration de la situation de l'emploi pourrait cependant être fragilisée par l'augmentation des coûts salariaux ce qui aurait pour conséquence de freiner - r' •.

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- - les politiques d'embauche .

L'objectif du sommet de Lisbonne réuni en mars 2000 («renforcer l'emploi, la réforme économique et la cohésion sociale ») semble toujours d'actualité, comme en témoignent les plus récentes lignes directrices proposées par I'UE.

LES TAUX DE CHANGE Depuis l'introduction de la monnaie unique, le taux de change de l'euro a connu des évolutions complexes et contradictoires.

Après une courte période d'euphorie dans les premiers jours de son entrée en vigueur, la devise a ensuite perdu plus de 25 % de sa valeur par rapport au dollar américain son cours le plus bas étant atteint en octobre 2000 à 0 ,82 $.

Depuis cette date, sa valeur a de nouveau augmenté , jusqu 'à dépasser , en mai 2003, son taux de lancement (1,17 $),et atteindre 1 ,18 $ .

L'EURO, MONNAIE INTERNATIONALE Depuis le l" janvier 1999, douze monnaies nationales ont disparu et ont été remplacées par l'euro .

L'introduction de la monnaie unique devait donc obligatoirement avoir des conséquences et des répercussions sur l'économie mondiale .

L'euro présente en effet toutes les caractéristique s d'une monnaie internationale puisqu 'il intervient dans tous les secteurs économiques , que ce soit dans le financement du commerce mondial , dans la facturation des échanges de biens et de services , en tant qu'actif de réserve détenu par les banques centrales ou encore en tant que monnaie d'intervention sur les marchés de change .

Bien que le dollar soit toujours la monnaie de référence , le poids de la monnaie européenne semble peu à peu s 'accroître dans le domaine des transactions internati onales puisque son utilisation dans les paiements internationaux n 'a cessé d'augmenter.

Aujourd'hui , plus de 25 % de ces transactions s 'effectuent ainsi en euros (contre 48% pour le dollar).

Ce chiffre devrait encore progress e r dans la mesure où la zone euro représente à elle seule 30% du commer ce international , soit deux fois plus que les États-Unis et que son PIB atteint 8 5% du PIB américain.

Cependant, la position dominante du dolla r semble durablement établie.

Le poids de la monnaie européenne semble plus conséquent pour le financement et l'investissement.

En effet , aujourd'hui , près de 34% des opérations effectuées dans ces secteurs le sont en euros (contre 46% pour le dollar).

Ces bons résultats s'expliquent en partie par les taux d 'intérêts relativement bas pratiqués dans la zone euro.

Enfin, l'euro tient un rôle majeur - en tant que monnaie de réserve internati onale et exerce une force d'attract ion auprès de nombreux États .

En effet , si le dollar représente plus de 60% de l'ensemble des réserves en devises des banques centrales , l'euro s'empar e de la seconde place avec 25 % .

Étant données les variations constatées dans le passé et des projections, ce chiffre ne semble cependant pas devoir évoluer de façon significa tive à court ou moyen terme .

En instit uant des régimes de caisse d'émissi on ou de change à flottement dirigé, plus de cinquante pays ont choisi de créer un lien entre leur monnaie et l'euro .

!:ancrage de ces pays (principalement africains ou europée ns) à la monnaie unique est moti v é par des raisons financières et comm erciales ou pour les pays candida ts à l 'adhésion , polit iques .

MATURITÉ ET INCERTITUDES La mise en place et l'adoption de l'euro sont sur le point d'entrer dans une phase de maturité.

Mais si l'arrivée de la monnaie unique a entraîné une nouvelle donne sur les marchés de marchandises et de capitaux.

les principes de convergence exigés p ourra ient être remis en cause par certains États dans un contexte économ ique troublé .

Ainsi, les deux piliers de la construction européenne, l'Allema gne et la France connaissent depuis peu des difficultés qui pourraient fragiliser , au moins provisoi rement, le Pacte de stabilité.

La place de l'euro , et donc de l'Europe , au nivea u mondial dépendra de la rapidité et de la sagacité des réformes économiques adoptées par l'Union économique et monétaire à l'échelle européenne.. »

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