voyage, récit de - littérature.
Publié le 28/04/2013
Extrait du document
«
On dispose également de témoignages écrits, antérieurs à la conquête européenne, émanant de voyageurs arabes : le rihla (« journal de voyage »), d’inspiration occidentale, apparaît au XIIe siècle, et réunit le récit pur d’un périple, décrit au jour le
jour, à des observations géographiques, sociétales, religieuses et historiques.
Ibn Djubayr (1145-1217) laisse un récit de voyage en Orient, tandis que Ibn Battuta, dont le rihla apparaît comme le modèle du genre, décrit certaines régions de l’Afrique
au XIVe siècle, cent cinquante ans avant les navigateurs européens.
5 DE CHRISTOPHE COLOMB À JAMES COOK
Au XVe et au XVIe siècle, les récits de voyage se multiplient au rythme des grandes découvertes.
Les récits d’explorations conservés témoignent à bien des égards des diverses conquêtes occidentales, et aussi des massacres qui les ont jalonnées.
Les
œuvres datant de cette période sont des recueils de lettres d’explorateurs comme celles d’Hernán Cortés, qui offrent à l’Europe les premières descriptions de la civilisation et de l’Empire aztèque, ou encore des journaux de bord, comme ceux des
navigateurs Christophe Colomb et Amerigo Vespucci.
Les récits des XVe et XVIe siècles ont représenté une mine de renseignements topographiques, géographiques, ethnologiques et économiques pour les négociants et les aventuriers européens, et pour les générations suivantes d’explorateurs.
L’ Histoire
d’un voyage faict en la terre du Brésil (1578), de Jean de Léry (v.
1534-1613), se distingue par la précision des descriptions, la distance du regard et la méthode de l’analyse ; le récit est redécouvert par Claude Lévi-Strauss, qui y voit « le bréviaire de
l’ethnologue » ( voir ethnologie).
Au XVIII e siècle, les récits des navigateurs européens sont ceux de Louis de Bougainville ( Voyage autour du monde, 1771-1772), du comte de La Pérouse ( Voyage de La Pérouse autour du monde, posth., 1797), et de
James Cook ( Relations de voyages autour du monde, 1768-1779, 1784).
6 AU SIÈCLE CLASSIQUE ET AU SIÈCLE DES LUMIÈRES
À l’époque classique, le récit de voyage recoupe la tradition du roman pédagogique, dans lequel le voyage et les rencontres qui le jalonnent sont le fil conducteur et le prétexte du récit de formation, comme l’illustrent le Télémaque de Fénelon (1699)
et Voyage du jeune Anacharsis en Grèce vers le milieu du IVe siècle avant l’ère vulgaire de l’abbé Barthélemy (1788), et les romans picaresques tels Lazarillo de Tormes (1554) et Gil Blas d’Alain René Lesage (1715), ainsi que le roman d’apprentissage
allemand, le Bildungsroman ( les Aventures de Simplicius Simplicissimus de Grimmelshausen, 1669).
Aux XVII e et XVIII e siècles, la tradition des récits de voyage inclut aussi toute la tradition du voyage fabuleux, sur le modèle du voyage fabuleux antique.
La thématique du voyage dans des contrées merveilleuses, imaginaires ou inexplorables, a inspiré
des œuvres comme le Songe ou Astronomie lunaire (Somnium, seu opus posthumum de astronomia, 1610) , de Johannes Kepler, l’Homme dans la Lune de Francis Godwin (1562-1633 — The Man in the Moone, 1648), Histoire comique contenant les
États et Empires de la Lune et Histoire comique des États et Empires du Soleil (1657) de Cyrano de Bergerac, le plus célèbre de ces récits fictifs étant les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift ( Gulliver’s Travel, 1726).
Ce que le récit de voyage représente, c’est un pays inconnu, mais c’est aussi, en négatif, le pays que le voyageur laisse derrière lui, ou celui, imaginaire, dans lequel s’incarne un idéal de société civile.
L’utopie, construction philosophique et littéraire
d’une contrée, est l’une des formes possibles que peut prendre le récit de voyage (Thomas More, Utopie - De optimo reipublicae statu deque nova insula Utopia, 1516 ; Francis Bacon, la Nouvelle Atlantide - New Atlantis, 1627 ; Denis Diderot,
Supplément au Voyage de Bougainville, 1772).
Au XVIII e siècle, la description d’un pays lointain et l’évocation de mœurs étrangères, de systèmes politiques autres sont l’un des moyens de la critique que les philosophes font des mœurs et des cours
occidentales.
Miroir satirique des travers de la société européenne, ou miroir inversé, représentation idyllique d’un univers autre, le récit de voyage devient le moyen d’une représentation de l’Autre.
