Y a-t-il un plaisir d'imaginer ?
Publié le 07/01/2006
Extrait du document
«
Bien que Philippe le Bel ait
mis
en place, sous son règne,
les fondations des institu
tions administratives de l'État
moderne, cette conception
d'un gouvernement fort et
centralisé est mal comprise.
S'il est en quête permanente
de fonds pour financer ses en
treprises guerrières, il doit en
outre édicter certaines me
sures destinées à assainir
l'économie monétaire frap
pée d'instabilité chronique .
La bonne monnaie forte, ba
sée sur l'or et l'argent, instau
rée par Louis IX est mise à
mal
par le roi et ses
conseillers.
Pour faire baisser
la dette royale, le roi décide
de diminuer le poids de mé
tal fin et d'augmenter le
nombre de pièces dévaluées.
Mais cet artifice budgétaire,
s'il ne procure à l'État que des
bénéfices éphémères, entraî
ne, en revanche, le vif mécon
tentement de toute la popu
lation et en particulier celui
des seigneurs, des rentiers du
sol et des salariés payés en
monnaie dévaluée.
Conscient
de ce problème, le roi tente,
par deux fois, en 1306 et 1313,
de revenir à la "bonne mon-
naie".
En 1306, le rétablisse
ment trop brusque, provoque
la hausse indirecte des loyers
et des fermages.
Ces mesures
de déflation frappent lourde
ment le petit peuple des
villes à qui les propriétaires
demandent que leur dû soit
payé en monnaie forte.
Le pays au bord
de la crise
Le 30 décembre 1306, la foule
gronde sous les fenêtres du
Temple.
Le peuple en colère
pille les maisons
des bour
geois .
Les émeutiers vident
les tonneaux, saccagent et
brûlent le logis d'Étienne Bar
bette qui dirige la Monnaie
royale.
Philippe le Bel,
contraint
de se réfugier au
Temple,
est assiégé dans son
donjon.
Il le restera pendant
deux longs jours.
Dans
tout le pays, la situation
ne cesse de se dégrader .
Le
royaume prospère dont a hé
rité le fils de Philippe Ill le
Hardi
ne peut surmonter ni la
succession de mauvaises ré
coltes ni la guerre et les mani
pulations financières et fis-
~EDITIONS ~ATLAS
UNE MONNAIE
À LA VALEUR
CONSTAMMENT INSTABLE S'Il est parcimonieux pour
lui-même, Philippe le Bel,
premier des rois qualifiés
de "faux-monnayeurs",
dépense sans compter
pour les fêtes de la cour
et la grandeur de la
monarchie.
Les
guerres et
la réorganisation de
l'administration du royaume
coûtent cher.
Plusieurs dévaluations
s'enchaînent pour pallier
le
manque de liquidité et
la raréfaction de l'or et
de l'argent.
Dans les
ateliers royaux, on
frappe quantité de pièces
dont la valeur et le poids,
en or ou en argent, sont très
Inférieurs à ceux des
anciennes monnaies.
Les
seigneurs et les barons sont
furieux contre le pouvoir
royal qui veut limiter leur
privilège de frapper
monnaie et de posséder de
la vaisselle d'or.
(Cl-contre, enluminure
représentant l'atelier d'un orfèvre)
cales qu'elle entraîne.
Les
charges
sont de plus en plus
lourdes.
Alimenter le
budget
de l'État.
payer les rentes et
les agents de l'administration
trop nombreux, entretenir les
garnisons des forteresses
royales, maintenir le train de
vie de la cour, achever les tra
vaux du palais de la Cité de
mande des sommes considé
rables.
Le pays est exsangue.
Les
laboureurs, les mar
chands, les bourgeois et les
petits nobles, qui vivaient ja
dis dans une certaine opulen
ce, sont au bord de la ruine.
Les dévaluations successives
diminuent considérablement
le pouvoir d'achat et nuisent
au développement du com
merce.
Lorsque Philippe le Bel
meurt,
le 29 novembre 1314,
la France tout entière est prê
te à se révolter.
s !(.
»
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