HISTOIRE DE L'ÉCOLOGIE
Publié le 02/05/2019
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Au cours du XXe siècle, l'écologie s’affirme de plus en plus comme une science officielle et définie. En 1913 naît la première société scientifique anglaise d'écologie du monde, suivie immédiatement, en 1915, de la création de la société américaine.
De nombreux écologistes contribuent, par leurs études et leurs recherches, à mieux définir le domaine d'action et à approfondir davantage le fonctionnement des systèmes naturels au cours de cette importante période historique. Rappelons, parmi tant d'autres, Frederic Clements, Henry Gleason, Victor Shelford, Charles Adams, Charles Elton. De nouveaux concepts sont définis : la succession essaie d'analyser les différentes phases d'évolution d'une communauté vivante ; le climax identifie la phase théorique optimale d'évolution d'une communauté biologique ; les pyramides alimentaires permettent de relier les relations alimentaires complexes entre les différentes espèces vivantes, etc.
Au milieu des années 30, Arthur Tansley introduit l’idée d'écosystème, affirmant que : « La notion la plus importante est, me semble-t-il, la totalité du système (dans le sens de système utilisé en physique), qui comprend non seulement l'ensemble des organismes, mais aussi tout l'ensemble des facteurs physiques qui forment ce que nous appelons l'ensemble du biome, les facteurs de l'habitat au sens large... Ces écosystèmes, comme nous pouvons les appeler, présentent la plus grande diversité de types et de dimensions. »
D'autres écologistes illustres tentent de comprendre le flux énergétique existant entre les différents constituants d'un écosystème, et proposent de véritables analyses écoénergétiques des milieux. Le célèbre article de Raymond Lindemann de 1942 sur l'écologie du lac Cedar Bog publié dans Ecology jetait les bases de l'approche énergétique moderne. Lindemann, disparu à l'âge de 27 ans, estimait que la méthode d'analyse la plus féconde consistait à réduire à des termes énergétiques tous les événements biologiques et leurs interactions. Les bilans énergétiques des écosystèmes devinrent un sujet particulièrement approfondi par les frères Odum, Eugene et Howard Tresor. À Eugene, on doit également la publication d'un traité d'écologie, publié pour la première fois en 1953, qui, aujourd'hui encore, avec ses éditions successives, reste un point de repère très important pour la compréhension de la discipline écologique.
DES MÉTHODES TOUJOURS NOUVELLES
Au cours des dernières décennies, le domaine d'analyse de l'écologie se développe de façon surprenante. On effectue des analyses et des études sur les fluctuations des populations, sur les modèles de leur distribution, sur l'évolution des systèmes naturels, sur les cycles biogéochimiques des éléments fondamentaux (carbone, oxygène, azote, etc.), sur la résistance des systèmes naturels aux changements imposés par l'intervention humaine (de l'utilisation des radiations à l'émission de substances polluantes), etc. L'utilisation des techniques modernes de détection à distance, fondées sur l'emploi de satellites artificiels, permet de lancer de grands programmes internationaux de contrôle et de surveillance des systèmes naturels de la planète, comme le Programme International Géosphère-Biosphère. L'écologie est liée aux progrès les plus modernes de la génétique, de la biologie moléculaire, des sciences de l'évolution et de la biologie de la conservation, et en même temps elle perfectionne ses méthodes d'analyse. De nouvelles approches naissent, telles que l'écologie du paysage (Landscape Ecology), qui essaie d'analyser les problèmes environnementaux par une vision d'ensemble du paysage concerné, et l'écologie du rétablissement (Restoration Ecology), visant à approfondir au mieux l'évolution des systèmes naturels et à les requalifier correctement après les troubles provoqués par notre espèce.
L'écologie devient en outre le domaine de prédilection pour l'analyse des évolutions futures du rapport homme-nature, et elle s'enrichit des réflexions et des progrès des autres disciplines, telles que les sciences du chaos et les sciences de la complexité. L'écologiste Robert May a joué un rôle central dans ce domaine. Il est de plus en plus clair que les systèmes naturels présentent une grande complexité constitutive, d’où notre difficulté extrême à faire des prévisions sur l'évolution du système. La science a constaté que dans les systèmes complexes, appelés non linéaires ou chaotiques, de petits changements entraînent, avec le temps, des variations plus grandes. Cela signifie que des différences légères dans les facteurs de départ peuvent rapidement entraîner des différences substantielles dans les résultats. Dans l'évolution du système, il existe une dépendance sensible par rapport aux conditions initiales du système lui-même. Par conséquent, il est très difficile, voire impossible, de connaître chaque petite différence qui se produit à tel ou tel endroit ou à tel ou tel moment, et, même si cela était possible, nous ne pourrions pas connaître les petites différences qui provoquent des différences substantielles au final. Aujourd'hui nos meilleurs modèles de prévision sur ordinateur sont en mesure de nous fournir le sens, la direction générale selon laquelle un système se déplace, mais ne peuvent pas prévoir exactement ce qui aura lieu. Ils nous disent seulement ce qui pourrait, peut-être, avoir lieu.
QUEL FUTUR ?
L’apparition de l’homme sur la Terre a entraîné une évolution culturelle exceptionnelle. Grâce à son système nerveux très évolué, l’homme, qui a franchi de nombreuses limites imposées par les systèmes naturels, a pu exercer une domination sur le reste de la Terre.
Tous les savants s'accordent à reconnaître qu’actuellement, notre espèce est l'élément déterminant des modifications en cours dans tous les milieux de la Terre, si bien qu'elle agit profondément sur les mécanismes évolutifs du reste de la vie sur notre planète.