C’est dans cette représentation que s’enracine la
dimension satirique qui inspire les Romans et contes de Voltaire (1757), notamment Candide, la Princesse de Babylone, Zadig ou Micromégas, ainsi que les Lettres persanes de Montesquieu (1721).
7 DU ROMANTISME À LA PÉRIODE COLONIALE
Les récits de voyage se multiplient pendant la période du romantisme : l’exotisme est en vogue, et des récits tels L’Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand (1811), le Voyage en Orient de Gérard de Nerval (1851), la Prière sur l’Acropole de
Joseph Renan, les récits des voyages en Orient de Alphonse de Lamartine (1835), de Gustave Flaubert et de Guy de Maupassant sont des pèlerinages littéraires et métaphysiques vers un Orient mythique.
Cette même conception métaphysique du voyage se retrouve dans un autre genre romanesque, celui du roman d’aventures, du XVIII e au XXe siècle, de Daniel Defoe ( Robinson Crusoé, 1719) à Robert Louis Stevenson ( l’Île au trésor – Treasure Island,
1883), d’Hermann Melville ( Moby Dick, 1851 ; Typee, 1846 ; Omoo, 1847) à Joseph Conrad ( le Nègre du « Narcisse » — The Niger of The « Narcissus », 1897 ; Au cœur des ténèbres — Heart Of Darkness, 1902).
Jack London lui aussi, par ses
ouvrages autobiographiques ( la Route ou les Vagabonds du Rail — The Road, 1907 ; Martin Eden, 1909) et ses romans d’aventure où le héros parcourt une contrée, un territoire, un océan ( le Fils du loup — The Son Of The Wolf, 1900 ; Contes des
mers du Sud — South Sea Tales, 1911), participe de cette littérature de voyage.
Avec l’œuvre de Jules Verne ( le Tour du monde en quatre-vingts jours, De la Terre à la Lune, Vingt Mille Lieues sous les mers, Voyage au centre de la Terre), la fiction du voyage, devenue scientifique, relate toutes les conquêtes passées et à venir de
l’homme, et sort de la description du monde clos pour s’ouvrir sur celle d’un univers infini dont le progrès de la science — objet d’une croyance inébranlable et source de la foi en l’avenir — rend l’exploration possible.
Le récit de voyage en soi devrait avoir perdu de son charme à proportion de l’avancée des conquêtes scientifiques.
Cependant, que le voyage ne soit plus confiné dans les limites d’un monde clos n’a fait qu’élargir les limites du cadre exploratoire.
Le
titre humoristique de l’œuvre de Xavier de Maistre, Voyage autour de ma chambre (1795), ouvre le récit de voyage sur une autre dimension exploratoire, celle du moi, intimement mêlée à la littérature de voyage, qu’il s’agisse des voyages en Orient
des romantiques, des voyages méditatifs de Stendhal, de Laurence Sterne ( Voyage sentimental à travers la France et l'Italie, 1768), ou des récits d’aventures de Joseph Conrad et d’Herman Melville.
À la fin du XIXe siècle, à l’époque de la colonisation de l’Afrique, un certain nombre d’ouvrages renouent néanmoins avec la dimension purement descriptive, quasi scientifique, du récit de voyage ; œuvres d’explorateurs plus que d’écrivains, ces récits
décrivent minutieusement la géographie physique des pays visités et donnent des informations ethnologiques sur les tribus africaines : les Voyages et recherches d’un missionnaire dans l’Afrique méridionale de David Livingstone ( Missionary Travels
and Researches in South Africa, 1857), les récits de Richard Burton, À travers un continent mystérieux de Henry Morton Stanley ( Through the Dark Continent, 1878).
Isabelle Eberhardt (1877-1904) l’une des pionnières de l’écriture féminine du
voyage, a arpenté notamment l’Algérie et le désert du Sahara ( Notes de routes, posth.
1908 ; Mes journaliers, posth.
1923).
8 XX E SIÈCLE : LA FIN DU VOYAGE ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Récit de voyage sur l'ingénu
- LIVRE DU DEVISEMENT DU MONDE (Le) de MARco PoLO. Récit de voyage
- AFRIQUE FANTOME (L’) Michel Leiris. Récit de voyage (résumé)
- Humboldt, Voyage dans l'Amérique équinoxiale (extrait) Publié sous le titre original de Voyage aux régions équinoxales du nouveau continent fait de 1799 à 1804, le récit que fait Humboldt de son exploration de l'Amérique espagnole est le produit d'un esprit encyclopédique.
- 1827-1829 Cours de littérature française (édités en 1828-1829, puis en 1830) o Villemain 1828 1828 Le Voyage en Grèce o P ierre Lebrun 1828 Mémoires pour servir à l'histoire de Napoléon o A.