B) ARISTOTE
Les passages d’Aristote relatifs à l’organisation de la production des richesses ou
à la distribution de celles-ci, qui traitent donc d’économie au sens contemporain
de ce terme, se trouvent pour l’essentiel dans deux textes : Les Politiques et
l’Ethique à Nicomaque. Aristote examine les conduites humaines dans la cité d’un
point de vue normatif. L’apport d’Aristote à l’économie est inséparable de sa
réflexion sur ce que doit être la bonne organisation politique et sur le rôle des
lois. Aristote a légué à la postérité la question : « qu’est-ce qu’un prix juste ? »
La justice est définie à la fois par l’obéissance aux lois, et par le respect dans les
relations avec autrui des règles de l’égalité. Si tout acte qui respecte les lois est
juste, les lois elles-mêmes ne sont qualifiées de justes que sous certaines
conditions, « quand elles créent ou qu’elles conservent le bonheur, ou seulement
quelques-uns des éléments du bonheur, pour la communauté politique » Ce qui
importe ici ce n’est pas le respect des droits individuels tels qu’ils ont pu être
définis par la pensée politique libérale depuis le XVIIe siècle, mais la pérennité de
l’organisation sociale, et son fonctionnement sans troubles trop fréquents ou trop
violents. Ce qui est inégal compromet l’ordre politique, et donc fait partie de ce
qui est illégal.
Justice distributive et justice réparatrice
La justice distributive permet d’attribuer à chaque personne ce qui lui revient
légitimement en fonction de sa propre valeur ; autrement dit si deux personnes
ne sont pas égales, le juste consiste à partager entre elles proportionnellement à
ce que valent chacune d’elles. Ce que vaut une personne est égal à son mérite,
c’est-à-dire à sa contribution de chacun à la félicité. En fait le mérite est luimême variable en fonction du régime politique ; pour Aristote en effet les
institutions sociales peuvent changer, et il n’y a pas une forme d’organisation
politique absolument bonne, qui serait donc préférable à toutes les autres. Cela
signifie aussi qu’un individu n’a pas de valeur absolue mais une valeur qui
dépend de la fonction qui lui est assignée par sa nature, compte tenu du régime
politique dans lequel il se trouve : la valeur d’une personne, c’est sa contribution
à la félicité commune.
La justice réparatrice ou corrective traite elle tous les individus de la même
façon, en essayant seulement d’évaluer les préjudices qu’ils ont subis ou causés.
Le but du juge qui exerce une justice corrective est d’infliger à celui qui a lésé
quelqu’un d’autre une peine qui enlève au coupable le profit obtenu du fait de sa
mauvaise action, et apporte à la victime une compensation équivalente à la perte
ou à la souffrance qu’elle a subie.
Interpréter plus précisément la pensée d’Aristote quant à la manière dont est
déterminé le « juste prix » donne lieu à des débats pour savoir si le prix juste
peut être celui résultant d’un contrat bilatéral entre deux individus, ou si ce prix
juste est établi d’une façon beaucoup plus impersonnelle à la suite d’un ensemble
de relations sociales, analogues à des relations de concurrence sur un marché où
sont présentes de multiples personnes dont aucune n’a un pouvoir de décision
prédominant. Il peut sembler que le juste prix aristotélicien soit celui qui s’établit
dans une relation de face à face : ce qui importe, c’est que les deux personnes
qui nouent l’échange le fassent librement, sans être contraintes par la nécessité,
ni sans que l’une des deux dispose d’un avantage décisif sur l’autre, par exemple
une information connue d’un seul des deux contractants. La difficulté à laquelle
se heurte Aristote pour rendre compte d’un tel échange est que le prix auquel il
conduit risque d’être arbitraire, et de refléter la domination de l’un des deux
contractants : chacun des partenaires pourrait en effet chercher à faire triompher
son point de vue sur la valeur de ce qui est échangé, afin d’obtenir plus qu’il ne
reçoit, ce qui ne serait pas juste.
Valeur d’usage et valeur d’échange
Chaque personne attribue une valeur d’usage à un bien qui dépend du besoin
qu’elle a de ce bien, mais tous les hommes n’ont pas des besoins semblables,
sinon ils vivraient tous de leur production sans faire d’échange ; quand ils font
des échanges, il faut donc qu’il existe une unité de mesure conventionnelle qui
indique la norme sociale, c’est-à-dire la valeur qu’il convient de fixer dans
l’échange pour que celui-ci soit juste : cette valeur d’échange est donc la valeur
de l’utilité accordée au bien, reconnue par l’ensemble de la société. Pour éviter
l’arbitraire d’une relation de face à face il faut donc que la société établisse des
normes ou des lois, qui débouchent sur des valeurs d’échanges justes : cela ne
signifie pas que le législateur doit explicitement fixer lui-même les prix de tous
les biens dans la société, mais qu’il faut que ces derniers soient connus et
toujours appliqués lors des transactions. En fait Aristote ne précise pas selon
quels mécanismes est établi le juste prix : ce dernier n’est pas nécessairement
défini par la loi, mais il pourrait l’être, comme nous pouvons supposer qu’il
résulte d’un mécanisme de tâtonnement analogue à celui d’un marché
concurrentiel.
La monnaie
Le juste prix est surtout un prix socialement stable. Pour obtenir cette stabilité,
il faut recourir à une convention sociale, la monnaie, qui permet de normaliser le
prix relatif des biens, autrement dit elle permet de donner la norme sociale
établissant les valeurs d’échange. Cela ne signifie pas qu’elle donne une valeur
absolue aux biens : au contraire la valeur attribuée à la monnaie est une pure
convention sociale, et la monnaie n’est pas une richesse en elle-même. La
monnaie n’a d’autre valeur que celle du métal qui la compose et qui pourrait être
employé à un autre usage ; Aristote rappelle au passage les propriétés
matérielles de ce qui doit servir de support à la monnaie, propriétés que
possèdent les métaux en particulier l’or ou l’argent : le support de la monnaie
doit être homogène, maniable, divisible, non périssable, et stable. Aristote
explique donc que ce qui importe ce sont les prix relatifs, c’est-à-dire le nombre
d’unités d’un bien qu’il faille céder pour avoir une unité d’un autre bien, et il
présente les trois fonctions fondamentales de la monnaie : elle sert d’étalon de
valeur, elle facilite les échanges et elle sert de réserve de valeur.
II] MOYEN-AGE EUROPEEN
QUERELLE DES UNIVERSAUX ET JUSTE PRIX
Les conceptions différentes de ces penseurs sur ce qu’est la réalité, et sur la
connaissance que l’homme peut avoir de cette réalité, les amènent à proposer
des analyses différentes des relations humaines et notamment des rapports
d’échange. Dans le domaine économique, ils s’efforcent toutefois de résoudre
une question commune, qui est : comment expliquer l’uniformité du prix des
biens que l’on échange dans la société et vérifier que ce prix peut être considéré
comme juste au sens d’Aristote ? Pour les essentialistes, le juste prix est
l’expression de l’ordre social qui est naturel, c’est-à-dire voulu par Dieu, tandis
que les nominalistes lui donnent comme origine les préférences individuelles
avant de se ranger à l’idée que pour qu’il existe un prix commun unique alors
que les préférences individuelles sont multiples, il faut que ce prix soit un prix
défini par la société tout entière, ce que nous appellerions aujourd’hui un prix
administré.
