La crise financière a-t-elle des répercussions sur le milieu humanitaire ?
Publié le 16/08/2012
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En effet, loin de fragiliser l'engagement des entreprises une enquête Admical-CSA, réalisée avec l'agence Limite et publiée à l'occasion des Assises Admical du mécénat d'entreprise qui se sont tenues le 24 mars 2009 à Paris, souligne que la crise actuelle conforte le bien fondé des actions de mécénat inscrites dans la durée. L'étude confirme la stabilité des budgets pour 2009 (73% des entreprises) et la montée en puissance du mécénat de compétences, au détriment du mécénat financier, bien qu’il reste le plus pratiqué. Et même, le contexte favorise l'action des mécènes dans la solidarité avec une hausse prévue du budget des entreprises de 13% (la solidarité représentant déjà 65% du mécénat des entreprises en 2008). Enfin, la période actuelle impacte relativement peu l’opportunité de communiquer sur le mécénat pour les entreprises, 90% des entreprises mécènes considérant que c'est une bonne chose de communiquer sur les actions en interne et 87% en externe.
«
l'impact sur les économies les plus fragiles et dépendantes ne peut être prévue, les enfants des pays en développement ont plus que jamais besoin que l'on protègeleurs droits fondamentaux.Les humanitaires ne baissent donc pas les bras, continuent de travailler au bien-fondé de leurs actions et espèrent que le nouveau système financier prendra en compteles pays du Sud afin de s'éloigner du caritatif et d'inclure tous les pays dans les prises de décision.
Ainsi que l'estimait le président du Mali, Amadou Toumani Touré :« La crise actuelle confirme la nécessité de bâtir une nouvelle architecture financière en incluant non seulement les pays émergents mais aussi l'Afrique ».
On repensealors à l'idée de la taxe Tobin, aujourd'hui sous les feux de l'actualité par la pétition lancée notamment par l'association altermondialiste Attac, l'ONG Oxfam France,le principal syndicat de la fonction publique FSU et l'organisation de défense de l'environnement WWF.
Cette taxe viendrait taxer les transactions monétairesinternationales afin « de générer des fonds pour payer les coûts sociaux de la crise, combattre la pauvreté mondiale, financer les biens publics mondiaux tels que lasanté et réduire et s'adapter aux impacts du changement climatique.
».
De plus, elle permettrait de « contribuer à une plus grande stabilité du système financier enréduisant la spéculation et les liquidités excessives ».
Ainsi, alors que cette taxe permettrait de lever des fonds pour des causes urgentes tout en jouant un rôle deresponsabilisation et de stabilisation des acteurs du système, c'est à une taxe bancaire qui permettrait d'alimenter un fonds pour préserver le système bancaire que lesministres des finances du G20 pensent actuellement.Cependant, bien que l'inquiétude des ONG face à la position des États soit réelle, la situation peut n'être que passagère.
En effet, plusieurs institutions de l'ONU ontdes préoccupations humanitaires.
Ainsi le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) ou le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).D'autre part, il a paru important qu'un mécanisme de coordination des activités soit mis en place afin d'être le plus performant dans l'urgence.
C'est ainsi qu'a été crééen 1992 le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), dans le but de coordonner l'ensemble des initiatives des États et des ONG.Après avoir rapidement étudié la situation de crise, il met au point en relation avec certains organes de l'ONU, les États et les ONG, des stratégies communes d'action(connues sous le nom de Plan commun d'action humanitaire).
Ici, les tâches sont distribuées entre les acteurs pour ne pas créer de doublons et, donc, favoriser unebonne gestion de la crise.
Ensuite, une fois que l'aide humanitaire est arrivée sur les lieux de la catastrophe, l'OCHA surveille les activités en question, analyse leurimpact, rencontre les acteurs, modifie le cas échéant le plan d'action et tente de récolter des fonds pour soutenir l'opération.
Face à l'accroissement des besoins et à lanécessité de mieux coordonner les interventions humanitaires, une réforme a été mise en place en 2005.
Celle-ci est basée sur trois axes.
Tout d'abord la création d'unFonds Central d'Intervention d'Urgence (CERF) qui permet d'agir d'urgence et de manière équitable partout dans le monde.
Ensuite, l'approche de responsabilitésectorielle visant à améliorer la cohérence, la prévisibilité et l'efficacité de la réponse humanitaire aux situations d'urgence.
Enfin, le dernier axe est lié aurenforcement de la coordination stratégique et sectorielle dans l'optique de renforcer le rôle des partenaires ne faisant pas partie des Nations Unies dans lacoordination et la prise de décisions majeures.Malgré la date de mise en place préalable à la crise financière, on voit ainsi que la volonté de l'OCHA et des États finançant les institutions des Nations Uniesd'améliorer la réponse humanitaire persiste.
Néanmoins, les associations ont besoin de ressources pérennes, prévisibles, durables ; le mécénat permet alors d'obtenirdes ressources d'une certaine qualité.
Soulagement pour les associations.
D'autant plus que les entreprises privées sont de plus en plus nombreuses à y consacrer unepartie de leur budget.
III.
LES ENTREPRISES : l'espoirEn effet, loin de fragiliser l'engagement des entreprises une enquête Admical-CSA, réalisée avec l'agence Limite et publiée à l'occasion des Assises Admical dumécénat d'entreprise qui se sont tenues le 24 mars 2009 à Paris, souligne que la crise actuelle conforte le bien fondé des actions de mécénat inscrites dans la durée.L'étude confirme la stabilité des budgets pour 2009 (73% des entreprises) et la montée en puissance du mécénat de compétences, au détriment du mécénat financier,bien qu'il reste le plus pratiqué.
