Influence d'Adam Smith en économie et en politique
Publié le 21/05/2011
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Quand on lit les éloges dithyrambiques dont Adam Smith a été l'objet, non seulement de son vivant mais durant tout le luxe siècle et jusqu'à nos jours, on est porté à s'étonner. Ses défauts, en effet, sont énormes. Nous n'avons pas cherché à les dissimuler dans ce petit livre. Dire qu'il écrit mal serait excessif, mais sa prose, puissante, est pesante. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'attire pas par l'éclat du style. Il compose encore moins bien qu'il n'écrit. Le même sujet est abordé en divers endroits. Pas le moindre souci d'un minimum de proportion entre les développements consacrés aux matières dont il traite. Tel chapitre peut avoir quatre pages, telle section de chapitre plus de cent. Il se contredit constamment, au point qu'il serait difficile de prétendre qu'il ait bâti aucune théorie cohérente sur aucun des thèmes qui lui tiennent à coeur.
«
souci de justice, il souligne aussi qu'ils poussent au progrès technique et sont ainsi facteur de prospérité (t.
I, p.118-119).
De même, s'il est partisan du métal comme mesure et gage de la valeur de la monnaie, il n'en indique pasmoins que le blé serait, à long terme, une mesure plus exacte (t.
I, p.
47).
C'est une idée qui refait surfaceaujourd'hui.
Certains, comme M.
Mendès-France, pensent que la monnaie ne peut être livrée à la seule puissancedes États, mais que la base de l'or étant insuffisante il faudrait la rattacher à un ensemble de produits agricoles etde matières premières.
De même encore, on commence à revenir de l'idée chère à Keynes que l'investissement créesa propre épargne (I = S, Investment (investissement) = Saving (épargne).
On retrouve la vérité, à laquelle Smithétait si attaché; « le capital est le résultat de l'épargne ».Plus profondément, les hésitations qui marquent la pensée de Smith au sujet de la valeur économique respective del'agriculture, du commerce et de l'industrie, prennent aujourd'hui un relief saisissant.
Contre les physiocrates Smith aétabli la primauté du commerce et de l'industrie sur l'agriculture.
Finalement, c'est l'industrie qu'il place en tête, àcause de la productivité de la division du travail.
Mais c'est en quelque sorte à contre-coeur qu'il établit cettehiérarchie.
Personnellement il préfère le commerce (lieu privilégié de la liberté créatrice) à l'industrie, et il préfèreencore, au fond de son coeur, l'agriculture au commerce.
Le grand ordre économique, pour lui, s'établit à partir del'échange entre la ville et la campagne (thème de son livre III), mais finalement c'est de la campagne, de la terre,que tout procède et c'est à la campagne, à la terre, que tout doit revenir.
Le progrès, c'est l'industrie; la stabilité,c'est l'agriculture.Quoi de plus moderne que cette vérité? Nous en prenons conscience brutalement.
Dans « l'ère du monde fini » (PaulValéry) nous nous apercevons que les richesses naturelles ne sont peut-être pas inépuisables et qu'une industrieincontrôlée peut aussi polluer l'eau, la terre et le ciel.
Smith, certes, n'avait pas expressément prévu cette menace,mais il avait parfaitement vu que, si la tendance à l'équilibre est spontanée dans la nature, elle ne peut s'accomplirsans dégâts que dans la mesure où la sagesse et l'intelligence des hommes y veillent.
Ce n'est chez lui qu'une leçondiffuse, mais elle est partout dans son livre et sa portée est aujourd'hui éclatante.Cependant on posera la question : pouvons-nous trouver encore profit à le lire? Sans hésitation nous répondons parl'affirmative.
Si, nous l'avons dit, son style n'est pas étincelant, il retient vite l'attention par l'abondance del'information et la pertinence des réflexions.
Jamais Smith n'ennuie.
Il est tout le contraire d'un pédant : vivant,bourré de petits faits, d'une exceptionnelle indépendance de jugement, parfois plein d'humour - d'un humour toutbritannique, qui n'insiste jamais.
D'autre part, on ne doit pas oublier que cet économiste est un encyclopédiste.Philosophe et historien, il a tout lu et il a enquêté un peu dans tous les domaines; ce qui fait que son livre, pour êtrele premier traité d'économie politique, est aussi un remarquable tableau de la société britannique du xviiie siècle.
Ony trouve, notamment, sur la vie intellectuelle et universitaire une foule d'informations aussi intéressantes quepittoresques.
Il en parle avec la même liberté d'esprit et le même goût de la vérité que quand il traite du capital oudu travail.
Qu'on en juge par ce trait qui ne manquera pas de plaire à la jeunesse d'aujourd'hui : « La discipline descollèges et des universités, écrit-il, n'est pas instituée pour l'avantage des écoliers, mais bien pour l'intérêt ou, pourmieux dire, pour la commodité des maîtres (...).
Il n'est jamais besoin du secours de la contrainte pour obligerd'assister à des leçons qui méritent d'être écoutées (t.
II, p.
424 et s.).Sans doute les leçons d'Adam Smith étaient-elles écoutées en son temps.
Elles méritent toujours de l'être..
»
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