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Après avoir rappelé l'importance de l'innovation pour les entreprises, vous expliquerez que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer

Publié le 18/05/2012

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 « Tout le monde peut innover, si sa vie en dépend « disait Akio Morita le co-fondateur de Sony qui, dans cette simple phrase, exprime parfaitement la réalité de l’économie  de marché en intimant l’idée qu’elle est le terrain d’une concurrence âpre et sans pitié à laquelle seuls survivent ceux qui innovent, ceux qui parviennent à donner une application réussie à une invention, une  découverte ou une idée nouvelle dans le domaine économique et commercial.

Mais la concurrence ne nécessite-t-elle pas un minimum de règles et de codes afin d’empêcher les producteurs de s’exterminer totalement et de rendre au bout du compte toute innovation inutile faute de survivants pour la réaliser ? En effet, à quoi bon innover si le succès de la bataille est incertain et si le nerf de la guerre,  l’investissement, a été dépensé en pure perte ? A quoi bon inventer des « armes « nouvelles si celles-ci au bout du compte profitent aux concurrents ? Ainsi, pour sauver une économie nationale des importations étrangères ou pour lutter contre le chômage engendré par la concurrence de pays offrant à leurs entreprises une main d’œuvre bon marché, peut-on s’en remettre uniquement à la volonté des seuls seigneurs, des seuls entrepreneurs et à la défense de leur intérêt privé ? 

« de prêter à perte.

Ils les considèrent bien souvent trop risqués par rapport à l’usage alternatif qu’ils pourraient faire de leurs capitaux (placer en bourse c’est plus rentable financièrement !) La rente financière mais également la rente en termes d’image générée par le succès d’une innovation permet également à l’entreprise de desserrer les contraintes liées à l’ endettement et à la frilosité des prêteurs.

En effet le niveau des taux d’intérêts est fixé en fonction de l’estimation de la rentabilité économique d’une innovation.

Plus celle -ci est jugée élevée plus les taux proposés seront bas.

L’innovatio n est donc un enjeu quant aux sources de financement des investissements futurs comme moyen d’évincer les concurrents.

La question du retour sur investissement et donc du profit pour une entreprise est donc cruciale étant donné l’importance de l’innovation pour se soustraire de la concurrence.

De l’innovation et de son succès dépend donc la croissance de l’entreprise (de sa production) et de cette croissance dépendent les sources futures d’autofinance ment d’autres projets innovants .

Or, cette question du retour sur investissement est liée à des facteurs que l’entreprise ne maîtrise pas, comme l’incertitude quant aux évolutions macro -économiques et l’appropriation des gains potentiels générés par l’innovation.

En effet, l’innovation si elle pro fite aux consommateurs profite également aux concurrents consommateurs de cette innovation.

Si bien que l’entrepreneur rationnel est condamné fondamentalement à sous -investir.

Quel acteur autre que l’Etat p eut mieux contribuer à réduire ces incertitudes.

L’Etat a do nc pour rôle de favoriser l’investissement des entreprises dans des projets innovants .

Les raisons de cette intervention sont nombreuses (A) comme sont nombreux ses leviers d’actions (B).

La raison principale de la légitimité de l’action de l’Etat en mati ère d’investissement réside dans le décalage entre l’intérêt collectif qu’il est sensé représenté et l’intérêt privé propre à l’entrepreneur.

Les théories de la croissance endogène considèrent en général que le taux de croissance de l’économie dans une éco nomie concurrentielle est inférieur au taux de croissance socialement optimal (celui que commanderait l’intérêt de la société).

La raison de cet écart est l’existence d’externalités.

Les agents prennent leurs décisions d’investissement en fonction du rende ment privé, lequel est inférieur au rendement social.

Ils investissent donc moins que cela ne serait souhaitable pour la collectivité (question 14) .

Les externalités sont définies comme des interactions entre les agents économiques qui ont lieu en dehors d u marché (c’est -à -dire que ces interactions ne sont pas rémunérées).

Dans le cas de la technologie, on a plutôt affaire à des externalités positives, les « externalités informationnelles ».

Le savoir produit par l’innovateur bénéficie à d’autres agents san s compensation monétaire ou autre, de leur part : les autres agents peuvent simplement imiter l’innovateur, ou reprendre son idée pour l’améliorer, en n’ayant pas dans tous les cas à repayer le coût intégral de la recherche initiale.

Ainsi, l’invention peut être utilisée par les concurrents comme base pour d’autres découvertes dont l’inventeur initial n’aura pas le contrôle.

En conséquence, l’inventeur ne peut en général s’assurer le monopole de l’usage d’une connaissance, et donc s’approprier toute sa v aleur.

Une partie de celle- ci va aux concurrents, une autre partie aux consommateurs .

Cependant et paradoxalement, l es entreprises innovantes technologiquement ont intérêt à diffuser en amont et en aval leur découverte car toute innovation peut produire un e grappe d’innovation liée à cette innovation initiale.

Si bien que, potentiellement, peut augmenter la demande (de la part des entreprises utilisatrices de l’innovation et des consommateurs) adressée à l’entreprise innovante et donc les possibilités de pr ofit.

Ainsi les entreprises innovantes n’ont pas intérêt à ce que le coût d’utilisation de leur innovation par les autres entreprises soit trop élevé.

Pour résoudre ces contradictions inhérentes à l’initiative privée, l’Etat dispose d’un arsenal législatif efficace.

L’Etat peut créer des règles institutionnelles qui assurent un niveau plus élevé au rendement privé de la recherche.

Il en est ainsi du brevet, titre de propriété accordé à l’inventeur à titre temporaire (au maximum vingt ans) et qui lui assure le monopole d’exploitation de son invention sur la période.

Le propriétaire peut soit produire lui -même l’invention protégée, et extraire ainsi une rente du marché, soit accorder des licences, c’est -à - dire vendre à d’autres producteurs le droit d’utilis er sa découverte.

Si le brevet est un outil important pour susciter l’innovation (dans un nombre de cas, sans la garantie de ne pas être imitée, une entreprise n’engagerait pas les lourdes dépenses requises par la recherche), il a par contre le défaut d’accorder un monopole à une entreprise privée, qui peut en faire un usage pas toujours compatible avec des critères sociaux plus larges que le profit (voir les problèmes rencontrés par des pays en développement pour accéder à certains médicaments brevets).

L’ Etat peut financer directement ou indirectement l’effort de recherche des entreprises.

Les aides directes (subventions) sont distribuées selon certains critères.

L’Union européenne, à travers les « programmes cadres de R et D », contribue de façon croissan te aux aides directes .

Le crédit d’impôt recherche (aide indirecte) consiste à accorder aux entreprises une réduction de leur impôt proportionnelle à l’accroissement de leur dépense en recherche.

L’intervention de l’Etat dans la recherche ne se borne pas à pallier les défaillances du marché.

L’Etat est aussi un consommateur de technologie, en matière de défense, de santé, d’environnement pour satisfaire d’autres besoins sociaux ; il est souvent difficile de séparer les besoins de l’Etat de ceux du marché, d u fait de la polyvalence de nombreuses techniques : une technologie mise au point pour un avion militaire, et donc payée par l’Etat, peu en partie être utilisée dans un avion civil.

Ainsi les politiques d’achat public sont un moye n d’intervention sur le m arché.. »

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