Thomas d’Aquin 1224-1274
Il est né en Italie, a commencé ses études à Naples, les a poursuivies à Paris où
il a été notamment l’élève d’Albert le Grand. En tant que dominicain, il a
enseigné à Paris, Rome, Naples. Son œuvre majeure est la Somme théologique.
Sa conception de l’économie est normative bien plus que cognitive, et
l’organisation économique souhaitable selon ses conceptions est celle qui garantit
la stabilité de l’ordre social voulu par Dieu. La justice distributive peut s’appliquer
lors de la distribution du patrimoine et des revenus : il convient que la
distribution des richesses renforce la hiérarchie sociale et conforte le prestige
social de ceux qui en détiennent. La justice commutative permet d’établir les prix
relatifs des biens puisqu’elle doit permettre d’assurer l’égalité des valeurs
échangées ; cette égalité des valeurs est obtenue s’il y a égalité des besoins
satisfaits par l’échange.
Débat sur le prélèvement d’un intérêt
Chez les Dominicains et plus particulièrement thomas d’Aquin on réfléchit sur
l’intérêt. Pour lui il y a condamnation de ce qu’on appelle le péché d’usure
(=condamnation de l’intérêt car c’est comme si on avait fait payer deux fois la
même chose et plus exactement il y a une distinction en droit entre l’utilisation
d’un bien et le fait d’en disposer totalement librement en le maitrisant(de pouvoir
le détruire) donc quand je consomme il y a le prix du fait que je vais la détruire
ainsi quand j’emprunte mon but est de le restituer donc il n’y a pas de raison
qu’il y ait le prix de destruction dedans donc d’avoir un prix plus élevé car j’ai
restituer ce que j’ai utilisé. Mais il peut arriver que je ne le restitue donc il peut y
avoir malgré tout prélèvement d’intérêt pour compenser le fait que dans un
certains nombres de cas, la somme n’est pas restituée). Il est contre le fait de
payer en plus s’il y a restitution de la somme empruntée cependant il a
conscience du fait que la somme ne peut pas être rendu donc finalement il est
pour (c’est une compensation). Deuxième problème qui peut arriver à la
personne = personne qui a prêté l’argent, aurait pu durant la période du prêt en
faire un usage qui lui aurait rapporté plus (lucrum cessans). Il faut donc en tenir
compte et la dédommager de cette perte.
Les nominalistes
Chez les nominalistes l’explication des prix réside dans l’utilité qu’apportent les
objets pour satisfaire les besoins. Le juste prix n’est plus chez eux un prix
nécessaire donné par la société, ni une émanation de l’ordre naturel qui structure
celle-ci comme il l’était chez Thomas d’Aquin et certains aspects de leurs
explications du prix semblent annoncer la conception de l’utilité des théoriciens
marginalistes de la seconde moitié du XIXe siècle. Le juste prix est toutefois
unique dans toute la société. Il ne peut donc pas être, selon eux, le résultat d’un
marchandage entre les individus qui hiérarchiseraient leurs préférences chacun
de manière subjective car la disparité de ces préférences ferait que le même
objet pourrait être vendu à des prix différents à différentes personnes en fonction
de l’intensité avec laquelle les individus souhaiteraient acquérir l’objet. Bernardin
de Sienne précise même à ce propos que si l’utilité individuelle devait être
utilisée pour fixer les prix cela reviendrait à vendre les marchandises au prix le
plus élevé à ceux-là mêmes qui en auraient le plus besoin, ce qui ne saurait être
juste. L’utilité doit donc être définie de manière objective et pour les nominalistes
comme pour tous les penseurs médiévaux le juste prix est un prix administré qui
donne aux vendeurs une rémunération conforme à leur position sociale, ce qui
correspond aux principes de la justice distributive aristotélicienne. Certains
nominalistes comme Jean Buridan proposent toutefois de voir le prix comme une
résultante moyenne de la variété des préférences individuelles, sans que le
processus d’agrégation permettant d’obtenir cette moyenne ne soit précisé.
Jean Buridan vers 1300- après 1358
Il serait né vers 1290 à Arras ou Béthune. Élève sans doute du collège Cardinal
Lemoine à Paris, puis du collège de Navarre, sa carrière fut celle d'un
universitaire : il est cité comme co-recteur de l'université de Paris en 1328 et en
1340. Le dernier acte dans lequel il est mentionné date de 1358. Son œuvre est
mieux connue que sa biographie semi légendaire, qui lui prête des amours
tumultueuses avec Jeanne de Navarre, épouse de Philippe le Bel.
Utilité et prix
Buridan, au lieu de considérer comme Aristote la satisfaction d'un besoin dans
sa totalité, pour mesurer la valeur des choses, considère que seule la satisfaction
apportée par les derniers biens utilisés intervient dans la mesure subjective que
l'on fait du prix de ses biens. Selon Buridan la valeur des biens est dans leur
rareté, car, « lorsqu'un bien se raréfie, le besoin qu'il satisfait apparaît plus
grand. » Cette remarque faite, Buridan doit examiner l'objection selon laquelle
fonder les prix sur l'intensité des besoins, devrait amener les pauvres à payer
des biens qu'ils achètent beaucoup plus cher que les riches. Il répond à cela que
ce ne sont pas les seuls besoins des pauvres qui mesurent la valeur des biens de
première nécessité, mais ceux de l'ensemble des personnes qui font des
échanges : le fait que les pauvres puissent obtenir le blé à un prix sans doute
inférieur à celui qu'ils auraient été prêts à accepter, peut être interprété comme
une préfiguration de la notion marshallienne de surplus du consommateur.
