Le choc pétrolier de 1973 (économie)
Publié le 06/03/2012
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Augmentation brutale du prix du pétrole, organisée par le cartel des pays exportateurs. DE L'IMPORTANCE DU PRIX DU PÉTROLE. A l'occasion de la Guerre du Kippour, les pays arabes, qui constituent la quasi totalité des membres de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) prend conscience de sa puissance et, en 1973, le prix du baril de pétrole est multiplié par quatre. La Révolution islamique iranienne cause le deuxième choc pétrolier : le prix double encore en 1979. Le contre-choc s'amorce en 1985, en raison de la modification des conditions de la production et de la consommation ; cette tendance ne s'inversera pas, malgré le mini-choc causé par l'invasion du Koweit en 1990.
«
• La première se tient à Caracas le 12 décembre 1970 .
Les pays de l'OPEP y décident une hausse des prix du pétrole .
La résolution finale précise que : «Au cas où des changements dans la parité des monnaies des principales nations industrielles auraient des effets néfastes sur le pouvoir d'achat des revenus pétroliers des pays membres, les prix affichés devraient être ajustés pour refléter ces changements .» Les conclusions de cette conférence sont rendues caduques par la baisse du dollar .
Dans l'immédia~ le prix du baril est revalorisé de 20 'lb et les producteurs obtiennent 55 'lb des bénéfices tirés de la production .
• Le 15 lévrier 1971, les membres de l'OPEP se retrouvent à Téhéran pour imposer une hausse immédiate des prix aussi bien qu'une augmentation échelonnée durant les cinq ans suivants.
Cette conférence amorce sans aucun doute une transformation profonde, quoique encore progressive , des marchés pétroliers .
• Moins d'un an plus tard , le 20 janvier 1972 , la conférence de Genève relève de nouveau les prix pour tenir compte de la dévaluation du dollar .
Mais, comme à Caracas , la dévaluation du dollar érode trés sensiblement les avancées obtenues.
Il reste que les dix États que compte alors l'OPEP, et qui contrôlent environ 85 'lb des exportations mondiales de pétrole , viennent de faire la preuve de leur cohésion et de leur force .
• Prenant peu à peu conscience de leur puissance , les pays producteurs de pétrole sont devenus plus exigeants.
Ils ont accru leurs prises de participations dans le capital des compagnies concessionnaires ou se sont substitués à elles par voie de nationalisation.
Ils ont ainsi relevé par étapes les prix de base ou les redevances, pas assez pour ébranler les économies des pays consommateurs, mais suffisamment
pour s'enrichir considérablement.
C'est du Moyen-Orient que provient le choc.
Au cours de l'automne et de l'hiver 1973 , à la faveur de la quatrième guerre israélo-arabe , les pays producteurs ne négocient plus le relèvement des prix, ils le décident de manière unilatérale .
UNE FORMIDABLE ONDE DE CHOC
LA « GUEIU DU PÉTIIOLE »
Yom Kippour -le «Grand Pardon» -, les forces syriennes lancent une offensive sur le Golan tandis que l'armée égyptienne franchit le canal de Suez .
Des troupes jordaniennes et irakiennes participent aux combats au côté de la Syrie .
Surpris dans un premier temps par cette attaque sur deux fronts, l'État hébreu reprend rapidement le contrôle de la situation et menace à son tour les pays arabes .
C'est alors qu'éclate la crise pétrolière .
• Le 16 octobre 1973, l'OPEP avait annoncé une hausse de 17 'lb du prix du brut et une augmentation de 70 'lb des taxes imposées aux compagnies pétrolières .
Le lendemain, l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OPAEP) annonce qu'elle réduira de 5 'lb par mois ses exportations de pétrole tant que les États -Unis ne changeront pas leur politique au Moyen -Orient.
·Le 20 octobre , le roi Fayçal d 'Arabie Saoudite -un État qui réalise alors 21 'lb des exportations mondiales de brut- décide un embargo total sur les livraisons de pétrole
à destination des États-Unis, puis des Pays-Bas .
En quelques semaines, le prix du baril de brut sur le marché libre passe de 3 à 18 dollars.
• Le 23 décembre, l'OPEP unifie à 12 dollars le prix du brut vendu par les pays du golfe Persique .