Les dimensions de caractère planétaire et la brièveté des temps de notre impact sur les conditions environnementales de la planète constituent deux facteurs parmi les plus déterminants de la grave crise qui caractérise notre époque, une crise qui exige une révision urgente de la conception du monde et de la réalité aujourd'hui dominante surtout chez les couches riches et industrialisées de l'humanité.
Il est évident que nous nous trouvons dans une situation paradoxale. Nous savons très bien, grâce aux connaissances acquises jusqu'ici, que nous ne pouvons pas nous passer de la nature ; bien que, jour après jour, nous ne fassions qu'agir en affaiblissant la capacité de notre planète à supporter la quantité et la qualité des besoins et des exigences que la population humaine croissante demande.
Notre capacité à exercer une influence négative sur les milieux du globe s'est accentuée dans des temps extrêmement courts, si on les compare aux temps de l'évolution d'écosystèmes tout entiers. Vers 1800, nous avons atteint le premier milliard d'êtres humains et aujourd'hui nous sommes plus de 5,7 milliards. Depuis le siècle dernier, les petits centres urbains où les transports s'effectuaient à cheval sont devenus d’immenses métropoles, avec des dizaines de millions de personnes véhiculées par des millions de voitures. De plus, les grands systèmes de production et de distribution d'énergie, engendrant une grande quantité de déchets (solides, liquides et gazeux), ont complètement bouleversé le territoire.
En dépit du progrès extraordinaire de nos connaissances concernant la réalité physique, chimique et biologique de la Terre, nous avons encore une faible compréhension des équilibres dynamiques des systèmes naturels, de leur évolution, de leur capacité de réaction aux interventions humaines, etc. D'un côté, nous modifions de plus en plus les systèmes de la nature, par des interventions très lourdes. De l'autre, en dépit des grands progrès de la science, nous ignorons encore beaucoup de choses. En outre, nous avons une difficulté objective à comprendre parfaitement la complexité de la nature, et donc à gouverner le système Terre que nous avons complètement colonisé, ce dont nous sommes de plus en plus conscients.
Nos n’apprenons qu’avec difficulté à connaître le monde qui nous entoure. Nous essayons de comprendre la nature et nous-mêmes grâce à un appareil perceptif et cognitif qui fait partie de la nature elle-même. Par conséquent, les phénomènes, les événements, les autres êtres observés et le sujet de l'observation, c'est-à-dire nous-mêmes, ne sont pas distincts. Toute la science avance en cherchant à analyser la réalité, à la classer en parties et à étudier les éléments qui composent l'ensemble, mais l'écologie est par définition une science des interactions, et donc de la complexité. Même nos valeurs, nos idéologies, notre culture au sens large exercent inévitablement une influence sur notre capacité cognitive.
Il faut donc être conscients de ces difficultés pour éviter de tomber dans le piège qui nous ferait accorder une confiance excessive dans nos connaissances.
«
2
Cette vision a été peu à peu modifiée, surtout dans les dernières décennies, quand
l'écologie a eu pour but l’analyse précise de certains phénomènes naturels, grâce à
des techniques mathématiques et statiques et à la modélisation.
Dernièrement,
l'écologie a retrouvé une approche plus globale.
L'ÉCOLOGIE À L'ÉPOQUE CLASSIQUE
Aristote fut considéré par de nombreux savants comme un précurseur de la vision
écologique.
En effet, même si ses descriptions ont un caractère typiquement
naturaliste, surtout les descriptions de type zoologique, elles posent des questions
et suggèrent des réflexions de caractère typiquement écologique.
On trouve peu
d’auteurs dans son sillage.
Ceux-ci décrivent principalement des formes de vie,
comme Théophraste (env.
372-287 av.
J.-C.) ou Pline l'Ancien (23-79), dont la
célèbre Naturalis historia , pendant quinze siècles, constituera le patrimoine
commun de savants et d'artistes.
HOMME-NATURE : UN RAPPORT À DISTANCE
Les progrès de la connaissance scientifique et le triomphe des religions
monothéistes méditerranéennes (christianisme et islam), qui attribuent une très
grande importance au rôle central de l'espèce humaine sur la Terre, ont fortement
contribué, au sein de notre culture collective, à séparer de plus en plus l'homme de
la nature, en établissant une forte supériorité du premier par rapport à la seconde.
Le caractère sacré de la nature présent dans la culture pré-médiévale, et présent
aujourd'hui encore dans les cultures tribales survivantes, est devenu un élément
absolument secondaire.
La science devient le symbole de la faculté de raisonner et
de l'objectivité, elle bannit les émotions et essaie d'analyser la nature comme s'il
s'agissait d'une grande horloge qu'il faut désassembler pour en comprendre les lois
de fonctionnement et les engrenages.
LA TERRE COMME SUPERORGANISME
Le père de la géologie, James Hutton (1726-1797), inspiré par l'analogie entre la
circulation sanguine de notre corps et la circulation de l'eau sur la planète, propose
une vision de la Terre comme une sorte de superorganisme qui nécessite l'étude de
la physiologie, considérée, depuis cette époque, comme le fondement et le support
de la médecine.
Il s'agit là d'une vision qui devance une écologie globale : une
vision d'analyse de la réalité de haut en bas, qui se distingue du point de vue
restrictif et réductionniste typique des sciences les plus récentes et spécialisées
(chez lesquelles la vision est de bas en haut), visant à étudier les détails et les
processus des domaines d'étude respectifs.
Il est évident que tout ce qui est
réductionniste n'est pas mauvais, et que tout ce qui est global n'est pas bon.
La
science devrait toujours chercher une intégration équilibrée entre ces deux visions.
L'HOMME DOMINATEUR.
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