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Voltaire: La « Prière À Dieu »

Publié le 11/09/2006

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voltaire

Introduction
 
Texte extrait du Traité sur la tolérance (1763)Essai didactique qui transmet les idées des philosophes des Lumières. Depuis 1762 Voltaire s’est engagé dans l’affaire Calas et dénonce la persécution des protestants Il démontre ici que la tolérance religieuse est rendue nécessaire par la relativité des rites et par l’universalité de l’adoration des hommes envers un créateur.
Originalité et efficacité du texte : la forme de la prière, le registre qui fait souvent appel aux sentiments du lecteur, la satire sous-jacente des institutions et du pouvoir.
 
 2 axes d’étude proposés : La dénonciation de l’intolérance et ses procédés
                        L’ efficacité de la forme de la prière dans cet appel à la tolérance    
 
La dénonciation de l’intolérance et ses procédés :
 
Il s’agit de démontrer que l’intolérance entre les hommes est absurde car ses causes reposent sur des différences dérisoires comparées à ce qui les rassemble :leur petitesse face à l’infinie grandeur du créateur.
_Pour Voltaire, tout ce qui distingue les hommes entre eux est cause de haine :l10 « les petites différences «repris l14 par « ces petites nuances «associés à des « signaux de haine et de persécution «.L’emploi du terme « signal « signifie que les différences sont les facteurs déclencheurs de conflits. Le signe extérieur de la différence devient le « signal « de l’agressivité.
_Cette agressivité n’est pas justifiée tant nous sommes faibles et inférieurs devant Dieu. Voir le vocabulaire péjoratif qui minimise et relativise les raisons de notre haine :répétition de « petites «, «différences « repris par « nuances «, «vie pénible et passagère « , «débiles corps «, énumération des adjectifs qualifiant nos différences culturelles et idéologiques : «insuffisants «, ridicules «, imparfaites «, insensées «.Voltaire rappelle à son lecteur l’aspect misérable de la condition humaine en termes pascalien(Pascal écrivain janséniste du 17 ème siècle, auteur des Pensées) «s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité et imperceptibles au reste de l’univers «. Idée reprise par la métaphore «les atomes appelés hommes «l 15.Le haut clergé n ‘échappe pas à ces considérations négatives : «qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde «(redondance et métaphore)ajoutons la périphrase ironique «quelques fragments arrondis d’un certain métal «l 24.
_Enfin, pour illustrer son argumentation, Voltaire donne des exemples concrets de ces différences qui déclenchent l’intolérance :énumération de rites religieux de la l 16 à la l 27.Notons que ces exemples frappent l’imagination par les contrastes et les effets satiriques.
  L 16-17opposition entre « cierges en plein midi « et « lumière de ton soleil «,la première expression tourne en ridicule le rite catholique ,religion d’état à l’époque.
  L18-19antithèse « toile blanche «-« laine noire « oppose les catholiques et les protestants, différences absurdes puisqu’ «ils disent ma même chose «.
  L20-21langage de la messe ridiculisé à travers les adjectifs antithétiques et le lexique péjoratif : «jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau «.
     Voltaire dénonce l’absurdité des querelles religieuses en les ridiculisant.
 
L’efficacité de la forme de la prière dans cet appel à la tolérance
 
Pour mieux interpeler le lecteur, Voltaire utilise la forme et le ton solennel de la prière car c’est un langage que connaissent bien ses contemporains.
-Rythme incantatoire dû aux répétitions : «entre « et anaphore de la conjonction « que « dans l’énumération des subordonnées.
_L’auteur adopte le point de vue d’un croyant qui s’humilie devant l’être suprême. :emploi de la 1ère personne «je m’adresse «,les apostrophes répétées «c’est à toi « « Dieu de tous les êtres, des tous les mondes et de tous les temps «la triple répétition annonce d’emblée un dieu universel qui doit rassembler les hommes .Relevons l’opposition entre le vocabulaire mélioratif se rapportant à Dieu et le vocabulaire péjoratif se rapportant aux hommes.
Valeur supplicative des impératifs « daigne «, « fais «,appel à la miséricorde divine afin que Dieu aide les hommes à s’aimer les uns les autres : «daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature, que ces erreurs ne fassent point nos calamités «. «Fais que nous nous aidions mutuellement «.
_ En s’adressant à Dieu, Voltaire rappelle aux hommes qu’ils sont frères face à lui :antithèse «nos conditions si disproportionnées à nos yeux et si égales devant toi «.
_Ce discours à Dieu sous forme de prière est un procédé d’écriture pour faire comprendre la notion de fraternité :l’argument sur lequel repose l’appel à la tolérance .Les destinataires implicites sont les lecteurs et l’ensemble des humains :glissement marqué grammaticalement du « je « au « nous «,des formes impersonnelles au subjonctif( l 14 à 28) et enfin le « nous « du dernier paragraphe.
Ce texte est surtout la prière d’un philosophe adressé aux hommes pour leur rappeler leur humanité « tu ne nous a point donné un coeur pour nous haïr et des mains pour nous égorger «.Vocabulaire des sentiments, termes percutants :les dons divins ont pour objectif l’amour et le travail et les détourner de leur but est une monstruosité barbare.
_L’appel à la tolérance et à la fraternité est surtout développé dans le deuxième paragraphe .Les 2 premières phrases exclamatives expriment un souhait plein de ferveur :la lutte contre l’intolérance religieuse est comparée à celle que l’on mène contre le vol :l’intolérance religieuse est assimilée au Mal, à un fléau social .Les impératifs de la dernière phrase concluent la prière sur un dernier appel à la fraternité, dans la foi, au delà des différences et d’est(Siam) en ouest(’Californie)La tournure concessive présente la guerre civile issue de l’intolérance religieuse comme un mal évitable à condition d’aborder la foi comme une vertu commune et partagée.
 
Conclusion
 
Voltaire déiste ,a recours ici au procédé de l’amplification pour relativiser les conflits religieux et aussi provoquer une prise de conscience :la fraternité universelle dans la tolérance et la paix est le seul acte de foi digne des hommes.
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