Buridan réfute également à l'avance le célèbre paradoxe de l'eau et du diamant
d'Adam Smith en ce qui concerne le prix élevé du diamant : les riches, qui ont
soif de puissance, accordent une utilité très élevée aux richesses, même si
celles-ci ne font pas partis des besoins vitaux ; ce qui explique le prix élevé des
biens de luxe. Reconnaître le « superflu » comme une source de besoin, c'est
accepter la subjectivité de l'utilité, sur laquelle, à partir de la deuxième moitié du
XIXe siècle, les théoriciens néoclassiques construisirent leur explication des liens
entre utilité, prix et demande. « Aristote dit dans le premier chapitre de la
Rhétorique, que tous convoitent les richesses à cause de leurs besoins, mais qu'il
leur arrive aussi, aux riches, de convoiter des plaisirs non nécessaires à cause de
leur puissance. C'est pourquoi il est manifeste que les deux, à la vérité, ont des
besoins et sont pauvres. À ce sujet Aristote dans le premier chapitre de la
Rhétorique, dit qu'ils ont des besoins de deux façons : soit, en effet, par le
nécessaire comme les pauvres ; soit, par le superflu comme les richesses. Il faut
donc dire que non seulement le manque du nécessaire mesure, chez les pauvres
des échanges, mais, même, le manque de superflu mesure les échanges chez les
riches. » In Questions sur l’Ethique à Nicomaque, livre V, question XVI Jean
Buridan
Nicole Oresme 1320-1382
Il naquit en Normandie vers 1320 et sa présence comme étudiant en théologie
au collège de Navarre à Paris est attestée en 1348. Il fut reconnu grand-maître
en théologie en 1356. Sa réputation de théologien, de philosophe et de
mathématicien amena Jean II le Bon à lui confier une partie de la formation
intellectuelle du dauphin, le futur Charles V, dont il devint un conseiller. Tout
d’abord chanoine de Notre-Dame de Paris, Oresme fut nommé par Charles V
doyen du chapitre de la cathédrale de Rouen en 1364, avant d’être finalement
sacré évêque de Lisieux en 1378, toujours grâce à l’appui de Charles V. Oresme
a apporté quelques innovations scientifiques et mathématiques majeures, même
si son œuvre la plus célèbre a sans doute été son ouvrage économique : Traité
de la première invention des monnaies. Oresme a eu le premier l’idée d’utiliser
des graphiques pour représenter la variation d’une grandeur en fonction d’une
autre, « car l’imagination des figures aide grandement à la connaissance des
choses même » : c’est à lui que nous devons d’inscrire sur un axe vertical
l’évaluation quantitative d’une variable qui dépend d’une autre, dont les valeurs
sont inscrites sur l’axe horizontal.
Condamnation de la manipulation de la valeur de la monnaie
Le Traité de la première invention des monnaies témoigne d’une volonté de
défendre les intérêts de la bourgeoisie face à la spoliation que consistait la
manipulation du poids, et donc de la valeur des monnaies, par les seigneurs
disposant du droit de frapper monnaie. Lorsque le métal brut était apporté dans
un atelier de frappe de pièces de monnaie, le détenteur du métal qui en
demandait la monétisation payait en effet un droit de seigneuriage, différence
entre le prix du métal brut, et le prix payé par l’atelier : ce droit rémunérait le
service de fabrication des pièces, mais dépendait aussi de la volonté du prince de
faire prélever pour son compte une part du métal apporté. Sa conception
nominaliste de la connaissance amène Oresme à souligner que la monnaie n’a
pas une valeur en soi : la valeur de la monnaie est une construction sociale, elle
est décrétée socialement par le prince ce qui permet à celui-ci de la manipuler.
Cette manipulation est condamnable car, si la monnaie n'appartient à personne,
elle est utile à tous : en termes contemporains il serait possible de dire que la
monnaie est un bien collectif.
III] LE MERCANTILISME (VIe et XVIIe siècles)
Le mercantilisme ne se présente pas comme une doctrine dont les adeptes
auraient conscience de l’homogénéité. Le terme a été forgé par Adam Smith pour
opposer ses propres thèses libérales à celles de ses prédécesseurs et il a été
ensuite repris par les traités d’histoire de la pensée économique ; l’étude des
mercantilistes a semblé d’autant plus importante depuis que Keynes leur a rendu
hommage dans La Théorie Générale (1936), tandis qu’Heckscher leur a ensuite
consacré un opuscule critique pour répondre à Keynes. Une des principales
questions communes aux mercantilistes est de savoir comment enrichir le
souverain. Leur approche peut donc être considérée comme macro-économique.
Cette question prolonge celle traitée par Machiavel dès 1513, dans Le Prince,
publié pour la première fois en 1531 : comment devenir prince et le rester ?
Les mercantilistes sont également caractérisés par une pensée populationniste («
Il n’est de richesse que d’hommes », Jean Bodin), accompagnée d’une réflexion
sur le rôle de la monnaie (plus précisément les conséquences de la hausse de la
quantité de monnaie en circulation) avec une tendance à penser que
l’accumulation de métal précieux est source de richesse ; l’enrichissement
individuel des sujets peut être admis, s’il résulte du travail de ceux-ci (l’apologie
du travail comme moyen d’améliorer sa situation matérielle est relativement
nouvelle, mais elle est également largement partagée par les penseurs
postérieurs au XVIe siècle :« … le plus grand trait que l’on puisse pratiquer dans
l’Etat c’est de ne souffrir aucune partie oisive », Antoine de Montchrestien) L’Etat
a donc pour fin d’augmenter la population et l’argent qu’il détient, et il peut y
parvenir grâce à l’activité des marchands : tandis que ces derniers pour s’enrichir
à titre personnel ont besoin d’hommes, voire de liquidités qui facilitent les
affaires. D’où une volonté d’encourager les exportations.
Le Bullionisme
C’est un courant de pensée espagnol, du XVIe siècle (sous Charles Quint et
Philippe II) Pour pouvoir accumuler de l’or et de l’argent, il faut pratiquer le
protectionnisme, et empêcher les étrangers d’acquérir les réserves d’or et
d’argent qui ont été accumulé sur le territoire. Dans un mémoire adressé à
Philippe II en 1558, Requête pour que l’argent ne sorte pas du royaume, Luis
Ortiz explique que la cause de l’inflation en Espagne résiderait dans l’exportation
des matières premières, dont l’or et l’argent, à trop bas prix, alors que l’Espagne
achète cher des produits manufacturés européens. Il faudrait remettre la
population espagnole au travail en développant les infrastructures et les
manufactures. Les bullionistes ont donc compris que les prix sont en relation
avec des phénomènes monétaires, sans en avoir parfaitement compris les
mécanismes. Il ne faut pas assimiler bullionisme et Ecole de Salamanque : cette
dernière est très diverse, et foisonne de réflexions parfois contradictoires entre
elles. Francisco de Vitoria prolonge l’héritage de Thomas d’Aquin. Diego de
Covarruvias estime que la valeur provient des estimations subjectives de l’utilité
des biens.
Le Commercialisme
Thomas Gresham avait défini la balance commerciale, et recommandé qu’un
pays ait des exportations excédentaires par rapport à ses importations pour
s’enrichir. Conformément à la valorisation du travail et des efforts personnels,
qui devient dominante au XVIe siècle, il considérait également que le souverain
doit encourager le libre développement de l’artisanat et du commerce. Au fur et
à mesure que les marchands du pays s’enrichiront, le souverain s’enrichira aussi
en touchant des impôts sur leur activité. Cette conception est reprise par les
auteurs anglais du XVIIe siècle. C’est un courant de pensée principalement
anglais Pour asseoir l’impôt, il faut connaître le revenu, et William Petty (1623-
1687) fonde l’école de l’arithmétique politique qui utilise « nombres, poids et
mesures » pour évaluer les richesses du royaume. Petty s’efforce de mesurer le
revenu national, et les sources qui permettent de l’obtenir : le capital physique et
le capital humain. Selon Petty, à la différence des conceptions des mercantilistes
décriés par Adam Smith, le revenu est ce qui constitue la richesse du royaume,
qu’il ne confond pas avec la monnaie, qui n’est que « la mesure commune des
marchandises. »
Le Colbertisme
En 1615 Antoine de Monchrétien avait dédié au jeune Louis XIII, son Traité
d’économie politique, considéré comme le premier ouvrage où il est fait usage de
l’expression « économie politique. » Il considère que le royaume s’appauvrit car il
perd des métaux précieux, et recommande une politique manufacturière pour
assurer son autonomie économique. Montchrestien condamne moralement
l’achat de produits de luxe, qui contribue en outre à augmenter les importations
du royaume, alors qu’il faudrait que celui-ci ait un excédent extérieur. Les
recommandations de Monchrétien ont inspiré Colbert, qui incarne la politique de
contrôle l’Etat sur les activités économiques. Les principes appliqués par Colbert
sont les suivants : v Obtenir des excédents commerciaux en important des biens
bon marché, et en les exportant après les avoir transformés en produits de
qualité. v Disposer d’une marine puissante, et pour cela, laisser se développer
des forêts royales où les arbres ne seront abattus que pour faire des coques de
navires (ce qui suppose une attente qui ne serait pas rentable pour un
propriétaire privé.) v Contrôler la qualité des productions, soit en confiant cellesci à des manufactures royales, soit en réglementant la production des
corporations.