Et même, le contexte favorise l'action des mécènes dans la solidarité avec une hausse prévue du budget des entreprises de 13% (lasolidarité représentant déjà 65% du mécénat des entreprises en 2008).
Enfin, la période actuelle impacte relativement peu l'opportunité de communiquer sur lemécénat pour les entreprises, 90% des entreprises mécènes considérant que c'est une bonne chose de communiquer sur les actions en interne et 87% en externe.Cependant, communiquer en matière de mécénat culturel et social peut poser des difficultés et ce, particulièrement en période de crise.
Les actions engagées parl'entreprise doivent être en adéquation avec ses valeurs, son image et sa culture.
Dans le cas contraire, le mécénat apparaîtrait comme une tentative de manipulation,une manœuvre purement stratégique.
Se pose alors la question de la transparence.
D'où la nécessité d'une communication efficace, et qui doit se faire en partenariatavec les associations recevant le mécénat.
M.
Alban M'Avout, responsable partenariats des Enfants du Mékong parlait ainsi d'une coopération entre les associations etles entreprises.
Il s'agit de « générer une coordination intelligente des valeurs de l'association avec celles du tissu économique constitué par les entreprises ».
Cettecoopération se poursuit de fait jusqu'à la dernière étape du processus, qui est de faire savoir le partenariat créé.
Une utilisation efficace du mécénat permet doncd'éviter ces apparences de manipulation par les entreprises.
D'où la nécessité d'employer des personnes formées à ce poste de l'organisation de l'association.
Enfantsdu Mékong a ainsi développé un partenariat avec Altran CIS afin de doter l'association d'un système d'information pour améliorer les actions.
Par ce mécénat decompétences, ce sont des employés d'Altran qui ont réfléchi à cette amélioration des outils et services informatiques.
Dès lors, on voit que l'implication des salariésdans les actions de mécénat de l'entreprise est fondamentale.
Il s'agit pour les entreprises de promouvoir leur image mais aussi de valoriser leurs salariés, idée validéepar la joie des salariés d'Altran choisis pour la mission.
Cette forme de mécénat marque une évolution, qui conduit à aborder la notion de responsabilité socialelaquelle tend à instaurer une nouvelle forme de dialogue avec la société environnante.
Dès lors, les politiques de responsabilité sociale des entreprises reposeront deplus en plus sur le soutien et l'entraide.
Elles choisiront de s'associer avec des organismes allant dans le sens de leurs missions philanthropiques et s'investiront de plusen plus dans le mécénat de solidarité, de proximité et développeront de réels partenariats, presque d'affaires.On voit alors que loin de creuser les budgets des humanitaires, la crise actuelle les renforce et même, offre de nouvelles perspectives avec le mécénat de compétence.Comme s'il fallait être au bord du gouffre pour que les entreprises retrouvent leur place dans leur environnement et participent à son épanouissement.
On voitaujourd'hui de plus en plus d'entreprises prendre une part active dans la lutte contre la pollution des eaux, l'émission de CO2 et s'impliquer pour les problèmeshumanitaires.
Si elles ne font pas toutes du mécénat, le sponsoring se développe.
La technique du produit-partage notamment est en plein essor avec, par exemple, lepartenariat entre Volvic et l'UNICEF depuis 2006 au travers du programme « 1L acheté = 10L puisés au Sahel ».
CONCLUSIONAvec la crise financière, le pouvoir d'achat des particuliers a été diminué et les dépenses réduites à la satisfaction des besoins physiologiques.
Parallèlement, lesportefeuilles d'investissements des entreprises sont réduits d'où une stagnation voire une baisse des dons humanitaires.
Enfin, ainsi que le souligne le discours de M.Holmes les États tardent à accorder les financements nécessaires à la survie des pays les plus pauvres.
Si l'on voit les fonctions de mécénat se développer au sein desassociations humanitaires afin d'accéder à un échange réciproque avec les entreprises, les donateurs potentiels se font néanmoins de plus en plus rares.
Couplé à lacrise alimentaire qui perdure et aux ralentissements des exports des mono-producteurs, la situation empire pour de nombreux pays.
Les crises vécues au Nord neseront dès lors certainement pas sans effet directs et indirects, actuels et à venir, pour des millions d'individus déjà dépourvus de tout.Pourtant, la crise financière a un impact moteur sur l'utilisation des fonds et l'organisation de l'aide humanitaire.
Les associations améliorent leurs outils, notammentgrâce au mécénat de compétences, et s'organisent autour de l'OCHA afin de coordonner leurs efforts et d'être le plus efficace possible.
Les techniques de récoltes defonds se diversifient également, le sponsoring venant en complément d'un mécénat peut-être encore trop faible.
Il n'empêche, la stratégie de mécénat étant ancrée surle long terme, les partenariats conclus en ces temps de crise ont de fortes chances de perdurer et d'établir une coopération durable entre le milieu humanitaire et celuides entreprises.
Plus que la fin de l'humanitaire, on peut donc espérer son renouveau, sous une forme différente mais plus efficace et qui permettra de résister auxcrises futures.
BIBLIOGRAPHIE
Études.
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