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Ecole de regulation

Publié le 15/06/2014

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L'école de la régulation est l'une des rares écoles de théorie économique contemporaine à posséder une dimension fortement française. À partir des travaux fondateurs de Michel Aglietta et de Robert Boyer, elle apparaît au milieu de la décennie de 1970, dans un moment très particulier qui, aux États-Unis comme en Europe, est celui du passage avéré de la croissance à la crise, signifiant la fin des Trente Glorieuses. La théorie de la régulation se constitue ainsi, en affrontant un défi particulier : tenter d'expliquer le passage de la croissance à la crise, sans recourir à des deus ex machina, ou autrement dit sans invoquer de chocs externes. I - La crise du « fordisme » Pour rendre compte de la crise qui s'installe à partir du milieu des années 1970, les théoriciens de la régulation élaborent un ensemble de propositions originales, qui vont constituer le fondement d'une approche théorique nouvelle. Contrairement aux approches dominantes en économie, l'école de la régulation pose que le marché et a fortiori le capitalisme ne sont pas « auto-régulateurs ». Reprise de John Maynard Keynes, Karl Polanyi ou Karl Marx, trois auteurs clés dans l'inspiration de l'école, cette proposition revient à soutenir qu'aucun mécanisme ne conduit par lui-même à l'équilibre. Cependant, sous certaines conditions, des institutions spécifiques, construites autour du marché, peuvent permettre la formation de « régimes d'accumulation » capables de garantir, sans crises majeures, des taux de croissance économique relativement élevés, pendant une période de temps plus ou moins longue. Telles qu'elles sont définies, l'accumulation ...

« L'école de la régulation trouve ici la justification de sa dénomination.

Sa particularité est, en effet, d'affirmer que seul un ensemble de dispositions institutionnelles toujours spécifiques et datées, permettant de « réguler » l'économie de marché, peut garantir une croissance soutenue et stable.

L'économie de marché, mue par ses propres forces, conduit nécessairement à des déséquilibres récurrents. À partir de ces prémisses, la crise des années 1970 est définie comme la crise du « fordisme ».

Néologisme formé à partir du nom du célèbre constructeur automobile, le fordisme est entendu par les théoriciens de la régulation comme un régime de croissance contingent, au sein duquel s'est nouée une articulation dynamique entre certaines formes structurelles de base.

Le régime fordien de croissance se caractérise comme un « couplage » particulier entre des formes de dégagement et de partage des gains de productivité.

À partir d'innovations organisationnelles (la parcellisation taylorienne du travail, la ligne de montage fordienne, etc.), elles-mêmes appuyées sur un important développement du machinisme industriel, se mettent en place de puissants instruments de dégagement des gains de productivité.

Une partie de ceux-ci, via des accords salariaux particuliers (qui assurent l'indexation des salaires sur l'inflation), permettent de garantir des hausses anticipées et continues du pouvoir d'achat.

Ces hausses nourrissent une augmentation de la demande adressée aux entreprises qui, pour capter cette demande supplémentaire, sont incitées à investir la part des profits restée disponible.

Un ensemble de « cercles vertueux » se mettent en place, qui lient normes de production et normes de consommation de masse.

Le régime fordien, qui se diffuse en France après la Seconde Guerre mondiale, assure le passage à un type de régime d'accumulation sans précédent dans l'histoire du capitalisme.

En lui gît le ressort profond des fameuses Trente Glorieuses. C'est ce régime qui, selon les théoriciens de la régulation, entre en crise à partir des années 1970.

L'érosion des gains de productivité (liée à l'épuisement du taylorisme et du fordisme en tant que modes de contrôle de la main-d'oeuvre) ruine les fondements mêmes du régime.

En l'absence de gains de productivité suffisants, les « contrats salariaux » indexés sur l'inflation (laquelle explose pendant cette période) ne sont plus en cohérence avec les besoins de l'accumulation.

Toute la mécanique s'enraye : de cercles vertueux on passe à des « cercles vicieux ». Cette explication endogène de la croissance puis de la crise permet à ce nouveau courant d'analyse de se. »

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