• Les pays producteurs et exportateurs d'or noir parviennent à imposer leur loi aux États industrialisés, non pas grâce à l'arme peu efficace de l'embargo comme en 1967 , mais par le biais du quadruplement du prix du baril en l'espace de quatre mois.
lE DÉCLENCHEUR DE LA CIISE • Si la guerre du Kippour apparaît comme le facteur déclenchant de la crise, elle n'aura sans doute été qu'un prétexte pour les grands pays producteurs du golfe Persique pour modifier la donne en leur faveur .
• La brutale augmentation du prix du baril porte un coup dur aux économies occidentales dont la croissance repose sur la consommation d'or noir.
• La France n'est pas épargnée : la production industrielle baisse de 15 'lb et l'inflation progresse en flèche , entraînant un effondrement des investissements et une envolée du chômage qui double en moins de deux ans.
Le cap du million de demandeurs d 'emploi en France est passé au cours de l'été 1975.
Ainsi se referme définitivement la période des «trente glorieuses » -expression forgée par l'économiste Jean Fourastié pour désigner la période de croissance ininterrompue qu'ont connues la France et l'Europe de l'Ouest depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale .
• Le quadruplement du prix du pétrole provoque , dans les pays importateurs , un accroissement de !Inflation -de l' ordre de 3 'lb dans la zone OCDE -et une baisse du produit intérieur brut (PIB) -d'environ 1,5 'lb dans cette même zone .
1---------------------------t Dans certains pays, le prélèvement W SEPr •MAIOIS•
• Au tournant des XIX • et xx • siècles émergent les grandes compagnies pétrolières occidentales qui wnt dominer l'activité mondiale grâce à un puissant cartel.
Les sept • majors • sont.
aux États-Unis , la st.tMN
......
~~~!11111-RIIA' ~ ~~& I Chevron , Exxon, MobiiOil etTexaco , el, en Europe, Royal Dutch Shell et British __ ;:.,..._ ,.._,_111 Petroleum.
A ces compagnies s'adjoignent un peu plus tard les compagnies françaises Total et Elf ainsi que la compagnie belge Petrofina .
Leurs liens avec leurs ~tais respectifs sont trés étroits.
• Jusqu'en 1973, ces compagnies réalisent d'Importants bénéfices.
De 1972 à 1973, leurs chiffres d 'affaires ont augmenté en même temps que leurs profits : de 45% pour la Texaco , de 47 'lb pour la Mobil Oil, de 59 'lb pour Exxon, de 160% pour la Royal Dutch ..
.
En 1974 , soit un an aprés le premier choc pétrolier, les majors affichent encore une santé insolente .
En réalité , ces bénéfices proviennent pour l'essentiel de la vente de stocks constitués avant la hausse des prix, mais aussi des autres activités de ces grandes compagnies, notamment dans le secteur chimique .
Ainsi, une société comme Exxon ne dépend que pour 10% du brut d'origine arabe, et son chiffre d'affaires se répartit non seulement sur tous les stades de la transformation et de la commercialisation des produits pétroliers, mais aussi sur des domaines industriels extrêmement variés .
sur le PIB est plus important encore .
C'est notamment le cas du Royaume-Uni -3%- et du Japon- 3,5%.
• La plupart des pays industrialisés qui ont déjà adopté des mesures de rigueur budgétaire pour contenir la poussée inflationniste de 1972 -1973 se voient contraints dés 1974 de réduire leurs importations de pétrole devenu trop chères et donc de dim inuer encore leur activité économique trés consommatrice de pétrole .
Les entreprises cherchent à écouler leurs stocks avant de passer de nouvelles commandes .
·Le chômage s'aggrave brutalement pour atteindre en moyenne 5 'lb des actifs
dans la zone OCDE.
La contraction du marché de l'emploi a pour effet d 'affaiblir la consommation et d'entretenir le pessimisme des entrepreneurs, cependant que la hausse des produits pétroliers soutient l'inflation qui dépasse dès 1975 le taux annuel de 10 'lb dans les pays industrialisés.
• Le mécanisme de crise s'entretient de lui-même .
La contraction de l'activité industrielle mondiale a pour effet de réduire fortement la demande de matières premières dont les cours s'affaissent alors , en amputant les revenus déjà modestes des pays exportateurs du tiers monde .
Ces derniers se voient dans l'obligation soit de réduire leurs importations de biens industriels, provoquant une diminution supplémentaire de la demande, soit de s'endetter pour maintenir le niveau de leurs achats -les deux comportements se conjuguent le plus souvent
UN CHOC INÉGAlEMENT RESSENTI • Pour autan~ tous les pays industrialisés ne sont pas touchés au même titre.
