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Les défaillances de marché justifient-elles toujours l’intervention de l’Etat ?

Publié le 21/01/2025

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« Les défaillances de marché justifient-elles toujours l’intervention de l’Etat ? Dans le Livre V de La Richesse des Nations, Adam Smith justifiait déjà que l’action de l’Etat s’étende, au-delà de ses fonctions régaliennes, à des activités non rentables pour le secteur privé mais dont la société retire « d’immenses avantages ». Ces activités, telles que l’érection d’infrastructures de transport ou « l’instruction parmi le peuple », relèvent de ce que l’on a commencé à appeler au XXe siècle des défaillances de marché.

Ces dernières caractérisent des circonstances où l’équilibre décentralisé (ou équilibre de marché) n’est pas optimal et regroupent les biens collectifs, les externalités et les monopoles naturels, auxquels il est aujourd'hui courant d’ajouter les asymétries d’information. Pourtant, dès 1887, l’économiste et philosophe anglais Henry Sidgwick souligne, dans son ouvrage Principles of Political Economy, qu’un échec du laissez faire n’implique pas nécessairement que l’intervention étatique soit opportune car les inconvénients de celle-ci peuvent « dans certains cas, être pires que les lacunes de l’initiative privée ». Les débats sur la pertinence de l’intervention de l’Etat face aux défaillances de marché existaient donc déjà avant que cette notion soit étudiée de manière plus rigoureuse par la théorie économique. Nous verrons que les trois défaillances de marché ainsi que les asymétries d’information justifient que l’Etat prenne le relais du marché afin d’accroître l’efficacité économique (1ère partie).

Cependant, les doutes sur l’accès à l’information et sur la bienveillance de l’Etat tendent à remettre en cause la vision optimiste de l’intervention de l’Etat (2e partie).

Finalement, il semble que la complexité de la réalité plaide pour un certain degré d’intervention de l’Etat sous condition que le cadre institutionnel limite ses propres défaillances (3 e partie). I.

Un État omniscient et bienveillant peut théoriquement ramener l’économie à l’optimum lorsque le marché défaillant A.

Dans les cas d’externalités, de bien collectifs ou de monopoles naturels, l’équilibre décentralisé est sous-optimal. 1) Les activités relevant de défaillances de marché impliquent, dans un cadre de laisser-faire, un niveau de production inférieur ou supérieur au niveau de production socialement optimal (optimum de Pareto). 2) Conformément aux résultats de l’économie du bien-être (Samuelson), diverses intervention de l’Etat sont alors justifiées, notamment : taxes pigouviennes pour les externalités négatives, production et financement publics des biens collectifs, nationalisation et/ou réglementation des monopoles naturels.

Même si des difficultés de mise en œuvre (problème de la révélation des préférences) existent, l’intervention de l’Etat doit permettre d’atteindre, au moins, un optimum de second rang. B.

Les asymétries d’information entre offreurs et demandeurs nécessitent également a priori une intervention de l’Etat 1) La sélection adverse ou l’aléa moral qui découlent des asymétries d’information entre offreurs et demandeurs sur les marchés sont sources d’inefficacité.

Dans le cas de la sélection adverse (Akerlof), par exemple, le marché peut même être totalement détruit (qualité continue). 2) L’intervention de l’Etat se trouve alors justifiée pour faire à l’inefficacité de la coordination par le marché en présence d’asymétries d’information (obligation de l’assurance automobile, santé…) II.

Mais l’Etat peut faire pire qu’un marché défaillant s’il n’est pas un planificateur bienveillant ou a une information limitée A.

Le gouvernement et les administrations sont constitués d’individus dont les actions peuvent ne pas être guidées par la recherche de l’intérêt général 1) Les décisions des hommes politiques élus peuvent être motivées par l’objectif d’une réélection (Ecole du Public Choice).

Dans les domaines concernés par des défaillances de marché, leurs actions peuvent alors éloigner l'économie de l’optimum social : décisions en matière de lutte contre la pollution, de constructions d’infrastructures… 2) Dans les différentes administrations, les agents de l’Etat, qui disposent d’un certain pouvoir au sein de l’organisation, peuvent également poursuivre des intérêts personnels engendrant un développement de la bureaucratie (Niskanen). B.

L’information limitée dont dispose l’Etat peut l’empêcher d’atteindre l’optimum 1) L’activité économique nécessite la coordination d’actions d’une multitude d’individus.

Certains auteurs considèrent que le mécanisme des prix est le seul mode de coordination capable d’accomplir cette tâche de manière efficace (exemple célèbre du crayon présenté en 1980 par Friedman dans sa série télévisée Free to Choose).

Penser que l’Etat, aussi bien intentionné soit-il, puisse accomplir cette tâche peut relever d’une Présomption fatale (Hayek). Dans cette perspective, même dans les cas d’externalités, de biens collectifs, etc., l’Etat ne doit pas se substituer au marché mais se contenter de veiller à l’application du droit de propriété (Coase) et au respect des contrats. 2) Même lorsque le problème que l’Etat cherche à résoudre implique l’interaction d’un nombre limité d’individus, celui qui dispose du monopole de la contrainte légitime est confronté à des asymétries d’information qui l’empêchent d’amener l'économie à l’optimum.

S’il existe des mécanismes incitatifs permettant de révéler de l’information, l’Etat doit néanmoins se contenter d’optima de second de rang (exemple de la régulation d’un monopole naturel), ce qui peut limiter grandement la légitimité de son intervention. III.

L’Etat peut devenir un complément efficace du marché dans la mesure où son action s’appuie sur une mesure satisfaisante des pertes d’efficacité du laisser-faire et s’inscrit dans un cadre institutionnel limitant les défaillances de l’organisation étatique A.

Les défaillances de marché correspondent.... »

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