Références utiles
Blaise PASCAL
(...) L'immortalité de l'âme est une chose qui nous importe si fort,
qui nous touche si profondément, qu'il faut avoir perdu tout
sentiment pour être dans l'indifférence de savoir ce qui en est.
Toutes nos actions et nos pensées doivent prendre des routes si
différentes, selon qu'il y aura des biens éternels à espérer ou non,
qu'il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement,
qu'en la réglant par la vue de ce point, qui doit être notre dernier
objet. Ainsi notre premier intérêt et notre premier devoir est de
nous éclaircir sur ce sujet, d'où dépend toute notre conduite. Et
c'est pourquoi, entre ceux qui n'en sont pas persuadés, je fais une
extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à
s'en instruire, à ceux qui vivent sans s'en mettre en peine et sans
y penser. Je ne puis avoir que de la compassion pour ceux qui
gémissent sincèrement dans ce doute, qui le regardent comme le
dernier des malheurs, et qui, n'épargnant rien pour en sortir, font
de cette recherche leurs principales et leurs plus sérieuses
occupations. Mais pour ceux qui passent leur vie sans penser à cette
dernière fin de la vie, et qui, par cette seule raison qu'ils ne
trouvent pas en eux-mêmes les lumières qui les en persuadent,
négligent de les chercher ailleurs, et d'examiner à fond si cette
opinion est de celles que le peuple reçoit par une simplicité
crédule, ou de celles qui, quoiqu'obscures d'elles-mêmes, ont
néanmoins un fondement très solide et inébranlable, je les considère
d'une manière toute différente. Cette négligence en une affaire où
il s'agit d'eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m'irrite plus
qu'elle ne m'attendrit; elle m'étonne et m'épouvante, c'est un
monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d'une
dévotion spirituelle. J'entends au contraire qu'on doit avoir ce
sentiment par un principe d'intérêt humain et par un intérêt
d'amour-propre: il ne faut pour cela que voir ce que voient les
personnes les moins éclairées.
Un don est un transfert de propriété : c’est l’acte par lequel nous faisons posséder à autrui une valeur d’échange ou d’usage qui nous appartenait antérieurement.
Un don désintéressé est un don qui ne s’inscrit pas dans une relation d’échange : il est un transfert de propriété qui n’attend aucun retour, ni équivalent, ni supérieur, ni inférieur. Il ne présuppose aucune attente chez celui qui offre : même la production d’un sentiment de reconnaissance doit à la rigueur lui être étranger. En définitive, nous pouvons dire qu’un don désintéressé est un don pur de toute motivation égoïste.
Le sujet nous invite donc à demander si un don de cette sorte est possible, si dans la pluralité des dons imaginables, on en trouve ne serait-ce qu’un de cette sorte.
Nous nous demanderons donc si un don pur de toute motivation égoïste est possible.