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L'école est elle devenu un marché ?

Publié le 18/04/2023

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« L’école est-elle devenue un marché ? L’école, à savoir l’établissement dans lequel on donne un enseignement collectif et général, est progressivement devenue un marché, du latin mercatus qui veut dire acheter, et merx, marchandise, le marché désigne un lieu réel ou fictif où se rencontrent une offre et une demande.

Aujourd’hui, de plus en plus d’élèves ont recours à des services d’éducation privé. De ce fait, il s’est développé une concurrence entre les écoles privées : qui aura le meilleur taux de réussite ? les prix les plus bas ? les meilleures infrastructures ? Nous pouvons alors nous demander si l’école est devenue un marché. Nous évoquerons pour cela l’émergence de l’école dans le secteur privé, qui plus tard donnera lieu à sa marchandisation, créant par la même occasion un essor des inégalités socio-économiques.

Nous finirons par vous en présenter les conséquences sur la réussite scolaire. I - L’émergence de l’école dans le secteur privé Une école privée est une école privatisée c’est à dire qu’elle ne dépend plus des institutions publiques et d’un finançement par les subventions publiques mais d’un organisme privé, comme des groupes religieux ou des entreprises commerciales, finançé par les parents qui payent des frais de scolarité.

Quand une école est privée, cela veut aussi dire que certaines réglementations gouvernementales concernant l’éducation peuvent ne pas être appliquées. Cependant, la majorité des écoles privées sont sous contrat avec l’Etat donc elles s’associent en partie avec l’Etat pour le financement et l’éducation. Avant le XIXe siècle, il existe de nombreux établissements privés, le plus souvent religieux, mais aucune loi n’encadre véritablement ou n’autorise cet enseignement.

Pendant la IIIe République et jusqu’au XXe siècle, l'État a la volonté de rendre l’enseignement universel, laïque et public ce qui crée des conflits entre l’Etat et les partisans de l’école privée qui considèrent que l’accès à l’enseignement privé fait partie de leur droit à la liberté.

Par conséquent, entre le XIXe et le XXe siècle, une série de lois qui sont à l’origine du dualisme scolaire que l’on a de nos jours sont mises en vigueur.

Ces lois permettent la continuité et le développement de l’école privée en parallèle à l’école publique.

Il y a par exemple la loi Falloux en 1850 qui, entre autre, instaure la liberté d’enseignement c’est à dire la reconnaissance des établissements privés dans le primaire et le secondaire ou encore la loi Debré en 1959 qui donne la possibilité aux écoles privées (primaire, secondaire et supérieur) d’établir un contrat avec l’Etat.

L’Etat offre alors une aide aux établissements à condition que les programmes soient les mêmes que dans le public, qu’aucuns enfants puissent être refusés à cause de leur religion ou que les enseignants soient recrutés via les mêmes concours que ceux du public et soient payés par l’Etat.

Pour l’enseignement superieur, un établissement privé doit être reconnu par l’Etat pour être légitime et capable de délivrer un diplôme reconnu sur le marché du travail.

Il existe des établissements privés libres qui ont un contrat avec l’Etat et sont a but non lucratif comme les universités catholiques, les établissements privés techniques qui peuvent être à but non lucratif en contrat avec l’Etat (école d’ingénieur EPF) ou lucratif appartenant à des sociétés commerciales (Paris school of business et les cours Florents qui appartiennent au groupe Galiléo) et les lycées privés qui proposent des BTS ou des CPGE. Aujourd’hui, on constate une croissance de l'intégration des écoles privées dans l’enseignement primaire et secondaire qui peut être dû à une volonté de conservation de l’entre soi, d’échapper à la carte scolaire (ne pas être scolarisé dans son école de secteur) ou d’un type d’enseignement spécifique (religieu, bilingue, avec des effectifs réduits) de la part des parents.

2 millions d’élèves étaient dans des écoles privées sous contrat et 85 000 hors contrat (la majorité dans le primaire) ce qui représente 17 % des écoliers du primaire et du secondaire en France.

On voit donc que la majorité des parents mettent leurs enfants dans des écoles privées qui ont un lien avec l’Etat.

Pour le supérieur, en 2012, 21,3 % des étudiants étaient dans le privé soit une augmentation de 5,1 % entre 2020 et 2021. II- La marchandisation de l’école Depuis plusieurs décennies, l’école est progressivement entrée dans une ère de marchandisation, c’est-à-dire de transformation en marchandises, des biens et des services qui jusque-là, n'étaient pas marchands.

Pour rappel, une marchandise est un bien ou un service qui se produit, se vend, et donc s’achète, souvent à la recherche d’un bénéfice.

