L'endettement du tiers-monde est la conséquence d'erreurs économiques et politiques ainsi que d'octrois de crédits excessifs
Publié le 27/03/2019
Extrait du document
L'endettement devient un
problème politique d'envergure internationale, étant donné que quelques-uns des grands débiteurs ne peuvent plus se permettre de contracter de nouvelles dettes au début des années 80. Une croissance rapide de l'endettement de certains pays du tiers-monde précède le déclenchement de la crise : l'Afrique représente 11 % des dettes totales du tiers-monde, l'Amérique latine 40 % ; l'Asie 21 %, l'Europe du Sud et le Proche-Orient 12 % chacun. Le problème de l'endettement est également lié à la concentration du crédit sur un petit nombre de banques internationales. Les banques américaines octroient à elles seules environ 40 % des crédits bancaires aux pays du tiers-monde.
Causes et naissance de la crise. Les causes principales sont liées aux facteurs suivants : d'une part, le problème posé par les intérêts dus par les pays du tiers-monde qui sont liés à l'évolution des taux sur les marchés financiers internationaux, d'autre part, la récession mondiale qui, au début des années 80, diminue leur capacité à recourir à l'endettement : cette situation
diminue la demande de matières premières des pays industrialisés, détériore les conditions de marché des pays dépendants de l'export et promeut en même temps chez les pays industrialisés une attitude protectionniste.
«
La
situation est souvent aggravée par
l'i nst abili té politique et la ma uvaise
ges tion économique et politiq ue,
accompagné e de défic its budgétai res
él evés et d'une forte inflati on.
Les banq ues de leur côté ont tenda nce
à octroyer des créd its de façon excessive
aux pays du tiers -monde qui, au cour s des
anné es 60, ont encore financé envi ron
90 % de leur s beso ins par des créd its
commerciaux garantis par l'État et par des
investissements directs.
La part des créd its
bancai res aug men te de 31 % en 1973,
avec des conséq uences lour des pour les
débiteur s : leur s taux sont compa rative
ment plus élevés que ceux des créd its
publ ics et leur s échéanc es plus courtes.
Les
empru nts aupr ès des banq ues ont en
outre l'inconv énient par rappor t aux
in ves tisseme nts directs de ne pas tenir
com pte de la situation économ ique des
pays concernés pour le ver sement des
in té rêts et des rembou rseme nts, les
banq ues privées n'ayant pas à considérer
les don nées politique s que les créa ncier s
publ ics ne peuvent ignorer.
La spirale de l'ende ttement.
Par
ail leur s, la crise est égalemen t agg ravée
par le montant annuel de dettes qui a
dé cuplé depuis 1970 et a dépassé dans les
anné es 80 les possibil ités financi ères tant
publiqu es et privées : le montant des prêts
repr ésenta it dans les pays en voie de
dév eloppement 6 mill iards de dollars en
19 82, pour atteindre en 1989 près de
51 mill iards de dollars -un état de fait
exo rbitant eu égard au contexte, même si
les pays industr ialisés ont fondamen
talement besoin du dév eloppement
éc onomique du tiers -monde pour leur
propre développement et qu'ils ont tout
in térêt à le souten ir par des aides
financièr es fortes.
Bien que des moratoires sur le
paiement de la dette soient conclus avec
les pays créancier s, il n'est pas possible
d'en diminu er l'im portance par une
réd uction des impor tations et une
aug menta tion des expor tations de
matièr es premièr es.
C'es t pourquoi les
in ves tissemen ts se sont effondrés et le
rev enu par habi tant a ch uté dans de
nom breux pays ce qui a affecté princi
palement les couches inféri eures de la
population.
Et de plus en plus souvent, on
ne diffère pas seulemen t le rembour
sement du capital, mais aussi le verse ment
des intér êts : le poids de la dette s'accroît
ain si sans qu'il y ait de nou veaux apports
de capitaux.
Au niveau politiq ue, cette
crise entraîne des tensions socia les et des
confl its interna tionau x.
À
la fin des années 80, des centaines de mill iers de Mexicains tentent de gagner les États- Unis.
S'ils sont
arrêtés, ils sont immédiatement reconduits à la frontière.
Solutions stratégiques.
Depuis le mili eu
des années 80, les pays industrial isés
perçoivent les effets négatif s de cette crise
sur le commer ce interna tional et les
rappor ts Nor d-Sud.
Les réductions des
importa tions des pays endettés, obtenues
par des accords financier s, entraînent pour
les pays industriels des pertes de croissa nce
et d'ac tivité.
La position des banque s
américai nes a été particu lièrement
exposée : le s dettes des trois pays les plus
end ettés, le Mexi que, le Brés il et
l' Argen tine, aupr ès des neuf plus gr andes
banq ues améri caines, sont beaucoup plus
im porta ntes que leur capital propre : un
arr êt des rembou rsemen ts aurait
proba blement conduit à la faillite
cer taines d'entre elles en 1983 sans une
in terv ention de l'État.
Devant cette
situation, les États -Unis ont autorisé des
créd its-re lais pour le fina ncement des
intérêts.
Une action des pays créancier s en
fav eur d'États fortement endettés doit
com pléter les mesu res, avec l'objectif de
la ncer une croissanc e économ ique par un
accroisse ment des créd its banc aires et une
in te rve ntion plus forte de la banque
mondiale.
Pour diminu er ou restructurer la dette,
on prévo it égalemen t le rachat de prêts
étra ngers aux valeur s du marché,
l'échange de créanc es en valeur s
d'immobil isations et la com pensa tion par
des prog rammes pour l'environ nement.
Pour tant ces stratég ies ne répondent pas
aux attentes, car ni les banq ues ni les
créa ncier s publ ics ne sont prêts à octroyer
les nou veaux créd its nécessa ires.
Ce
n'est qu'à la fin des années 80 que
les États-Unis proposent une nouv elle
ini tia tive pour le désende ttement : la
re nonciation volontaire des banque s,
sout enue par le FMI et la banque
mondiale , qui mettent en pl ace un
sys tème de garanties pour les sommes
enc ore dues et des moyens pou r réd uire la
de tte, et notamm ent la pos sibil ité de
l' effa cer en change ant de règles de
contrô le et de fis calité du côté des
gouv ernemen ts des pays industrial isés.
En fin, des allégemen ts de dette au cas par
cas sont traités en relation avec les
réfo rmes économiq ues et pol itiq ues des
pays concernés.
Pourtant la décep tion fait
bie ntôt place aux espoi rs que cette
in iti ative a sus cités.
En pra tique, les
allé gemen ts de de tte sont trop faibles
pour perme ttre une repris e éco nomique
dur able des pays concernés.
Même si le systè me financier inter
nati onal ne risque plus de s'effo ndrer du
fa it de la dette du tier s-monde, on a
pour tant appris quelque chose depuis la
fin des anné es 80 : ce n'est que par des
réfo rmes économiq ues internes réussies,
de larges allégeme nts de de tte et une
augmen tation massive de l'aide au
dév eloppement que la crise des pays
fo rte ment endettés sera surmontée.
Les
conditions struc tur elle s d'une conso
li dation à long terme doivent intégrer une
plus forte inser tion sur le mar ché
in ternati onal, ce qui exige toutefois de la
par t des pays industrial isés d'ouvri r leur s
mar chés aux produ its man ufacturés des
pays sur endettés.
103.
»
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