L'économie et la politique
Publié le 23/01/2011
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Economie et politique Introduction Philippe Raynaud, dans son article sur l'« économie politique « (in Dictionnaire de philosophie politique, PUF, 2003) nous invite à une réelle analyse de l'évolution des notions d' « économie « et de « politique « : il conviendra donc de bien définir ce qui est économique et ce qui est politique avant de voir les liens entretenus dans un tel couple de notions, ainsi que leurs enjeux sous-jacents. Le terme « économie « provient du grec oikonomia, signifiant « administration de la maison « ; et se rapporte aujourd'hui à tout ce qui concerne la production, la distribution, la consommation de richesses et donc la satisfaction des besoins des individus compte tenu de la rareté des ressources. Quant au terme « politique «, il est dérivé du grec polis signifiant la cité et désigne tout ce qui est relatif à la vie de la cité, à la chose publique et au gouvernement, c'est-à-dire à l'exercice et à l'organisation du pouvoir dans une société organisée.
«
2.
L'hypothèse de l'omniprésence de l'économie dans la politique… selon laquelle homme n'est plus un zoon politikon mais un homo oeconomicus :
Selon ce schéma, la politique ne serait plus une réflexion sur la vie sociale et la place de l'Etat.
Elle serait consacréeentièrement à la gestion scientifique d'une réalité de nature fondamentalement économique.
Dès lors, l'évaluation dela politique par les citoyens électeurs se ferait en fonction de la bonne marche de l'économie.
Cette primauté del'économique sur le politique, voire la morale, désigne ce qu'on appelle « l'économisme ».
Le libéralisme économique défend quant à lui l'idée d'une autorégulation naturelle de la société, qui s'organised'autant plus heureusement et efficacement que l'Etat s'en mêle moins, thèse majeure d'Adam Smith.
Dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Adam Smith est l'un des premiers àse représenter la société non plus politiquement, mais économiquement.
Avec Smith, la signification du terme «société civile » devient définitivement économique.
Dans sa conception, la société civile apparaît comme « espacedu libre-échange circonscrit par l'étendue de la division du travail et mû par le système socioéconomique desbesoins ».
En fait, l'économie n'est pas qu'une simple sphère autonome et séparée des autres : c'est elle qui instituele social.
C'est en son sein que réside l'essence de la société.
Dans la perspective de Smith, la société civile est autorégulée, c'est-à-dire régie par ses propres lois et principes etce, notamment grâce à la division du travail et à la division de la production.
La poursuite de l'intérêt individuel joueun rôle central dans l'idée d'autorégulation du marché.
En effet, ce qui garantit le lien social n'est pas lacollaboration bienveillante entre les hommes, mais avant tout le fait que chacun se soucie de ses intérêtsindividuels.
Il existe une force qui traverse les liens sociaux et lie les hommes entre eux : c'est la « main invisible ».
Selon Smith, l'État est une institution qui a une certaine utilité.
Il a un rôle à jouer dans la construction et lapréservation du marché, mais la sphère politique ne doit pas, de façon générale, entraver les règles de laconcurrence de la sphère économique.
Par ailleurs, le rôle de l'État doit se limiter à assurer la sécurité intérieure etla sécurité extérieure et accomplir certains travaux publics, comme la construction de grandes infrastructures etl'éducation primaire par exemple.
Aussi l'État perd-il sa fonction fondatrice du lien social.
Cependant, la thèse de Smith, dont est issu l'ensemble des thèses économiques libérales, est-elle réellementpertinente ? Une complémentarité, plus qu'une domination entre ces deux notions n'est-elle pas plus souhaitable ?
B.
...
à une nécessaire régulation
1.
Les liens de complémentarité entre économie et politiqueMarx envisage une nécessaire succession entre les deux champs : en effet, dans L'Idéologie allemande, il metl'accent sur les rapports de production (cad la manière dont les êtres humains organisant leur production sociale etles instruments qu'ils emploient), qui constituent la base réelle de la société sur laquelle s'édifie une superstructurejuridique et politique.
Autrement dit, l'économie précède le politique.
Karl Marx est très sensible à ce que Ludwig Feuerbach (1804-1872) appelle les « certitudes sensibles » : cettevolonté d'ancrer d'emblée toute manifestation humaine dans le réel, dans la production de concret.
Le politique segreffe sur cette base, a posteriori.
Dans la troisième partie de ses Principes de la philosophie du droit, Hegel ne réduit pas la société civile au systèmedes besoins, comme c'est le cas chez les économistes classiques.
Il nous explique que si la société civile construit lasociété, il est clair qu'elle la détruit en même temps.
À son sens, il s'agit d'une sphère qui ne peut se suffire à elle-même, une sphère qui, contrairement à ce que soutiennent les économistes classiques, est ni équilibrée niharmonieuse.
La société civile n'est plus considérée comme simple revers de l'État, mais comme sphère qui, aucontraire, n'a de sens que par rapport à un État, ce dernier étant le seul en mesure de résoudre les conflits etcontradictions générés en son sein.
De ce constat d'un processus d'influences réciproques entre les deux sphères émane la nécessité d'arriver à unrapport équilibré et optimal entre politique et économie.
2.
L'atteinte d'un rapport équilibré entre économie et politiqueLa critique de l'économisme est née de l'idée que la marge d'action de la décision politique se retrouve minimisée etqu'elle est déterminée par des lois objectives de la science économique.
Dès lors, le choix réservé aux électeurs selimiterait, au pire, à une comparaison des compétences et des résultats et, au mieux, au choix de formesd'organisation devant assurer la vie sociale la plus paisible et la plus juste (sans que l'exigence de justice socialepuisse contrevenir aux contraintes de l'économie).
Nombre de penseurs contemporains dénoncent donc cetteconception, dans laquelle ils voient une menace pour la démocratie.
Il s'agit ici d'une question de juste dosage entre économie et politique.
Le problème est donc de trouver un modèlealternatif au capitalisme concurrentiel tout comme à la planification socialisée.
Cette exigence, qui est au c½ur duprogramme de l'Etat-providence, répond d'abord à l'impératif moral de ne pas laisser les forces du marché décider à.
»
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