Or, si l’école privée existe depuis plusieurs siècles déjà, ses intérêts n’ont longtemps pas tourné autour du profit monétaire, ce qui est aujourd’hui, bien plus souvent le cas.

Mais si lorsqu'on parle de ce processus de marchandisation on pense rapidement à l’enseignement privé, on va voir que le secteur public n'échappe pas lui non plus à ce phénomène. A.

Marchandisation de l’école dans le secteur privé La marchandisation de l'école dans le secteur privé se soumet à une valeur d'échange, qui se résume à une offre (celle des établissements privés) et à une demande (celle des familles et écoliers de tous niveaux), dont la rencontre permet de faire émerger un prix, qui est celui de la marchandise et donc ici l’enseignement.

C’est de cette manière qu'en 2020, l’enseignement privé a rapporté 4,4 milliards d’euros en France.

Plusieurs facteurs expliquent alors cette marchandisation, et notamment celui du besoin croissant d’enseignement, pour faire face au choc démographique des années 2000, permettant alors de combler l’insuffisance quantitative d’infrastructures et de personnels liés à l’enseignement.

Cela permet aussi de combler le désengagement de la puissance publique, les familles étant de plus en plus nombreuses à accepter de payer un prix élevé contre la promesse d’une insertion professionnelle rapide. De cette manière, l'offre et la demande sur le marché de l'école privée ont massivement évolué ces dernières décennies, avec une hausse de l’offre corrélée à celle de la demande, ce qui explique par exemple, que depuis la fin des années 90, le nombre d'étudiants inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur privé ait augmenté de 77%.

Aujourd’hui, ¼ des étudiants sont inscrit dans un établissement supérieur privé (environ 750.000 étudiants sur 3 Ms), alors qu'ils n'étaient qu`⅛ dans ce cas, vingt ans auparavant. Comme dans tout marché, la concurrence est présente dans le secteur privé de l’enseignement, et notamment dans l’enseignement supérieur, dans lequel les universités et écoles concourent pour se positionner parmi les meilleurs rangs mondiaux.

Ces établissements se démarquent alors les uns aux autres au travers, par exemple, de développements pédagogiques autres que ceux imposés par les inspecteurs de l’Education nationale, ce qui permet d’ailleurs la spécialisation de certaines formations, tel que dans le domaine de l’art avec l’émergence d'écoles de mode ou de graphisme (hors contrat), ou du monde de l’éco-gestion avec la création de business schools ou encore de nouveaux diplômes issus de la branche du management.

On peut parler dans ce cas de différenciation horizontale tout comme verticale, puisque l’enseignement est alors vendu sous différentes caractéristiques matérielles (taille des infrastructures, localisation des établissements..), ainsi que sous différentes caractéristiques immatérielles (qualité de l’enseignement des professeurs, niveau de technologie à disposition..). On peut également inclure dans la marchandisation de l’enseignement privé les services marchands offerts aux familles autour de la scolarité des enfants (cours particuliers, accueil périscolaire, vente de devoirs sur internet..) représentant un marché important en France et dans le monde entier.

Le marché mondial du e-learning est par exemple estimé à 325 milliards de dollars pour 2025, soit un montant multiplié par 2 en l’espace de 4 ans seulement. B.

Marchandisation de l’école dans le secteur public Pour ce qui est de la marchandisation de l'école dans le secteur public, elle se fait une nouvelle fois essentiellement au niveau du supérieur.

Si elle émerge en 2007, lorsque Nicolas Sarkozy adopte la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), conférant une plus grande autonomie à celles-ci, c’est bien sous le mandat d’Emmanuel Macron qu’elle connaît une nette accélération, avec l’augmentation des frais d’inscription au sein des universités publiques pour les étudiants étrangers à l’UE. De cette manière, les droits d’inscription pour les étudiants extra communautaires, à savoir non ressortissants de l’UE ont été dès 2019 multipliés par 16, passant de 170 à 2770 euros pour une année en licence, ou de 243 à 3770 euros pour année en master.

Si l’université publique est déjà en soi une marchandise puisque on achète monétairement l'accès à celle-ci, sa marchandisation a dans le cas ici évoqué, explosé du fait que les prix sur le marché se soient “envolés”. Mais cette marchandisation est en fait pour le gouvernement une stratégie, nommée “Choose France”, c’est une stratégie bien défendue par l’Etat, qui reconnaît vouloir agrandir sa part de marché et donc son réseau d’étudiants internationaux, même si elle occupe déjà la 4e place d’accueil d'étudiants, derrière les Etats-Unis, le Royaume Uni et l'Australie.

Il y a donc une forte compétitivité entre pays quant à l'excellence de l’enseignement public desservis, et dont l’objectif est d’attirer la.... »

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