Y a-t-il des vérités premières ?
Publié le 11/02/2011
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• Les deux sens possibles de l'expression « vérités premières «. L'expression « vérités premières « est prise par la tradition philosophique en deux sens différents : — Vérités premières logiquement (fondements, principes, etc.). — Vérités premières chronologiquement (acception souvent liée à l'illusion de la spontanéité, du caractère immédiat des vérités). On s'efforcera de tenir compte de cette ambivalence pour traiter le sujet. • Le problème des vérités premières dans la tradition philosophique. — La réflexion philosophique sur les conditions d'une connaissance objective conduit, périodiquement, à la fameuse question du « point de départ « d'une démarche susceptible de conduire à la vérité. Descartes, par exemple, pose cette question en liaison avec la critique des dogmes qu'on lui a enseignés. « La ruine du fondement entraîne celle de l'édifice« (cf. première Méditation métaphysique). La volonté de trouver une «première vérité« qui puisse servir de fondement, de foyer de certitude incontestable, correspond à l'exigence critique qu'a suscitée la problématisation des idées reçues. Cette volonté se traduit au niveau métaphysique par la mise en évidence de deux «fondements« décisifs : le cogito (cf. Discours de la méthode, IV, et Méditations métaphysiques, I et II) et l'idée de parfait qui atteste l'existence de Dieu (Discours de la méthode, IV). Mais elle conduit aussi à envisager la valeur des «éléments premiers« de toute démonstration, de tout raisonnement déductif : si le raisonnement est bien conduit, la validité du résultat, en bonne logique, dépend de la validité du point de départ. L'exigence logique d'une démonstration intégrale se heurte toujours à la fameuse objection sceptique de la régression infinie (aucune proposition ne peut être assurée, car elle demande toujours à être établie à partir d'autres propositions, qui elles-mêmes dépendent d'autres propositions, etc.). Il faut donc admettre des vérités premières, sur lesquelles on construit des raisonnements. Descartes affirme l'existence d'idées innées, de notions primitives (cf. Lettre à Elisabeth du 3 mai 1643); la thème de la véracité divine lui permet par ailleurs d'effectuer une validation métaphysique des évidences rationnelles - cf. aussi Discours de la méthode, IV : thème des idées innées que Dieu a placées en nous. — Cf. aussi Leibniz, Discours de métaphysique, paragraphe 13. Il n'existe pas de « table rase « (référence à l'empirisme qui fait dériver toute vérité de l'expérience). On ne peut rendre compte de l'activité mentale humaine si l'on ne présuppose pas un certain nombre de dispositifs agencés en chaque individu selon des vérités choisies par Dieu. Ces vérités premières « inclinent sans nécessiter «. • Le point de vue épistémologique. D'un point de vue normatif et scientifique, la vérité ne peut être que construite. Il n'y a d'« immédiat « que l'ensemble des représentations et préjugés que je projette inconsciemment sur le monde (et qui résultent en partie d'un conditionnement culturel particulier). Toute vérité est une erreur rectifiée. C'est l'erreur qui est première, non la vérité. Cf. les thèmes déjà évoqués à propos de la formation de l'esprit scientifique, de Gaston Bachelard.
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