Définition du système industriel
Publié le 29/02/2020
Extrait du document
• La planification
C’est la deuxième marque importante du changement intervenu en passant de l’économie de marché au système industriel. La notion de plan fut longtemps bannie aux États-Unis parce qu’elle avait des relents socialistes et semblait s’opposer à la fameuse « liberté » prônée par l’Amérique. Or l’organisation de la grande entreprise contraint à mettre en place une planification rigoureuse : celle-ci est donc une réalité, mais reste, très souvent, méconnue. Il devient donc nécessaire d’expliciter ce qu’est la planification. Dans l’économie de marché, on s’en remettait aux réactions spontanées des consommateurs et l’ensemble fonctionnait selon la loi bien connue de l’offre et de la demande. Il n’est désormais plus possible, dans le système industriel, de suivre la même voie. Parce que les délais de fabrication sont allongés, parce que le capital engagé est beaucoup plus important, on ne peut plus s’en remettre sans risques au comportement spontané du consommateur. Rien ne dit en effet que celui-ci aura encore les mêmes désirs (concernant tel ou tel produit industriel) dans deux ou trois ans. On sait que la demande en objets de nourriture courante (œufs ou lait par exemple) reste très stable et donc prévisible, mais rien ne permet de savoir si une automobile d’une taille et d’une couleur définies continuera à être désirée spontanément par le consommateur dans quelques mois.
D’où la nécessité d’une planification. « Dans l’optique d’une firme industrielle, la planification consiste à prévoir les actions et opérations qui seront nécessaires entre le commencement de la production et son achèvement et à se préparer à leur bonne exécution. Elle consiste aussi à prévoir tout événement non prévu au programme, favorable ou non, qui pourrait intervenir en cours de route et à avoir une solution prête pour y faire face. » L’essentiel consiste donc à minimiser et, si possible, à annuler les incertitudes du processus de production (y compris en ce qui concerne la vente du produit considéré).
LE NOUVEL
ÉTAT
INDUSTRIEL
de GALBRAITH
le marché peut être mis en sommeil. C’est le système des contrats. Les grandes entreprises se libèrent mutuellement des incertitudes du marché en concluant entre elles « des contrats qui spécifient les quantités de marchandises qu’elles se fourniront ou s’achèteront pour des périodes importantes, et les prix correspondants ». Il s’agit de partager les incertitudes pour mieux les supporter et les éviter au maximum.
D’une manière générale, remarque Galbraith, tous ces arguments convergent vers la conclusion suivante : la planification industrielle entretient de très étroites relations avec la taille de l’entreprise. C’est pourquoi, selon l’auteur, à moins d’être « pathologiquement romantique », il faut reconnaître que notre époque n’est plus celle du petit entrepreneur. Il est impossible de revenir en arrière : l’entrepreneur était le mieux adapté lorsqu’on était en économie de marché. Désormais au contraire, par l’introduction de la technologie et par les besoins qui ont été ainsi créés en nous, la grande firme est de loin la plus adéquate. C’est donc « radoter » que de dire que le petit entrepreneur recule, non devant l’efficacité, mais seulement devant le pouvoir de monopole de la grosse société : en réalité, il s’agit bel et bien
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