Ainsi, les États-Unis , pays que visaient prioritairement les adversaires d'Israël , ont en réalité plus d 'atouts que leurs partenaires.
Ils peuvent haler la mise en valeur des gisements de pétrole de l'Alaska comme celle des sables bitumeux ; par ailleurs , ils sont aussi en avance sur la voie de l'énergie nucléaire .
• En Europe aussi, les dommages sont inégaux.
t:AIIemagne fédérale, si elle doit importer beaucoup de pétrole , garde le moyen matériel de le payer grâce à ses excédents commerciaux et aux réserves de dollars accumulées par la Bundesbank.
De son côté, le Royaume-Uni peut espérer à terme réduire sa dépendance pétrolière grâce aux gisements de la mer du Nord.
Si les Pays-Bas eux aussi se trouvent en difficulté , leurs réserves de gaz naturel leur permettent de compenser leur déficit pétrolier .
Mais ni la Belgique , ni l'Italie , ni la France n 'ont de pareilles contreparties.
Elles partagent avec le Japon le poids principal de la crise .
• Les pays occidentaux adoptent aussitôt des mesures « anti-gaspi » -économies d 'énergie, instauration de l'heure d'été , notamment.
Ils tentent aussi de diversifier leur approvisionnement énergétique en réduisant la dépendance au pétrole moyen -oriental au profi~ notammen~ du gaz soviétique .
En France -où l'« on n 'a pas de pétrole , mais on a des idées » , comme le veut un slogan en vogue à cette époque -, le programme
nucléaire connaît au cours de l'année 1974 une accélération sans précédent.
l'INSAISISSAILE IEPIISE • À partir de 1975 , les pays riches courent aprés une reprise qui se dérobe constamment Réamorcée dés 1976, la progression du taux moyen annuel du produit national brut de la zone OCDE se fige à 3,4 'lb, soit deux points au-dessous de celui de la période 1960 -1972, et le volume des échanges internationaux n 'augmente plus que de 4 'lb, contre 7 'lb au cours de la décennie précédente.
• Trois faits viennent toutefois infirmer cette tendance .
Tout d 'abord, le prix du baril de pétrole n'augmente plus que modérément et se stabilise à partir de 1977 aux alentours de 15 dollars , tandis que les excédents financiers de l'OPEP -les fameux« pétrodollars » -se recyclent dans les pays industriels et alimentent les crédits nécessaires aux pays en voie de développemen~ ce qui permet d'écarter le spectre un moment redouté d'une disette de capitaux .
• Ensuite, les «locomotives» de l'économie mondiale que sont les États Unis , l'Allemagne fédérale et le Japon connaissent entre 1975 et 1978 une croissance économique prometteuse de l'ordre de 5 'lb par an, tandis que dans le tiers monde un certain nombre de «nouveaux pays industriels» deviennent des partenaires dynamiques , même si leur concurrence est souvent dénoncée .
• Enfin , les politiques de régulation conjoncturelle élaborées par les principaux pays industrialisés paraissent capables de modérer les effets de la crise en faisant alterner les phases de soutien à l'activité économique , notamment par l'indemnisation du chômage, et des mesures d 'austérité destinées à enrayer les dérapages inflationnistes.
encore fragile qu'éclate le second choc pétrolier, lié à la révolllflon iranienne de 1979, dont l'effet est de provoquer le doublement du prix du baril de pétrole, dont le cours ne tarde pas à monter à 40 dollars .
• Ce second choc pétrolier produit globalement les mêmes effets que celui de 1973 : les importateurs éprouvent les plus grandes difficultés à régler leurs achats car le crédit devient plus cher ; en limitant leurs i{Tlportations de pétrole , ils se condamnent à réduire leur activité .
Cette seconde crise est d'autant plus grave qu'elle se double d'une politique financière restrictive .
• De plus , le marché pétrolier mondial patit d'une certaine désorganisation -majors en perte de vitesse , OPEP divisée, apparition de nouveaux producteurs hors OPEP , tels que le Mexique ou le Royaume-Uni .
• A la fin de 1980 , le baril se négocie à 32 dollars, soit un doublement en une seule année .
Général, le marasme n'épargne ni les économies socialistes ni le tiers monde, au bord du gouffre financier..
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