IV] LES PHYSIOCRATES
Le libéralisme des physiocrates Les thèses des physiocrates sont une réaction
contre le colbertisme et la pression fiscale qu’il a exercé sur l’agriculture, et
prennent pour modèle les méthodes d’exploitation agricole anglaises. Au XVIIIe
siècle en Grande-Bretagne se déroulait une « révolution agricole » liée à la
valorisation des domaines par leurs propriétaires (transformations agricoles
qu’avait accélérées le développement des enclosures.) Les physiocrates sont
donc favorables aux initiatives privées et combattent les règles bureaucratiques
qui entravent celles-ci. Ordre divin, ordre naturel et ordre social selon les
physiocrates Il existe un ordre naturel, fruit de la volonté de Dieu, connaissable
grâce à des relations mathématiques. Les relations économiques sont elles aussi
observables et quantifiables. L’ordre économique constaté étant le produit de la
volonté de Dieu ne saurait être contesté (en particulier les inégalités de richesses
qui sont plus fortes que celles de l’état de nature où la propriété détenue par
chacun se limitait à ce que chacun pouvait obtenir par son travail.
V] LES CLASSIQUES
A) ILS NE FORMENT PAS UN COURANT DE PENSEE UNIFORME
En effet, le terme classique a été donné par Marx qui admirait les auteurs anglais
de la fin du 18ème siècle et leur rigueur scientifique. Terme qui nous fait penser
qu’il y une réelle continuité entre Adam Smith, Ricardo ou encore John Stuart
Mill. Cela vient de fait qu’ils essayaient tous de répondre aux questions
suivantes, « quelle est la source de la valeur ? », « Quels sont les facteurs qui
régissent la croissance économique ? », « Quel est le rôle de la monnaie dans
l’économie ? » mais en réalité ils vont tous apportés des réponses différentes. De
plus ils s’accordaient sur le fait que l’économie de marché, fondée sur la
propriété privée et la liberté individuelle, comme quelque chose de naturel et ne
voient pas d’autres systèmes alternatifs à celui-ci.
Peut-on réellement parler de courant de pensée ? En effet, les classiques sont
des auteurs se répartissant sur plus de 70 ans appartenant à des pays différents.
Ainsi, ce cadre spatio-temporel va exercer une influence sur les différents points
de vue et réponses aux questions posées.
Différent débat avec des points de vue différents = 1) la source de la valeur
(anglais VS français)
2) les déterminants de la spécialisation (Smith VS Ricardo)
3) le rôle de la monnaie (Ricardo-Smith VS Malthus)
4) l’avenir du capitalisme (Jean-Baptiste Say VS Ricardo)
B) LES FONDATEURS DE L’ECOLE CLASSIQUE
1) Adam Smith
Dans « La richesse des nations » (1776) il va mettre en évidence le rôle de la
division du travail comme facteur de la croissance car elle permet des gains de
productivité en développant l’habilité des travailleurs qui vont effectuer des
tâches répétitives à longueur de journée et va prendre pour exemple la
manufacture d’épingle où il estime qu’un ouvrier non formé à l’utilisation des
machines ni à la fabrication des épingles ne seraient pas capable de produire en
grande quantité alors qu’avec l’organisation actuelle de son époque où l’on avait
un ouvrier qui tissait, un qui blanchissait… cela permettait de produire beaucoup
plus d’épingles.
Division du travail qui est permis par l’échange car sans la possibilité d’obtenir
sur le marché le bien que l’on ne produit pas alors la spécialisation devient
impossible en elle-même. En effet, si nous sommes dans une situation où le
marché est petit alors personne ne voudra produire un seul bien car cela ne lui
fera seulement que du surplus et ne sera pas assurer de trouver de quoi
répondre à ses autres besoins.
Dans cette même œuvre il va émettre la théorie de la division internationale du
travail ……………
De plus, selon Adam Smith l’économie de marché est régie par une main invisible
qui va permettre de remplir les intérêts de la société par la poursuite de l’intérêt
individuel de chacun car chaque personne en cherchant à remplir ses propres
intérêts va être beaucoup plus efficace ce qui va permettre une hausse de la
production et donc de répondre aux besoins de la société indirectement. Ainsi, il
suffit de laisser, selon lui, les individus poursuivre leurs propres intérêts pour
parvenir à l’intérêt global et va donc dans cette théorie défendre la liberté
individuelle. Economie qui va tout de même avoir besoin d’un Etat « gendarme »,
bien que ce rôle soit très limité, car ce système se base sur la propriété privé et
l’Etat va donc besoin de s’assurer le respect de cette propriété à l’aide de la
police et de l’armée. Excepté ce rôle l’Etat ne doit pas intervenir
économiquement si ce n’est pour assurer la production des biens collectifs
(routes, ponts…) car ce sont des biens qui ne veulent être produits par aucun
entrepreneur privé.
Cette limitation du rôle de l’Etat rompt avec la pensée du 16ème et 17ème siècle et
notamment des mercantilistes qui au Portugal et en Espagne se demandait
comment conserver l’afflux des métaux précieux, et en France et au RoyaumeUni comment les attirer. La réponse sera par l’intervention de l’Etat avec en
Espagne une forme de protectionnisme monétaire (contrôle des changes,
empêcher la sortie d’or) tandis qu’en France il doit créer des manufactures pour
favoriser les exportations avec dans le même temps la mise en place de droits de
douanes.
Troisième théorie qu’Adam Smith va aborder est le problème de la source de la
valeur et va pour cela distinguer la valeur d’usage (utilité objective de l’objet) et
d’échange (la faculté de la possession d’un objet de te permettre d’acquérir
d’autre marchandise). Il va ainsi différencier deux types de biens, les biens non
reproductibles (or, art…) dont la valeur va résider dans la rareté du bien. Bien
qui selon Smith ne vont pas intéresser l’économie. Le deuxième type de bien est
le bien reproductible c’est-à-dire que l’objet va tirer sa valeur dans la quantité de
travail nécessaire à sa production. En effet, selon lui le travail ne varie pas dans
sa valeur propre et va ainsi être la seule mesure réelle permettant à n’importe
quel moment et n’importe où de comparer la valeur de toutes les marchandises,
de fixer un prix réel aux biens avec l’argent qui n’est qu’un prix nominal.
