La valeur dans la pensée économique du xixème siècle.
Publié le 06/11/2019
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On a vu que les prix donnent la valeur des biens. Prix et valeur se confondent alors et aujourd’hui, le débat sur les théories de la valeur laisse davantage place au débat sur les théories de la détermination des prix.
BIBLIOGRAPHIE :
- Histoire des idées économique de Walras aux contemporains (Jean Boncoeur et Hervé Thouément)
- Dictionnaire d’économie (La dicothèque Foucher)
- Dictionnaire d’économie et de sciences sociales (sous la direction de C.-D. Echaudemaison)
- Economie et histoire des sociétés contemporaines (Marc Montoussé)
«
Cependant, pour Ricardo, le travail n’est pas
l’unique source de valeur puisque la rareté détermine elle aussi la valeur de certains biens.
Il en découle la classification par Ricardo des biens en deux
catégories distinctes : les biens dont la valeur provient de la rareté (ex : oeuvres d’art) et qui ne sont pas reproductibles, et les biens reproductibles dont la
valeur provient de la quantité de travail incorporée, soit directe (heures de travail) ou indirectes (durée cristallisée dans le capital).
c) Marx (1818-1883) reprend et conclut l’analyse de Ricardo
Marx reprend l’analyse et certains concepts de Ricardo tels que la rareté et la quantité de travail incorporé (d’ailleurs, il fait la même distinction que Ricardo
entre le travail vivant et le travail mort).
Cependant, Marx critique l’association ricardienne de la valeur avec la rareté, et il ajoute la notion de quantité de
travail socialement nécessaire : selon Marx, la valeur d’un bien est déterminée par le temps de travail socialement nécessaire à la fabrication de ce bien.
Le
nombre d’unités de travail d’un bien va donc être déterminé avant sa création.
Ainsi par exemple, entre deux ouvriers produisant exactement la même
marchandise, si l’un va beaucoup plus vite que l’autre pour produire, les deux biens créés auront tout de même la même valeur.
La différence d’habileté du
travailleur n’entre donc pas en compte dans la valeur du bien, mais fait naître la notion de plus-value, qui correspond à la différence qu’il
existe entre le prix de la valeur d’échange d’un bien et le coût de production.
L’ouvrier qui travaille plus vite fait augmenter plus rapidement la plus-value, mais
cette dernière étant du travail non payé au travailleur, on débouche sur la théorie de l’exploitation.
Pour que le capitaliste emploie le travailleur, il faut en effet
que ça soit économiquement rentable, donc le capitaliste fait travailler l’employé plus qu’il n’est payé pour.
Tout comme chez Ricardo, Marx définit le prix du travail comme la valeur des subsistances nécessaires à la survie des travailleurs.
Cependant, Marx
s’oppose sur ce point aux classiques pour qui le prix du travail correspond au salaire payé au travailleur.
Mais Marx reste pourtant dans la lignée des
classiques en développant la théorie de la valeur travail.
Les néoclassiques développent une théorie de la valeur du point de vue de l’utilité et s’appuient sur la théorie de Jean-Baptiste Say pour construire leur
analyse.
II.
Théories se plaçant du côté de la demande et des besoins, privilégiant l’approche en termes d’utilité
a) La théorie de Jean-Baptiste Say (1767-1832) rompt avec les classiques et introduit la théorie néoclassique
J.-B.
Say est le seul classique à ne pas adhérer à la valeur-travail.
Il privilégie en effet dans son analyse la valeur d’usage, qui représente selon lui la valeur
utilité, c’est-à-dire « cette faculté qu’ont certaines choses de pouvoir satisfaire aux
divers besoins de l’homme ».
Le prix d’un bien, pour J.-B.
Say n’est donc pas fonction du coût de production, mais est le reflet de l’utilité du produit pour le
consommateur.
Ainsi, tout ce qui donne de l’utilité aux choses est productif, aussi bien le travail que le capital.
En ce sens, Say s’oppose aux classiques pour
qui le travail est l’unique source de richesse.
De plus, pour Say, les producteurs de services contribuent aussi à la richesse puisque leur travail est utile à la
société.
Ainsi, « la production n’est point une création de matière mais une création d’utilité ».
L’eau n’a donc pas de valeur parce que paradoxalement sa valeur
d’échange est si grande qu’on l’obtient pour rien.
Say préfigure le marginalisme, autrement dit, la théorie de l’utilité marginale, et ouvre la voie aux théories néoclassiques sur la valeur.
b) La révolution marginaliste néoclassique
S’opposant à Smith, Ricardo et Marx, les néoclassiques renouent avec les théories « subjectives » de la valeur autrefois défendues par Condillac, Turgot et
Say.
Les néoclassiques analysent la valeur d’échange à partir de l’utilité.
Leur innovation consiste à introduire le principe marginal dans la vieille théorie de la
valeur-utilité : les prix des biens de consommation sont supposés proportionnels à leur utilité marginal, c’est-à-dire à l’utilité de la dernière unité consommée
de chaque bien.
La subjectivité réside ici dans le fait que le comportement
du consommateur tient une place centrale dans la réflexion.
En effet, l’utilité ressentie par le consommateur fonde la vraie valeur des biens, et chaque
consommateur n’achète un produit que s’il lui procure davantage d’utilité que ne lui coûte en désutilité son prix.
L’utilité marginale est décroissante car la
dernière unité n’a pas la même valeur.
Ceci permet de résoudre le paradoxe de Smith : l’utilité marginale est supposée varier en sens inverse de la quantité
consommée, ainsi, l’eau, généralement abondante par rapport au diamant, a une utilité marginale faible par rapport à celui-ci, d’où le faible prix de l’eau.
Ainsi, pour les premiers néoclassiques comme Jevons, Gossen et Dupuit, c’est l’utilité marginale qui mesure la valeur des biens et des services.
Jevons
affirme d’ailleurs que « la valeur d’un produit divisible […] est […] mesurée, non par son utilité totale mais par l’intensité du besoin que nous avons d’en avoir
davantage »..
»
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