Zone d’Apollinaire publie - Alcools
Publié le 25/02/2011
Extrait du document
Introduction De 1890 à 1914 se situe la belle époque, une période se déroulant juste avant la 1ère guerre mondiale. C’est une période de stabilité politique mais aussi de prospérité économique en France ainsi qu’en Europe. On y observe de multiples innovations techniques et scientifiques. Cette période a aussi connu un grand essor artistique avec la naissance du fauvisme avec Matisse et du cubisme avec Picasso. En littérature aussi on observe l’esprit nouveau, un concept que plusieurs poètes suivent comme Apollinaire et Blaise Cendrars. Cet esprit nouveau est fondé sur cinq principes, la surprise, la mission aventureuse et prophétique assignée au poète, l’inspiration poétique puisée dans le quotidien, l’exaltation des progrès scientifiques et la célébration de nouveaux moyens de communication. En effet, Apollinaire publie en 1913 Alcools, un recueil ancré dans cet esprit nouveau à cause de sa forme et de la présence de modernité qu’il valorise. Zone fut publié pour la 1ère fois en décembre 1912 dans la revue Les Soirées de Paris. C’est en fait le dernier poème écrit par Guillaume Apollinaire avant la publication d’Alcools en 1913. Ce poème d’abord intitulé Cri a été placé en tête du recueil pour le placer sous le signe de la modernité.
LECTURE
Problématique. La lecture analytique étudiera d’abord la revendication de nouveauté puis elle mettra en évidence les éléments de continuité avec une certaine tradition lyrique et enfin elle analysera la fonction de renouveau en poésie. I/Une revendication de nouveauté
A/Une liberté dans la forme -L’organisation du texte : Pas de forme fixe ni de structure strophique : 3 vers isolés + un tercet + strophe de 8 vers + strophe de 10 vers. Les 3 premiers vers évoquent le thème de la nouveauté dans le contexte d’un paysage urbain. La première strophe évoque la religion et la modernité, la troisième la vie urbaine. -L’absence de ponctuation : Ote au poème une certaine logique formelle qui force le lecteur à trouver son propre rythme et donc lui donne un plus grand rôle à jouer dans la lecture du poème. L’absence de ponctuation favorise aussi le libre jeu des associations. -Les vers : Vers libres de longueurs variées, la longueur inhabituelle de certains vers rapproche la poésie de la prose ce qui met à mal les repères rythmiques classiques. Liberté de rimes, le plus souvent associations en distiques, rimes pauvres, suffisantes, assonances. Ces éléments donnent donc une impression de liberté et de modernité formelle. B/Le refus de la tradition -Paradoxe des premiers mots en début de poème « à la fin «, c’est un poème qui se revendique comme une rupture, la fin d’une époque et d’un monde. -Opposition forte de l’ancien « ancien, antiquité « et du moderne « moderne, neuve «. -Temps verbaux et indices temporels du présent « ce matin x3 «. Matin =célébration du renouveau du jour. C/L’intégration de la modernité -Célébration lyrique de la Tour Eiffel, symbole de modernité souvent intégré dans la peinture contemporaine. -Modernité des lieux « hangars de Port Aviation « -Modernité des objets « automobiles « -Présence du monde industriel et professionnel « belles sténo-dactylographes « -Nouveaux supports textuels « prospectus, catalogues « Ces éléments placent donc le poème sous le signe de la modernité. II/Des éléments de continuité avec une certaine tradition lyrique
A/Les thèmes : la religion et le mythe -La religion « religion x2, christianisme, pape «. On trouve des préoccupations d’ordre spirituelles qui s’inscrivent dans une éternité, paradoxe des associations « religion/neuve/simple « qui signifie peut-être que tout ce qui concerne la religion s’inscrit dans l’éternité. -L’image de la « sirène qui gémit « se rattache aux légendes antiques, polysémie du terme qui s’inscrit à la fois dans la modernité et dans le mythe par personnification du verbe. B/Le lyrisme Présent dans le texte mais détourné : -Par l’énonciation à la 2ème personne qui met à distance le « moi « du poète, d’autant que le « tu « est ambigüe, le poète s’adresse à lui mais aussi au christianisme. -L’expression des sentiments, le poète laisse entendre son désarroi au sein d’un monde pourtant célébré. De même la douleur du poète est perçue dans les termes « gémir ou criailler «. C/L’écriture parfois traditionnelle - Rimes - Alexandrins : v1 avec diérèse, v19, v20 - Utilisation classique de l’harmonie des sonorités « Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin « Ces éléments montrent donc que le poète maintient la tension entre tradition et modernité. III/Fonction de ce renouveau : la transfiguration poétique de la réalité quotidienne
A/Les images qui transforment le réel Transformation de l’inanimé en animé : -Par les métaphores et les comparaisons animales « v20, v22 «, la ville se transforme en éléments vivant dotés de sentiments. -Par les personnifications « v2, v9 «. -La métaphore du v16 établit une correspondance entre le visuel et l’auditif. -De façon générale, multiplications des sensations auditives. B/Les associations de termes inattendues -Termes revivifiés par associations étonnantes, « automobiles/anciennes « qui s’oppose à « Pape moderne/religion neuve «. -Comparaison de la religion avec les hangars de Port aviation reprise dans le thème de l’ascension spirituelle propre au christianisme. C/Un nouveau regard sur le monde -La réalité devient un lieu insolite, nouveau, superposition de l’animé et de l’inanimé, de la prose et de la poésie, du journalisme et de la littérature. -La poésie s’ouvre à la prose du quotidien qui prend une dimension magique. -C’est une façon de montrer que la poésie est dans tout, qu’il s’agit de poser un regard nouveau sur le monde, qui décloisonne les éléments de la réalité. Conclusion
Zone renferme donc un art poétique, c’est un poème qui est l’acte de naissance de la modernité poétique. Le poète est celui qui part la nouveauté du regard qu’il pose sur le monde fait jaillir la puissance poétique enfouie dans les objets les plus quotidiens de la modernité. Il contient aussi une nouvelle forme de lyrisme autobiographique, les séductions de la nouveauté n’empêchent pas le poète de s’inscrire dans une tradition, un spiritualisme qu’avec humour le poète associe à cette modernité. Les nombreuses notations autobiographiques dans la suite du texte donnent une tonalité intime à cette déambulation du poète dans les rues de Paris. Il y a également une collusion poésie/peinture, c’est l’intégration des mêmes éléments de modernité et la libre association qui apparentent ce texte à un tableau cubiste.