2) David Ricardo
Dans son ouvrage « des principes de l’économie politique et de l’impôt » publié
en 1817 Ricardo estime que les lois de la répartition des revenus conduisent au
blocage de la croissance économique.
En effet, il va tout d’abord différencier trois catégories d’agents au sein de notre
société =
1)Les salariés offrant leur force de travail en échange d’un salaire qui est leur
moyen de subsistance.
2)les propriétaires fonciers possédant la terre et dont la rémunération est
appelée la rente foncière (La rente foncière est un revenu que perçoit le
propriétaire d'une terre.) Et qui va être égale à la différence entre le prix du
blé et du coût de production effectif de chacune des terres.
3)les capitalistes qui avancent le capital (machines, salaires…) qui vont être
rémunérés par ce que l’on appelle profit et qui est la somme d’argent restant une
fois que ce dernier a payé le facteur travail et la rente foncière. Si ce profit est
trop faible le capitaliste ne voudra plus investir.
Qu’est ce qui peut amener à une baisse du profit selon Ricardo ?
Selon lui, si la population augmente, cela va entraîner un accroissement
nécessaire des moyens de subsistance donc il est nécessaire d’y avoir plus de blé
afin de pouvoir nourrir toute la population. Pour cela, il va falloir cultiver de
nouvelles terres ce qui va entraîner une baisse de la productivité liée à la loi des
rendements décroissants (………). Cette baisse de la productivité va amener à une
augmentation des prix du blé sur le marché et le capitaliste va donc devoir
augmenter les salaires des salariés afin de remplir leur moyen de subsistance ce
qui va diminuer son profit. Petit à petit le profit va devenir tellement faible que la
capitaliste ne verra plus aucun intérêt à investir ce qui va déboucher sur un état
stationnaire c’est-à-dire la croissance zéro.
Pour lutter contre cet état stationnaire Ricardo va proposer deux solutions, la
première serait d’augmenter les gains de productivité au sein du pays afin de
permettre une augmentation des profits des capitalistes. La deuxième serait
d’importer les biens de l’étranger, s’ouvrir au libre-échange et abolir les corn
Laws au Royaume-Uni. L’ouverture des frontières aux importations de
produits agricoles (ce qui est pour Ricardo la réalité à laquelle il est confronté),
et la spécialisation de chaque pays dans la production de biens pour lesquels il
est le plus productif, permettent d’éviter la mise en culture de terres
improductives. Cela permet d’éviter la baisse de la part des salaires et des rentes
et le maintien du profit. Ricardo a également montré qu’un pays pouvait avoir
intérêt à participer au commerce international pour contrer la progression de la
rente agricole, qui, sinon, l’entraînerait vers un état stationnaire, où la
production serait simplement reproduite à l’identique d’une période à l’autre,
faute d’incitation à investir.
Théorie de la valeur-travail
Ricardo va reprendre la théorie émise par Adam Smith en ajoutant le fait que l’on
devrait prendre aussi prendre en compte le travail incorporé au travail final c’està-dire le travail nécessaire à accumuler toutes les machines, les salariés, les
matériaux nécessaires à la production finale.
Théorie quantitative de la monnaie
Ricardo estime que la monnaie n’est qu’un voile sur l’économie. Analyse qui va
se baser sur trois hypothèses fortes différentes. Tout d’abord, il suppose que la
production ne dépend que de la disponibilité du facteur travail et capital et la
monnaie n’a aucun impact sur la quantité produite finale et a pour seule utilité de
facilité les échanges. De plus, le niveau des prix relatifs (=rapport entre le prix
d’un bien A et d’un bien B) ne dépend que des coûts de production, de la
quantité de travail. Enfin, le niveau des prix dépend de la quantité de monnaie
en circulation c’est-à-dire que si la production augmente il est nécessaire
d’augmenter la masse monétaire dans les mêmes proportions pour maintenir un
niveau des prix similaire. Cependant, si on augmente trop la masse monétaire en
circulation cela va entraîner une hausse générale des prix dû à une hausse de la
création monétaire.
3) THOMAS ROBERT MALTHUS
Dans son ouvrage « Essai sur le principe de la population » publié en 1798
Malthus va s’interroger sur les origines de la misère des ouvriers du Royaume
Uni du 18ème siècle en se demandant si elle est directement liée au système
capitaliste ou si elle est naturelle c’est-à-dire qu’elle n’est causée par aucun
système économique en particulier. En effet, à cette époque certains auteurs
comme Godwin considéraient que cette misère était dû au capitalisme
contrairement à Malthus qui estime qu’elle provient d’un décalage entre la loi de
progression arithmétique des subsistances et la loi de progression géométrique
de la population. C’est-à-dire que la population augmente plus vite que les
moyens de subsistance nécessaire au maintien d’une qualité de vie vivable. Pour
lutter contre cette misère et ce décalage l’intervention de l’Etat pourrait paraître
une bonne idée cependant, selon Malthus cela ne ferait que l’entretenir et la
réduction de cette misère se fera par la baisse de la natalité, la natalité et le
célibat.
De plus, Malthus va s’opposer à la loi des débouchés de Jean Baptiste Say
(explication plus tard) car selon lui, à court terme les offres ne génèrent pas
forcément de la demande car l’épargne (explication loi des débouchés) n’est pas
forcément investie directement mais au contraire elle peut être thésaurisée
(thésaurisation = volonté garder son argent en dehors du système économique).
Ce qui va entraîner une sous-consommation et par la suite une baisse des
revenus.
Un autre opposant à la loi des débouchés est Sismondi qui lui va partir d’une
crise de surproduction ce qui va entraîner une baisse des prix donc une baisse
des salaires ce qui va entraîner une nouvelle baisse de la demande et on entre
donc dans un cercle vicieux.
C) LE DEVELOPPEMENT D’UNE ECOLE FRANCAISE
1) Jean Baptiste Say
Dans son ouvrage « Traité d’économie politique » publié en 1817 il va émettre la
Loi des débouchés se basant sur la théorie que tout offre génère sa propre
demande. En effet toute production va créer une somme de revenus égale à la
valeur de la production. Ainsi le seul moyen pour les agents de demander des
biens est d’avoir au préalable vendu des biens et des services d’une valeur
équivalente. (Récupérer schéma). Cette loi va s’appuyer sur certaines
hypothèses. La première d’entre elle est le fait que toute l’épargne, sur une
longue période, finit par être dépensé, investie que ce soit par les propriétaires
de l’épargne ou bien d’autre agents économiques comme les investisseurs qui
utilisent l’épargne pour financer leurs activités. Elle permet ainsi de financer les
moyens de productions supplémentaires.
La deuxième hypothèse est celle de la théorie quantitative de la monnaie avec un
unique rôle, celui d’intermédiaire des échanges. C’est pourquoi l’individu après la
vente du bien il va choisir de dépenser rapidement la monnaie récupérer afin
qu’elle ne « chôme pas ».
