Dans Quelle Mesure Les Inégalités Sont-Elles Un Facteur De Croissance Économique ?
Publié le 29/01/2013
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entre les familles (capital social, économique et culturel). Les inégalités ont également, dans nos sociétés
démocratiques, un « caractère systémique « (doc. 4), car elles interagissent entre elles. Elles ont
tendance à se cumuler (l'inégalité dans l'accès à l'emploi entraînant, par exemple, une inégalité dans
l'accès aux soins) et à se reproduire de génération en génération. Au total, l'intensité et la diversité des
inégalités conduisent à une société duale, où une fraction croissante de la population se retrouve exclue
des « dividendes de la croissance « et donc ressent un sentiment légitime d'injustice et de révolte, ce qui
peut être négatif pour la croissance (une partie de la population ne se projetant pas dans l’avenir,
l’épargne et l’investissement pouvant ralentir de ce fait).
La croissance économique est une condition nécessaire à la réduction des inégalités de revenu, ne
serait-ce que parce qu’elle permet de réduire le chômage, source première de toute inégalité et facteur
«
efficacede poursuivre la baisse des inégalités qui demeurent (doc.
5).
La mise en relation du taux de
croissance du PIB français et du nombre d’allocataires du RMI (doc.
2) le démontre puisque la montée de
ces derniers n’a en rien stimulé la croissance économique française de 1995 à 2005.
Le nombre
d’allocataires du RMI a augmenté sans corrélation aucune avec le taux de croissance du PIB.
Les inégalités sont donc loin d’être néfastes à la croissance économique.
Cependant la continuité de la
prospérité économique ne peut s’effectuer dans un contexte d’augmentation continuelle des inégalités.
La
poursuite du processus d’enrichissement de long terme impose la réduction des inégalités.
Les inégalités peuvent être envisagées comme structurellement néfastes à la croissance d’un point de
vue philosophique, économique et social.
Pour mettre en place les conditions de l'efficacité économique et donc de la croissance économique,
l'objectif de justice sociale ne doit pas être oublié.
Le philosophe américain J.
Rawls tente de réconcilier
liberté et justice sociale en opérant une distinction entre les différents types d'inégalités.
Certaines d'entre
elles sont positives car elles améliorent le sort de tous les membres de la société.
Au contraire, d'autres
peuvent favoriser la condition d'une minorité au détriment d'une majorité (discriminations positives).
Cette
distinction permet au philosophe américain de résoudre l'antagonisme égalité -liberté qui, depuis
Tocqueville, hante la pensée libérale.
En effet, la véritable injustice sociale consiste à sacrifier une partie
de la société, défavorisée ou non : J.
Rawls rejette aussi bien le « libéralisme sauvage » que le «
socialisme autoritaire ».
D’un point de vue plus économiste, les keynésiens estiment que les inégalités plombent la consommation
pour les ménages dont le revenu est insuffisant et, par là même, réduisent la croissance, ce qui provoque
du chômage.
Ce cercle vicieux doit être rompu par l’intervention de l’État qui doit initier une fonction
régulatrice de redistribution.
Par ailleurs, à long terme, de trop fortes inégalités nuisent à la qualité et à
l’efficacité du capital humain.
Par exemple, le rattrapage des enfants d’ouvriers pour l’obtention du
baccalauréat (7 fois plus d’enfants de cadres obtenaient le bac pour la génération 49/53 contre seulement
2 fois plus pour la génération 74/78) a permis d’alimenter le système économique en personnel qualifié
(doc.
6).
Si ce mouvement de rattrapage cessait, tarissant la population
d’ouvriers et d’employés qualifiés, il pourrait avoir des effets négatifs sur la croissance
Les inégalités comme frein à la croissance : trop d’inégalités, au lieu de stimuler les personnes
défavorisées, stérilisent au contraire leurs initiatives (les travailleurs en situation de précarité n’arrivent
plus à s’insérer dans la société et perdent tout espoir), ce qui constitue un formidable gaspillage de
richesse nationale.
Le corps social tolère plus ou moins un certain niveau d’inégalités (cf.
niveau
d’inégalités et niveau de violence au Brésil, par exemple).
Le rôle de l’État est ici essentiel puisqu’il est
garant de la paix sociale.
Par les prélèvements obligatoires qu’il met en place, il tend à modifier la
répartition des revenus primaires (plus les services collectifs gratuits et les revenus de transfert) mais, en
fait, la redistribution ne modifie la répartition des revenus que de façon modérée.
Il y a une incapacité à
inverser la tendance dans le creusement des inégalités : les revenus des 10% les moins bien rémunérés
de la population ont augmenté de 11,1% (1123 €) entre 1996 et 2003 pendant que celui des 10% les plus
riches augmentait lui, pour la même période, de 9,1% soit de 4085 € ! (doc 3)
Les inégalités restent donc en partie une caractéristique structurelle de nos sociétés démocratiques,
sociétés fondées sur la prédominance du marché et la compétition entre les individus.
Elles résultent,
comme l'avait montré Pierre Bourdieu dans l'exemple de l'enseignement supérieur, d'une répartition.
»
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