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-Paradoxe des premiers mots en début de poème « à la fin », c'est un poème qui se revendique comme une rupture,la fin d'une époque et d'un monde.-Opposition forte de l'ancien « ancien, antiquité » et du moderne « moderne, neuve ».-Temps verbaux et indices temporels du présent « ce matin x3 ».
Matin =célébration du renouveau du jour.
C/L'intégration de la modernité-Célébration lyrique de la Tour Eiffel, symbole de modernité souvent intégré dans la peinture contemporaine.-Modernité des lieux « hangars de Port Aviation »-Modernité des objets « automobiles »-Présence du monde industriel et professionnel « belles sténo-dactylographes »-Nouveaux supports textuels « prospectus, catalogues »Ces éléments placent donc le poème sous le signe de la modernité.
II/Des éléments de continuité avec une certaine tradition lyrique
A/Les thèmes : la religion et le mythe-La religion « religion x2, christianisme, pape ».
On trouve des préoccupations d'ordre spirituelles qui s'inscriventdans une éternité, paradoxe des associations « religion/neuve/simple » qui signifie peut-être que tout ce quiconcerne la religion s'inscrit dans l'éternité.-L'image de la « sirène qui gémit » se rattache aux légendes antiques, polysémie du terme qui s'inscrit à la fois dansla modernité et dans le mythe par personnification du verbe.B/Le lyrismePrésent dans le texte mais détourné :-Par l'énonciation à la 2ème personne qui met à distance le « moi » du poète, d'autant que le « tu » est ambigüe, lepoète s'adresse à lui mais aussi au christianisme.-L'expression des sentiments, le poète laisse entendre son désarroi au sein d'un monde pourtant célébré.
De mêmela douleur du poète est perçue dans les termes « gémir ou criailler ».C/L'écriture parfois traditionnelle- Rimes- Alexandrins : v1 avec diérèse, v19, v20- Utilisation classique de l'harmonie des sonorités « Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin »Ces éléments montrent donc que le poète maintient la tension entre tradition et modernité.
III/Fonction de ce renouveau : la transfiguration poétique de la réalité quotidienne
A/Les images qui transforment le réelTransformation de l'inanimé en animé :-Par les métaphores et les comparaisons animales « v20, v22 », la ville se transforme en éléments vivant dotés desentiments.-Par les personnifications « v2, v9 ».-La métaphore du v16 établit une correspondance entre le visuel et l'auditif.-De façon générale, multiplications des sensations auditives.B/Les associations de termes inattendues-Termes revivifiés par associations étonnantes, « automobiles/anciennes » qui s'oppose à « Pape moderne/religionneuve ».-Comparaison de la religion avec les hangars de Port aviation reprise dans le thème de l'ascension spirituelle propreau christianisme.
C/Un nouveau regard sur le monde-La réalité devient un lieu insolite, nouveau, superposition de l'animé et de l'inanimé, de la prose et de la poésie, dujournalisme et de la littérature.-La poésie s'ouvre à la prose du quotidien qui prend une dimension magique.-C'est une façon de montrer que la poésie est dans tout, qu'il s'agit de poser un regard nouveau sur le monde, quidécloisonne les éléments de la réalité.
Conclusion
Zone renferme donc un art poétique, c'est un poème qui est l'acte de naissance de la modernité poétique.
Le poèteest celui qui part la nouveauté du regard qu'il pose sur le monde fait jaillir la puissance poétique enfouie dans lesobjets les plus quotidiens de la modernité.
Il contient aussi une nouvelle forme de lyrisme autobiographique, lesséductions de la nouveauté n'empêchent pas le poète de s'inscrire dans une tradition, un spiritualisme qu'avechumour le poète associe à cette modernité.
Les nombreuses notations autobiographiques dans la suite du textedonnent une tonalité intime à cette déambulation du poète dans les rues de Paris.
Il y a également une collusion.
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