2) Sismondi
Ce dernier, dans « Nouveaux principes d’économie politique » en 1819 va
remettre en cause la vision de justice des autres classiques anglais que l’on peut
résumer à « chacun selon son effort ». Vision qui ne prend pas en compte les
différents pouvoirs qui s’exercent lors de l’échange et notamment au niveau de la
répartition des richesses. En effet, selon lui le contrat de travail entre un
propriétaire et le travailleur n’est pas réellement juste car le travailleur n’a que
sa force de travail comme moyen de subsistance et va donc être obligé de
vendre sa force de travail tandis que le capitaliste lui n’est pas obligé d’engager
ce dernier ce qui lui donne donc un avantage quant à la décision finale du contrat
signé ou non avec un pouvoir de négociation beaucoup plus fort au niveau du
propriétaire. Quant à lui, Sismondi penche pour une justice distributive « à
chacun selon ses besoins » et va confier à l’Etat la tâche de redistribuer la
richesse par le biais de l’assurance chômage, maladie et à la vieillesse.
VII] KARL MARX
A) Présentation
Karl Marx, né en 1818 et mort en 1883 a d’abord vécu dans une famille
bourgeoise marqué par le libéralisme. Il étudie de nombreux domaines au début
de sa vie avec des études en droits avant de faire une thèse de philosophie. Il
sera d’abord rédacteur en chef dans un journal proche de la bourgeoisie avant de
rencontrer Engels et de suivre une voie dite révolutionnaire ce qui va provoquer
son exil à Bruxelles entre 1845 et 1848 durant laquelle il écrit ses premiers écrits
et s’engage au sein de la Ligue communiste. Il va par la suite s’installer en
Grande Bretagne où il va écrit les écrits pour lesquels il est le plus connue avec
« Critique de l’économie politique » en 1859, le livre I de « Le Capital » en 1867.
Ses deux autres livres de la série du Capital seront publiés après sa mort par
Engels.
Il vit la deuxième révolution industrielle et assiste au développement du
prolétariat dans les grandes métropoles avec des conditions de vie précaires et
l’apparition d’une nouvelle figure dans la société, le chômeur qui n’a que sa force
de travail pour survivre et ne trouve pas d’employeur. C’est dans ce contexte que
Marx va se poser la même question que les classiques et plus particulièrement
Malthus c’est-à-dire « dans quelle mesure le système capitaliste est-il à l’origine
de cette paupérisation ? ».
B) Le dernier des classiques ? Continuité et rupture avec l’école
classique anglaise
1)Continuité avec les classique :
Sur la méthode Marx compte étudier la société de la même manière que les
classiques c’est-à-dire par le biais d’une analyse scientifique afin de trouver les
lois de fonctionnements de cette dernière.
De plus, il va reprendre les conceptions de valeur-travail, de biens reproductibles
et non reproductibles (en introduisant tout de même le principe d’exploitation).
La lutte de la répartition des revenus évoqués par Ricardo va elle aussi être
reprise par Marx avec pour différence le fait que cette fois-ci la lutte ne concerne
plus que deux types de personnes, les salariés et le capitaliste.
2)La rupture avec les classiques :
En effet, malgré cette continuité dans les analyses et certaines théories ce
dernier va tout de même critiquer radicalement les classiques dans ses
nombreux ouvrages.
Tout d’abord, il considère que les classiques qui pensaient trouver des lois dites
naturelles c’est-à-dire universelle et historiques ont en réalité les lois du marchés
qui sont pour lui datées avec le capitalisme étant seulement considéré comme
une étape, un mode de production parmi tout ceux qui ont existé tout au long de
l’histoire (esclavage dans l’antiquité, le servage au Moyen Age) qui vont toutes
aboutir à un état final, Le Communisme. Cette critique apparaît dans « Le
manifeste du parti communiste » publié en 1848.
C) La théorie de la valeur travail et la notion d’exploitation
1)La théorie de la valeur travail affinée :
Il va reprendre la théorie de la valeur travail d’Adam Smith et David Ricardo en
essayant de la rendre la plus précise possible à son goût. Pour cela il va apporter
plusieurs distinction différentes. La première d’entre elle est la distinction entre le
travail abstrait et le travail concret
faire des recherches sur cette différence
Ensuite, il va différencier le travail simple et le travail complexe. En effet, les
heures de travail des ouvriers ne peuvent pas être comptabilisées de la même
manière sans tenir compte des différentes qualifications des travailleurs et de la
complexité de leur travail. Il va ainsi trouver un coefficient pour rendre compte
de ces différences qualitatives en termes de productivité (trouver coefficient
travail simple et complexe).
La troisième distinction sera celle des conditions particulières de production et le
travail nécessaire socialement. Développer aussi cette distinction.
Enfin, il va séparer le travail vivant (travail direct chez les classiques) du travail
mort car pour déterminer la valeur d’une marchandise il faut prendre en compte
le travail vivant (définition ????) mais aussi le travail nécessaire pour la
production des biens de productions ayant permis la production finale.
2)La notion d’exploitation et de plus-value
Pour Marx, l’origine de du profit vient de la plus-value. En effet, pour lui pour
répondre aux besoins de la société en termes de demandes de biens et de
services il est nécessaire de travailler un certains nombres d’heures. Cependant,
le salarié va devoir travailler plus afin de pouvoir être rémunérer par l’employeur
ce temps de travail supplémentaire sera appelé la plus-value.
En effet, le salarié n’est pas en position de force face aux capitalistes il sait qu’il
est chanceux et qu’un certain nombre de chômeurs prendront sa place s’il
démissionne, ceci a pour conséquence son exploitation, il ne récupère pas la
totalité de la valeur qu’il crée. Par exemple sur 10 heures de travail il va
travailler une partie pour lui et l’autre partie pour enrichir son employeur (la
plus-value), plus la part de la plus-value est importante par rapport au salaire
plus le salarié se fait exploiter on parle de taux d’exploitation .
Par exemple, supposons que nous ayons besoin de travailler 5h pour satisfaire
les besoins de la société mais que pour que le salarié touche son salaire il doive
travailler 12h (temps de travail défini par l’employeur). Il va donc travailler 7h
gratuitement c’est ce qu’on appelle la plus-value.
Cependant, cette théorie présente un problème, celui que l’on ne peut pas fixer
empiriquement le temps de travail nécessaire pour répondre aux besoins de la
société.
Ici, Marx ne critique pas la plus-value en elle-même mais va critiquer son
appropriation par les propriétaires. En effet, pour lui la plus-value doit exister car
certaines dépenses doivent être payer pour l’ensemble de la population, les biens
collectifs (capital fixe, les routes…) donc si le salaire accaparait toutes les
ressources alors il n’y aurait aura plus assez pour ces dépenses communes ce
qui va poser un problème.
