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Dans quelle mesure les néoclassiques sont-ils les héritiers des classiques ?

Publié le 31/08/2012

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D’une part, l’approche classique diffère de celle des néoclassiques car la première présente une vision de la société en terme de classe dont l’opposition créerait une certaine harmonie. Alors que la seconde place au centre de sa théorie une vision microéconomique. Il suffit d’ailleurs de considérer l’école autrichienne de K. Menger, adepte rigoureuse de l’individualisme méthodologique et qui conduira Hayek à rejeter toutes formes de macroéconomie. A l’inverse, le seul fait de considérer la société comme divisée en classe amènera même certains à rattacher Marx à l’école classique. Ce qui est donc symbole d’une rupture importante. D’autre part, les néoclassiques, s’opposant à Smith et Ricardo reprennent les théories subjectives de la valeur des physiocrates tels que Condillac ou Turgot. En effet, Smith refusait de lier valeur d’échange et valeur d’utilité, alors que les néoclassiques présentaient ces deux notions comme concomitantes. Reprenons ici le paradoxe de l’eau et du diamant précédemment énoncé. Pour Smith « Il n'y a rien de plus utile que l'eau, mais elle ne peut presque rien acheter; à peine y a-t-il moyen de rien avoir en échange. Un diamant, au contraire, n'a presque aucune valeur quant à l'usage, mais on trouvera fréquemment à l'échanger contre une très grande quantité d'autres marchandises.« William Jevons et les néoclassiques résolvent donc ce paradoxe en introduisant la notion d’utilité marginale : si, chez les classiques, la valeur relative d'un bien résulte de la quantité de travail nécessaire pour le produire, chez les néoclassiques la valeur d’un bien est déterminée par son utilité marginale. L’utilité marginale correspond en fait à l'utilité qu'un agent économique tirera de la consommation d'une unité supplémentaire du bien ou du service. Cette utilité marginale décroît avec la quantité de biens déjà consommé : un homme assoiffé payera une somme très importante pour un verre d'eau mais une fois le premier, le second et le troisième verre d'eau consommés, l'utilité marginale, très importante au premier verre, décroît nettement si bien que le dernier verre n'a presque plus de valeur 

« marginale décroît avec la quantité de biens déjà consommé : un homme assoiffé payera une somme très importante pour un verre d'eau mais une fois le premier, lesecond et le troisième verre d'eau consommés, l'utilité marginale, très importante au premier verre, décroît nettement si bien que le dernier verre n'a presque plus devaleurDe plus, classiques et néoclassiques semblent donner une définition opposée de la science économique.

En effet, si la vision des néoclassiques de l'économie peutêtre reliée à la définition que L.

Robbins en donne dans son Essai sur la nature et la signification de la science économique de 1947 en tant que « science qui étudie lecomportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs », les classiques se limitent à définir la science économique commescience des richesses.

C'est ainsi que Say dans son Traité d'économie revendique que « l'économie politique enseigne comment se forment, se distribuent, setransforment les richesses qui satisfont aux besoins des sociétés.

» B) Certaines théories ou outils économiques sont propres aux néoclassiques, ce qui les distingue de leurs prédécesseurs : La principale innovation des néoclassiques par rapport aux classiques est le recours à la formalisation mathématique.

On l'a vu, les néoclassiques se situent dans unepériode de triomphe du scientisme.

En ce sens, l'outil mathématique est primordial pour construire une économie politique sur des bases solides, scientifiques.

Sil'école autrichienne, et K.

Menger en tête, est à distinguer des autres écoles néoclassiques de ce point de vue, Léon Walras, fondateur de l'économie néoclassique,réalise son œuvre la plus importante en formalisant l'équilibre général.

Il en déduit que seule la libre concurrence constitue « la résolution pratique des équations ».Beaucoup s'accordent cependant sur le fait qu'elle doit être utilisée à bon escient, comme les économistes de XXe siècle Maurice Allais ou Edmond Malinvaud quiaffirme « la fonction véritable de l'économie mathématique est d'apporter de la rigueur là où elle en a besoin.

Elle n'est pas de produire des modèles abstraits pourdes économies imaginaires ».Enfin, la valeur utilité est une innovation par rapport à la valeur travail des classiques.

La valeur n'est plus déterminée par le travail qui nécessite la production, maispar l'utilité marginale (cf.

II.A).

C'est une théorie qui leur est propre. En somme, les néoclassiques se sont bel et bien distingués des classiques en de nombreux points et ne se sont donc pas limités à critiquer ou à perpétuer les théorieséconomiques de leurs prédécesseurs qu'ils auraient simplement modifiées.Aussi, il ne faut pas oublier de prendre en compte que le contexte est prédominant dans la rédaction de théories économiques.

La situation des néoclassiques dans unsiècle de révolution industrielle et de mutation économique peut expliquer bon nombre des divergences constatées.

Ces conceptions de la société s'étalenteffectivement sur plus d'un siècle.Les problèmes sont donc différents et les solutions se doivent de s'adapter.

L'histoire des idées n'est pas indépendante de celle des faits. Pour conclure, on ne peut pas contester que les néoclassiques s'inscrivent dans la lignée des classiques en raison d'un héritage clairement présent.

Cependant, affirmerque cette nouvelle approche se limiterait à un simple prolongement serait une erreur importante.

Certes, il y a des points communs aux deux écoles, en particulier unelarge adhésion aux principes du libéralisme économique ou encore à la loi des débouchés, mais les fondateurs de la théorie néoclassique insistent pour certains surleur divergence face aux thèses classiques.On va jusqu'à parler d'une domination de la théorie néoclassique.

Pour reprendre les mots de Philippe Légé journaliste pour Alternatives Economiques « la théorienéoclassique s'est imposée car elle permettait d'éliminer les aspects les plus subversifs de la théorie classique ».

Cependant, cela n'empêche pas des oppositionsmarquées de la part d'autres économistes de cette époque comme Keynes qui ne manquent pas d'arguments pour critiquer cette approche peut-être trop modélisatrice.D'ailleurs, tout le monde s'accorde à dire que la théorie néoclassique est dominante au niveau théorique, mais peut-on considérer qu'elle l'est également dans lesfaits ? Bibliographie : Manuels :Histoire des idées économiques (Tome 1 et 2) Boncoeur et Thouément Armand ColinHistoire des faits et des idées économiques Fabrice Mazerolle.

Gualina Editeur Dictionnaires :Dictionnaire des sciences économiques Alain Beitone Armand ColinDictionnaire des sciences économiques René Revol Hachette Périodiques :Alternatives Economiques, hors série n°73Alternatives Economiques, n°213Problèmes économiques, n°2882Problèmes économiques, n°2898. »

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