Ainsi, Marx va avoir une vision péjorative de l’Etat dans une société capitaliste
qu’il va appeler « Etat-Gendarme » qui selon lui a pour but de protéger la
propriété et réprimer les manifestations et les actions qui vont à l’encontre des
patrons. Etat qui va cependant disparaître quand la propriété privé des moyens
de production disparaîtra. (Vérifier)
3)La baisse tendancielle du taux de profit :
Pour ce dernier il existe une baisse tendancielle du taux de profit dans les
sociétés capitalistes. Théorie présentée dans « Le Capital » en 1867. En effet,
comme on l’a dit précédemment la plus-value dépend du travail des salarié or en
regardant le taux de profit qui est le rapport entre la Plus-Value/ (capital mort ou
fixe (machines)+capital vivant ou variable (masse salariale, les salaires)). Or
avec l’augmentation de la concurrence dans les sociétés capitalistes les
entreprises vont chercher à augmenter leur productivité en cherchant le progrès
technique et en investissant dans des machines de plus en plus performantes et
donc de plus en plus chers.
Or le taux de profit = (plus-value/capital vivant) / (capital mort/capital vivant)
+1 donc plus le coût des machines augmentent plus le coût du capital
augmentent et plus le taux de profit diminuer.
4)Quelles sont les conséquences de la baisse tendancielle du taux de
profit ?
Selon Marx, cette baisse du taux de profit est à l’origine des crises cycliques du
système capitaliste débouchant sur la crise du système lui-même. En effet, selon
lui l’augmentation du capital constant (machine…) va entrainer le développement
du chômage. Or si les agents économiques sont au chômage ils vont beaucoup
moins consommés ce qui va causer une crise de surproduction qui va entraîner
une baisse des prix et ainsi une nouvelle baisse du taux de profits. Ce cycle va se
répéter et petit à petit, les petites entreprises vont disparaître et petit à petit cela
va mener à la fin du système capitaliste qui va céder la place au système
communiste caractérisé par l’appropriation collective des moyens de productions,
la disparition de l’Etat et de la monnaie.
5)Comment les propriétaires vont-ils luttés contre cette baisse du taux
de profit :
Cette baisse tendancielle du taux de plus-value va amener les détenteurs de
capitaux (les propriétaires) à augmenter leur plus-value absolue ou encore
relative.
Augmenter la plus-value absolue revient à augmenter le nombres d’heures
travailler sans augmenter les salaires ou bien à diminuer les salaires sans
augmenter le nombre d’heures. C’est ce qui se passe au début du 19ème siècle.
Cependant, par la baisse de ce salaire les propriétaires vont avoir tendance à
faire travailler les femmes avant de baisser à leur tour leur salaire et donc de la
même manière employer des enfants.
En effet, prenons l’exemple d’une personne qui a besoin de travailler 5h réel pour
obtenir son salaire mais qui en réalité travail 12 alors la plus-value sera de 7h. Si
on diminue le salaire de ce dernier et qu’en deux heures il ait déjà travaillé le
temps nécessaire. Il va donc désormais travailler 10h gratuitement donc plusvalue est égale à 10.
Maintenant faisons travailler une femme qui n’a besoin que d’une heure réelle
pour obtenir son salaire mais qui en travail 12h en réalité en gardant la même
plus-value pour l’homme. On aura donc une plus-value de 10+11=23. Même
raisonnement si on rajoute un enfant.
Un deuxième moyen pour lutter contre cette baisse tendancielle des taux de
profit est d’augmenter la plus-value relative qui cette fois-ci correspond au
rapport entre la Plus-value et le capital vivant (rapport que l’on retrouve eu
numérateur du taux de profit). Cette augmentation va passer par l’augmentation
de la productivité donc par le progrès technique ou bien par l’organisation et la
spécialisation du travail comme avec le Taylorisme. En effet, si l’on peut produire
autant en travaillant moins le coût du capital vivant va diminuer et la plus-value
relative va donc augmenter.
Dans le communisme, on va renoncer à la baisse du taux de profit car le but
premier est d’assurer les dépenses collectives et individuelles de chacun. Ainsi,
les ouvriers ne vont pas récupérer totalement leurs heures de travail mais vont
en récupérer suffisamment pour vivre décemment.
Cependant, il existe un débat autour de la source du progrès technique car si le
profit individuel n’existe plus qu’est ce qui va pousser la population à innover ?
Pour Marx, le progrès technique est entretenu par les scientifiques et les
ingénieurs qui, sans avoir d’intérêt individuels (faire du profit) contrairement aux
chefs d’entreprises, vont innover par simple recherche scientifique.
Cependant, pour Schumpeter, il doit y a voir quelqu’un qui soutienne l’innovation
c’est-à-dire un chef d’entreprise, un entrepreneur (développer avec un
exemple…).
C’est grâce à un « entrepreneur innovateur » que la dynamique économique se
fait sentir à travers des progrès aussi bien quantitatifs (avec l’augmentation du
niveau de production) que qualitatifs. L’entrepreneur est donc l’acteur
fondamental de la croissance économique. Il aime le risque et est à la recherche
du profit maximal. L’innovation lui permettra d’obtenir un monopole temporaire
sur le marché. Il sera donc le seul pendant un certain temps à pouvoir produire
cet objet qui lui rapportera donc gros.
Aussi, Schumpeter explique que l’économie est gouvernée par un phénomène
particulier : la « destruction créatrice ». C’est « la donnée
fondamentale du capitalisme et toute entreprise doit, bon gré mal gré, s’y
adapter ». La croissance est un processus permanent de création, de destruction
et de restructuration des activités économiques. En effet, « le nouveau ne sort
pas de l’ancien, mais à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le nuire ». Ce
processus de destruction créatrice est à l’origine des fluctuations économiques
sous forme de cycles.
LES NEOCLASSIQUES
L’Ecole néoclassique, née dans les années 1870, regroupe des économistes
rattachés au courant marginaliste (courant fondé sur un raisonnement à la
marge (relatif à la dernière unité consommée, produite...)). Ses théories sont en
grande partie encore dominantes aujourd’hui et elles se basent sur les notions
d’utilité marginale et d’équilibre du marché et sur une conception de l’individu en
tant qu’Homo œconomicus, en tant qu’homme rationnel.
L’Ecole néoclassique emploie une base microéconomique fondée sur
l’individualisme méthodologique : elle analyse les comportements des individus
et en déduit des phénomènes collectifs, notamment l’offre, la demande et
l’équilibre sur le marché.
Tout d’abord, cette école a plusieurs points communs avec l’école classique en
particulier par la méthode d’analyse des différents comportements. En effet, ces
deux écoles vont partir des comportements individuels pour en tirer des
conclusions et vont penser que la poursuite de l’intérêt individuel permet
d’augmenter la production. Cependant, au sein de l’école néo-classique cette
méthode d’analyse est systématique, les économistes vont prendre des idéaux
types d’agents économiques et supposer que ces comportements valent pour
tout le monde (Théorie microéconomique. La théorie microéconomique a pour
objet l'étude des comportements économiques individuels et de leurs interactions
dans les économies de marché).
Cette théorie s’appuie sur l’hypothèse que les individus sont rationnels, que ce
sont des homo-economicus c’est-à-dire que les individus ont conscience de ce
qu’ils veulent, ils vont chercher comment atteindre ce but et calculer le moyen de
l’atteindre le plus rapidement avec le moins de coût possible.
C’est une méthode hypothético-déductive.
Le marginalisme cherche à trouver les lois de l’économie pure, en
s’appuyant sur l’hypothèse de rationalité des agents économiques ; cette
hypothèse leur prête une démarche commune de maximisation des
intérêts individuels. Même lorsque le calcul économique fondé sur une
information complète semble irréaliste - ce qui est le cas pour l’école
autrichienne, et Carl Menger notamment – les individus poursuivent leurs
intérêts, et cela conduit les économistes néoclassiques à estimer que
l’économie établit des lois de comportement, tout aussi solides que les lois
naturelles.
Les néo-classiques cherchent à construire une économie efficace c’est-àdire qui ne gaspille pas trop de ressources, augmenter le plus possible la
production en gaspillant le moins de moyens de production possible
(=économie d’offre). Et souhaitent laisser les agents économiques
maximiser leurs intérêts par eux-mêmes ce qui va permettre d’obtenir un
marché qui va s’équilibrer par lui-même, d’après Marshall, avec une
confrontation entre l’offre (qui est influencée par les coûts de production)
et la demande (influencé par l’utilité).
Le concept d’utilité a été amené par le développement du concept de
rareté qui se définit comme une décision économique qui est prise non pas
selon le total de l’on veut acheter mais sur ce que l’on va ajouter à ce que
l’on a déjà. Ainsi, selon les néoclassiques, la valeur d’un bien(pas sur du
terme rareté à vérifier) dépend du supplément d’utilité qu’un bien nous
apporte par rapport à ce qui existe déjà. Utilité qui va être mesurer par la
rareté du bien c’est-à-dire la quantité dont on dispose de ce bien. Cette
théorie répond ainsi au paradoxe de l’eau et du diamant car l’eau nous
paraît peu utile car on en a sous la main tout le temps contrairement au
diamant or si on met une personne dans un désert il verra que l’eau lui
sera bien plus utile qu’un diamant.
Paradoxe de l’eau et du diamant a été posé par Adam Smith qui va
explorer dans un premier temps une théorie de la valeur qui se base sur
l'utilité du bien. Il se confronte alors à un paradoxe évident : l'eau est le
bien le plus utile, mais ne vaut rien, là où le diamant n'a aucune utilité,
mais une valeur élevée (« il n'y a rien de plus utile que l'eau, mais elle ne
peut presque rien acheter ; à peine y a-t-il moyen de rien avoir en
échange. Un diamant, au contraire, n'a presque aucune valeur quant à
l'usage, mais on trouvera fréquemment à l'échanger contre une très
grande quantité d'autres marchandises »).
Cette théorie de l’utilité a eu quelques précurseurs avant les néoclassiques
comme avec Jules Dupuit qui décrit l’utilité marginale (utilité qu’un agent
tire de la consommation supplémentaire d’un bien) comme une fonction
décroissante c’est-à-dire que l’utilité qu’un agent tire à chaque fois qu’il
consomme un bien donné de plus va diminuer.
De même, Heinrich Gossen, économiste allemand (1810-1858), avait
utilisé systématiquement les mathématiques pour transcrire les lois qu’il
avait établi sur l’utilité :
• 1) l’utilité marginale est décroissante lorsqu’un plaisir se poursuit sans
interruption ;
• 2) l’utilité marginale est décroissante lorsqu’une sensation se répète :
l’intensité du plaisir et sa durée décroissent avec les répétitions ;
• 3) comme les biens sont rares, le consommateur doit choisir entre les
différents biens qui satisfont ses besoins, et l’utilité qu’il ressent est
maximale quand les utilités marginales de chaque type de bien consommé
sont égales.
Jevons va utiliser la décroissance de l’utilité marginale qu’il a déterminer
tout comme Heinrich Gossen pour montrer que qu’un individu A accepte
un échange avec un autre individu B, lorsque l’utilité que lui apporte la
dépense qu’il fait pour acquérir un bien compense exactement l’utilité qu’il
perd en cédant un bien en échange de celui qu’il acquiert. Donc l’individu
accepte l’échange et maximise son utilité quand les prix relatifs des biens
échangés sont égaux au rapport des utilités marginales des biens
échangés.
Par ailleurs, il existe un débat entre certains économistes qui pense que
l’utilité est cardinale c’est-à-dire qu’elle est universelle (Stuart Mill,
utilitariste) et ceux qui pensent que l’utilité est ordinale c’est-à-dire que
l’on ne pas comparer l’utilité d’un même bien entre deux individus
(Vilfredo Pareto).
Enfin, le principe des néoclassiques est de trouver un système
mathématique le plus fidèle possible aux hypothèses qu’on veut prouver.
Ainsi, si on considère une entreprise comme idéal-type, alors son but sera
de maximiser ses profits ce qui va l’amener à prendre des décisions en
conséquence (rapport avec Marshall qui essaye de démontrer offre et
demande dépendent d’une seule variable).
A partir de la réflexion sur l’utilité, Marshall va démontrer que la demande
d’un bien est décroissante à l’augmentation de son prix (quand prix
augmente demande diminue et inversement). Il montre aussi que la
fonction d’offre pour une entreprise est croissante à l’augmentation des
prix. Ainsi, il démontre qu’il existe un équilibre entre l’offre et la demande
qui va dépendre d’une seule variable, le prix (il démontre cela en utilisant
plusieurs outils comme l’élasticité prix).
Ainsi, tous les comportements sont-ils définis par l’offre et la demande ?
Pour Marshall c’est le cas en prenant l’exemple de l’investissement
(demande de capital) et l’épargne (offre de capital).
Le marginalisme cherche à trouver les lois de l’économie pure, en
s’appuyant sur l’hypothèse de rationalité des agents économiques ; cette
hypothèse leur prête une démarche commune de maximisation des
intérêts individuels. Même lorsque le calcul économique fondé sur une
information complète semble irréaliste - ce qui est le cas pour l’école
autrichienne, et Carl Menger notamment – les individus poursuivent leurs
intérêts, et cela conduit les économistes néoclassiques à estimer que
l’économie établit des lois de comportement, tout aussi solides que les lois
naturelles.
ECOLE VIENNOISE
Menger, et l’école viennoise, considèrent que le calcul d’un équilibre
statique à l’aide d’une égalisation de courbes d’offres et de demandes
n’est pas réaliste ; ce qui importe c’est de comprendre les processus qui
mènent à l’échange. En effet, une description statique de l’économie ne
peut pas fonctionner car les goûts et la demande change en permanence.
Il n’empêche que ces explications reposent sur des hypothèses a priori sur
la capacité de chaque individu d’évaluer sa propre utilité (arbitrage
intertemporel).
De plus, pour l’école viennoise, l’information du marché est difficile à
comprendre ainsi s’il y a une manipulation de la valeur de la monnaie au
sein du marché l’information devient impossible à comprendre. Ainsi, pour
eux il ne faut pas créer de la monnaie de manière intempestive (Etat ne
doit pas intervenir).
Théorie de l’investissement comme détour de production (théorie école
de vienne) =
Selon l'économiste autrichien Eugen von Böhm-Bawerk le détour de production (ou détour
productif) désigne l'idée paradoxale mais efficace selon laquelle il faut quelquefois savoir
faire un détour, pour être capable ultérieurement de produire plus, plus vite et mieux. Le
détour de production conduit à réaliser...